Avec Foucault, après Foucault
170 pages
Français

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Avec Foucault, après Foucault , livre ebook

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Description

Olivier Razac s'interroge ici sur le destin des sociétés de contrôle dans le monde contemporain. Sa recherche, inspirée par les travaux de Michel Foucault, Gilles Deleuze et Félix Guattari, s'attache à des objets triviaux (le bracelet électronique, le GPS, telle émission de téléréalité) pour en faire de véritables objets de pensée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 181
EAN13 9782336253688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avec Foucault, après Foucault

Olivier Razac
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296056305
EAN : 9782296056305
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Avant-propos Foucault
Qu’est-ce qu’un dispositif? La « gouvernementalité » - Lecture de Michel Foucault, Sécurité, territoire, population, Cours au Collège de France, 1977-1978 Foucault et les passions
Surveillance
The Global Positioning System La musique des délimitations de l’espace Les aveux du gène
Enfermement
La dégradation ou le sens de la peine Disparition des subversifs et brutalité furtive du pouvoir
Probation
La société de contrôle et la vrolence de l’intérêt, La contractualisation de la peine Surveillance, enfermement, probation
Ethique et esthétique de l’existence
« Peut-on vivre sans penser ? » Les mises en scène de soi, esthétique et éthique de l’existence Téléréalité et biopolitique
Collection Esthétiques Dirigée par Jean-Louis Déotte Dernières parutions de la collection Esthétiques
Avant-propos
En bon « foucaldien » qu’il est, Olivier Razac est fasciné par les dispositifs de pouvoir, dans leur dimension la plus pratique, la plus technique. Bien avant de s’interroger sur les bonnes ou mauvaises finalités politiques ou morales de tel ou tel appareil de pouvoir moderne, il a la passion de comprendre deux choses : comment « ça marche » d’une part et en quoi cela discontinue d’avec d’autres machines ou agencements destinés à gouverner le vivant. Les « pourquoi », selon cette démarche, cèdent le pas aux « comment ». Ce qui intéresse l’auteur des études sur le barbelé, sur le zoo qui ont attiré l’attention sur lui, c’est l’économie des dispositifs de pouvoir, l’agencement singulier de chacun d’entre eux, leurs principes propres d’efficience, les régimes d’énoncés qui les soutiennent, les outils techniques et les acteurs spécifiques qu’ils mobilisent, les besoins stratégiques dont ils émanent — bref, tout ce qui définit l’emplacement et les propriétés de chacun d’entre eux dans ce vaste archipel qu’est « le » pouvoir moderne.
A partir de ces prémisses, Razac s’interroge sur les conditions de la gouvernement alité contemporaine. Creusant l’écart produit par Foucault (mais Deleuze aussi) avec une approche institutionnelle des questions politiques reconduites aux logiques étatiques, aux questions de légitimité, aux conditions de citoyenneté, aux normes démocratiques, il pose ce principe : « Gouverner une population, c’est agir sur toutes les variables qui guident son comportement général ». Comment, en pratique, s’élabore, se met en place, fonctionne cette « action sur les variables » ? Le propre de la démarche de notre chercheur, son originalité exigeante, est ici de ne pas se contenter de se mettre à couvert des concepts mis en avant par Foucault ou Deleuze (« dispositifs de sécurité », « société de contrôle »...). Il est bien de tenter de saisir d’un même regard et les traits constants et le redéploiement inventif des machines de pouvoir contemporaines. On détecte une sorte de passion du concret, de l’efficient, de l’actuel dans cette recherche, une passion qui en rappelle une autre : celle que Foucault, inlassable plongeur au coeur des archives, manifestait pour le matériau le plus trivial de l’enquête historique : règlements de prison, rapports de police, compte rendus d’expertises psychiatriques, etc. Chez Razac, cette passion va se tourner vers l’avant, en prenant la forme d’une investigation sans fin autour de dispositifs émergents, d’objets techniques, de modes d’actualisation des mécanismes de sécurité, des agencements post-disciplinaires, de supports pratiques de la société de