Les Animaux dans la Grande Guerre
178 pages
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Les Animaux dans la Grande Guerre , livre ebook

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Description

« Des poux, des rats, des barbelés, des puces, des grenades, des bombes, des trous d’obus, des cadavres, du sang, de l’eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la boue, des balles, des tirs de mortier, du feu, de l’acier, c’est ça, la guerre ! L’œuvre du diable ! » Otto Dix, peintre et soldat de la Grande Guerre. Dans cette funeste énumération, on trouve quelques animaux, des nuisibles surtout, mais il y en avait bien d’autres sur le front. Ainsi, chevaux, chiens et pigeons avaient un rôle militaire. Présents aux côtés des soldats, ils assumaient des tâches logistiques ou de transmission. Dans cet ouvrage très illustré et très documenté, Jean-François Saint-Bastien déniche les bêtes et bestioles de tout poil qui furent les amies ou les ennemies du soldat. Vous y apprendrez que l’équivalent de la Croix-Rouge existait pour les chevaux et que les chiens aussi étaient réquisitionnés pour l’effort de guerre. Vous découvrirez des héros à quatre pattes et des sauveteurs ailés, ou encore des recettes miracles utilisées pour se débarrasser de la vermine… L’auteur décortique également la symbolique animale utilisée dans la propagande et nous montre comment les soldats rendaient hommage à leurs compagnons d’infortune. Il livre ici une approche originale et inédite de la première guerre mondiale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 44
EAN13 9782813815415
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PArtie 1 Les animaux quasi-soldats
Les chevaux et leurs cousins équidés, les chiens ainsi que les pigeons ont été des auxiliaires précieux des soldats. A yant été incorporés, dotés d’un matricule et d’un livret militaire pour certains, ces animaux étaient, fina -lement, des quasi-soldats.  Leur utilisation à la guerre avait pour objectif de soulager les hommes de tâches qu’ils ne pouvaient pas accomplir, comme la traction de charges lourdes, pour lesquelles l’animal avait de meilleures qualités (surveillance, détection de l’ennemi à distance) ou de leur faire remplir des tâches qui permettaient au Poilu de se consacrer pleinement à la guerre.
Ainsi, ces animaux servaient pour la traction, comme ils le faisaient déjà avant guerre dans le civil, pour prévenir ou informer les hommes (senti-nelle, estafette), pour leur sauver la vie, au risque de perdre la leur…
Indispensables, les soldats ont dû à leur tour les aider en les protégeant contre l’ennemi (gaz), en les soignant et les nourrissant, en les considérant aussi comme des « frères d’armes », partageant leur vie quotidienne, leurs souffrances et, comme les humains, affrontant le danger parfois jusqu’à la mort…
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Des quasisoldats un peu exceptionnels…
La guerre n’a pas eu lieu que sur les terres européennes… D’autres terrains d’opéra tions en Orient ont aussi été des théâtres de guerre. Les animaux locaux ont été égale ment pris en compte, comme ces camélidés tractant un véhicule sanitaire.
