Avoir
156 pages
Français

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Description

Assurer le primat de l'avoir sur l'être, telle est l'ambition de cette réinterprétation des thèmes de la phénoménologie de la connaissance. Les thèmes husserliens comme l'intentionnalité perceptive ou la synthèse passive sont relus à partir du problème de l'avoir. L'évidence du cogito est interrogée comme une forme particulière de possession. Mais la puissance hyperbolique de l'avoir trouve sa limite dans l'idée du monde comme totalité, le Cosmos. Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 70
EAN13 9782296477919
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVOIR


Une approche phénoménologique
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Pierre DULAU, L’arche du temps , 2011.
François HEIDSIECK, Simon Weil , 2011.
Guy VINCENT, Des substitutions comme principe de la pensée , 2011.
Marco BELANGER, Existe-t-il des dilemmes moraux insolubles ? 2011.
Paul AÏM, Vivre et exister, 2011.
Franck JEDRZEJEWSKI, Ontologie des catégories , 2011.
Michel FATTAL, Paroles et actes chez Héraclite. Sur les fondements théoriques de l’action morale , 2011.
Nadia BOCCARA et Francesca CRISI, Émotions et philosophie. Des images du récit aux mots de la philosophie , 2011.
Paul DAWALIBI, L’identité abandonnée. Essai sur la phénoménologie de la souffrance , 2011.
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le défi intersubjectif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale habermassiennes , 2011 .
Olivier LAHBIB


AVOIR


Une approche phénoménologique
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56925-6
EAN : 9782296569256

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION
1 .

Étrangement et définitivement, l’avoir semble perdant face à l’être. La question de l’avoir : la tradition philosophique préfère l’ignorer et ramène toujours l’avoir à une simple propriété de l’être. L’avoir est alors considéré comme un être manqué, et comme tel il est tout à fait négligé par la philosophie première, destitué et ridiculisé par le règne sans partage de l’être, noble centre d’intérêt de la métaphysique. Il en est ainsi des tentatives de penser l’avoir comme dépendance de l’être chez Aristote, dans ses Catégories {1} comme être en possession, de façon très générale comme habitus , être disposé à… . Et il faut attendre la modernité et la pensée cartésienne pour penser l’avoir à travers la puissance de la technique et l’humain comme « maître et possesseur de la nature », dans ce cas il faut penser l’avoir comme habere , étymologiquement comme tenir {2} .
Si la tradition métaphysique est si pauvre à cet égard, la philosophie du XX° siècle se saisit à nouveau de l’avoir, notamment avec la phénoménologie et les travaux de Günther Stem {3} . Ce dernier à partir de la phénoménologie husserlienne, et des thèmes de l’avoir du corps propre, ou du processus de la fiction, du « fingieren » décrit l’avoir dans une démarche déjà existentiale, où l’habitualité de l’être suppose des processus fondamentaux d’appropriation {4} . Plus précisément, dans le recueil intitulé Über das haben, G. Stern montre que l’avoir est une « dimension spécifique de l’existence humaine », comme « un intermédiaire entre l’être et la conscience » {5} . Mais cette recherche persiste à lier l’avoir à « une ontologie de la connaissance » {6} , selon une inspiration ontologique encore fortement heideggerienne. L’horizon de l’avoir reste marqué par le primat de l’être, De ce point de vue, le célèbre ouvrage de Gabriel Marcel, Être et avoir {7} déçoit lorsqu’il oppose la transcendance de l’être, inappropriable, et l’insuffisance ontologique de l’avoir : le mystère de l’être a toujours raison contre la caducité de l’avoir.
Qu’une authentique pensée de l’avoir doive se passer de l’immédiate référence à l’être, c’est ce que montrent les réflexions de Husserl sur l’intentionnalité passive et la chair. A l’inverse les vieilles litanies théologiques sur le primat de l’être par rapport aux étants, comme la réduction heideggerienne de l’objet technique à l’être ustensile restent fidèles à la logique de l’être. Peut-être alors la phénoménologie husserlienne est-elle seule capable de penser l’avoir ? C’est la question posée à la phénoménologie, dans le cadre du problème de la connaissance. Le savoir vise-t-il l’être des choses ? Si la phénoménologie essaie de connaître les phénomènes comme ils se donnent, ne doit-elle pas interpréter l’acte de connaître dans la suspension de la détermination ontologique ? Notre problème est justement que l’être n’est plus l’axe de la constitution du savoir et que l’identité du sujet et de l’objet n’est pas la solution à l’équation de la connaissance. Connaître, ce n’est pas réaliser l’harmonie de l’être du sujet et de l’être de l’objet, comme s’il y avait entre eux une identité ontologique commune. Au problème de la destitution ontologique de l’acte de connaître doit correspondre un nouveau concept, qui soit l’axe de la connaissance, aussi l’avoir nous semble la catégorie devant venir remplir cette fonction.
La problématisation non pas phénoménologique, mais phénoméniste de la question, comme par exemple celle de Rehmke {8} nous met sur la voie. Si le savoir était « un Avoir en images ( im Bilde-Haberi ) », sur le mode de la représentation, alors la vérité serait du côté de l’être, tandis que l’image, définitivement inauthentique, demeurerait invérifiable : nous ne pourrions jamais comparer nos représentations et l’être en soi des choses ; mais si, au contraire, l’être de l’apparaître du monde se confond avec le simple et nu fait de son apparaître, notre disposition à son égard ne consiste-t-elle pas à le saisir comme notre avoir, comme notre possession, c’est-à-dire comme l’écrit Rehmke, un « Avoir sans relation, un Avoir pour soi », sans souci de son être authentique ? Si bien que la question phénoménologique n’est pas celle de la reconquête de l’être du monde apparaissant, mais bien plutôt celle de son apparaître en tant qu’objet qui nous appartient. Il n’est pas question de jouer plus longtemps la comédie d’une relation au monde où l’on ferait abstraction de notre être au monde en tant que le monde est monde pour nous. Un pur monde, comme être absolu, est un songe aussi délirant que la chose en soi. Le monde dans l’exclusivité – si l’on ose dire – de son apparaître est toujours déjà objet, projection de notre existence. Comprendre la constitution du monde comme apparaître premier exclut que l’on se contente de la magie d’un "il y a" originel par lequel l’être du monde primerait sur l’acte de la subjectivité. Nous ne pouvons pas ne pas être modernes, car « nous sommes comme maîtres et possesseurs de la nature », que nous le voulions ou non. Isoler l’être du monde des conditions de son apparaître purement humain équivaudrait à supprimer la condition même de son apparition.
Toute phénoménologie devrait donc partir de la forme de lucidité qu’explicite la position cartésienne : on ne peut exister au monde, qu’en tant qu’il est le lieu et la condition de notre avoir. Le monde advient comme la possession de l’homme, il est la manifestation totale de sa disposition qui n’est pas tant d’être que d’avoir {9} . Le statut du monde devient uniquement pensable à partir de l’avoir.
Notre proposition initiale est celle-ci : la phénoménologie donnerait son fondement à la question de l’avoir, parce que la phénoménologie husserlienne renonce au primat ontologique, et pense le phénomène comme sa possession grâce à la structure de l’objectivité. La phénoménologie est en ce sens une m&#

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