Oedipe sans complexe
164 pages
Français

Oedipe sans complexe , livre ebook

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Description

Nous avons l'habitude de parler du complexe d'OEdipe. Mais la légende nous fait connaître un autre personnage. Sa vie et plus encore sa mort à Colone montre qu'il se trouve à la charnière de deux mondes : celui de la Grande Mère et celui des Olympiens. Comme Thésée, OEdipe est un contre-exemple du héros mythique, et il n'a jamais voulu tuer son père ni épouser sa mère pour prendre le pouvoir !

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336323282
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

ŒDIPESANS COMPLEXE Les enseignements cachés de la mythologie grecque
Gilbert Andrieu
ŒDIPE SANS COMPLEXE
Gilbert Andrieu
ŒDIPE SANS COMPLEXE Les dessous cachés de la mythologie grecque
DU MÊME AUTEUR Aux éditions ACTIO L’homme et la force. 1988. e L’éducation physique au XX siècle. 1990. Enjeux et débats en E.P. 1992. À propos des finalités de l’éducation physique et sportive. 1994. e La gymnastique au XIX siècle. 1997. Du sport aristocratique au sport démocratique. 2002. Aux PRESSES UNIVERSITAIRES DE BORDEAUX Force et beauté. Histoire de l’esthétique en éducation physique ème ème aux 19 et 20 siècles. 1992 Aux éditions L’HARMATTAN Les Jeux olympiques un mythe moderne. 2004 Sport et spiritualité. 2009 Sport et conquête de soi. 2009 L’enseignement caché de la mythologie. 2012 Au-delà des mots. 2012 Les demi-dieux 2013 Au-delà de la pensée 2013 Le choix d’Ulysse 2013 © L'Harmattan, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00758-8 EAN:9782343007588
LE COMPLEXE  L’objectif de cet essai n’est pas de prendre le contre-pied de la psychanalyse, mais d’approfondir le sens d’un mythe et, comme je l’ai fait pour Ulysse, d’essayer de trouver l’enseignement caché d’un récit fabuleux qui porte non seulement sur un homme, mais aussi sur toute une famille et, bien au-delà, sur l’homme en général.  Le commun des mortels, même s’il n’est pas familiarisé avec la psychanalyse, ou la psychologie, a entendu parler de complexe et peut-être aussi d’Œdipe. Il sait que les complexes sont en rapport avec l’enfance, parfois avec l’inconscient, et, en ce qui concerne le complexe d’Œdipe, il sait qu’il s’agit d’un amour anormal, d’un amour dirigé vers le parent de sexe opposé : le garçon vis-à-vis de la mère et inversement la fille vis-à-vis du père !  Si nous allons plus loin, en interrogeant J. Laplanche et J. B. Pontalis qui nous entraînent dans le monde de la psychanalyse, nous apprenons ce que sont les complexes : «Ensemble organisé de représentations et de souvenirs à forte valeur affective, partiellement ou totalement inconscients. Un complexe se constitue à partir des relations interpersonnelles de l’histoire infantile ; il peut structurer tous les niveaux 1 psychologiques : émotions, attitudes, conduites adaptées.»  À la suite de cette définition, les auteurs remarquent que le mot a perdu de l’importance chez les psychanalystes, excepté le complexe d’Œdipe, alors qu’il en prenait dans le langage commun. Pour être plus précis, ils ajoutent :  « On simplifierait l’usage, encore confus, du terme de complexe en distinguant trois sens :
1 LAPLANCHE J. ET PONTALIS J. B.Vocabulaire de la psychanalyse. Sous la direction de D. LAGACHE. Paris, PUF, 1967, p.72.
