Mai 1968 et le mai rampant italien
482 pages
Français

Mai 1968 et le mai rampant italien , livre ebook

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482 pages
Français

Description

Mai 68 est moment historique qui réalise la conjonction de deux mouvements de lutte jusque-là restés séparés. D'une part la contestation des institutions et des rôles traditionnels, d'autre part une critique du travail et la mise en cause de sa centralité au sein du rapport social capitaliste. Le mouvement révolutionnaire en Italie a été qualifié de «Mai rampant» parce qu'il court sur la décennie 1968-78, mais surtout parce qu'il comporte deux dimensions historiques concentrées en France sur deux mois : la fin du cycle des révolutions prolétariennes et l'émergence d'une ère de révolutions à titre humain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140091858
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JacquesGUIGOUet JacquesWAJNSZTEJN

MAI 1968
ET LE MAI RAMPANT ITALIEN

Nouvelle édition revue et augmentée

TEMPS CRITIQUES






Mai 1968 et le mai rampant italien

Temps critiques

Collection dirigée par
Jacques GUIGOU et Jacques WAJNSZTEJN

Avec le déclin du rôle historique des classes, la critique de la société capitalisée
ne peut plus trouver l’essentiel de ses références dans les théories et les pratiques
e
du mouvement prolétarien comme elle l’a fait depuis le début du XIX siècle
jusque dans les années 1970.
Aujourd’hui, même si les replis identitaires perdurent, si les intégrismes
communautaires se renforcent en réaction à la domination planétaire de l’économie, on
assiste au retour d’une critique qui ne se limite pas au cercle étroit des “théoriciens”.
Cette critique exprime concrètement le refus de la tyrannie du capital et des mythes de la
société du travail, le refus d’admettre que les individus sont réductibles à une valeur
économique ou sociale.

Déjà parus

Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn,Dépassement ou englobement des contradictions ? La
dialectique revisitée, L’Harmattan, 2016.
Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn (dir.),La société capitalisée, L’Harmattan, 2014.
Jacques Wajnsztejn,Individu. Révolte et terrorisme, L’Harmattan, 2010.
Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn,Crise financière et capital fictif, L’Harmattan, 2009.
Jacques Guigou,La cité des ego, L’Harmattan, 2009.
Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn,Mai 1968 et le Mai rampant italien, L’Harmattan,
ère
2008. [1édition]
Jacques Wajnsztejn,Après la révolution du capital, L’Harmattan, 2007.
Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn,L’Évanescence de la valeur. Une présentation critique
du GroupeKrisis, L’Harmattan, 2004.
Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn,Violences et globalisation.Anthologie et textes de
Temps Critiques, L’Harmattan, 2004.
Jacques Wajnsztejn,Capitalisme et nouvelles morales de l’intérêt et du goût, L’Harmattan,
2002.
Jacques Wajnsztejn, Jacques Guigou,La valeur sans le travail.Anthologie et textes inédits
deTemps critiques, L’Harmattan, 1999.
Jacques Wajnsztejn, Jacques Guigou,L’Individu et la communauté humaine. Anthologie et
textes deTemps Critiques, L’Harmattan, 1998.


Jacques GUIGOUet Jacques WAJNSZTEJN







MAI1968
ET LE MAI RAMPANT ITALIEN


Nouvelle édition revue et augmentée









































© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-14703-1
EAN : 9782343147031