En préambule au chapitre qui suit, c’est la mobilisation, les hommes partent ainsi que les moyens définis par la remonte. Ce cheval va quitter son jeune maître pour aller faire la guerre avec ses aînés. Manifestement, la séparation est douloureuse…
1. Les équidés
Dans la vie courante, civile, le cheval est un animal utilisé pour de nom -breuses fonctions. En temps de paix, un service spécifique de l’armée, la remonte, a pour mission de comptabiliser les équidés et les véhicules qui seraient réquisitionnés en cas de guerre, ce qui se pro duisit en août 1914. Cette réquisition pouvait être complexe, puisqu’il fallait simultanément mettre à disposition des unités combattantes les ressources nécessaires mais aussi préserver les possibilités de travailler , principalement dans le monde rural où le cheval était encore fondamental. Au fil de la guerre, des chevaux vont périr , il faudra les remplacer . L’achat de bêtes à l’étranger est une option retenue pour subvenir aux besoins, avec des avantages mais aussi des inconvénients. A leurs côtés, mules et mulets vont venir compléter le cheval. Dotés de qualités et de capacités différentes, avec les ânes eux aussi mobilisés, ils vont tenir des emplois précis et seront particulièrement utiles. Bien sûr, mulets et ânes sont par nature très présents dans les pays com-battants orientaux. Dans ce chapitre, nous allons évoquer leur recrutement, les différentes fonctions qu’ils occupaient. Nous nous interrogerons sur les soins et la nourriture donnés aux animaux. Comme les hommes, ils ont été nom -breux à mourir. Ce sont sans doute les pages les plus dures de ce livre mais elles montrent une réalité de la guerre avec la mort et les horreurs qu’elle provoque…
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Les voitures hippomobiles croisent les voitures automobiles. La guerre va progressive ment se mécaniser : voitures automobiles pour transporter, chars qui vont remplacer le cheval de cavalerie. Pourtant, au front, les animaux garderont la suprématie sur le terrain…
Recrutement et entretien
En 1913, 100 000 chevaux de selle et 50 000 chevaux d’attelage consti -tuent les effectifs des unités de l’artillerie (chevaux de trait), de la cavalerie (chevaux d’officiers et de selle) ou du train des équipages forte -ment hippomobiles. Lorsque la mobilisation est déclarée, les besoins en chevaux explosent et il faut recruter le double d’animaux déjà dispo -nibles. Le potentiel national est de 3 230 000bêtes qui couvrent large-ment les besoins au recrutement et le remplacement des pertes du début de la guerre.
Ces chiffres sont connus puisqu’un service, la remonte militaire, a, en temps de paix, mission de recenser annuellement les chevaux, mulets et mules dans l’Hexagone, ainsi que les voitures hippomobiles comptabi -lisées, elles, tous les troisans. Les animaux et les voitures sont classés comme les hommes ! La réquisition se fait de manière réglementée et est soumise à un barème fixé par arrêté du ministre de la Guerre. Les chevaux de plus de 5ans sont envoyés dans les régiments où ils sont dressés pour assurer les missions auxquelles ils vont être affectés dans les conditions
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La commission de réquisition examine un cheval. En fonction des caractéristiques de l’animal, il sera classé et affecté à une catégorie d’emploi : cheval de tête, de trait, d’attelage… Des tests plus poussés seront réalisés dans les dépôts pour affiner les apti tudes de l’animal avant qu’il ne soit employé sur le terrain.
de la guerre (accoutumance au bruit notamment). Mais la réquisition est une démarche plutôt comptable et néglige les qualités des animaux. Une partie du contingent ne présente pas les conditions requises pour faire la guerre : fatigue, fragilité physique, peur , manque d’endurance… Début 1915, on compte 128 000chevaux morts ou inaptes pour faire cam-pagne. Simultanément, la réquisition ne peut pas priver l’arrière de tous les chevaux qui participent grandement à l’activité agricole. Déjà, les pay-sans sont contraints de travailler avec un nombre restreint de bêtes – et d’hommes – et il ne pouvait être question de mettre en danger l’activité économique agricole qui servait l’ensemble de la nation. Pour faire face à ce besoin important, une solution est trouvée : l’importation de chevaux de l’Amérique du Nord. Entre 1914 et 1917, ils sont 474 000 à venir d’outre-Atlantique. Au total, la remonte réquisitionne ou achète 950 000chevaux ou mulets, soit un effectif total de 1 450 000chevaux, en quarante et un mois de conflit.
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Le BecHellouin était un dépôt de remonte annexe du dépôt autonome de Paris. Les cavaliers entraînent ici les chevaux au passage d’une rivière.
Donnons la parole aux acteurs de cette guerre avec l’artilleur chef de 1 pièce Ivan Cassagnau :« Quand ils[les chevaux]sont tous réunis, il faut les baptiser et les affecter. Le lieutenant chargé de l’opération prend unPetit Laroussede A jusqu’à Z, au hasard des pages, dit un nom, que le sous et, officier secrétaire inscrit sur un cahier avec un signalement sommaire. Mais les hommes ont tôt fait de changer cet état civil. Une vieille jument, dont la lèvre inférieure pend lamentablement, est appelée la Joconde. Il y a Poincaré, le Capitole, la Blonde… »
Autre enjeu, arriver à constituer des équipages et à faire marcher les bêtes ensemble. Comme l’écrit Ivan Cassagnau, ça n’était pas toujours simple :« Lorsque le capitaine fait atteler la batterie pour une première marche d’épreuve, c’est, malgré la gravité de l’heure, un vrai fou rire. Empêtrages, chutes, timons cassés et colliers arrachés ne se comptent pas. Ça promet ! »(Nous sommes le 8 août 1914 !)
