Le procès de Gracchus Babeuf devant la Haute Cour de Vendôme ou la vertu coupable
338 pages
Français

Le procès de Gracchus Babeuf devant la Haute Cour de Vendôme ou la vertu coupable , livre ebook

-

338 pages
Français

Description

Collection : A la recherche des sciences sociales


Cet ouvrage analyse le procès fait en toute illégalité à Babeuf sous prétexte de juger Drouet, qu'on avait laissé s'enfuir, ainsi que la dimension que voulut lui donner Babeuf. Il examine les points de droit, invoqués à tort ou à raison, par l'accusation et la défense, et repose sur des comptes rendus du procès, ainsi que des rapports de police, des débats publics...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 174
EAN13 9782296467873
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le procès de Gracchus Babeuf, devant la Haute Cour de Vendôme ou la vertu coupable
© LÈHarmattan, 2011 5-7, rue de lÈEcole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56127-4 EAN : 9782296561274
Philippe Riviale
Le procès de Gracchus Babeuf, devant la Haute Cour de Vendôme ou la vertu coupable
Je l’approuvais cette conspiration, parce que je la croyais légi-time, parce que je croyais et crois encore que le gouvernement actuel est souverainement criminel, usurpateur de l’autorité, violateur de tous les droits du peuple, qu’il a réduit au plus chétif dénuement, au plus déplorable esclavage, criminel enfin de lèse-nation au premier chef ; et que je croyais et crois encore à la sainteté des principes, que c’est un devoir rigoureux pour tous les hommes libres de conspirer contre un tel gouvernement : alors je consentis volontiers à aider de tous mes moyens les chefs et les meneurs d’une conspiration qui se monta contre lui. […] Je consens après cela à porter cependant la plus forte peine du crime de tramer contre des oppresseurs ; car j’avoue encore que, quant à l’intention, personne n’a pu conspirer contre eux plus fortement que moi ; j’ai la conviction que c’est un délit commun à tous les Français, du moins à toute la partie vertueuse, à tout ce qui ne veut pas de l’affreux système du bonheur d’un petit nombre, fondé sur l’opprobre et l’extrême misère de la masse ; je me déclare complètement atteint et convaincu du forfait, et je déclare que c’étoit celui de tous les conspirateurs que je servois. Déclaration de Babeuf à son procès, 27 ventôse an 5.
Pour quiconque a bien suivi cette affaire dans les débats, il n’a pu être difficile de distinguer que ce qu’on y poursuit est moins une conspiration ayant réellement existé contre l’autorité actuelle, que l’émission des principes qu’une certaine classe, qui domine la société, considère comme infiniment dangereux, parce
le procès de gracchus babeuf
1 qu’ils sont éversifs de tous les privilèges qu’ils se sont arrogés, et que, fondés sur l’éternelle vérité de la plus palpable justice, ils en craignent la trop facile contagion ! Il est convenable, il est utile de ne point préluder longtemps pour établir la distinction des vrais griefs qui m’ont amené sur les gradins d’où ma voix, longtemps étouffée, obtient enfin un libre cours avant le moment qui décidera de mon sort, de celui de mes compagnons d’oppres-sion, et de celui de tant d’autres que l’on destine à nous suivre, si, comme on le désire avec tant d’ardeur, la fin de ce grand drame est tragique. Défense de Babeuf, première partie.
Quand on proscrit ce qui est bien, quand on essaie d’éta-blir en principe l’esclavage et l’erreur, je crois devoir à la vérité l’hommage de mes foibles moyens et le sacrifice de tout égard personnel. À force de céder aux impulsions trompeuses des anciennes habitudes, à force de préférer une léthargie avilissante et honteuse à la conquête, quelquefois difficile, de la liberté qui agrandit l’âme et lui montre une nouvelle espèce de bonheur, on retombe dans l’ancien système du droit public, où le droit de l’autorité étoit la force et la contrainte, la seule obligation des sujets. Déclaration de Buonarroti, 29 ventôse an 5.
Dans les conversations courtes que nous eûmes ensemble, il me parut toujours plus modéré, plus simple, plus sensible et plus retenu que les écrits me semblaient l’annoncer. Je n’étais pas en tout de son avis, mais j’en aimais toujours les motifs. […] Qu’avait-il, au surplus, qu’avait-il personnellement à gagner dans la lutte qu’il avait dès long-tems et solennellement engagée entre lui d’une part et toutes les puissances de l’autre ?…. des persécutions, la misère et cette diffamation, ce décri public qui ressemble tant au véritable déshonneur, et qui, dans les jours de lâcheté, en a presque tous les effets. Pouvait-il se dissimuler que tout l’ascendant d’opinion et de pouvoir, toutes les voies de captation, de séduction, de contrainte, tous les instrumens de
1. Qui renverse.
le procès de gracchus babeuf
force, tous les moyens d’agir, toutes les facilités d’entraîner et de se faire suivre étaient aux mains de ceux que, dans sa généreuse impuissance, il ne cessait pas d’insulter et d’irriter ?… Il fallait bien que, tôt ou tard, il en fût dévoré. 1 P. A. Antonelle, à propos de Babeuf .
1. Je donne dans le corps du texte cet écrit avec ses références. J’ai dû choisir ; l’usage actuel est d’écrire an V, mais dans les textes du temps, on écrivait an 5. Comme je respecte les citations que je donne, je dirai partout an 2, 3, 4, ou 5.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents