Chirurgie esthétique et la dignité du corps humain
136 pages
Français

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Chirurgie esthétique et la dignité du corps humain , livre ebook

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Description

Aujourd'hui dans notre société, s'interroger sur la signification que revêt le corps humain n'est pas une entreprise aisée ; car, la nature et la valeur du corps humain sont au centre des questions philosophiques fondamentales. Et actuellement une de ces questions concerne l'interrogation éthique sur les manipulations non thérapeutiques du corps humain par les technosciences parmi lesquelles la chirurgie esthétique.

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Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2016
Nombre de lectures 45
EAN13 9782806108296
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’éthique médicale en Afrique. Conits d’intérêts et conits des valeurs
admise en soins palliatifs. DéIs humains pour les médecins L’accompagnement spirituel à l’euthanasie : ouvertures et
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La chirurgie esthétique et la dignité du corps humain
Mise en page : Marie Tellier
D/2016/4910/17
© Academia – L’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-neuve
ISBN : 978-2-8061-0273-7
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Olivier Nkulu Kabamba
La chirurgie esthétique et la dignité du corps humain Recherche en philosophie de la médecine
Introduction
En janvier 2011, j’ai publié aux éditions Academia-L’Har-mattan, Louvain-la-Neuve (Belgique) l’ouvrage intituléPhilo-sophie de la médecine. Essai pédagogique; et dans la foulée, en oc-tobre 2012, les philosophes français, Élodie Giroux et Maël Lemoine, ont dirigé un ouvrage collectif publié aux éditions Vrin, Paris (France)Textes clés de philosophie de la médecine. De-puis lors, le contenu de mon ouvrage a fait son chemin, des professeurs en médecine en ont repris des extraits dans leurs enseignements, des praticiens en médecine se sont procuré le livre et ont essayé de comprendre son contenu, des biblio-thèques publiques et universitaires se sont procuré le livre et l’ont classé en bonne place dans leurs rayons, des étudiants et étudiantes en médecine s’en sont servi dans leurs cours et leurs travaux, les échanges des courriers que je reçois à ce sujet ne discontinuent pas. Pour poursuivre dans la ligne de l’essai que j’ai publié en janvier 2011, je propose dans cet ouvrage, un cas de recherche approfondie en philosophie de la médecine ayant pour thème : la chirurgie esthétique et la dignité du corps humain. Ma principale question dans cette recherche est la suivante : en philosophie de la médecine, quel regard peut-on porter sur la pratique de la chirurgie es-thétique en tant que « médicalisation » de la beauté du corps humain ?
Aujourd’hui s’interroger sur le statut et les valeurs que revêt le corps humain dans notre société n’est pas une en-treprise aisée, car, de tous les temps d’ailleurs, la nature et la valeur du corps humain sont à la base des questions phi-losophiques fondamentales. Et actuellement, une de ces
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La chirurgie esthétique et la dignité du corps humain
questions concerne l’interrogation éthique sur les manipula-tions non thérapeutiques du corps humain par les technos-ciences parmi lesquelles on compte la chirurgie esthétique. « Au même titre que l’argile, le corps humain est un objet d’art que l’on peut manipuler, la chirurgie esthétique per-met cette lecture anthropologique ». Voilà ce que déclarait le Docteur Herphen le 16 avril 2007 sur Radio Éveil (France) dans une émission consacrée au risque d’instrumentalisation du corps humain par la chirurgie esthétique. Cette déclara-tion du Docteur Herphen qui constitue le point de départ de ma réexion dans cette recherche en philosophie de la médecine soulève une double question intéressante, celle du respect de l’intégrité du corps humain et celle de la liberté pour la personne humaine de disposer de son corps impli-quant la liberté de donner à autrui (le chirurgien plasticien) le pouvoir d’agir sur son corps. Ces questions éminemment axiologiques se dessinent comme un des enjeux éthiques de la chirurgie esthétique. On part de prime à bord du fait que dans la relation qu’entretient la chirurgie esthétique avec le corps humain, celui-ci ne peut être considéré comme un ob-jet parmi tant d’autres. Or, le corps est surtout l’incarnation d’une personne et des valeurs. Alors, dans quels termes ou comment la dignité du corps humain qui sous-entend son in-tégrité peut-elle être envisagée face à la pratique de la chirur-gie esthétique ? Comment peut-on aborder les dilemmes éthiques qui se dégagent du rapport qu’entretient la chirur-gie esthétique avec le corps humain ? Voilà les questions qui fondent la nécessité d’une réexion éthico-philosophique dans la pratique médicale de la chirurgie esthétique.
Pour commencer, il sied tout d’abord de poser les ja-lons du cadre épistémologique et la méthodologie de cette recherche en philosophie de la médecine, cadre qui rend pos-sible la compréhension de la question de recherche.
Située à la lisière de la médecine traditionnelle, la chirur-gie esthétique ne soigne pas une maladie, elle restaure la « beauté » voulue du corps humain. À travers la chirurgie
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Introduction
