Rome et l histoire
132 pages
Français

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Rome et l'histoire , livre ebook

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Description

Le mythe de Rome charrie d'éternels fantasmes, qui sont exploités à Cinecittà comme à Hollywood par la féconde veine du péplum, qui revivifie l'épopée en la représentant. "Qu'est-ce que Rome" quand l'écran s'en saisit, question lancinante qui hante les trois films ici interrogés : Spartacus, La Chute de l'Empire romain et Gladiator ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336795874
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CollectionAistoire, Textes, Sociétés dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque Pour questionner l’inscription du sujet social dans l’histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir. L’objet affiché est d’explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété d es sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d’une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d’expression dans l’imaginaire, singulier ou collectif. Déjà parus Laure Lévêque, Philippe Bonfils, Yusuf Kocoglu, Thi erry Santolini, Delphine van Hoorebeke (dir.),Vulnérabilités, échanges et tensions dans l’espace méditerranéen, L’Amer Méditerranée,2017. Maya Khaled,ues. Une approcheL’écriture d’Amin Maalouf à la lisière de deux lang pluridisciplinaire, 2017. Laure Lévêque, Philippe Bonfils, Yusuf Kocoglu, Thi erry Santolini, Delphine van Hoorebeke,Les échanges dans l’espace euro-méditerranéen. Form es et dynamiques, 2016. Daniel Faivre,De l’acte fondateur au mythe de fondation. Une appr oche pluridisciplinaire, 2016. Laure Lévêque, Philippe Bonfils, Yusuf Kocoglu, thi erry Santolini, Delphine van Hoorebeke (dir.),sages.L’espace euro-méditerranéen entre conflits et métis Rencontres, échanges, représentations, 2015. Marie-Claude L’Huillier et Anne Jollet (dir.),Guerre et paix. Troisièmes rencontres d’Histoire critique, 2015. Antoine Casanova,Figures de Dieu, entre masculin et féminin : la lon gue marche, 2015. Monique Clavel-Lévêque,Autour de la Domitienne. Genèse et identité du Bite rrois gallo-romain, 2014. Enrique Fernández Domingo, Xavier Tabet (textes réu nis et présentés par),Nation, e e identité et littérature en Europe et Amérique latin e (XIX -XX siècles), 2013.
Monique CLAVEL-LÉVÊQUE Laure LÉVÊQUE Rome et l’histoire Quand le mythe fait écran
© L’Harmattau, 2017 5-7, rUe de l’Ecole-PolytechuiqUe, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr EAN Epub : 978-2-336-79587-4
Pour Octave,optimus princeps Pour Éléonore,puella pulcherrima
«Quamdiu stabit Coliseus, stabit et Roma ; quando cadet Coliseus, cadet Roma ; quando cadet Roma, cadet et mundus». « Tant que le Colisée sera debout, Rome sera debout ; quand le Colisée s’écroulera, Rome s’écroulera ; quand Rome s’écroul era, le monde entier s’écroulera ». Bède le Vénérable
INTRODUCTION
UTREFOISETMAINTENANT LA PHENOMENOLOGIE DU KALEIDOSCOPE
« L’histoire se désagrège en images, et pas en histoires ». « La compénétration et le rappel dialectiques des c onjonctures passées sont la mise à l’épreuve de la vérité de l’action présen te ». Walter Benjamin,Le Livre des passages Dans son magistralLivre des passagesbien loin de concerner le seul réseau qui, viaire parisien, interroge, très au-delà, relais et modes de transmission, culturels et mémoriels, Walter Benjamin pose que « Les événement s qui entourent l’historien et auxquels il prend part vont être à la base de sa pr ésentation, comme un texte écrit à l’encre sympathique », avant d’expliciter : « L’his toire qu’il soumet au lecteur constitue, pour ainsi dire, les citations qui sont insérées da ns ce texte (...). Écrire l’histoire signifie d o n cciterue l’objet historique, quel l’histoire. Mais le concept de citation implique q 1 qu’il puisse être, soit arraché au contexte qui est le sien » . Et, nul doute que, pour cet archéologue inlassable de la modernité si peu soucieux d’académisme, parmi les historiens, il faille égale ment compter avec des praticiens qui ont leur usage propre du discours historique et n’h ésitent pas à révoquer le dogme de l’objectivité factuelle en l’espèce desstorytellers, ces raconteurs d’histoires dont Pierre Barbéris n’a cessé de rappeler le rapport étroit, d ’homologie, avec l’HISTOIRE, « la réalité (?) historique », l’histoire, « le récit, l a fable, le mythe, tout ce qui, parl[e] du réel, 2 constitu[ant] une autre manière d’appréhender l’HIS TOIRE » . C’était, en tout cas, établir un double niveau de f onctionnement dialectique dans la représentation, selon l’acception que l’on privilég ie, de temporalité ou d’objectivation : entre passé et présent –AutrefoisetMaintenantselon la terminologie de Benjamin – à retenir la représentation, avec ce qu’elle suppose d’actualisation ; entre figuration et ontologie, du phénoménal au nouménal, à considérer la relation de spécularité, symbolisante, qui sourd de l’image, en s’appuyant s ur l’allégorie dont la force pulsionnelle, irréductible, s’exerce entre dissémin ation et (re)configuration. Forte du pouvoir de re-présenter, l’image tire de s a capacité à convoquer le passé dans un contexte