Cent millions d'orgasmes

Francesco Rubino

Description

La pornographie sera l'un des objets les plus invasifs des réglementations morales à venir. Aux positions naïves (M. Marzano) et aux reconstructions puristes (C. MacKinnon) et relativistes (M. C. Nussbaum, L. Williams), ce "pornouvrage" oppose le sens authentique de cette anomie érotique : le sens d'un corps opprimé qui, pourtant, pornographiquement écrit (A. J. Magliacane) et se resymbolise dans un cri (P. Pat Califia) ou se désymbolise dans un fantasme (Ch. Ackerman, E. Lemoine-Luccioni).

Sujets

• Pornografía
• Porno
• Pornographie
• Philosophie et théologie
• Philosophie
• Érotisme

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2015
• Nombre de lectures: 62
• EAN13: 9782336366623
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Ouverture philosophique »
Série Arts vivants
(co-dirigée par Jean-Marc Lachaud, Professeur à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, et par Martine Maleval, Maître de Conférences à l’Université de Lorraine)

La série Arts vivants a pour objectif de publier des ouvrages individuels ou collectifs, affirmant des partis pris esthétiques et artistiques critiques. Les champs privilégiés concernent :
– le développement de pratiques transversales, qui bousculent les repères établis et les normes à partir desquelles était jusqu’alors appréciée et évaluée la création scénique, qui effacent les frontières reconnues tant entre les arts qu’entre ceux-ci et d’innombrables petites formes et, qui facilitent le déploiement d’un art scénique hors limites ;
– la représentation et la mise en scène de corps indisciplinaires , qui s’insurgent contre les conventions dominantes et fomentent d’intempestifs débordements salvateurs, en bricolant sans modèles pré-établis et en dérobade constante, de troublantes et de provocatrices figures en tension ;
– les rapports complexes entre esthétique et politique, les nouvelles formes d’engagement et l’analyse de démarches, d’œuvres et de spectacles radicaux qui, refusant la logique de la domination et la soumission aux aliénations contemporaines, participent à l’émergence d’une esthétique de l’émancipation.

Dernières publications

Martine Maleval Sur la piste des cirques actuels (2014)
Cécile BOËX Cinéma et politique en Syrie 1970-2010 (2014)
Marc JIMENEZ (Dir) L’Art entre fiction et réalité (2014)
Cyril IASCI Le corps qui reste. Travestir, danser, résister ! (2014)
Ayse Melis TEZKAN Vidéo et Identité. Pratiques d’artistes au Brésil, en France et en Turquie (2014)
Yvain von STEBUT Inventer son métier à la banlieue de l’art (2014)
Simon HAGEMAN Penser les médias au théâtre. Des avant-gardes historiques aux scènes contemporaines (2013)
Eléonore WILLOT Light-shows psychédéliques de San Francisco. LSD, art et rock’n roll (2013)
Titre
Francesco RUBINO





Cent millions d’orgasmes

Essai sur la pornographie
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com
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EAN Epub : 978-2-336-71673-2
Sommaire Couverture 4e de couverture Collection « Ouverture philosophique » Titre Copyright Sommaire Aria Bibliographie, Discographie Bibliographie Discographie « Fuck ! » 1. Morceau sur les bouches 2. Qu’est-ce qu’une gorge profonde ? 3. La vierge Marie et le Dahlia noire 4. Fécondée par une voix 5. Mésaventures d’un sein 6. Sperme blanc, neige, sperme noir (the only Art in porn is my brother) 7. Reality. Avant que les fantasmagories ne se marchandisent 8. Le Reich organise une orgie 9. Pas de Noël à Vichy 10. La salle ovale 11. Combien « phallique » était De Gaulle 12. Ludwig 13. La ville érotique : La Havane ou pour en finir avec le pénis féminin 14. Fin de l’oralité 15. Multiplicité de la voie lactée 16. « Dis-nous, Catharine… ». Capitalisme et génitalité (I) 17. La ville érotique : Naples « organique » 18. Mulier sacra. Pour en finir avec les monstruosités felliniennes 19. La ville érotique : Los Angeles « disorganique » 20. La ville érotique : Paris « inorganique » (à savoir « sans organes », « claire ») 21. La ville érotique : l’école de cuisine de Dona Flor à Salvador de Bahia 22. La bite est noire (toujours !) 23. I am a strange loop 24. L’orgone animal 25. La ville érotique : rythmicité des orgasmes quotidiens à Kyoto et Venise (Kawabata et Tanizaki lus par Tinto Brass) 26. La pornographie comme psychanalyse. Emmanuelle part de Paris, s’embarque à La Rochelle et débarque à Hong Kong, via les Amériques 27. Sexualiser l’eau 28. Le lait donné, le festin nu. Capitalisme et génitalité (II) 29. Demain… 30. Le festin de pierre.Who’s that knocking at my door ? Arts, Bibliographie, Discographie, Filmographie, Littérature Arts Bibliographie Discographie Filmographie Littérature « Shit ! « 1. …Anal 2. Les excréments et la voix 3. Shivers 4. « Fuck ! » 5. Lait versé sur le corps d’une femme 6. Bouche 7. Encore la « gorge profonde » d’Irma 8. Putréfaction du lait et du sperme 9. Matrices 10. Ontologie du corps 11. Topo(rno)graphie du corps 12. L’Etat érotique 13. Transférer la merde dans le corps du dictateur 14. Psychanalyse des morceaux du corps 15. Sein 16. Morceaux 17. « Question fécale » 18. Écrire sur le corps 19. …fécondée par le vent anal (ultracorps) 20. Éthiques 21. « Sadism » 22. Gay (ou La découverte de l’orgasme anal) 23. Érotisme d’État 24. Salò 25. Jouer avec les selles 26. Selles qui remontent 27. Shit ! 28. Tératologie des fèces 29. Fabriquer l’homme-merde pour les enfants (et pour Philip K. Dick) 30. Dieu (Blob) Bibliographie, Discographie, Filmographie, Littérature Bibliographie Discographie Filmographie Littérature Aria da capo Bibliographie, Filmographie, Discographie, Littérature Bibliographie Filmographie Discographie Littérature Adresse
Aria
Night of the iguana
The jasmine is so mercilessly sweet
Night of the iguana
Can you see the castanets ?
It’s the widow and her lover-boys
Down on the beach

