Boîtes noires et gilets jaunes
115 pages
Français

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Boîtes noires et gilets jaunes , livre ebook

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Description

La période actuelle de l'anthropocène se caractérise par un bouleversement des équilibres systémiques. Cette situation nouvelle analysée par l'IRI et Ars Industrialis fait apparaître des questions nouvelles qui concernent, notamment, les réseaux sociaux, l'architecture du web, la gouvernementalité algorithmique, la contribution comme question politique, technologique et économique. Ces analyses croisent celles élaborées pendant trois ans au sein du groupe PHILOPRAT concernant l'identité collective dans une société d'individus, le statut des émotions et des peurs, l'enjeu des normes, le posthumanisme et le transhumanisme, le Buen Vivir et la capacitation, les Biens communs et les Commons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336865300
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Ouverture philosophique Collection dirigée par Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Jean-Michel CHARRUE, La philosophie néo-platonicienne de l’éducation, Hypatie, Plotin, Jamblique, Proclus, 2019.
Christian MARTIN, L’amour de l’art ou l’évanescence du discours, 2019.
Lauréline CHRETIEN, Amour libre et anarchie, La révolution sexuelle selon E. Armand, 2019.
Marie-Pierre FRONDZIAK, Croyance et soumission, De la critique de la religion à la critique sociale, réflexions à partir de Spinoza et Freud , 2019.
Karim BEN HAMIDA, L’utopie du cerveau global. Le web 2.0 et la construction sociale de la connaissance , 2019.
Enrique DUSSEL, Vingt thèses de politique, 2018.
Fabrice MOUSSIESSI, Essai d’épistémologie comparative chez Imré Lakatos. Pour une nouvelle interprétation de la rationalité scientifique, 2018.
Alberto DA SILVA, Florence DRAVET, Gabriela DE FREITAS, Gustavo DE CASTRO (dir.), L’imaginaire de la catastrophe dans la communication et les arts , 2018.
Dominique PAUL, Entre chair et lumière. De la possibilité d’une distance critique par l’objet-image , 2018.
Charles MAURICE, La Société émancipatrice , 2018.
Titre

Sous la direction de Jean-François P ETIT , Vincent P UIG et Vincent L AQUAIS






B OITES NOIRES ET GILETS JAUNES

Regards croisés sur la socialité à l’ère de l’anthropocène
Copyright





Actes du colloque de l’Institut Catholique de Paris et de l’Institut de recherche et d’innovation – Centre Georges Pompidou 26-27 avril 2017













© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86530-0
PRÉSENTATION
Jean-François Petit, Directeur du groupe de recherche de philosophie pratique (PHILOPRAT), Équipe d’Accueil 7403 Faculté de philosophie, Institut Catholique de Paris
J’aimerais introduire nos échanges par une évocation personnelle. Il y a quelques jours, j’étais dans un colloque sur le thème «  philosophie et avenir » à l’université de Tunis. Celui-ci se terminait par la communication d’une jeune philosophe tunisienne qui, après nous avoir montré par ordinateur les lunettes Dior renouvelant notre perception, l’hologramme de la campagne électorale de Jean-Luc Mélenchon et une image virtuelle d’une personne handicapée sur une place de parking réservée pour empêcher les voitures de stationner en Russie, en concluait que non seulement nous sommes dans une virtualisation irréversible de l’existence décuplant les possibilités de communiquer des messages, mais que nous sommes dans une forme nouvelle de socialité.
L’ère cybernétique dans laquelle nous sommes entrés permet effectivement plus qu’une simple reconfiguration de nos perceptions, la stimulation de certaines zones de notre cerveau, dont on peut aisément montrer, comme le fait Michel Benasayag dans son ouvrage Cerveau augmenté, homme diminué , la physicalisation à l’œuvre dans les techniques neurologiques 1 , ou la création d’une nouvelle noosphère, pour reprendre la terminologie chère à mes amis teilhardiens 2 .
Tous ces éléments concourent à une reconfiguration anthropologique en profondeur. Mais nous aurions tort de nous centrer uniquement sur l’économie de l’hypermatériel et la constitution de psychopouvoirs, pour reprendre le titre d’un livre de Bernard Stiegler, sans voir à quoi ce mouvement nous engage 3 . Ces transformations concernent aussi les transformations de la dualité constitutive du pluriel et du commun dans des chemins de socialité inédits à la charnière entre des imaginaires et des pratiques individuelles et collectives.
Mais revenons à mon histoire tunisienne : Au naïf «  tout est permis » de ma jeune collègue philosophe offusquée que la télévision tunisienne censure des images représentant la nudité féminine, j’opposais le fragile rempart à ses yeux d’une déontologie des médias capable aussi de prévenir les pièges de l’endoctrinement idéologique au moment où des jeunes tunisiens, qui n’ont pas tous lu Michel Foucault, font l’expérience d’une subjectivation très discutable via les réseaux sociaux qui les mènent droit dans les griffes de Daech.
C’est pourquoi il nous appartient de réfléchir philosophiquement, sans céder justement à ce que nous allons essayer analyser (la fascination, la peur, l’émotionalisme ou l’adulation des nouvelles technologies…) avec un minimum de recul critique. C’est donc d’une heureuse rencontre qu’est né ce colloque, celui d’un programme de recherche facultaire de trois ans sur les nouveaux modes de socialité du groupe de philosophie pratique de l’Institut Catholique de Paris (PHILOPRAT) où nous sommes aujourd’hui et celui de l’Institut de Recherche et d’Innovation (IRI) sur l’anthropocène où nous serons demain.
De pareilles collaborations enrichissent nos institutions en permettant aussi la rencontre de cultures, de pratiques de recherche, de thématiques, de philosophes tels que Simondon ou Hans Jonas et bien d’autres qui seront abordés dans ce colloque, bref d’une construction des savoirs appropriés au monde contemporain.
Je ne saurai trop souligner, pour me situer dans la lignée par exemple des travaux de Xavier Guchet, qu’il n’est pas inconvenant de vouloir contribuer pour notre part à un humanisme technologique qui peut aussi se situer dans la conversion écologique souhaitée par l’encyclique Laudato Si 4 . Comme le note l’économiste Bernard Perret, l’encyclique vise à définir les paramètres d’un «   bien vivre » articulant les aspects matériels, culturels et éthiques de l’existence : sobriété, capacité de jouir avec peu (§222). Elle relie cette vie bonne à la préservation de différents biens communs, du plus global (§23) au plus local (écosystèmes, cultures, communautés locales, familles §231), sans oublier la vie démocratique 5 .
Notre colloque peut sans état d’âme (si je puis me permettre) se revendiquer de la recherche des spécificités du «  paradigme technocratique » comme l’énonce très bien le § 106 de l’encyclique : «   Le problème fondamental est encore plus profond : la manière dont l’humanité a , de fait , assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel . Une conception du sujet y est mise en relief qui , progressivement , dans le processus logique et rationnel , embrasse et ainsi possède l’objet qui se trouve à l’extérieur . Ce sujet se déploie dans l’élaboration de la méthode scientifique avec son expérimentation , qui est déjà explicitement une technique de possession , de domination et de transformation . C’est comme si le sujet se trouvait devant quelque chose d’informe totalement disponible pour sa manipulation ».
Nous serions tentés de dire que l’humain ne se trouve pas en dehors de ce processus, notamment dans la convergence des NBIC (nanotechnologies, biologies, technologies de l’information, technologies cognitives) non sans une certaine fascination pour un certain style d’innovation marqué non par une dématérialisation ou une «  immatérialisation », pour faire un néologisme dans la lignée des travaux d’André Gorz 6 , mais par une hypermatérialisation, au sens où l’entend Bernard Stiegler, à savoir un complexe d’énergie et d’informations où il n’est plus possible de distinguer la matière de sa forme, ce qui conduit à un nouveau stade de la grammatisation, terme qu’il emprunte à Sylvain Auroux, pour qualifier le processus de révolution technologique. De fait, nous vivons une époque où les processus moteurs et mentaux des systèmes peuvent être répliqués, copiés, enregistrés, transformés, extériorisés sous d’autres formes 7 . Ce processus n’est pas sans risque d’une désublimation de l’individuation psychique et collective, pas seulement celle d’une crise de nos grands récits fondateurs, y compris le récit marchand, mais d’une incapacité à fédérer autour des biens communs.
L’ampleur de la tâche parait donc immense si, comme le souhaite le Manifeste convivialiste, il faut non seulement dépasser l’épuisement

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