La rose entre les dents
114 pages
Français

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La rose entre les dents , livre ebook

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Description

L'auteur témoigne ici des quarante années de maçonnerie passées à la Grande Loge Féminine de France. De sa vie professionnelle à son Initiation. De sa place au sein d'une Loge jusqu'à la fonction suprême : la Grande Maîtrise. Toute une expérience, toute une école de vie, qui lui ont donné l'envie d'écrire. Ce livre servira ainsi à celles et ceux qui se posent des questions sur l'utilité du travail en Franc-maçonnerie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2016
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140019432
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Graveurs de mémoire
Graveurs de mémoire
Cette collection est consacrée à l’édition de témoignages et récits personnels contemporains. Depuis 2012, elle est organisée par séries en fonction essentiellement de critères géographiques mais présente aussi des collections thématiques (univers professionnels, itinéraires individuels divers…).
Déjà parus
Bénard (André), Le hasard et l’opiniâtreté, De la Royal Dutch Shell au Tunnel sous la Manche, 2016.
Eva (Alexander), L’appel de l’Est, Des bords de l’Atlantique aux rives du Rhin, 2016.
Julia (Didier), Pages de vie en politique, Le gaullisme à l’épreuve du temps, 2016.
Pierné (André), Deux valises par famille, Itinéraire d’une famille de la Lorraine à l’Algérie, 2016.
Francheteau (Jean), Turbulences d’une vie professionnelle, De Kodak au service public, 2016.
Armantier (Louis), Paroles de rescapés, Indochine-Viêtnam, Le temps des souvenirs, 2016.
Deudon (Albert), L’autodidacte sur le toit, Itinéraire d’un journaliste originaire du Nord, 1916-1976, 2016.
Krengel (Michel), Golda, Une enfant au goulag, 2016.
Eyrignoux (Pierre), Adolescents en Algérie, Djidjelli, une terre dans la peau, Petite Kabylie, 1954-1962, 2016.
Bousquet (Bertrand), Prêtre de Paris, Une vie en Église, 2016.

Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre


Denise Oberlin







L A ROSE ENTRE LES DENTS


Un itinéraire féminin en Franc-maçonnerie
Copyright




















© L’HARMATTAN, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77179-3
Remerciements


