Sénégal : histoire du mouvement syndical
387 pages
Français

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Sénégal : histoire du mouvement syndical , livre ebook

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Description

Par des actions d'envergure dans l'après-guerre, notamment des grèves cycliques et généralisées, le syndicalisme s'impose comme un contrepouvoir face au colonialisme. Différentes étapes ont marqué la bataille pour le vote du Code du travail et l'obtention d'une législation pour les travailleurs de la France coloniale. Voici éclairé un grand pan de l'histoire syndicale, mais aussi politique et sociale, de l'AOF.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296474871
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SÉNÉGAL : HISTOIRE DU MOUVEMENT SYNDICAL
LA MARCHE VERS LE CODE DU TRAVAIL
OMAR GUÈYE
SÉNÉGAL : HISTOIRE DU MOUVEMENT SYNDICAL
LA MARCHE VERS LE CODE DU TRAVAIL
L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54887-9
EAN : 9782296548879
À mes parents.
À la famille et aux amis.
À mes maîtres et professeurs, du primaire au supérieur.
À feu Sogui Thiam, qui a guidé mes pas sur le chemin de l’école.
À feu Mama Thiam, qui m’a donné goût à l’Histoire.
À Abdoulaye Niang, à Bilal Ndoye, à Ibra Codé,
À Bathie Thiam et à Lamine Diongue, in memoriam.
À mes homonymes, Omar Guèye Junior, Omar Seck et Omar Sow, j’aimerais tant vous offrir, mais je ne vois pas de plus cher que mon cœur : il est à vous !
« On ne nous a pas éduqués, on nous a domptés »,
Abdoulaye Cissé-Abdec, ancien cheminot.
Préface
L’histoire du mouvement syndical africain est un vaste chantier dans LlequelM.OmarGuèyeoccupe,désormais,uneplaceessentielle,par la qualité de ses recherches, les éclairages pertinents qu’il a apportés sur un événement aussi capital que la grève de 1946 au Sénégal (après celle avortée de 1918) et les informations du plus grand intérêt, que ce livre met à la disposition du public, aux fins de mieux faire connaître le rôle irremplaçable que le mouvement social a joué dans la lutte pour la justice, la dignité, l’égalité et le progrès, dans l’essor du nationalisme africain et dans la bataille pour l’indépendance des anciennes colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF), constituée depuis 1895.
Sa contribution a d’autant plus de prix que la génération de leaders syndicaux à laquelle appartiennent les témoins de cette époque exaltante disparait progressivement, victimes de l’âge, entraînant, hélas, avec elle, des renseignements de tout premier plan, qu’elle n’a pas toujours eu l’occasion de communiquer à ses descendants, et surtout aux chercheurs et historiens. Cette situation est d’autant plus regrettable qu’on ne pourra jamais comprendre véritablement la longue saga du peuple africain, si on ne met pas en corrélation étroite les luttes politiques et les luttes sociales, les luttes économiques et les luttes culturelles dont chaque étape constitue un maillon irremplaçable de sa résistance permanente contre la domination, l’exploitation et l’aliénation.
Dès le départ, alors que les populations coloniales, dans les Communes de Saint-Louis et Gorée en 1872, de Rufisque en 1880 et de Dakar en 1887, engageaient un combat pour la justice et l’égalité, le monde du travail se manifeste par des initiatives isolées dans les secteurs où s’exercent ses activités, à travers des actes posés pour la défense de ses intérêts. L’exemple des charpentiers du Haut-Sénégal, conduits par Thioblet Ndiaye, en 1885, en porte-témoignage.
Cet état d’esprit ne s’est jamais éteint. On le retrouve à l’époque de l’émigration sénégalaise au Congo dans les années 1890-1891, pendant les recrutements des troupes noires devant participer à la Première Guerre mondiale, pendant la bataille pour la citoyenneté et tout au long du conflit, avec les grèves sectorielles déclenchées dans des entreprises installées à Dakar, au cours de l’année 1917.
Lorsque l’Allemagne est vaincue, ce processus connaît une dimension d’autant plus forte que la vie en France, le contact avec l’Europe, la montée du syndicalisme révolutionnaire, l’éclatement de l’Union sacrée, la Révolution d’Octobre 1917 et « l’appel à l’Afrique », caractérisé par la mission Blaise Diagne, au tournant des années 1917-1918, ont créé, au sein des troupes noires, une mentalité nouvelle, que toutes les sources s’accordent à noter. Désormais, plus rien ne sera comme avant.
Ce n’est pas un fait du hasard si les syndicats des enseignants, des dactylographes et autres fonctionnaires inscrivent, dès cette période, tout comme « L’Aurore de Saint-Louis », « La Chambre » et « Le Parti Jeune Sénégal », la lutte des élites noires dans la revendication de la justice et de l’égalité.
