Pour la défense de la Révolution française
170 pages
Français

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Pour la défense de la Révolution française , livre ebook

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Description

La Révolution française est la matrice de la démocratie contemporaine et pose les questions de fond auxquelles nous sommes confrontés actuellement. 220 ans après 1789, il est utile de rappeler les grands principes de la Révolution et de comparer les questions de 1789 et les problèmes du début du XXIe siècle.

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Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296498662
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour la défense de la Révolution française
MOUVEMENT SOCIAL ET LAÏCITÉ Collection dirigée par Marc Blondel, Gabriel Gaudy, Jean-Marc Schiappa, Jean-Jacques Marie et Gérard Da Silva La collectionMouvement Social et Laïcitérépond à un besoin : donner la parole à des militants, figures connues, méconnues ou anonymes du combat syndical et laïque et faire entendre la voix des luttes populaires. Ce faisant, elle s’inscrit dans une tradition vivace, depuis les Lumières et l’établissement de la République. Elle incarne l’alternative, tant au libéralisme qu’au retour à l’inégalité devant la loi, prônée sous le nom de « communautarisme ». Elle propose aussi bien des ouvrages de synthèse historique, sur la « longue durée » que des monographies thématiques ou biographiques. Elle entend montrer l’actualité de la laïcité, de la séparation intégrale des Églises et de l’État. Comme celle des luttes syndicales pour l’égalité des droits, qui est nécessairement l’égalité réalisée par les services publics et sociaux de l’État. Face à l’échec présent du libéralisme totalitaire, Mouvement Social et Laïcité entend signifier que l’alternative existe et, en fait, depuis longtemps, en toute légitimité démocratique, pour la justice sociale et l’émancipation de toutes et de tous, ici et maintenant. Volumes publiés : Gérard da Silva :Histoire de la CGT-FO et de son Union Départementale de Paris (1895-2009), 2009 Jean-Marc Schiappa :Une histoire de la Libre Pensée, 2011
Sous la direction de Jean-Marc Schiappa
Pour la défense de la Révolution française
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e ʹʹͲ anniversaire Actes du colloque organisé par l’IRELP (Institut de recherches et d’études de la libre pensée) au lycée Henri IV à Paris les 27 et 28 juin 2009
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96771-7 EAN : 9782296967717
Présentation ème En organisant un colloque pour le 220 anniversaire de la Révolution française, avec des historiens parmi les meilleurs spécialistes de la période, l’IRELP (Institut de Recherches et d’Études de la Libre Pensée) ne faisait pas seulement œuvre historique. Ce colloque s’inscrivait dans une logique triptyque : après le ème colloque international de mars 2008 suranniversaireLe 160 de la Libre Pensée, avec ses 3 journées de débats, ses 48 intervenants, ses 15 pays représentés, avant le colloque international surLa place et le rôle des religions actuellement, en décembre 2010 (« Actes » disponibles auprès de l’IRELP), le colloque consacré à la Révolution française donnait, lui aussi, dans un infernal rythme annuel, les éléments de connaissance puisés aux sources les plus vivifiantes. Cette raison était, en elle-même, gage de son importance. Un Institut de recherches ne pouvait que s’en féliciter. Mais l’IRELP, sans vouloir déprécier nos partenaires ni devoir surévaluer notre spécificité, n’est pas, à dire vrai, un Institut exactement similaire aux autres. La Libre Pensée est la plus vieille association démocratique de ce pays ; les premiers cercles en ont été fondés en 1848, au lendemain de la Révolution de février. Et les hasards de l’Histoire (s’agit-il vraiment de « hasards » ?) ont fait que la Libre Pensée a été la dernière des organisations à se doter d’un centre historique. Que de temps à rattraper ! Mais notre recherche n’est pas proustienne (et pas seulement en raison du style exceptionnel de l’auteur de « Swann », à côté duquel tant font bien pâle figure). Longtemps, nous nous sommes révoltés de bonne heure. Et nous entendons bien continuer. Voilà pourquoi il était nécessaire de réfléchir, à nouveau, par une richesse de thèmes qui n’échappera à personne, sur la mère de toutes les Révolutions. Non que les antérieures soient inférieures ni que les suivantes soient moindres. 5
Un historien ne compte pas les choses à cette triste aune ; il n’est ni épicier ni tailleur. Il sait ce qu’il fait (apporter de la connaissance sur l’humanité) et il sait que ce qu’il fait sera utile à ses semblables. Une fois de plus, c’est Marc Bloch qu’il faut citer ; l’Histoire sert seulement à « vivre mieux ». Et quoi de plus utile à l’Humanité que la réflexion sur l’égalité des droits ? Certes, les questions de 1789 ne sont pas les questions de notre temps. Et les réponses encore moins. Le Sphinx, inspiré des Muses, peut bien terroriser les voyageurs en leur demandant « Qui suis-je ? », question entre toutes énigmatique, troublante et presque insoluble. L’Historien de la Révolution ne peut rien dire d’autre, à ses compagnons de voyage dans le temps, que ce qu’ils ont été. Ce que nous serons, nous le vivrons ensemble. L’énigme est notre présent de tous les jours. Jean-Marc Schiappa NB : Certaines communications ont été retranscrites à partir des enregistrements.
