Les origines chrétiennes de la démocratie moderne
144 pages
Français

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Les origines chrétiennes de la démocratie moderne , livre ebook

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Description

Le passage de la démocratie antique à la démocratie moderne s'est réalisé par l'intermédiaire du Moyen - Âge. Après la chute de l'Empire romain en Occident, les évêques se substituèrent aux pouvoirs civils défaillants. Les ordres monastiques posaient les bases d'une gestion collective ouvrant sur le parlementarisme par recours aux élections. Dans le même temps s'opérait une révolution intellectuelle qui suscita l'essor de la pensée critique dans l'université, alors aux mains du clergé...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336794730
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Vincent Laniol La collection « Historiques » a pour vocation Qe pr ésenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la Qiversité Qes thèmes Q’étuQe et Qes périoQes historiques. Elle comprenQ trois séries : la première s’intitula nt « travaux » est ouverte aux étuQes respectant une Qémarche scientifique (l’acce nt est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tanQis que la Qeuxième int itulée « sources » a pour objectif Q’éQiter Qes témoignages Qe contemporains relatifs à Qes événements Q’ampleur historique ou Qe publier tout texte Qont la Qiffusi on enrichira le corpus Qocumentaire Qe l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accu eille Qes textes ayant une forte Qimension historique sans pour autant relever Q’une Qémarche acaQémique. Série Travaux Renée DRAY-BENSOUSAN (Qir.),Images, cinéma et Shoah,2017. Alain CUENOT,Pierre Naville, Biographie d’un révolutionnaire mar xiste, Tome II. Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire,1939- 1993, 2017. Alain CUENOT,Pierre Naville, Biographie d’un révolutionnaire mar xiste, Tome I. De la révolution surréaliste à la révolution prolétarienn e, 1904- 1939, 2017. Jean-Marc Cazilhac,Le Douaire des reines de France à la fin du Moyen Âge, 2017. DiQier CHAUVET,Les autodafés nazis. Mémoire du 10 mai 1933, 2017. Anne MÉTÉNIER,Ségrégation raciale aux États-Unis. Six portraits d e stars, 2017. DiQiver CHAUVET,Hitler et la Nuit des Longs Couteaux (29 juin – 2 j uillet 1934), La Sturmabteilung (SA) décapitée, 2016. Jean-Yves CHAUVET,maisonsLa transmission des maisons lorraines, Familles et e paysannes de la fin du XVIIe au milieu du XXsiècle, 2016. TchavQar MARINOV, « Nos ancêtres les Thraces, Usages idéologiques de l’Antiquité en Europe du Sud-Est, 2016. Françoise DASUES,ris–MexicoLa pensée française de l’architecture mexicaine, Pa 1784-1910, Architectures et univers mental, Tome II I, 2015. Françoise DASUES,Du style parisien à l’éclectisme porfirien, Paris– Mex ico 1784-1910, Architectures et devenir des formes, Tome II, 2015. Françoise DASUES,Deux Rome, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et transferts, Tome I,2015
Georges Jehel Les origines chrétiennes de la démocratie moderne La part du Moyen-Âge
Du même auteur LaMéditerranée médiévale, (350-1450), éd. A. Colin, Paris, 1992. e Les Génois en Méditerranée occidentale, ébauche d’une stratégie pour un empire (fin XI -e début XIVsiècle), Centre d’Histoire des Sociétés, Université de Picardie, Amiens-Paris, 1993. e e La ville médiévale, de l’Occident chrétien à l’Orient Musulman, V -XVsiècle, en coll. avec Ph. Racine, Colin ed., Paris, 1996. e e Le christianisme, début du VII -milieu du XIsiècle, en coll. avec Ph. Racinet, Éditions du Temps, Paris, 1997. e Éducation et cultures dans l’Occident chrétien XIIe-XVsiècle, en coll. avec Ph. Racinet, Éditions du Temps, Paris, 1998. e e Orient et Occident du IXau XVsiècle, collectif coordonné par G. Jehel, Éditions du Temps, Paris, 