Petites chroniques éclatées : Nouvelles littéraires
86 pages
Français

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Petites chroniques éclatées : Nouvelles littéraires , livre ebook

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Description

Un photographe russe envoyé en Syrie, un ingénieur civil piégé dans son bureau de New York, une jeune autochtone de Thunder Bay victime d’intimidation, une adolescente emprisonnée dans un hôpital psychiatrique, une femme forte et fragile telle une bouteille d’alcool, un père absent, l’autre, aveuglé par son travail… Voici quelques-uns des personnages issus de l’imagination d’auteurs en herbe, dispersés un peu partout à travers l’Ontario.
Les nouvelles littéraires regroupées dans ce recueil nous engagent dans une aventure, tout en donnant libre cours à la fantaisie et au merveilleux. Certaines racontent l’horreur alors que d’autres tissent une intrigue policière riche en rebondissements.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782895976240
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PETITES CHRONIQUES ÉCLATÉES
CONCOURS LITTÉRAIRE MORDUS DES MOTS

DÉJÀ PARUS
Petites chroniques du crime Nouvelles policières, 2010.

Petites chroniques de notre histoire Récits historiques, 2011.

Petites chroniques identitaires Récits et parcours, 2012.

Petites chroniques du futur Nouvelles de science-fiction, 2013.

Petites chroniques de l’imaginaire Contes urbains et merveilleux, 2014.

Petites chroniques franco-ontariennes Récits historiques, 2015.

Petites chroniques dépaysantes Récits de voyage, 2016.
PETITES CHRONIQUES ÉCLATÉES
NOUVELLES LITTÉRAIRES
Collectif d’élèves
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Petites chroniques éclatées : nouvelles littéraires / Collectif d’élèves.
« Mordus des mots, concours 2016-2017 ». Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-594-6 (couverture souple). — ISBN 978-2-89597-623-3 (PDF). — ISBN 978-2-89597-624-0 (EPUB)
1. Écrits d’élèves du secondaire canadiens-français — Ontario. 2. Nouvelles canadiennes-françaises — Ontario.
PS8235.S4P467 2017 C843’.60809283 C2017-902603-8 C2017-902604-6

Les Éditions David remercient le ministère de l’Éducation de l’Ontario pour sa contribution au projet « Mordus des mots ».



Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-830-3336 | Télécopieur : 613-830-2819 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2 e trimestre 2017
Préface
L’imaginaire est vaste comme le territoire. C’est sans doute ce qui me reste comme impression après avoir lu l’ensemble des textes qui constituent ce recueil, mais surtout après m’être promené, l’automne dernier, dans trois des quatre coins de la province ontarienne afin de donner des ateliers d’écriture. En fait, il ne m’a manqué que l’Ouest et le Nord-Ouest pour en avoir véritablement fait le tour.
Ce que j’ai aimé de ce projet, c’est que souvent, pour moi, à l’origine du processus de création, il y a la rencontre. Dans ce cas-ci, c’était celle de l’auteur-conseil avec les classes qui lui font une place, ensuite celle de l’imaginaire de jeunes auteurs et d’une forme (la nouvelle littéraire), puis celle de la liberté de créer un univers avec la contrainte de temps et de mots qui était imposée.
D’ailleurs, c’est un peu ce qui reste, à mon sens, dans ce recueil : la rencontre de cet éclatement tout à fait libre des images, des imaginaires, des lieux, des actions, des voix, des territoires, des façons de voir le monde qui peuplent le quotidien des plumes dispersées un peu partout à travers la province. Cet amalgame improbable d’univers, de langues qu’on s’approprie, avec lesquelles on construit et déconstruit des mondes. Des mondes qui choquent, qui aiment, qui embrassent, qui troublent, qui dénoncent, qui revendiquent ou qui existent, tout simplement.
Je l’avoue, j’ai envié plusieurs des phrases des textes soumis, tant dans la forme que dans leur écriture. Les auteurs ont écrit des mots qu’on ne veut pas oublier. Je leur en souhaite d’autres. Je leur souhaite des inspirations à n’en plus finir et le souffle suffisant pour les emmener au bout de ce qu’ils aspirent à créer. Et si le moindrement cette expérience a pu être le commencement de quelque chose, vivement la suite !
J’espère que vous apprécierez autant que moi la lecture de cette nouvelle parution du concours « Mordus des mots ».
Gabriel Robichaud Auteur-conseil
Concours de création littéraire « Mordus des mots » 2016-2017