historique dont il est désormais s éparé d’être le vecteur d’une circulation des temporalités, des époques et des va leurs qu’elles véhiculent et auxquelles elles s’identifient. Enfoncé à la manièr e d’un coin dans le temps présent, il s’agit moins, pourtant, de proroger le passé que de rendre poreuses les catégories qui assurent l’inscription de soi dans la socialité con temporaine et par là, de questionner les régimes d’historicité et, au-delà, la philosoph ie de l’histoire qui sert de garant au temps présent, sur la ligne d’un positivisme hérité des Lumières qui justifie le devenir historique comme marche triomphale vers le progrès tant il est vrai, ainsi que Louis 3 Marin l’a montré pour le régime de la représentatio n à l’âge classique , que l’image a toujours partie liée avec des enjeux de pouvoir. Par où se vérifient aussi les analyses de Benjamin, pour qui l’histoire y est 4 constamment débordée par des impératifs qui tiennen t au politique et, essentiellement, au contrôle du fonctionnement symb olique. PourMaintenant. Tout
ensemble immobile et fulgurante, comme un miroir qui revient dans la traversée des âges, tendu, par-delà les siècles, aux formes socia les contemporaines, l’imagerie tire son efficace du dispositif sémique à double portée qu’elle commande : que, travaillant à l’universel, elle cultive les codes emblématiques , acclimate et diffuse un corpus de topoia veine comique, ceux qu’exploitejusqu’à, parfois, aboutir au cliché – ainsi dans l , 5 cum grano salis, la série desAstérix, bousculant l’hégémonie impérialiste –, voire au chromo – ainsi de la valeur topique à laquelle atte int le tableau de Gérôme,Pollice verso(1872), qui cristallise une certaine idée de Rome, toute de convention –, ou que, 6 chargée deréveiller les consciences, elle offre, dans le choc de la co nfrontation des temps, non pas les facilités d’une identification m ystifiante, mais un questionnement problématique qui instruise en diachronie la cause de l’évolution historique et de ce qu’il est convenu d’appeler le progrès. Alors, de m ême que Benjamin rappelle le poids décisif du référent romain dans l’image que la Révo lution française se fait et entend 7 donner d’elle-même , il conviendrait de s’interroger sur lerevivalqui entoure ce même modèle – désormais plus impérial que républicain, q uitte à réécrire l’histoire – dans le cinéma des années 1950 et 60 où, tant à Cinecittà q u’à Hollywood, il est patent qu’un Maintenantrencontre unAutrefoispte.et attend de lui d’être éclairé sur son propre com Certes, la veine deshistoires parallèles est féconde depuis, justement, l’Antiquité et, dans le septième art même, c’est dès l’origine que l’inspiration antique s’est donnée cours mais, délaissant ces valeurs sûres dubox office que sont le ciel et l’enfer, entre hagiographie chrétienne et orgies sulfureuses, la l ogique d’interface de ces épisodes 8 éclate dans l’Italie fasciste duVentennio, où la série desMaciste –Maciste chasseur alpin (1916),Maciste contre le cheikh (1926) –, imposant l’anachronisme délibéré, court-circuite toute lecture strictement objective et instaure la validité des allers et retours référentiels. Si, avec le palindromeROMA / AMOR, la circularité était de mise en matière poétique, c’est cette fois dans le champ du politique qu’elle s’exerce, dans la superposition des expériences et des modèles qu’ il s’agit de déplier. C’est dire que, loin du fonctionnement simpliste au quel d’aucuns entendent toujours réduire le régime sémiotique iconique au motif qu’i l serait directement accessible – grief fréquemment opposé à la culture populaire –, son exercice n’a, au vrai, rien d’immédiat : véritable carrefour herméneutique, il est le lieu d’un examen critique qui envisage le temps dans toutes ses valences, dans l’ articulation du passé, du présent et du futur. Autant dire qu’il est question de sonder les arcanes de l’histoire dès lors qu’on s’emploie à déterminer dans l’objet revisité « l’en droit où divergent son histoire 9 antérieure et son histoire ultérieure, de façon à c irconscrire son noyau » , structure élémentaire de la signification, posant en termes r enouvelés la question desremakes, qui ne concernent plus les seuls plateaux de cinéma . C’est vrai des images fixes, portraits et statues a u premier chef, supports de diffusion de canons esthétiques qui recouvrent des valeurs civiques offertes en partage. C’est vrai de l’image animée dont nous sui vons ici, à travers un parcours qui embrasse quatre décennies, de 1960 à 2000, ces véri tables icônes que sont le SpartacusKubrick (1960), de La Chute de l’Empire romainMann (1964) et d’Anthony GladiatorRidley Scott (2000) dont le discours propre – c elui du cinématographe – de articule des thèmes et items qui construisent dans l’espace du film un ensemble de valeurs affines qui qualifient le référent romain n on sans que la surimposition des images, toujours latente, n’assure de demeurer en p rise avec le temps présent, ce dont le succès public rencontré par chacun de cesopuspermet pas de douter. Sous le ne synchronisme qui, plus que l’anachronisme, va son t rain, l’histoire ancienne, forte de
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