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1.le sens originel qui désigne un arrangement relativement fixe de chaînes associatives… 2.un sens plus général qui désigne un ensemble plus ou moins organisé de traits personnels, l’ensemble étant surtout mis sur les réactions affectives… 3.un sens plus strict qu’on trouve dans l’expression, toujours maintenue par Freud, de complexe d’Œdipe et qui désigne une structure fondamentale des relations interpersonnelles et la façon dont la personne y trouve sa place et se l’approprie.» (p.73)  Il semble donc que le complexe d’Œdipe ait la vie dure et qu’il soit depuis plus d’un siècle une vérité « scientifique » ou médicale incontournable.  En ce qui concerne ce complexe, Laplanche et Pontalis écrivent :  «Ensemble organisé de désirs amoureux et hostiles que l’enfant éprouve à l’égard de ses parents. Sous sa forme dite positive, le complexe se présente comme dans l’histoire d’Œdipe-Roi : désir de la mort de ce rival qu’est le personnage du même sexe et désir sexuel pour le personnage de sexe opposé. Sous sa forme négative, il se présente à l’inverse : amour pour le parent du même sexe et haine jalouse du parent du sexe opposé. En fait, ces deux formes se retrouvent à des degrés divers dans la forme dite complète du complexe d’Œdipe.  Selon Freud, le complexe d’Œdipe est vécu dans sa période d’acmé entre trois et cinq ans, lors de la phase phallique : son déclin marque l’entrée dans la période de latence. Il connaît à la puberté une reviviscence et est surmonté avec plus ou moins de succès dans un type particulier de choix d’objet.  Le complexe d’Œdipe joue un rôle fondamental dans la structuration de la personnalité et dans l’orientation du désir humain.  Les psychanalystes en font l’axe de référence majeur de la psychopathologie…» (p.79)  Pour Christophe Carlier et Nathalie Vriton-Rotterdam, ce serait en 1897 que Freud aurait confirmé son
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analyse par la lecture d’Œdipe-Roi de Sophocle. Dans une lettre à Fliess, publiée dansNaissance de la psychanalyse, Freud disait à ce propos :  «La légende grecque a su saisir des sentiments que tous les hommes reconnaissent parce qu’ils les ont tous éprouvés. Chaque spectateur fut un jour un Œdipe en germe, en imagination, il s’épouvante de voir la réalisation de son rêve transporté dans la vie, il frémit à proportion du refoulement qui 2 sépare son état infantile de son état actuel. »  Autant dire que la notion de complexe d’Œdipe est à replacer dans le travail de Freud et, simultanément, dans les tragédies de Sophocle.  Je reviendrai plus tard sur la légende et sur la tragédie de Sophocle.  Notons, pour l’instant, que la récupération du nom ne semble pas remettre en question la dimension théâtrale qui l’accompagne, peut-être même cette dimension a-t-elle encouragé Freud à s’en servir et à récupérer un nom ou seulement un mot.  Je ne crois pas nécessaire de revenir de façon détaillée sur les écrits de Freud, mais il me semble nécessaire, tout de même, de rappeler quelques points d’ancrage qui seront utiles pour la suite de l’étude que j’envisage de faire. Freud se situe, bien entendu, sur le plan de la thérapie et passe de l’observation de ses malades à la psychologie de l’homme en général. On sent clairement que la normalité coïncide avec le choix d’une vie sociale facilitée ou contrôlée par un surmoi qui viendrait à bout de toutes sortes de perversions. L’acte sexuel ne saurait échapper à la norme, c’est-à-dire à l’association de l’homme et de la femme pour faire des enfants. Comme le signalent Laplanche et Pontalis, l’idée de perversion devient, en psychanalyse, relative à la sexualité. Pour approfondir cette relation, il faut lireTrois essais sur la théorie de la sexualitédont la publication date de 1905. Comme le note Fabien Lamouche dans sa présentation de l’édition de 2012 :
2 CARLIER C. ET GRITON-ROTTERDAM N.Des mythes aux mythologies. Paris, Marketing, 1994, p.71.