Pour un instant
— Bonne chance, monsieur. J’espère que vous pourrez bien saisir la pure vérité de ce conflit, avait affirmé le jeune homme assis à mes côtés, lorsque l’avion venait d’atterrir à Beyrouth, au Liban.
Il avait prononcé ces mots avec une confiance et une certitude que seul un ignorant pouvait posséder. J’avais froncé les sourcils et baissé la tête en signe de réponse. Je n’avais pas l’énergie pour parler de politique. Le vol avait déjà été long et angoissant. Nous avions fait escale à Beyrouth avant d’achever notre voyage à Damas. La plupart de mes collègues étaient restés dans la capitale libanaise. J’étais le seul photographe dans l’avion qui atterrissait maintenant dans la capitale de la Syrie.
Comme prévu, les forces armées dans l’Aéroport international de Damas étaient omniprésentes et dures. Lors de la session de contrôle, cependant, j’avais été accueilli avec sympathie et de nombreux sourires. Mon passeport russe m’apportait plusieurs bienfaits.
— Fais attention, Pavel. Tu sais bien qu’Alep n’apprécie pas les journalistes, me dit le commandant du convoi que j’accompagnais.
Je sursautai, ayant été sorti de mes pensées. Nous étions à trois kilomètres de la ville assiégée, un fait évident dans le changement d’attitude des soldats autour de moi. Ils vérifièrent leur équipement et resserrèrent les courroies de leurs sacs. Je suivis leur exemple. Après quelques minutes, le convoi commença à ralentir. La ville, une ombre de misère et de destruction, nous accueillit. À quelques kilomètres de nous, des restants pitoyables d’édifices résidentiels étaient visibles. Les rues polluées de débris et, plus rarement, de corps, ne représentaient pas un terrain propice pour notre convoi. En outre, comme le commandant me l’avait mentionné plus tôt, nous ne savions pas où les rebelles étaient cachés dans cette jungle de béton détruit. C’est pourquoi, juste avant d’entrer dans Alep, le convoi fit un virage soudain à gauche.
— Nous montons une colline. Une belle position pour photographier, m’expliqua le commandant Saïd dans son russe lent et maladroit. Je lui souris et signalai ma compréhension.
— Yallah ! ordonna Saïd.
Le convoi s’était arrêté et les soldats débarquèrent. Je les suivis nerveusement. La colline, située dans un faubourg d’Alep, me permettait de voir la ville entière.
— Inexplicable, cette destruction. Absolument inexplicable, marmonnai-je.
— Effectivement, entendis-je murmurer le commandant.
Il continua à voix haute :
— Nous allons patrouiller plus loin. Fais attention à toi.
Et, sur ce, ils partirent, me laissant seul. Un Russe, photographe de zones de conflit, seul au nord de la Syrie : cela m’était à la fois terrifiant et fantastique. Je commençai à photographier immédiatement. Les ruines, étrangement, me semblaient vivantes. Je déduisis que des âmes étaient encore enfouies là-dedans. Si seulement elles pouvaient se montrer à moi…
Je commençai à grelotter. Une brève brise de basse température avait traversé la vallée, semblant venir des montagnes du Nord-Est. C’était étrange, une telle brise en été. Je me levai pour changer d’emplacement lorsque, presque en unisson avec moi, Alep suivit mon exemple. Partout dans la ville, des figures commençaient à sortir de leurs châteaux de briques craquées et de vitres brisées : des hommes barbus, des femmes au regard épuisé, des enfants sales et leurs grands frères et grandes sœurs aussi malpropres. Tous sortirent de leurs cachettes et se tinrent debout. Dans les rues, sur les balcons, sur les toits, tout Alep se tenait devant moi, vulnérable. Après une hésitation, je commençai à prendre des photos comme un désaxé lorsque je me rendis compte…
Qu’ils me regardaient tous.
Figés, sans dire un mot, ils me regardaient tous avec ce regard que seuls des civils en guerre développaient. Je courus vers le sommet de la colline. Arrivé en haut, je commençai à peindre des tableaux avec le pinceau, la peinture et le canevas qu’était devenu mon appareil. Mon premier sujet me fut difficile. Un petit d’environ cinq ans me regardait avec une tranquillité déconcertante. Son visage, libre de moue et de larmes, était cependant obscurci par une ombre. Comme il était sur le toit d’un édifice, sa source ne m’était pas apparente. Je cherchai et l’aperçus avec écœurement.
La bombe à sous-munitions suspendue avait été lâchée par l’un de ces avions de guerre qu’on voyait toujours en Syrie. Il avait sûrement passé le ciel au moment où j’étais distrait. Cela n’avait plus d’importance. L’avion était passé et la bombe, l’une parmi plusieurs, avait été relâchée. Plus rien n’avait d’importance. Suspendues au-dessus d’Alep, comme figées dans le temps, des douzaines de bombes gâchaient l’azur céleste. J’arrêtai de photographier et me contentai d’observer. Ces gens allaient mourir, j’en étais sûr. Pour un instant, je n’entendais rien. Pour un instant, je me permis d’être envahi par une peine.
Pour un instant, je me perm

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