2000. e e L’Italie et le Maghreb au Moyen Âge (VII -XVsiècle), Conflits et échanges,Islamiques, PUF, Paris, 2001. e e Les sociétés en Occident du milieu du VIsiècle à la fin du IXsiècle,en coll. avec J. Heuclin et Ph. Racinet, Éditions du Temps, Nantes, 2002. e e Villes d’Italie du XIIau milieu du XIVsiècle, Sociétés, Pouvoirs, Économies, Cultures, Éditions du Temps, Nantes, 2004. Histoire du Monde, 500-1000-1500, (dir.), Éditions du Temps, Nantes, 2007. e e De l’Antiquité au Moyen Âge, Continuités et ruptures, III -XIIsiècle,éd. Ellipses, Paris 2009, en collaboration avec S. Jehel. Les Angevins de Naples. Une dynastie européenne, 1246-1266-1442, éd. Ellipses, Paris, 2014. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79473-0
Pour Alice, Nadège, Iris, Islay, Marie-Ève et Grégoire
Préambule
Transcendance, immanence et démocratie
Porter attention à ce qu’on appelle la religion à l ’occasion d’une réflexion d’ordre politique ne saurait être considéré comme une digre ssion hors de propos. Si l’on admet que, telle qu’elle apparaît dans la Bible, source d u monothéisme, la transcendance, interprétée comme la relation normative et structur ante à un Au-delà, est la cause première de la construction de l’édifice désigné pa r le terme de religion, le christianisme est au moins l’une des doctrines le m ieux à même d’aplanir le trouble que focalise l’hiatus transcendantal. Ne s’est-il p as donné pour fin de combler l’abîme séparant les deux pôles qui balisent le champ de la conscience : l’immanence et la transcendance ? En effet le dogme de la Trinité pro clamé en 325, donc trois siècles après le début de la propagation du message évangél ique, en s’y rattachant d’une manière ou d’une autre, permet d’assimiler ce tour de force que constitue la révélation de l’Incarnation, qui est le leitmotiv de l’Évangil e et tout particulièrement celui de saint 1 Jean . Toute la polémique multiséculaire, toujours sous- jacente, autour de la double nature du Christ témoigne de ce que la question est là. Il en découla une multiplicité de 2 sectes autour des principales thèses qui s’y affron tèrent . De la sorte, en dépit des condamnations de ces sectes pour hérésie, par la do ctrine dominante (catholicisme romain ou orthodoxe), la voie reste ouverte pour as sumer la dimension existentielle, c’est-à-dire incarnée, qu’inclut le christianisme e t qui renvoie l’homme à son immanence, c’est-à-dire à sa responsabilité. C’est là que se vérifie le lien entre christianisme et démocratie. 3 Le propos rapporté par l’Évangile de Thomas selon lequel «Jésus disait : Le Royaume, il est à l’intérieur de vous et il est à l ’extérieur de vous » permet de mieux saisir la cohérence et la pertinence du lien entre transcendance et immanence qui renvoie au dogme de l’Incarnation. Cet aphorisme ex prime la relation irréductible entre ce qui relève de la vie intérieure et la nécessité de l’environnement dans lequel est plongé l’individu, soit entre la spiritualité et la matérialité de la condition humaine. Il traduit l’indissolubilité entre l’Esprit et le corp s. Il affirme qu’il n’y a pas d’esprit sans corps. Ainsi l’expérience charnelle de la vie de l’ être humain se situe autant dans la sensualité que dans la mystique, ce dont l’expérien ce esthétique est une des voies les plus aptes à rendre compte. Saint Augustin exprime cette dualité constitutive de la conscience dans la formule lapidaire suivante : « C elui qui est charnel, l’est jusque dans les choses de l’Esprit, celui qui est spiritue l l’est jusque dans les choses de la 4 chair » . Si on s’en remet à cette lecture, c’est la matéri alité qui fonde l’individualité dans une spécificité à laquelle le christianisme es t très attaché. Elle détermine la différence entre chacun de ses composants. Sur cell e-ci s’établit le principe d’altérité qui