MAI1968ET LEMAI RAMPANT ITALIEN:
NOTES LIMINAIRES

LES RAISONS D’UNE NOUVELLE ÉDITION
La première édition de ce livre a été publiée en mai 2008. Nous avons jugé
nécessaire de la compléter dans une version revue et augmentée. Cette édition
comprend de nouvelles informations sur les luttes, en France comme en Italie, mais
aussi un affinement de l’analyse que la distance temporelle à l’événement non
seulement permet, mais impose ; et enfin une réorganisation de l’architecture
1
générale du livre afin de lui donner une plus grande cohésion .
Ce livre se situe donc dans la perspective d’un combat afin de restituer une
mémoire des théories et pratiques qui entourent et situent cet événement, une
mémoire qui est en grande partie une mémoire des vaincus cherchant néanmoins
à participer aux conditions générales de nouvelles mobilisations pour un devenir
autre vers la communauté humaine.
Mémoire active donc et non pas mémoire rétroactive aboutissant à projeter sur
le passé une interprétation de celui-ci avec des clés empruntées au présent.
Une mémoire aussi de l’événement qui, comme pour tous les grands
événements, ne se laisse pas prévoir parce qu’il procède de la liberté plus que de la
nécessité. En ce sens, un grand événement est celui qui résiste à toute lecture en
termes de sens de l’histoire. Ce qui arrive peut se faire contre l’histoire et contre la
logique des causes et des effets. La Commune de Paris nous en fournit peut-être
le meilleur exemple avec la difficulté rencontrée par Marx pour faire entrer cet
événement dans son déterminisme historique.
Comme tout événement, Mai-68 est daté. Si nous le faisons précéder de ses
prémisses théoriques dans les années soixante et de ses prémisses pratiques (les
grèves ouvrières de 1967) et suivre de quelques éléments de base sur les luttes
ouvrières du début des années soixante-dix, c’est dans le but de contextualiser
l’événement et non de le diluer dans ces « années 68» qui sont la tarte à la crème
de nombreuses recherches universitaires tendant à gommer et le caractère
d’événement et le caractère politique de Mai-68 de façon à le rendre digérable,
commémorable.
Or, cette nouvelle version, pas plus que la précédente, ne se situe dans la
perspective d’une commémoration de l’événement Mai-68. Ce livre n’entre pas dans
les reconstitutions historiques et culturelles qui visent à insérer cet événement
dans un air du temps qu’il faudrait restituer, si possible à l’aide de témoignages
exprimant des « ressentis» comme s’il s’agissait effectivement de conditions
climatiques à évaluer, conditions qui peuvent se passer de la parole des protagonistes,
c’est-à-dire de ceux qui l’ont porté si ce n’est représenté ; ni enfin dans une
perspective sociologique et universitaire en termes de témoins.

1 – En outre, le fait que Jacques Wajnsztejn publie parallèlement à cette nouvelle version
un livre plus spécifique sur le mouvement à Lyon (Mai-68 à Lyon, retour sur un
mouvement d’insubordination, Lyon, À plus d’un titre, février 2018) nous a conduits à revoir
toute la partie lyonnaise, en replaçant les grèves ouvrières de Rhodiacéta et de Berliet dans
le mouvement général de grève et en allégeant la partie sur le mouvement étudiant en la
réduisant au plus près de l’événement et du factuel notable comme pour les autres villes
de province, à savoir la manifestation du 24 mai, l’attaque de la faculté de lettres par les
fascistes le 4 juin et enfin le rôle des trimards dans le mouvement.

7

Mai 1968 et le Mai rampant italien

Que cette mémoire soit centrée sur l’importance de l’événement imprévisible
ne dispense toutefois pas d’en ausculter rétrospectivement les prémisses. Comme
l’écrit Reinhard Koselleck, « il existe dans le sens de la succession des temps
historiques un “seuil de morcellement” (Simmel) en dessous duquel tout événement se
dissout. Il faut un minimum d’avant et d’après pour constituer l’unité de sens qui
1
fait de quelque chose qui se passe un événement .»
L’UNITÉ DE MAI-68 EN TANT QU’ÉVÉNEMENT
Il n’y a pas deux Mai-68. D’un côté, un Mai étudiant « petit-bourgeois» pour
l’idéologie prolétarienne ou bien « hédoniste et libertaire», matrice de la
libération des désirs de l’individu et de sa quête effrénée de satisfactions dans la société
de consommation et de communication pour l’imagerie médiatique ; et de l’autre
un Mai ouvrier qui serait la manifestation de la puissance de la classe ouvrière
dans « la plus grande grève de son histoire.».
Cette représentation, active dès les lendemains de l’événement, n’a fait que se
renforcer jusqu’à constituer aujourd’hui le « socle du savoir» commun sur
Mai68, celui qui est diffusé dans les manuels scolaires et occupe les conversations
courantes.
Nous avançons ici l’unité de Mai-68. Unité de l’événement partout où il s’est
exprimé ; unité du mouvement réel qui s’est manifestée sous ses habillages
gauchistes, conseillistes ou anarchistes. Unité que nous percevions « à chaud», malgré
tout, dans les moments intenses des actions les plus inédites : le surgissement
soudain et imprévu d’un refus des conditions exista

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