contrôle. Les concepts cardinaux doivent, inlassablement, être « nourris », soutenus, prolongés par l’enquête. D’où ces textes d’une méticuleuse précision sur le G.P.S. (Global Positioning System), le bracelet électronique, les tests ADN, les peines dites substitutives, les émissions de téléréalité... Au delà de la visible fascination que les aspects technologiques de ces nouveaux « objets » du pouvoir exercent sur notre auteur, revient une interrogation lancinante sur l’enjeu fondamental des sociétés de contrôle : qu’est-ce que l’avènement de celles-ci change, bouscule, transforme, rend irréversible en termes de relations entre gouvernants et gouvernés ?
Récusant toute approche catastrophiste, de types « orwellien » ou autre, de cette question, Razac voit à l’œuvre, dans ce topos, la rencontre de deux régimes passionnels en conflit : passions de l’assujettissement contre passions de la liberté. Il montre comment ces passions entre en composition avec les nouvelles économies du pouvoir, dans une configuration post-disciplinaire, où toutes les formes disciplinaires sont loin d’avoir disparu. Il met l’accent sur le caractère largement indéterminable d’une économie de pouvoir dans laquelle le désir de localiser rencontre celui d’être localisé, le désir de sécurité celui d’épingler les désirs litigieux, le besoin de contrôle et de surveillance se déploie, dans l’interaction entre gouvernants et gouvernés, sous le signe de toutes les équivoques. Bref, naviguant ici au plus près des côtes deleuziennes, il décrit le monde des disciplines comme un méta-système de pouvoirs sans dehors . Ce qui, par rétroaction, mobilise un questionnement proprement foucaldien : comment maintenir une actualité de la résistance dans une telle configuration de pouvoir non seulement mobile, parfois liquide, en constant réaménagement ?
A ces questions, l’auteur de l’ Histoire dit barbelé apporte des réponses nuancées. Il tient à prendre ses distances avec certaines lectures de l’analytique du pouvoir foucaldienne qui en viennent à prôner « une célébration cynique du néolibéralisme », fondée sur une lecture unilatérale de textes comme Naissance de la biopalitigue . Mais, d’un autre côté, il insiste sur le fait que les dispositifs de contrôle, contrairement aux disciplines (pour une part, du moins), n’exercent pas des prises externes sur les sujets, leur expansion est indissolublement liée à celle des nouvelles subjectivités collectives — subjectivité sécuritaire, immunitaire, subjectivité « responsabilisée », « tutclarisée », etc.
Observateur méticuleux du système pénitentiaire et des évolutions présentes du régime des pénalités, Razac s’intéresse tout particulièrement aux peines dites « substitutives » - probation, bracelet électronique... Il montre très bien le caractère antinomique de ces évolutions : d’une part, bien loin que les « peines substitutives » constituent des alternatives à la prison, elles sont le vecteur de « l’inflation carcérale étendue au dehors ». Il saute aux yeux que, dans un pays comme le nôtre, l’expérimentation du « milieu ouvert », en matière d’exécution des peines, n’a aucunement contribué à vider les prisons — la population carcérale est en augmentation constante. Mais, d’un autre côté, quand bien même ces peines dites de substitution demeureraient tout entières agencées autour du dispositif carcéral central et ne constitueraient pas, à ce titre, l’éclatant « progrès » que l’on dit parfois, il apparaît bien difficile de s’y opposer : quoi de pire, en effet, dans nos sociétés, que la dégradation subie par le détenu ? Razac voit se nouer autour de cet enjeu particulier quelque chose comme un paradigme : la critique des dispositifs de contrôle éprouve des difficultés constantes à se doter d’un point d’appui solide (le citoyen ordinaire ne s’offusque guère de la mise en place du passeport biométrique et les tests ADN imposés récemment à certaines catégories d’étrangers ne choquent pas la majorité silencieuse) , quand bien même ces nouvelles technologies de pouvoir seraient propres à susciter de très légitimes inquiétudes. Souvent, le caractère « furtif » des formes de pouvoir qui se mettent là en place va même apparaître aux gouvernés retraités en « usagers » comme moins brutales, moi

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