suscite l’échange, dont chacun s’enrichit pour nourrir le débat et stimuler la réflexion – autant de traits qui participent de la démocratie. L’exhortation emblématique de l’Évangile «és »Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aim XV- (Jean, 12), n’implique pas, pour être entendue, une démarc he fusionnelle, mais au contraire le respect de l’altérité et de la différence entre les personnes, ce dont la démocratie est également comptable. En mettant l’accent sur le principe de responsabili té individuelle, le christianisme réfute la funeste formule attribuée à Dostoïevski q ui a servi à tant d’alibis et sur
laquelle on a tant glosé : « Si Dieu est mort, tout est permis ». Il soutient au contraire que, du fait que, par l’Incarnation, l’homme se tro uve au centre du processus décisionnel, tout n’est pas permis. Si on adhère au principe selon lequel le débat d’id ées contradictoire est la condition de la pratique de la démocratie sur la base d’une r esponsabilité partagée, on peut suivre l’évolution historique par laquelle le chris tianisme y a pris sa part. Tel est l’objet de cet ouvrage. Toutefois il importe de préciser qu e celui-ci ne se donne, en aucune manière, pour intention de suivre les cheminements et les vicissitudes par lesquels s’est réalisée cette assimilation du message évangé lique sous les différentes 5 modalités de son accomplissement , mais plutôt d’appréhender comment les principes de l’Évangile sont devenus, par le jeu d’une dialec tique complexe entre foi et raison, consubstantiels du corpus intellectuel et moral env ironnant. Ils ont ainsi contribué à engendrer les facteurs par lesquels ont pris naissa nce et se sont propagées dans l’ordre politique la notion de laïcité et la reconn aissance de la légitimité des peuples à prendre part, de diverses manières, au gouvernement qui les régit. Insister e e particulièrement sur la longue durée médiévale (V -XV siècle) en Occident permet de mieux saisir la richesse des débats qui s’y sont dé ployés, et de mieux s’expliquer ce que l’on considère souvent, dans le monde contempor ain, comme une rétractation voire un rejet des pratiques religieuses attachées au christianisme dont le contenu s’est instillé sous forme largement consensuelle da ns le corps social, hors de sa finalité strictement religieuse.
1qui parcourt tout le texte de Jean pour souligner le lien entre le Père et le Fils L’insistance éclaire sur l’interprétation possible de l’Incarnation. On ne peut manquer d’observer les références charnelles et les allusions à tout ce qui concerne le corps et la nourriture dans l’argumentation, avec notamment le pain et le vin renvoyant à la chair et au sang (VI-31-35). Quand Jean déclare notamment : «Le Père est en moi et moi dans le Père » (IX, 38), ne peut-on percevoir une corrélation, ou même une filiation avec le psaume 139 qui laisse percevoir une consubstantialité en déclarant : Yahvé, tu me sondes et tu me connais ; que je me lève ou m’assoie, tu le sais, tu perces de loin mes pensées ; que je marche ou me couche, tu le sens, mes voies te sont toutes familières. 2Voir infra. 3 L’Évangile de Thomas, traduit et commenté par J.Y. Leloup, Albin Michel éd. Coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1986, pp. 54-55. 4Rapporté dans l’Évangile de Thomas, cité supra, p. 56. 5ceci relevant de l’histoire du christianisme qui a fait l’objet de très nombreux travaux. Tout Retenons au moins les deux grandes collections qui s’y rapportent expressément :Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours, Fliche A. et Martin V. (dir.), Bloud et Gay éd., Paris, 1936-1962, 23 volumes ;Histoire du christianisme des origines à nos jours, Mayeur J.M., Pietri Ch. et L., Vauchez A., Venard M. (dir.), Desclée éd. 1993-2001, XIV vol.
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