Les socialistes dans l Europe en guerre
237 pages
Français

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Les socialistes dans l'Europe en guerre , livre ebook

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Description

La Grande Guerre est une rupture majeure dans l'histoire du socialisme français. Longtemps considérée comme secondaire, la participation socialiste au pouvoir pendant l'Union sacrée retrouve ici son originalité et sa complexité. L'histoire comparée des socialistes belges, russes ou britanniques éclaire d'une manière nouvelle l'expérience socialiste française. A partir d'archives nouvelles, les auteurs explorent les arcanes de l'action politique des grands ministres socialistes de l'époque : Marcel Sembat, Jules Guesde et surtout Albert Thomas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 85
EAN13 9782296258518
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

@ L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@Wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296120518
EAN : 9782296120518
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Introduction Première partie - Expériences du pouvoir. Les socialistes et l’effort de guerre
Le « gouvernement de guerre » et les socialistes Un socialiste à l’épreuve du pouvoir : Marcel Sembat, ministre des Travaux publics L’organisation du ministère de l’Armement sous Albert Thomas : une expérience socialiste ou technocratique ? Des impénitents de l’Union sacrée : les Quarante de La France libre
Deuxième partie - Minoritaires ou marginaux? Expériences et parcours socialistes dans l’univers guerrier de 1914
Micro-histoire d’un refus de guerre. La famille Dispan de Floran dans la Grande Guerre, 1914-1919 Un socialisme en filigrane? La politisation des mutins de 1917
Troisième partie - Les socialistes de l’Entente : perspectives comparées
Les socialistes belges en exil durant la Grande Guerre. Entre doutes et détermination Un réformisme travailliste. La Société fabienne pendant la Grande Guerre Les socialistes internationalistes russes en France pendant la guerre (1914-1917). Une nébuleuse politique entre individualités, luttes de tendances et culture de l’action
Quatrième partie - Réseaux et figures : la SFIO dans la France en guerre
Le député socialiste, agent de mobilisation nationale et de paix sociale : l’exemple de Jean Locquin dans la Nièvre Louis-Jean Malvy, socialiste malgré lui? Les socialistes contre Clemenceau, tout contre
Conclusion Index nominatif LA FONDATION JEAN-JAURES
Les socialistes dans l'Europe en guerre
Réseaux, parcours, expériences, 1914-1918