esthétique, c’est la médecine mise au service de la beauté voulue du corps humain. La chirurgie esthétique est posi-tionnée entre soin médical et soin psychologique, entre res-pect de l’intégrité du corps humain et respect de l’autono-mie de la personne humaine : voilà où se situe l’enjeu du dilemme éthique de cette médecine pas comme les autres. La question du respect de la dignité du corps humain, question éminemment axiologique, est donc l’un des enjeux éthiques de la chirurgie esthétique. Or, poser la question de la dignité du corps humain dans la pratique de la chirurgie esthétique, c’est d’une part poser la problématique de l’autonomie de la personne humaine vis-à-vis de son corps, la liberté de dispo-ser de son corps, et la liberté de donner à autrui (le chirurgien plasticien) le pouvoir d’agir sur son corps ; et d’autre part, c’est également poser le problème du respect de l’intégrité du corps humain par rapport à des interventions médicales sans bénéïce fonctionnel organique. Si les deux paramètres ici indiqués touchent moralement en particulier la dignité du corps humain et donc en général la dignité de la personne humaine tout entière, ils touchent fondamentalement le rap-port que l’homme entretient avec son corps : « j’ai un corps » (avoir), « je suis mon corps » (être). Car la dignité du corps humain fait partie intégrante de la problématique générale de la dignité de la personne humaine. Et, il est établi que le respect de la dignité humaine ainsi que le respect de l’auto-nomie de la personne sont des principes fondamentaux qui, en médecine, débouchent sur la réexivité et sur les règles déontologiques, et particulièrement le droit à une juste in-formation et la liberté d’un consentement éclairé. C’est de là que découle ma question principale dans cette recherche en philosophie de la médecine : sur quelles bases pratiques, axiologiques et éthiques peut-on proposer l’esquisse d’une approche pragmatique ou opérationnelle du dilemme que suscite la chirurgie esthétique, celui d’une pratique médicale en rapport avec le respect de l’autonomie de la personne hu-maine (la liberté de disposer de son corps et la liberté de donner pouvoir à autrui d’agir sur son corps) et le respect de
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La chirurgie esthétique et la dignité du corps humain
l’intégrité du corps humain par rapport à des interventions chirurgicales sans bénéïce fonctionnel organique ? Serait-ce en évoquant les arguments en faveur de la beauté voulue et intégrée dans la dignité du corps humain ?
Le cas de ïgure par excellence qui permet de com-prendre la problématique ici posée est celui du « roi de la POP », l’américain Michael Jackson, né le 29 août 1958 et décédé le 25 juin 2009, dont les innombrables recours à la chirurgie esthétique ont toujours été mis en évidence. « Beaucoup de gens savent que Joseph Jackson (père) ap-pelait son ïls Michael « Big nose » (gros nez). Tellement marqué par cette identiïcation injurieuse à son nez, le chanteur a passé sa vie à corriger chirurgicalement son nez. Traumatisé, il s’est identiïé à cette partie de son corps, jusqu’au point de détester son père qui le surnommait «Big 1 nose». » Rester belle ou beau, jeune, bien dans sa peau, avec un corps en forme, l’apparence physique est au-jourd’hui une préoccupation majeure du moins en Europe occidentale et en Amérique du Nord. De même pour les riches en Asie et au Moyen-Orient. Les recours à la chirur-gie esthétique font désormais partie de l’arsenal beauté et anti-âge. Ils sont perçus comme un moyen d’être plus sé-duisant, plus heureux, mais aussi plus compétitif. La vie est perçue comme une arène de compétition sur le terrain social, amoureux et professionnel. Les hommes comme les femmes ressentent le besoin de rester jeunes plus long-temps aïn d’avoir conïance en eux au travail et dans leur vie privée. Les personnes en couple ressentent tout comme les célibataires la pression sociale et cherchent à amélio-rer leur apparence. Les uns et les autres sont prêts à faire des sacriïces pour garder leur partenaire. Les injections comme les interventions chirurgicales redonnent conïance en soi, stimulent l’énergie et donnent un sentiment de pou-voir, surtout chez les femmes. Pour les femmes comme
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KAPAMBERA, H.,Michael Jackson : Le destin tragique du roi de la pop, Bruxelles, Calendar, 2009, p. 43.
Introduction
pour les hommes, l’apparence physique est donc devenue aujourd’hui plus importante. Plus ils sont intéressés par leur image, plus ils sont susceptibles d’avoir recours à un traitement injectable ou à une intervention chirurgicale. L’apparence est perçue comme primordiale pour le jeu de la séduction. Les personnes seules comme celles qui sont en couple expérimentent toutes la même pression sociale et les mêmes motivations pour paraître au mieux d’elles-mêmes. Les motivations varient, les coûts ïnanciers élevés de la chirurgie esthétique ne découragent pas les candidats et candidates, encore moins, les cas ratés de chirurgie es-thétique qui défraient les chroniques des médias. L’argent et les techniques de pointe sont au cœur des pratiques de la chirurgie esthétique. Ces deux paramètres touchent à l’in-tégrité et à la dignité du corps humain. Cette dignité qui est considérée comme allant de soi pour le sens commun est à la base d’un certain nombre des dilemmes éthiques dont notamment le dilemme à propos de la propriété à l’égard du corps humain. En effet, toute personne possède natu-rellement son corps et se confond avec lui. Ainsi entend-on dire : « Tu as une belle poitrine », « tu as des beaux yeux », « tu as des belles jambes », « tu as des sourcils imposants », « tu as un gros ventre », « tu as un gros nez »,… C’est bien là une conception du corps humain qui atteste à la fois une relation de propriété et une relation identitaire entre le sujet et les parties de son corps. Ainsi, comme toute personne possède naturellement son corps, de même elle dispose li-brement de son corps, et donc peut le modiïer en lui don-nant une apparence de son choix. La chirurgie esthétique répond à cette ïn et permet une telle lecture de la relation entre le sujet humain et son corps.
Identiïer les enjeux médicaux, psychologiques, sociaux, économiques de la chirurgie esthétique constitue le point de départ dans l’approche des dilemmes que suscitent le recours et la pratique de la chirurgie esthétique. Mais en philosophie de la médecine, cela renvoie à identiïer de manière rééchie
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