1. Voir bibliographie.
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La nourriture des chevaux
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Le cheval mange principalement du foin, de la paille et de l’avoine. En théorie, la ration quotidienne d’un cheval de cuirassier est 4 kg de foin et 6,6 kg d’avoine. Pour l’artillerie, c’est 3,850kg de foin et 6,450kg d’avoine quotidiens qui constituent la pitance officielle. Dans la réalité, ces valeurs sont rarement respectées : pénurie d’avoine, aliments de substitution, dif-ficultés d’approvisionnement… Toujours conformément au règlement en vigueur, un cheval prend deux repas par jour, mais de nombreux éléments ne permettent pas toujours de nourrir convenablement les bêtes, consti-tuant un des premiers facteurs de pertes. Pour accompagner son repas, le cheval boit 20 litres d’eau par jour mais est assez difficile sur la qualité de leau.Làencore,celaaposédesdifficultéspourlesabreuv.erPourtant,ilestofficiellement admis que, même en manœuvres ou en campagne,« l’état des chevaux et, par conséquent, le service qu’on peut exiger d’eux dépendent en partie des soins qui leur sont donnés ».
Il faut transporter le fourrage en balles pour nourrir les chevaux.
LaRevue vétérinairedu 30 juin 1924 revient sur les substituts qu’il fallut trouver pour nourrir les chevaux lorsque le foin, la paille ou l’avoine fai -saient défaut :« Une farine composée à 82 % de noyaux d’abricot et de pêche et de 18 % de coquilles de noix, le tout concassé et broyé ; de la farine de vers à soie desséchés et moulus, de déjections de vers à soie mélangées à l’avoine
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et à l’orge ; d’une nourriture de sauterelles et hannetons séchés et réduits en une farine acceptée par les chevaux. »Un bien curieux régime mais qui ne semble pas, selon la revue, avoir affecté ses destinataires.  Plusieurs récits rendent compte de l’état de fatigue des hommes et des animaux :« Nos chevaux sont de misérables bêtes qui marchent la tête basse, les flancs creux. Ils ne boivent plus. »
Nous sommes au camp de Satory, loin du front. C’est la « corvée de l’avoine » qu’il faut transporter, stocker et donner aux chevaux. Encore fallaitil avoir l’énergie pour le faire !
Autre problématique, faire boire les bêtes. Cette carte souligne les liens qui peuvent se tisser entre l’homme et l’animal.
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Ici, c’est dans un cours d’eau que les chevaux font une pause pour boire.
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Des fonctions diverses… le cheval de selle, le cheval de trait
Le cheval, c’est, au début de la Grande Guerre, le moteur des armées. Omniprésent, il est privilégié par la cavalerie, l’artillerie et le train, et a pour vocation de transporter les hommes, de tracter des vivres, de l’arme-ment, des moyens logistiques, c’est un auxiliaire indispensable, le princi -pal élément permettant le mouvement des troupes. Malgré la progression de l’automobile et du chemin de fer , le cheval et, nous le verrons, plus généralement les équidés, sont nettement mieux adaptés aux abords des combats, sur un terrain fortement accidenté.
Le cheval de selle C’est l’héritier de la tradition et du passé héroïque des cavaliers à la guerre. Charger sabre au clair, lance au poing était considéré, au tout début de la guerre, comme une pratique noble et normale… Mais la réalité est tout autre dès le début de ce conflit. La mitrailleuse fait des ravages dans les rangs de la cavalerie qui doit revoir sa stratégie et son mode de participa-tion à la guerre. Le début de la bataille de la Marne, le 6 septembre 1914, démontre l’inadaptation de la cavalerie, dans sa conception tradition -nelle, à la guerre moderne. Le clou sera encore enfoncé avec la guerre de positions dans les tranchées où le cavalier et sa monture n’ont quasiment plus de rôle à jouer. Les cavaliers combattent à pied dans les tranchées et les animaux sont gardés à l’arrière.
Un exemple de cavaliers « attendant l’ennemi », prêts à s’élancer pour combattre.
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