Romain Ducoulombier
conception graphique|réalisation béatriceVillemant
illustration de couverture :Jean Texcier, militant socialiste et journaliste, est sur le front, comme nombre de ses camarades. Fonds Jean Texcier/L’OURS
Introduction
François Cochet
Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Verlaine de Metz
Ces journées d’étude organisées par Romain Ducoulombier apparaissent comme un signe de renouveau, sous la forme du retour d’un classicisme novateur. Depuis une quinzaine d’années, l’historiographie de la Grande Guerre a été profondément renouvelée dans de nombreuses dimensions. Pourtant, celle des familles politiques et de leurs attitudes durant la guerre demeure négligée. C’est particulièrement le cas du courant majoritaire, jusqu’en octobre 1918 du moins, au sein de la SFIO. Certes, de belles études ont été consacrées aux ouvriers 1 , à certains départements en guer re 2 , ou au parlementarisme 3 . Il faut bien reconnaître cependant qu’une histoire culturelle de la guerre – au vrai davantage histoire des représentations – dont j’avoue avoir été un partisan à ses débuts, a imposé sa griffe, ses analyses, parfois assez réductrices, et ses champs de recherche. Outre sa dimension normative, même si ses principaux promoteurs parlent aujourd’hui de plus en plus de l’« élasticité » de la notion, la « culture de guerre» a tendance à prendre la partie émergente de l’iceberg pour la totalité. L’orientation de plus en plus anthropologisante de certaines approches sur la Grande Guerre semble négliger les matériaux traditionnels à l’historien que sont les archives. C’est en cela que la démarche de ce colloque procède effectivement d’un retour au classicisme de bon aloi. Il s’agit d’avancer dans la connaissance des socialistes de 1914-1918 grâce à des approches construites sur la fréquentation des sources, permettant de mieux reconstituer l’univers mental de ces familles politiques, de leurs réseaux et de leurs connexions en France et à l’étranger.
Plusieurs questions se posent de manière aiguë, sans souci d’exhaustivité.
Au point de vue temporel, des aspects fondamentaux méritent d’être précisés depuis les travaux pionniers de Jean-Jacques Becker 4 . Nous sommes, à l’été de 1914, dans un temps d’interférences, de chocs temporels, entre des attitudes théoriquement prédéterminées chez les socialistes européens et des comportements de très court terme, induits par des attitudes nationales. Il reste des études à mener, notamment par la multiplication de regards locaux, sur les attitudes socialistes qui courent sur les quinze derniers jours de juillet et la première semaine d’août, marquée, bien sûr, par la déclaration de Raymond Poincaré aux Chambres, mais plus encore peut-être par celle de Léon Jouhaux sur la tombe de Jaurès, le 4 août. Depuis une trentaine d’années, prévaut l’image, certes globalement exacte, qu’il n’y a pas eu de manifestations massives contre la guerre. Pourtant, de-ci, de-là, des signes sont attestés. Il faudrait dresser les véritables géographie et morphologie des manifestations d’opposition à la guerre.
L’« Union sacrée » est, pour une bonne part, une reconstruction a posteriori . Il est douteux que les socialistes d’août 1914 aient pu prendre conscience de ce qu’elle allait devenir dans la mémoire collective. L’assassinat de Jaurès est fréquemment convoqué pour expliquer le « déboussolement » des socialistes français. Cet aspect est capital, dans la mesure où c’est Jean Jaurès qui a donné aux socialistes français le cadre de pensée de la guerre que l’on retrouve après la réunion de Bruxelles fin juillet, lorsque les dirigeants de la SFIO acceptent le principe d’une guerre défensive contre la caste militaire allemande, qu’ils prennent bien soin de différencier du peuple allemand. Jaurès est l’un des rares hommes politiques français à avoir pensé la chose militaire à la veille du conflit. Le concept de guerre défensive développé dans L’Armée nouvelle a-t-il trop bien fonctionné aux yeux des socialistes ? Pour autant, Jaurès n’a pas que des thuriféraires au sein de la SFIO et n’en est pas le seul dirigeant, loin s’en faut. Des pistes supplémentaires doivent donc être explorées, notamment dans la rapidité de la crise finale, ce qui, au passage, revient à s’interroger sur les modalités de réactivité au sein de la SFIO et de son appareil, même s’il n’est pas aussi lourd que celui du PS actuel, bien sûr. L’habileté manœuvrière de Viviani et de Malvy, suspendant l’application du carnet B annoncée par L’Humanité le 2 août, est sans doute aussi pour beaucoup dans les attitudes socialistes, mais, une fois de plus, il conviendrait de le préciser, notamment à travers des cas de figures locaux. Dans un paradoxe seulement apparent, les attitudes de très court terme des socialistes français ont visiblement consisté à concilier momentanément pacifisme et défense nationale.
Une fois la guerre déclenchée, se pose une série d’autres questions 5 .
Sans revenir au débat contrainte/consentement dont j’ai montré, je crois, qu’il est factice et dépassé 6 , quelques attitudes méritent d’être relevées dans leur ambiguïté. L’entrée en silence d’un Pierre Monatte, sabordant la Vie ouvrière , vaut-elle consentement sans nuance et sans arrière-pensée? La question des procédés d’interaction se pose alors dans toute sa diversité et sa complexité. Elle se pose tout d’abord au niveau des individus socialistes. Dix ans après l’unification de 1905, les socialistes ont des ministres. Il est intéressant de constater comment Louis Barthas, secrétaire de la section socialiste de Peyriac-Minervois, dans l’Aude, s’adresse au ministre Marcel Sembat en août 1915 par un « cher citoyen Sembat ». Afin de préciser encore les attitudes individuelles des socialistes, les témoignages comme ceux de Barthas doivent être recensés méthodologiquement. Certains jeunes chercheurs s’en occupent activement 7 .
L’étude des procédés d’interaction vaut aussi pour les groupes et les structures. Nous allons essayer de nous départir du regard a posteriori jeté par les bolcheviks sur les socialistes de 1914, accusés d’avoir été des traîtres à la cause révolutionnaire doublés d’opportunistes. Dans le moyen terme de la guerre, il faut tenir compte des stratégies de la direction de la SFIO pour contrôler le discours minoritaire et légitimer son discours d’acceptation de la guerre, ce qui revient aussi à décrypter les fonctionnements bureaucratiq

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