La pratique, le discours et la règle
166 pages
Français

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La pratique, le discours et la règle , livre ebook

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Description

La médecine antique nous semble balbutiante et périmée. Elle peut se lire comme un début, une avancée glorieuse mais réversible à laquelle la médecine moderne aurait d'une certaine façon mis un terme. Pourtant, plus qu'un moment daté elle est un commencement, où la médecine de l'Occident est instituée. Hippocrate représente un accès à la genèse archivée mais vivante du geste médical.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336381459
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Hippocrate et Platon
H IPPOCRATE ET P LATON
Études de philosophie de la médecine

Collection dirigée par Jean Lombard

L’unité originelle de la médecine et de la philosophie, qui aura marqué l’aventure intellectuelle de la Grèce, a aussi donné naissance au discours médical de l’Occident. Cette collection accueille des études consacrées à la relation fondatrice entre les deux disciplines dans la pensée antique ainsi qu’à la philosophie de la médecine, de l’âge classique aux Lumières et à l’avènement de la modernité. Elle se consacre au retour insistant de la pensée contemporaine vers les interrogations initiales sur le bon usage du savoir et du savoir-faire médical et sur son entrecroisement avec la quête d’une sagesse. Elle vise enfin à donner un cadre au dialogue sur l’éthique et sur l’épistémologie dans lequel pourraient se retrouver, comme aux premiers temps de la rationalité, médecins et philosophes.
Déjà parus
Jean Lombard, L’épidémie moderne et la culture du malheur, petit traité du chikungunya, 2006
Bernard Vandewalle, Michel Foucault, savoir et pouvoir de la médecine , 2006
Jean Lombard et Bernard Vandewalle, Philosophie de l’hôpital, 2007.
Jean Lombard et Bernard Vandewalle, Philosophie de l’épidémie, le temps de l’émergence , 2007
Simone Gougeaud-Arnaudeau, La Mettrie (1709-1751), le matérialisme clinique , 2008
Jean Lombard, Éthique médicale et philosophie, l’apport de l’Antiquité , 2009
Gilles Barroux, Philosophie de la régénération, médecine, biologie, mythologies , 2009
Bernard Vandewalle, Spinoza et la médecine, éthique et thérapeutique , 2011
Victor Larger, Devenir médecin, phénoménologie de la consultation médicale , 2011
Victor Larger, Le médecin et le patient, éthique d’une relation, 2012
Titre

Jean Lombard






La pratique, le discours et la règle

Hippocrate et l’institution de la médecine
Copyright

Du même auteur chez le même éditeur

Aristote. Politique et éducation , 1992
Bergson. Création et éducation , 1997
Platon et la médecine. Le corps affaibli et l’âme attristée , 1999
L’école et la cité, 1999
L’école et les savoirs, 2001
Peinture et société dans les Pays-Bas du XVII ème siècle. Essai sur le discours de l’histoire de l’art , 2001
L’école et l’autorité, 2003
Hannah Arendt. Éducation et modernité, 2003
Aristote et la médecine. Le fait et la cause, 2004
L’école et les sciences, 2005
L’épidémie moderne et la culture du malheur. Petit traité du chikungunya , 2006
Philosophie de l’hôpital*, 2007
L’école et la philosophie, 2007
Philosophie de l’épidémie. Le temps de l’émergence*, 2007
Éthique médicale et philosophie. L’apport de l’Antiquité, 2009
La démarche et le territoire de la philosophie. Six parcours exotériques , 2014
Du même auteur chez d’autres éditeurs
Isocrate. Rhétorique et éducation , Klincksieck, 1990
Philosophie et soin*, éditions Seli Arslan, 2009
Philosophie pour les professionnels de la santé*, éditions Seli Arslan, 2010
Philosophie de l’altérité*, éditions Seli Arslan, 2012

