Adieu à Jacques Derrida
159 pages
Français

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Adieu à Jacques Derrida , livre ebook

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Description

Ayant mis à l'épreuve de la déconstruction les pensées de Platon, Rousseau, Condillac, Nietzsche, Hegel, Marx, Levinas, Heidegger, Foucault, Blanchot, Malarmé, Artaud, Searle, etc. Derrida s'est avéré être l'un des plus vigilants gardiens de cette même tradition occidentale dont il a ruiné les mécanismes de réification, l'assurance et les présomptions pour les revitaliser. Dans cet essai, j'entendais indiquer et réévaluer les héritages et les enjeux du moment derridien dans l'histoire de la philosophie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2005
Nombre de lectures 253
EAN13 9782336283449
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Recherche et Pédagogie dirigée par Grégoire BIYOGO
Cette collection entend promouvoir la recherche dans les lettres et les sciences humaines en priorité en Afrique, en insistant sur le “retour au texte”, en vue de produire des analyses d’intérêt pédagogique. Elle tente ainsi un nouveau partage entre deux grandes orientations souvent demeurées sans médiation, en valorisant l’examen interne et patient des textes et la nécessité d’en restituer méthodiquement les connaissances.
Le dessein de cette collection est donc d’accueillir des productions originales pour la publication des ouvrages attentifs aussi bien au contrôle des connaissances tirées du textes eux-mêmes qu’à la clarté de leur exposition, pour fournir aux universités africaines - et à celles d’ailleurs - comme aux grandes Ecoles un ensemble de travaux de référence.

Dernières parutions
Grégoire BIYOGO, Traité de méthodologie, 2005
Grégoire BIYOGO, La Philosophie africaine, 2005
Adieu à Jacques Derrida