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Autour des attaques récentes contre la
Révolution française L’historiographie de la Révolution française est depuis plus de deux siècles divisée en courants divers et souvent antagonistes. Chacun sait que si Contre-Révolution et Révolution ont été intimement liées dès 1789-1790, l’écriture partisane de leur histoire est également née à chaud, au contact direct de l’événement. Je ne retracerai pas ici les évolutions successives des différents courants historiographiques, mais souhaite aujourd’hui insister sur la résurgence manifeste, au début de notre siècle, d’une historiographie affichant une hostilité radicale à la Révolution française et, au-delà, à l’idée même de révolution, parfois avec ostentation, parfois avec au contraire un certain souci de la dissimulation pour mieux faire passer ses idées. Le phénomène peut au premier abord apparaître d’autant plus spectaculaire que la France des années 2000 ne semble guère être sur le point de connaître une révolution prochaine, même si la crise économique de 2009 a pu autoriser certains à donner libre cours à leurs espoirs, d’autres à leurs fantasmes. Quelques journalistes sont même allés jusqu’à évoquer une situation « pré-révolutionnaire », comme si les difficultés économiques et sociales pouvaient – voire devaient – susciter l’émergence d’un désir révolutionnaire, alors que de nombreux signes attestent au contraire une tendance au repli sur soi chez nombre de Français frappés par les conséquences de la crise. Si ème l’on admet que la France ne va sans doute pas célébrer le 220 anniversaire de l’« année sans pareille » par une nouvelle révolution, somme toute cette résurgence de l’historiographie « contre-révolutionnaire » souligne avec force la haine tenace de ses participants, comme s’il s’agissait d’extirper jusqu’à la moindre racine, voire l’ultime radicelle, de la Révolution française et des révolutions postérieures. Ce qui ne manque pas d’interpeller. Différentes publications sont venues, au cours des dernières années, renforcer la présence de cette historiographie sur les présentoirs de nos librairies. Le déferlement de la
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« Toinettomania » s’y est bien sûr rattaché, même si toutes ses manifestations n’ont pas été si uniformes qu’on pourrait le croire au premier abord. Quelques écrits sérieux ont en effet voisiné avec des rééditions de livres se rattachant davantage au roman historique qu’à l’Histoire, tandis que des Mémoires du ème XIX siècle étaient eux aussi réédités, le plus souvent sans un appareil critique digne de ce nom. Ainsi, en 2006, lesSouvenirs de la comtesse d’Adhémar, dame du Palais de Marie-Antoinetteétaient publiés avec une préface de Charles-Emmanuel d’Adhémar, qui confiait aux lecteurs : « En décembre 2005, dans une armoire du grenier de notre vieille maison familiale, je découvre, au moment même où Marie-Antoinette revenait sur le devant de la scène, deux gros volumes intitulés :Souvenirs sur Marie-Antoinette […]». Aussitôt, écrit-il, il en parle à un ami, « ancien professeur d’histoire », lequel donne aussi un texte introductif à ces Mémoires retrouvés. Ce dernier expose que l’ouvrage a déjà été publié en 1836, puis est ensuite tombé dans l’oubli, et qu’il a peut-être été écrit ou réécrit « par un spécialiste de l’époque en histoire romancée, le baron Étienne de Lamothe-Langon ». Quoi qu’il en soit, écrit le préfacier, « il y a dans ce récit comme un frémissement qui ne trompe pas, fruit évident d’une émotion […] Qu’importent, finalement, les erreurs, de date ou de protocole […] Et peu importe alors celui qui a tenu la plume […] Oublions les erreurs, les fureurs partisanes, les aigreurs jalouses. Laissons-nous emporter, nous aussi, par la verve de la comtesse et, derrière le brillant de la plume, par le mordant de son œil impitoyable et naïf à la fois. On pense à Saint-Simon davantage qu’à Dumas ». L’affaire est close et le talent de plume du duc de Saint-Simon sert à étrangement justifier cette réédition, alors même qu’un troisième auteur est convoqué pour donner davantage de prestige à l’opération, et pas n’importe lequel. « Son Altesse Royale » le prince Michel de Grèce, sans se soucier de la contradiction avec ce qu’écrit le professeur d’Histoire à la retraite, livre ainsi son enthousiasme devant l’ouvrage : « L’auteur divertit, instruit,réinvente l’Histoirepar [souligné moi], comme Alexandre Dumas, pour notre plus grand bonheur ». Ces Mémoires comprennent des erreurs par dizaines 8