* en collaboration avec Bernard Vandewalle



© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73156-8
I Le matin de la médecine : avènement d’une origine
S ur la médecine grecque, sur ce commencement durable si particulier qu’aura été le mouvement hippocratique, nous sommes habitués à tenir un discours qui ne va pas sans paradoxes, ni sans contradictions. D’un côté nous apercevons ce qu’il y a de profondément créateur dans ce stade initial de l’art médical en Occident. D’un autre côté nous ne pouvons pas, du fait que nous nous plaçons toujours, fût-ce malgré nous, d’un point de vue actuel , ignorer les faiblesses, les errements et les limites qui le disqualifient en tant que savoir, c’est-à-dire dans sa dimension proprement scientifique – ce qui pose d’emblée le problème de la relation de la médecine au savoir, biologique, anatomique, physiologique, etc., dont elle semble être au moins pour partie une application , alors qu’en réalité elle lui préexiste. Quoi qu’il en soit, la médecine antique offre au regard de la modernité plusieurs visages : étrangement, elle apparaît tour à tour, quand ce n’est pas en même temps, balbutiante et périmée.
C’est même sans doute dans cet énigmatique, improbable et fragile équilibre entre dogmatisme hardi et ignorance inquiète qu’une activité qui s’appellera médecine aura pour la première fois été possible. Certes, le soin, la préservation et la réparation du corps, le combat contre le dépérissement, la souffrance et la mort, ont été présents dès la Grèce archaïque et dans des civilisations voisines ou lointaines dans l’espace et dans le temps. Pour autant, ils n’avaient pas donné naissance à ce qu’on peut à bon droit appeler un geste médical , rassemblant et mettant en cohérence trois éléments caractéristiques : une intentionnalité de soin reliée à une certaine représentation de l’ordre du monde, la mise en œuvre d’une rationalité de la santé et de la maladie et enfin la transformation d’une pratique en un véritable métier par son inscription dans un système régi par des idéaux, avancée radicale dont témoigne le texte fondateur et impérissable qu’est le Serment d’Hippocrate. C’est précisément dans ce geste que Platon, premier épistémologiste de la médecine, chercha longtemps le modèle d’une compétence qui pourrait être transposée à la gestion de la cité, du moins jusqu’à ce qu’il préfère finalement la mathématique, modèle de science exacte, à une technè médicale sans doute estimable mais conjecturale 1 . D’un tel savoir-faire 2 on ne peut attendre – si utile soit-il par ailleurs – qu’il réalise la pleine coïncidence d’un logos et d’une praxis, idéal et fondement de toute activité humaine.
La double nature de l’art médical
Le premier obstacle – et sans doute le plus redoutable – que rencontre l’histoire de la médecine, est celui de cette double nature de l’art médical, étiré entre un infini besoin de théorie, suspendu, à ce titre, à des sciences qui ne sont pas la médecine, et d’autre part un investissement à haut risque dans une pratique confrontée à des enjeux majeurs. Si on la considère comme activité de soin, la médecine, ou plutôt ce qui va devenir la médecine au terme d’une invention qu’on attribue à Hippocrate 3 , a un long et riche passé remontant à l’époque homérique. Déjà, chez Homère, on voit « l’art médical entre des mains expérimentées, non pas entre les mains des dieux mais entre celles des hommes », comme l’avait montré Daremberg dans une étude magistrale, légèrement postérieure à la traduction des œuvres d’Hippocrate par Littré 4 . Le médecin intervient souvent dans l’ Iliade par exemple 5 mais iatèr, comme iatros et tous les autres vocables de la nébuleuse de iaomai , soigner et guérir 6 , désigne tout aussi bien le guérisseur . L’anatomie homérique n’est guère moins avancée que l’hippocratique dans ses débuts, comme en témoigne la permanence de la nomenclature, mais la physiologie repose sur des principes vitaux, sur l’idée de souffle et sur diverses notions encore mal différenciées.
Si on considère la médecine dans sa dimension pratique de technè , il y a bien une continuité entre les anciens temps de la Grèce et l’âge de l’hippocratisme, encore qu’il ne soit pas facile de « renouer le fil de la tradition » entre ces deux périodes, entre « les brillantes origines dans Homère et le moment de la plus vive splendeur à Cos et à Cnide » 7 . Les écrits médicaux sont rares dans cet intervalle. Des textes majeurs cependant attestent de l’évolution de l’idée de maladie, comme l

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