Grégoire Biyogo
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782747590143
978-2-296-02096-2 EAN : 9782296020962
Sommaire
Collection Recherche et Pédagogie dirigée par Grégoire BIYOGO Page de titre Page de Copyright AVANT-PROPOS PREMIERE PARTIE : - PRELIMINAIRES
Chapitre 1 - La rencontre de Derrida Chapitre 2 - Contre la tentation péremptoire Chapitre 3 - Autour de la mort, du deuil et de la survie Chapitre 4 - La mise en tension des héritages
DEUXIEME PARTIE : - FORMATION ET PARCOURS
Chapitre 1 - Le matin d’une vocation de pensée Chapitre 2 - La reconnaissance internationale
TROISIEME PARTIE: - LA DECONSTRUCTION DE LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE
Chapitre 1 - La déconstruction Chapitre 2 - Le régime indécidable des énoncés derridiens
QUATRIEME PARTIE : - LES GRANDES ETAPES DE LA DECONSTRUCTION DE LA PHILOSOPHIE
Chapitre 1 - Platon Chapitre 2 - Hegel Chapitre 3 - Husserl Chapitre 4 - La linguistique structurale Chapitre 5 - Heidegger Chapitre 6 - La différance Chapitre 7 - Derrida-Levinas, entre l’hospitalité et l’autrement qu’être : pour une nouvelle politique de l’amitié
CINQUIEME PARTIE : - RICHARD RORTY ET JACQUES DERRIDA : LE NEOPRAGMATISME ET LA DECONSTRUCTION
Chapitre 1 - Richard Rorty Chapitre 2 - Jacques Derrida et Richard Rorty : l’ébranlement des fondements de la métaphysique et de l’épistémologie-de la certitude
SIXIEME PARTIE : - TROIS QUERELLES IMPORTANTES SEPTIEME PARTIE: - POUR NE PAS CONCLURE VIII. BIBLIOGRAPHIE DE DERRIDA VIII. OUVRAGES DE L’AUTEUR
AVANT-PROPOS
J’ai rencontré l’œuvre de Jacques Derrida - et le philosophe lui-même - dans l’effervescence de mes années d’étudiant en Sorbonne, en 1986, convaincu qu’elle disait quelque chose que nous ne savions pas encore entendre ni nomme r. Quelque chose dont l’époque sous-estimait encore largement la portée, la reléguant à un mouvement de pensée avant-gardiste, apparenté au structuralisme et à la phénoménologie. Près de vingt ans plus tard, mon inquiétude n’a pas changé. Non pas qu’il n’y ait pas eu de livres au demeurant importants 1 consacrés à cette œuvre, mais ce qu’elle nomme et trace comme tournant après les maîtres du soupçon (Nietzsche, Marx, Freud et dans une certaine mesure Heidegger) semble encore à configurer et à reconfigurer. C’est en quoi il convient de l’approcher avec une tout autre attitude, un tout autre état d’esprit dirigé par la prudence, la vigilance et la patience.
Lorsque j’ai appris la mort de Derrida, survenue dans la nuit du 9 octobre 2004, j’ai eu le sentiment étrange que quelque chose d’essentiel et d’unique venait de se dérober sous nos pieds sans qu’on l’ait aperçu et que le philosophe de la différance emportait avec lui ce fameux secret dont il disait lui-même qu’il était le ressort caché de toute grande œuvre, et que jamais plus nous ne saurions en prononcer l’urgence. Car, s’il en a montré les effets multiples à travers l’entreprise étrange de la déconstruction, il n’en a pas moins gardé entier le mystère.
Aussi commencerai-je dès l’abord par signaler que la notoriété exceptionnelle de Jacques Derrida - que l’on ne peut comparer en France qu’à celle de deux philosophes (Bergson et Sartre) - constitue un véritable paradoxe. D’autant que le style philosophique de Derrida, parfois jugé difficile, voire inaccessible, a eu un grand retentissement sur le paysage général des sciences de l’homme et de la société, la pensée politique, l’éthique, le cinéma, l’esthétique, et plus encore la littérature. Pourtant, cette même tradition philosophique qui a vu naître cette pensée est encore celle qui va lui opposer la résistance la plus farouche. Fallait-il vraiment en être surpris ? L’œuvre derridienne met à l’épreuve cette tradition, ruinant la rigidité de son système conceptuel, sa théorie unitaire et stable de la vérité, à la suite de Nietzsche et de Heidegger. Elle met en péril la métaphysique classique, le régime assuré de ses énoncés, et sa prétention à connaître cela qu’elle ne pouvait point, à la vérité, connaître, du moins de manière certaine.
Prenant sans cesse la tradition philosophique occidentale à défaut, en flagrant délit de tricherie et de violence, le moment derridien constitue de part en part une pensée de la dissidence à travers l’opération de la mise en question permanente des certitudes closes, la réfutation des dogmatismes les plus insidieux, mais plus encore, la réfutation du double optimisme épistémologique et métaphysique d’une certaine tradition philosophique. Elle est ainsi parvenue à opérer silencieusement, mais fort vigoureusement, un déplacement paradigmatique aux conséquences décisives.
N’était-ce pas là sa suprême méprise ? Le refoulement de cette pensée par une certaine institution académique continentale - et notamment française - n’aurait donc pas de quoi surprendre. La subversion de cette œuvre qui a choisi de faire reculer des préjugés féroces et de saper les fondements de la conception entéléchique 2 du savoir et du langage qui oriente encore largement cette tradition et son effort pour rejeter l’assurance excessive dont témoignait encore l’écriture de l’histoire du savoir lui auraient valu un tel reniement, un tel rejet.
Pourtant, et c’est cela qu’on s’emploiera à montrer tout au long de cet essai, cette réserve insistante et inexpliquée que l’on oppose à la philosophie de Derrida n’a pas lieu d’être. Car, cette œuvre joue sur plusieurs registres. Elle est à la fois destruction des spectres du vieil héritage de la pensée occidentale et réinvention de nouveaux héritages par le déploiement d’un philosopher radicalement autre, déployant une forme moderne de réfutation et de réélaboration des acquis qu’il nomme sous le mot étrange et inquiétant de la déconstruction.
C’est que, le véritable héritier est celui qui introduit des mutations et des ruptures profondes au sein d’une tradition, allant jusqu’à en affecter durablement les croyances devenues naturelles, avec des confusions austères, des dogmes légitimés, des fausses certitudes...L’héritier va ainsi orienter la réflexion vers des horizons encore inassignables.
Prenant avec fermeté le contre-pied des critiques unilatérales et de la pensée dialectique, comme celui de toute pensée du dépassement, Derrida semble réinventer une intelligence néo-sceptique, lui insufflant de nouveaux éclairages, orientés vers la tension démultipliée du même, la prééminence du moment de la scansion de l’interrogation sur celui des conclusions et des résultats, le souci du travail de la différence - mot dont le philosophe rend l’usage autrement plus complexe - davantage que celui de la stabilité - dont Derrida dit qu’elle est toujours différée, voire inarticulée. Face à l’identité, l’un et l’autre, dit Dernda, affirment la multiplicité de la différence et leur infinie irréductibilité.
Leur horizon, que la déconstruction tient éveillé, est la permanence du secret que préserve le visage de l’autre - à qui on doit donner une hospitalité inconditionnelle. Une telle hospitalité qui se donne sans la moindre condition appelle à la réinvention de l’autre, à moins qu’elle n’invite à une altérit

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