et un vocabulaire contre-révolutionnaire qui ne se dissimule point, mais aussi une charge violente contre le duc d’Orléans, transformé en grand responsable de la Révolution en raison de ses complots (rappelons que ces « souvenirs » ont été publiés pour la première fois en 1836…). Quant au style de l’ouvrage, il est souvent si romancé qu’il rapporte de longs dialogues avec une précision telle que le lecteur peut se croire revenu deux siècles en arrière, assistantin situEn cetteéchanges !  auxdits même année 2006 sortaient également des presses deux autres ouvrages de « souvenirs ». Ce sont tout d’abord ceux d’une aristocrate emprisonnée en 1793, Sophie de Bohm, qui portent comme titre « choc » :Prisonnière sous la Terreur. Si une préface de Jean-Clément Martin permet d’apporter une caution scientifique à cette publication, de très nombreuses erreurs factuelles ne sont pas relevées et le lecteur les prend donc pour argent comptant, alors que des notes infrapaginales auraient au moins permis de les commenter. Qui plus est, l’éditeur choisit d’imposer en couverture une représentation de Marie-Antoinette sortant de sa prison pour aller à la guillotine, alors que l’ouvrage ne porte pas sur la captivité de la reine déchue… Pour sa part, l’autre recueil de « souvenirs » est intituléUne Anglaise témoin de la Révolution française (1792-1795). Traduit et publié pour la première fois par Hippolyte Taine en 1872, il est proposé aux lecteurs de 2006 à l’état brut, sans préface ou notes nouvelles, et sans qu’une brève présentation vienne rappeler qui était Hippolyte Taine,a fortiori pourquoi cet auteur violemment hostile à la Révolution française avait choisi de le faire connaître aux lendemains mêmes de la Commune de Paris. On comprend évidemment pourquoi tous les poncifs sont présents dans ce livre sitôt qu’il s’agit de stigmatiser une France dans laquelle « toute l’administration du pays est aux mains de débauchés nécessiteux et ignorants, d’escrocs, d’hommes condamnés par les lois, et qui, sans la révolution, seraient maintenant aux galères ou en prison » ! À côté de semblables rééditions, d’autres opérations ne laissent pas de surprendre, à l’exemple de celle réalisée en 2009 par CNRS Éditions. Quatre ans plus tôt, lesAnnales historiques de la Révolution française avaient ainsi donné un compte rendu 9
pour le moins négatif d’un livre sur Robespierre écrit par Jean Artarit, psychiatre et psychanalyste, et publié en 2003. L’auteur du compte rendu, Claude Mazauric, évoquait alors un ouvrage « d’une affligeante superficialité » et reposant sur « un parti-pris idéologique parfaitement limpide et explicite ». Six ans après cette première parution, CNRS Éditions présente ce livre comme un « maître ouvrage », un « classique de la psycho-histoire » et une « étude pionnière, source d’une vaste polémique ». Cette dernière est-elle tenue pour un sérieux argument de vente ? Quoi qu’il en soit, le « portrait saisissant de Robespierre » est ainsi présenté par CNRS Éditions : « Les contemporains de l’« Incorruptible » ont vite constaté sa dimension pathologique : froideur, penchant suicidaire, délire de grandeur et de persécution. Un profil de paranoïaque conduisant à des agissements typiques : la division pour mieux régner, l’atmosphère de suspicion et de délation imprimée par la peur, la désignation d’ennemis à éliminer physiquement, le contrôle des institutions, la rigidité comme conduite… Comment cet infirme psychoaffectif est-il devenu un porte-drapeau idéologique ? Ses drames intimes sont-ils à l’origine de la Terreur ? Qui était, au fond, Maximilien Robespierre ? Une approche ambitieuse et novatrice pour comprendre les ressorts de la violence révolutionnaire ». Si l’éditeur était autre, force serait pour tout historien spécialiste de la Révolution française de se gausser de pareilles affirmations et de voir là ce qu’il convient d’appeler un « coup » éditorial, comme il en existe tant. Mais que CNRS Éditions puisse prêter le prestige du célèbre organisme public de recherche à pareille entreprise ne doit pas manquer d’interpeller, puisque le CNRS est placé sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Entendons-nous bien, je ne souhaite en rien suggérer l’existence d’un très hypothétique complot ministériel visant à favoriser la publication d’ouvrages hostiles à la Révolution française ; néanmoins il est tentant de faire le rapprochement avec un autre événement mettant directement et gravement en cause l’Éducation nationale. En effet, au début de 2009, sous l’autorité des inspecteurs pédagogiques régionaux de l’Académie de Paris, une « lettre académique d’Histoire et de 10
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