Joni Mitchell, Night of the iguana
(2007)

Don’t you know there’s a war on ? Here now love, open your mouth.
PYNCHON, Gravity’s rainbow [ 1973 , 2001 : 118]

Leave your war awhile, paper or iron war, petrol or flesh, come in with your love.
PYNCHON, Gravity’s rainbow [ 1973 , 2001 : 134]

Look at the forms of capitalist expression. Pornographies : pornographies of love, erotic love, Christian love.
PYNCHON, Gravity’s rainbow [ 1973 , 2001 : 155]

He feels the change. After making love she lies propped on an elbow watching him.
PYNCHON, Gravity’s rainbow [ 1973 , 2001 : 225]

I heard it in the wind last night
It sounded like applause
Chilly now
End of summer
No more shiny hot nights
It was just the arbutus rustling
And the bumping of the logs
And the moon swept down black water
Like an empty spotlight

Joni Mitchell, For the roses
(1972)

Si la pornographie existe donc, dans quelque région de notre histoire culturelle, philosophique, politique – ou bien dans quelque couche bien préservée de l’industrie filmique des années 1970, dans les excès des rockstar et dans la sauvagerie orgiastique des surf’n’exotic Tiki Tones ainsi que chez l’ordinaire vacancier de Pamela Anderson et Tommy Lee ; dans la révélation au grand public des films stag réalisés dans un garage pour $27,50 et chéris par Eugene O’Neill ; dans une grande tactique économique prime-time dévoilée par Paul Keegan il y a dix ans ; dans les poursuites judiciaires contre le O’Farrell Theatre de San Francisco ainsi qu’au sein des groups du New Queer Cinema de l’East Village NY, ou bien encore dans des cercles de l’imaginaire collectif qui émergeraient d’une nouvelle vision des genres sexuels ; dans la théorie de la post-génitalité de Karl Abraham, dans celle de l’amour génital proposée par Michael Balint, dans celle encore du phallus imaginaire comme principe d’équivalence des objets érotiques de Jacques Lacan ; dans les chants orgastiques de Laila France ou de Kahimi Karie ; dans la wet moon version (Cool Hipnoise) de Flor de lua (Amalia Rodrigues) ainsi que dans les séries de nus photographiées par Spencer Tunick ; dans les fantasmes produits par les interdictions et par les inter- dits du Symbolique-normatif ou dans l’une des Erections, ejaculations, etc. du flâneur de Los Angeles Henry Chinaski –, elle a sans doute ses racines ontologiques avant et au-delà du phénomène de la naissance d’un individu.
Les porn studies , qui aujourd’hui s’incarnent dans une revue publiée par Routledge 1 , ainsi que les sites « porno-catholiques » 2 qui visent à aider les croyants à échapper à la dépendance sexuelle, pour ne parler pas des mouvements « antisexistes » qui se déclarent génériquement féministes, condensent depuis longtemps la pornographie dans le seul phénomène de la production de masse d’objets que nous dirons de/du désir. Ils arrêtent et limitent leurs analyses au seuil de la racine philosophique déterminante , en se concentrant sur la dominante industrielle qui, par aill