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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 26 septembre 2019 |
Nombre de lectures | 3 |
EAN13 | 9782851139702 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Dr Franck Zeiger
Vous savez docteur, ça fait longtemps que je suis vieille
Roman
© Lys Bleu Éditions – Franck Zeiger
ISBN : 978-2-85113-960-2
Le code de la propriété intellectuelle n’auto risan t aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une.
Confucius
La jeunesse a une belle face et la vieillesse une belle âme
Proverbe suédois
Avant- propos
Je suis médecin et j’ai fait le choix de travailler en EHPAD : Établissement d’Hébergement pour PersonnesÂgées Dépendantes. Non plus pour « sauver » des vies mais pour accompagner la vie dans sa dernière partie.
Cette décision est une continuité dans mon orientation professionnelle avec, dès la faculté, le choix de faire de la médecine générale alors que la voie dite « royale » était d’opter pour la chirurgie ou une spécialité d’organe. Mais, déjà à l’époque, je ne voyais l’individu que comme un tout et ne l’imaginais pas fait d’une agrégation d’organes.
La médecine dite générale m’a ainsi fait découvrir qu’un état de bien-être nécessitait certes un « bon fonctionnement » des organes mais que ça ne suffisait pas, qu’il fallait aussi « être bien dans sa tête » dans son rapport à soi et aux autres et que des facteurs sociaux pouvaient aussi faire dysfonctionner cet équilibre. La vie ce n’est pas seulement un cœur qui bat, des poumons qui respirent.
J’ai soigné beaucoup de maladies, sauvées quelques vies aussi, sans, parfois, le contentement attendu en retour mais un terrible : « pour quoi faire ? »
Ce choix de travailler en EHPAD, secondaire dans ma carrière, puisque j’ai commencé par exercer la médecine générale, résulte aussi de l’expérience :
Expérience de la vie qui fait comprendre que chacun doit décider de son existence et qu’on se doit d’accepter les choix des autres.
Expérience de la vie qui fait comprendre que la vie est un risque et qu’une société qui ne l’accepte plus devient liberticide et en arrive à faire perdre le sens, voir le goût, de la vie.
Quel âge, quel état de dépendance interdit de faire des conneries ?
Qui a décrété que la société devait nous protéger de nous-mêmes ?
Qui a dit que la société devait nous protéger de tout risque ?
Participer au maintien de cette liberté à décider de sa vie, y compris à la fin, et particulièrement lorsque l’on est dépendant reste, pour moi, une source de motivation mais, trop souvent encore, d’indignation face aux atteintes à cette liberté.
La vieillesse n’est pas une maladie et n’est pas forcément un naufrage. C’est un moment de la vie et, quelle que soit la dépendance qu’elle engendre (ou pas) chacun devrait pouvoir vivre ce moment comme il l’entend et en faire ce qu’il en veut.
Je vais vous raconter des histoires de vie en EHPAD.
Certaines ne sont que la narration d’histoires vécues, d’autres sont la compilation de multiples anecdotes.
Mais commençons par le début et ce qu’est un EHPAD : Un Établissement d’Hébergement pour Personne Âgée Dépendante.
Ces EHPADs ont été créés par les lois de 2002 et sont les « maisons de retraite » d’aujourd’hui.
Ils ont succédé aux anciennes maisons de retraite suite à plusieurs scandales (« les mouroirs ») et pour s’adapter à l’évolution de la société comme à l’allongement de l’espérance de vie.
Initialement : pas de maison de retraite… l’espérance de vie ne permettant pas d’y arriver, le problème était vite résolu…
L’augmentation de l’espérance de vie a permis ensuite à plusieurs générations de vivre sous le même toit. La taille des logements et la femme au foyer permettaient alors de prendre en charge, de garder la grand-mère ou le grand-père âgé à son domicile. C’était même un devoir.
Puis l’association du travail des femmes (hors la maison) à l’urbanisation et à la crise du logement induite a conduit à l’émergence de maisons de retraite où était placé « le vieux » dans un confort directement proportionnel à ses moyens financiers. Ces maisons de retraite étaient très variables en qualité et de nombreux scandales ont émaillé leurs existences. Le terme de « mouroir », qui leur a été associé, l’était parfois à juste raison malheureusement.
Il faut noter que, déjà, une des évolutions naturelles de ces maisons avait été la création, au sein de celles-ci, des « sections de cure », qui permettaient une prise en charge partielle du coût par la Sécurité Sociale, afin de permettre aux personnes âgées malades de rester dans ces lieux plutôt que d’aller à l’hôpital coûteux et généralement peu adapté. Les difficultés commençaient à poindre.
Vieillissement de la population, émergence des pathologies démentielles (dont la prévalence s’explique essentiellement par le fait que l’on survit mieux aux pathologies cardio-vasculaires et/ou cancéreuses), évolutions sociétales (rares sont les personnes qui restent à la maison toute la journée), divers scandales amènent ainsi à la création des EHPADs avec la volonté de structurer ces lieux pour permettre une prise en charge plus satisfaisante de la personne âgée.
Meilleure prise en charge en termes de soins avec la disparition du « médecin de cure », seul et tout puissant, au profit d’une association médecin traitant-médecin coordinateur.
Le médecin traitant, librement choisi par le résident, en charge des soins de son patient.
Le médecin coordinateur garant de bonnes pratiques au sein de la résidence, conseiller gériatrique du directeur, coordinateur des professionnels de santé auprès du résident et depuis peu responsable des droits à la liberté de ceux-ci.
Une prise en charge paramédicale avec la création de postes de psychologues, psychomotricien (nes), ergothérapeutes.
Une vie sociale organisée avec, par exemple, une part du budget de l’établissement consacré à l’animation.
Emerge alors la notion d’établissements où l’on vit et non pas des lieux où l’on attend la mort.
Ouverture enfin, en passant de maisons de retraite plutôt refermées sur elles-mêmes à des établissements ouverts aux intervenants extérieurs : professionnels libéraux pour les soins ; animateurs et diverses associations pour la vie sociale.
Le tout évalué par plusieurs processus de contrôle : évaluation interne, évaluation externe, ARS…
Rappelons enfin que l’EHPAD relève du secteur médico-social et non du secteur sanita