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 «Le complexe d’Œdipe, c'est-à-dire l’ensemble des motions affectives ambivalentes nourries par l’enfant à l’égard de ses parents, est considéré par Freud comme le «noyau des 3 névroses». »  Fabien Lamouche cite alors Freud :  «Nous pensons en effet que le complexe d’Œdipe est le véritable noyau de la névrose, que la sexualité infantile, qui culmine en lui, est sa condition effective, et que ce qui subsiste de ce complexe dans l’inconscient représente la disposition de l’adulte à contracter ultérieurement une névrose.» (p.18)  Notons ici un ajout de Freud en 1910 et rapporté dans l’édition de 2012 :  «La différence la plus marquante entre la vie amoureuse du monde antique et la nôtre réside sans doute dans le fait que l’Antiquité met l’accent sur la pulsion elle-même alors que nous le déplaçons sur son objet.» (p.77)  Ce qui importe le plus c’est l’ancrage du complexe dans la sexualité infantile. Freud nous le dit clairement :  «J’ai, dès 1896, souligné l’importance des années de l’enfance pour la genèse de certains phénomènes importants dépendants de la vie sexuelle, et je n’ai depuis cessé de faire passer au premier plan pour la sexualité le facteur infantile.» (p.119)  La petite enfance qui laisse sa place à une période de latence avant que la puberté ne donne son caractère à la sexualité adulte est donc un moment important dans lequel les futures névroses plongent leurs racines. Or, comme l’écrit Freud :  «L’issue du développement est constituée par ce que l’on appelle la vie sexuelle normale de l’adulte, dans laquelle l’obtention de plaisir s’est mise au service de la fonction de reproduction…» (p.152)  On comprend aisément que l’amour du petit garçon pour sa mère doive laisser la place à un nouvel objet de désir, un objet correspondant à la période pubertaire, avant qu’il ne se 3  FREUD S.Trois essais sur la théorie de la sexualité. Présentation par Fabien Lamouche, Paris, Points, p.18.
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précise dans la période adulte. Le plus important ne serait-il pas alors d’élever une barrière vis-à-vis de l’inceste ? Freud reconnaît qu’il s’agit là d’une exigence culturelle de la société, l’acceptation des prescriptions morales qui excluent les parents du choix d’objet. Cela n’est pas toujours réussi et il reconnaît que l’homme cherche souvent l’image de la mère qui le domine depuis sa petite enfance.  En 1923, Freud ajoutait à ses observations une dimension plus large quant à l’origine du complexe : «Même si le complexe d’Œdipe est vécu individuellement par le plus grand nombre des êtres humains, il n’en reste pas moins qu’il est un phénomène déterminé par l’hérédité, établi par elle et qui conformément au programme doit passer lorsque commence la phase de développement prédéterminée qui lui 4 succède. »  En étudiant la disparition du complexe d’Œdipe, Freud note qu’il permettait à l’enfant de se construire, de développer son moi et d’amorcer également le développement du surmoi en incorporant l’autorité du père, autrement dit l’interdit de l’inceste.  André Akoun, analysant la relation qui existe entre l’inconscient et l’individu soulève le problème de la « situation » oedipienne, terme qu’il préfère à celui de complexe.  «La situation oedipienne est le pas que l’enfant doit franchir pour devenir un être humain psychologiquement parlant, c'est-à-dire pour sortir, par une sorte de deuxième naissance, de l’ombre de la mère et pour s’ériger en sujet séparé. Jusqu’alors en effet, l’enfant est sous la dépendance de la mère de telle sorte que, d’une certaine façon, il est dans 5 l’incapacité de se penser hors d’elle, sans elle différent d’elle. »  Il reste que, ce faisant, l’enfant qui devient peu à peu un sujet en se détachant de sa mère s’oppose au père dont il désire la destruction bien avant de lui apporter son affection et de s’identifier à lui en construisant son moi et son surmoi
4 FREUD S.La vie sexuelle. Paris, PUF, 1969, p.117. 5  AKOUN A. et VÉRALDI G.L’inconscient, son langage et ses lois. Paris, Marabout Service, 1971, p.83.
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