Remerciements à Edwige Decoux-Lefoul & Hélène Hervet
Citation


SI UNE GOUTTE AVAIT EXERCÉ
UN EFFET QUELCONQUE,
ON L’AURAIT REMARQUÉ.
MAIS, NI LA PREMIÈRE, NI LA DEUXIÈME,
NI LA TROISIÈME N’EN A EXERCÉ AUCUN.
ALORS, COMMENT SE FAIT-IL
QUE LA ROCHE SOIT CREUSÉE ?
IMRÉ HERMANN
MES ORIGINES
Mes deux parents sont d’origine alsacienne. Mon père, Charles Oberlin, est un protestant de la vallée de Munster, et ma mère Marie Fuchs, une catholique des environs de Strasbourg. Un jour, chacun de leur côté, ils décident de s’installer à Paris où, tout naturellement, ils se rencontrent dans un bal alsacien. Coup de foudre pour ces deux déracinés qui s’aiment, se marient et ont une petite fille. Dire que je suis née d’une danse serait un raccourci rapide mais l’idée ne me déplaît pas.
Me voilà donc née d’une danse, au cœur de l’Île Saint-Louis ! Une vraie Parisienne d’origine alsacienne, et fière de l’être.
La question s’est certainement posée de savoir si je serais protestante ou catholique mais je n’ai aucun souvenir de guerre de religion à la maison. Et pourtant, du côté Oberlin le nombre de pasteurs ne manque pas pour peser lourd dans la balance !
Pour ne parler que du dernier :
Jean Frédéric Oberlin 1 : pasteur protestant alsacien, piétiste et apôtre du progrès social.
L’œuvre de cet homme est belle et respectable. Et il a placé la barre très haute. En effet, très rapidement, au cours de sa vie professionnelle, cet homme développe une industrie de tissage, en favorisant le travail à domicile.
Puis, dans le domaine de l’agriculture, il se lance dans l’introduction de nouvelles semences et de nouvelles techniques de culture comme l’amendement des sols, l’irrigation, la plantation et les greffes d’arbres fruitiers.
Jamais à court d’idées, il organise un réseau routier pour désenclaver le Ban-de-la-Roche , une ancienne seigneurie devenue un comté, situé aujourd’hui dans le canton de Schirmeck.
Il améliore des conditions d’hygiène et d’habitat, et finance la formation de personnes capables de prétendre à des professions utiles au bien public, comme le métier de sage-femme.
Il ouvre des instituts de préscolarisation encadrés par des femmes qualifiées portant le joli nom de : « Conductrices de la tendre enfance ». L’innovation est révolutionnaire pour l’époque.
Arrivé au Ban-de-la-Roche , où sa fonction de pasteur le sédentarise, il se retrouve à la tête d’une paroisse de quatre-vingts à cent familles réparties dans cinq villages. Au début du XIX e siècle, à la fin de son ministère, la population s’élève à trois mille personnes.
J’admire l’engagement républicain et le génie de cet homme, à concilier ainsi les obligations de son ministère et les lois civiques… Sans oublier sa compassion pour le sort des esclaves noirs qui le conduit à renoncer à la consommation du sucre et du café, car ces ingrédients lui semblent « arrosés » du sang de ces hommes.
Et puis, toujours très actif, Jean-Frédéric Oberlin invente des moyens ludiques, comme un jeu de cartes, pour faciliter l’enseignement de la botanique.
Physionomiste, il collectionne un grand nombre de silhouettes, représentant des personnages locaux, en bas desquelles il écrit quelquefois son jugement sur ceux-ci.
Il possède également une collection de pierres luisantes et de toutes couleurs, dont il se sert pour tirer des conjectures sur le caractère des personnes d’après la préférence qu’elles donnent à l’une ou à l’autre.
Aujourd’hui, en son honneur, trois villes et une université de l’Ohio, aux États-Unis, portent son nom, ainsi qu’une université japonaise. Plus près de nous, dans sa région d’origine, la ville de Waldersbach, compte un musée interactif nommé « Jean-Frédéric-Oberlin », consacré à l’œuvre de cet homme. À Strasbourg, la rue Jean-Frédéric Oberlin perpétue son souvenir.
Un bel hommage aussi à « l’oberlin noir », un cépage que je ne renie pas. Et pour cause ! Mon prénom est dérivé, de Dionysos, dieu de la vigne et de l’extase dans la mythologie grecque.
Et puis, il y a moi, Denise, sans frère ni sœur parce que mes parents se sont mariés en 1939…
Mon père est fait prisonnier au tout début de la guerre et envoyé en Allemagne. Pendant ces mois de détention, par chance, il réussit à s’évader du camp de travail, sans être repéré par la population locale, grâce à l’alsacien qui est un dialecte de l’allemand. Tous les Alsaciens comprennent l’allemand même s’ils ne veulent pas l’avouer. En France, en ces années particulières, il n’est pas bon de parler cette langue. Cependant, c’est grâce à la pratique de celle-ci que mon père revient à Paris.
La vie reprend son cours. Dans son emploi, mon père s’investit beaucoup dans ce que l’on appelle alors : la « Défense passive ». Elle consiste, entre autres, à aider et guider la population civile vers les abris en cas d’alerte.
Je l’entends encore dire à ma mère :
« Quand je suis là, on reste dans l’appartement, malgré les alertes, mais quand je ne suis pas là, vous partez au 17 rue Dupetit-Thouars ». Les caves de notre immeuble servant à entreposer le charbon, il est impossible de nous y réfugier. En revanche, rue Dupetit-Thouars, la cave, toute cimentée, constitue un véritable abri où il règne une sorte de convivialité et de solidarité, de partage des émotions aussi, entre les occupants de passage et les habitués de l’immeuble.
L’annexe de l’usine, qui emploie mon père, se trouve à Aubervilliers dans le nord de Paris. Malheureusement, le 3 août 1944, trois semaines avant la Libération, un dernier bombardement éclate porte de la Chapelle. Un obus tombe sur l’annexe où mon père a pris son poste le matin-même. Ironie du sort, il meurt. Tué par des bombardements alliés.
Mon père est enterré au cimetière d’Aubervilliers, dans le carré des militaires et des « Morts pour la France » au cours de cette Seconde Guerre mondiale. Maman devient donc « Veuve de guerre », et moi… « Pupille de la Nation » à l’âge de trois ans et demi. Elle ne s’est jamais remariée. Elle s’est entièrement vouée à mon éducation, et le temps a passé ainsi à organiser notre vie. Seules.
À cette époque, nous habitons toujours près de la place de la République, dans la cité Dupetit-Thouars qui s’ouvre sur la rue éponyme, à deux pas du Carreau du Temple.
Notre quartier est un village comme il en existe beaucoup à Paris. Le dimanche matin, nous faisons les courses, et sur

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