Dans un secteur comme le chemin de fer, où les servitudes professionnelles créent un corporatisme plus précoce, une grève importante se manifeste, dès 1919, à Rufisque. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène, puisque d’autres mouvements sociaux éclatent dans les années qui suivront, en 1920 et en 1925 notamment, liés, pour l’essentiel, aux conditions de vie des salariés, à la crise économique et sociale de l’après-guerre, à la vétusté des équipements, à la rareté des ressources, au retour des anciens combattants, mais aussi à l’avènement des mouvements pannoirs, dont les publications circulent, sous le manteau, dans Dakar et dans nombre de localités desservies par le chemin de fer Dakar/Saint-Louis, ainsi que dans certaines des colonies du Groupe.
Lorsque la crise économique mondiale de 1929 éclate, ses conséquences, quoique tardives, se font tout naturellement sentir en Afrique et le monde du travail en subit les conséquences.
La condition ouvrière est tout entière plongée dans une confusion paradigmatique totale, parce que l’organisation du travail, les lois sociales, les salaires, la protection des travailleurs, le comportement du patronat local, l’existence de groupes de pression coloniaux, la non-reconnaissance du droit syndical conjuguent leurs effets, pour maintenir un climat qui empêche l’émancipation des travailleurs, qu’il s’agisse de ceux du secteur public ou du secteur privé, au moment où ceux-ci prennent conscience de leur identité et de leurs forces, remportent toutes les élections, qui se sont tenues dans l’immédiat après-guerre et manifestent leur volonté de prendre en main eux-mêmes la défense de leurs droits et libertés. Facteur aggravant, le décret du 18 novembre 1887, instituant le Régime de l’indigénat, a institué, dans tous les territoires de protectorat, avec le système des prestations, des corvées et du travail forcé, des normes de vie défavorables aux travailleurs, au point d’appeler l’attention de la Conférence Internationale de Genève de 1930 sur leur sort.
Si la grève des cheminots du Sénégal de septembre 1938, au cours de laquelle la classe ouvrière subit une répression féroce, qui se solda par 7 morts et 125 blessés, marque, indubitablement, une avancée significative, elle n’a pas pour autant résolu de manière satisfaisante la condition ouvrière, même si les congés payés, la semaine de 40 heures, les conventions collectives et le droit syndical sont, officiellement, reconnus.
Pendant toute cette période, la conscience politique et la conscience syndicale cheminent ensemble et se fécondent mutuellement. L’école aidant, les valeurs de la République et les idéaux de la Révolution de 1789 laissent dans les esprits des stigmates qui formatent les consciences.
L’arrivée du Régime de Vichy, en remettant en cause la presque-totalité de tous les avantages acquis par les Sénégalais, depuis un siècle (de l’Ordonnance du 7 septembre 1840 à 1940), supprime le Conseil Général, la Représentation Parlementaire de la colonie, le Régime des Communes de plein exercice, le droit syndical, la liberté de la presse et ramène le Sénégal au statut qui était le sien aux origines de la colonisation. Une résistance intérieure se forme alors, animée par des leaders politiques et syndicaux, en vue de faire échec à ce projet, nonobstant une répression féroce et implacable. C’est le combat commun de l’ensemble de ces forces politiques, syndicales et citoyennes qui a permis l’échec d’une part, et la suppression d’autre part, du Régime de Vichy en Afrique.
Au lendemain de la Seconde Guerre, une évolution se dessine. Les Groupes d’Études Communistes voient le jour au sein de l’élite intellectuelle et ouvrière, de la jeunesse et des femmes. Le RDA naît à Bamako, du 19 au 21 octobre 1946. Il se définit comme un mouvement d’émancipation africaine et se dote d’un appareil politique, qui couvre une bonne partie de l’Afrique occidentale et centrale. Cet événement marque un tournant capital. La vie syndicale reprend de plus belle et le droit syndical s’étend dans toutes les colonies. Les libertés jadis supprimées sont rétablies, un régime municipal de moindre exercice se met en place et prend à son compte une bonne partie des prérogatives reconnues aux communes par la loi du 5 avril 1884.

La Fédération Syndicale Mondiale (FSM) et la Fédération Internationale des Syndicats de l’Enseignement (FISE) développent leurs activit&

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