Critique de la rationalité administrative
232 pages
Français

Critique de la rationalité administrative , livre ebook

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232 pages
Français

Description

A côté du travail des sciences sociales, une critique philosophique de la rationalité administrative s'impose car administrer, ce n'est pas seulement gérer le monde, c'est le nier et le perdre. On numérise, régule, programme, on informe, on fait la chasse à l'incertitude, on traque la contingence. En démantelant le dispositif administratif, l'auteur tente de dégager les éléments d'une pensée de l'accueil : prendre soin des choses, partager le monde, donner la parole, protéger le possible.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 187
EAN13 9782296708402
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CRITIQUE DE LA RATIONALITÉ ADMINISTRATIVE Pour une pensée de l’accueil
Collection « Des Hauts et Débats » dirigée par Pascal Lardellier Professeur à l’Université de Bourgogne plardel@u-bourgogne.fr Titres déjà parus, ou à paraître prochainement Michel Moatti et Sarah Finger,L’Effet-Médias. Pour une sociologie critique de l’information, Serge Chaumier,L’Inculture pour tous. La nouvelle Utopie des politiques culturelles, Arnaud Sabatier,Critique de la rationalité administrative. Pour une pensée de l’accueil, Claude Javeau,Trois éloges intempestifs, Daniel Moatti,Le Débat confisqué. L’École, entre pédagogues et républicains.
Arnaud Sabatier CRITIQUE DE LA RATIONALITÉ ADMINISTRATIVE Pour une pensée de l’accueil Préface de Robert Fraisse Postface de Jean-Yves Mondon L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-12980-1 EAN : 9782296129801
REMERCIEMENTSà Nathalie Boutard d’abord, qui tente, non sans résistances, d’administrer avec poésie etsoin; à Jean-Yves Mondon, pour son amitié philosophique et la générositéaccueillantede son écriture ; à Jace, qui montre, si besoin est encore, que l’humourconvientà la philosophie et la préserve du sérieux ; à Robert Fraisse, qui a longtemps pensé aussi la rationalité administrative, mais côté administration ; à Stéphanie Buttard, qui a administré au texte quelques corrections, mais avecconsidération; à Pascal Lardellier, qui a cru très tôt à ce livre et a veillé sur sa croissance. à Maxime (qui m’a expliqué pour l’ailier gauche), à Timothée (qui m’a initié à la GFA), à Valentin (qui chiffre mais avec douceur) et à Hugo (GPS sensible aux lieux)
Préface de Robert Fraisse*
L’ouvrage d’Arnaud Sabatier s’annonce comme une réflexion critique sur l’administration. Cependant, à travers l’invasion de la « rationalité administrative » qu’il y décèle, il développe de façon bien plus large une cri-tique des sociétés d’aujourd’hui il conviendrait même de dire : rien de moins qu’une critique de la civilisation. Par rationalité administrative, l’auteur désigne une subordination extensive de l’administration au calcul, de la gestion au chiffre et au résultat. Peut-être y a-t-il chez lui une hantise du chiffre (même si le chiffre, en bien des sens, est fait pour hanter). Quoi qu’il en soit, ce qu’il dénonce produit des effets vérifiables par tous, et avec des conséquences… incalculables. La pensée qui se réfugie dans le calcul conduit à former un système clos, qui élimine les différences entre les choses mais aussi entre les hommes et qui, en objectivant par principe la variété des existants, produit leur fatale homogénéisation. Dans sa prétention à tout mesurer et à tout évaluer, l’emprise du chiffre sur l’action collective tend à réduire l’aléa à la nécessité. Elle entraîne une vaste mutation du pouvoir qui se trouve en quelque sorte dépolitisé par cette imposition de la nécessité et marqué par une normalisation de la puissance d’agir, une inhibition de l’imagination du possible et de ses alternatives. Le propos déborde de loin le champ de l’administration. Selon une belle formule de l’auteur, est atteinte la possibilité même « du jeu de sens, d’appels et de renvois » qui tisse entre les humains ce qu’on peut appeler le monde. À travers l’extension de cette rationalité particulière dans les pra-tiques collectives, Arnaud Sabatier me semble mettre en évidence un phé-nomène de portée universelle : l’avènement d’unetechnicisationla de représentation du monde. Et, partant, celui d’une technicisation des rap-ports humains, voire de la réalité même du monde qui, mondialisé, devient une image globale simplifiée pour nos contemporains : « le monde », ce ne serait plus autre chose que l’ensemble de ce qui est toujours déjà maîtrisé.
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Non que l’auteur condamne ici la technique : est en cause son usage extensif et indu pour mettre en scène les problèmes humains. L’auteur relève dans la vie quotidienne et collective de nombreux aspects de cette évolution et, au premier chef, un individualisme croissant qui pourrait bien avoir partie liée avec le besoin d’expansion de la rationa-lisation chiffrée, non seulement dans la production des choses par les entre-prises mais aussi dans celle des hommes. Comme si la cause la plus vaste de la tendance qu’il mentionne était le souci général de minimiser le rapport coûts/bénéfices dans tous les domainesy compris dans les services publics, dont on attendrait une assomption sans œillères de la vie collec-tiveen tant que sens unique à donner à la vie. À ce mouvement d’apparence irrésistible, Arnaud Sabatier oppose ce qui pourrait rendre place à la contingence, faire ressurgir les jeux de sens entre les hommes et reconduire à la liberté : la disposition à l’accueil, y compris l’accueil de l’avenir qui est à la fois « laisser-être » et « faire-advenir » ; la pensée de l’existence non plus comme programme mais commeexercice; lafinitude, reconnue comme notre loi ; l’ouverture des lieuxà la place de l’occupation de l’espace. Loin de former un programme, cette vision de l’existence comme accueil des autres et don de la parole con-duit au contraire à unedé-programmationmonde, elle rouvre « la du possibilité du possible ». Dans sa dénonciation de cette réduction du champ de notre monde men-tal, l’auteur plaiderait-il pour une sorte de restauration du sens social d’avant la révolution technologique ? pour un retour aux Présocratiques ? L’ouvrage est par trop tissé de notations saisissantes sur le temps présent dont chacune fait sens au-delà des faits pour qu’on soit tenté de le penser. Nul « il faut », dans ses conclusions, mais le simple constat que sans la nouvelle pratique d’unevie ouverte, dont il esquisse les traits fondamen-taux, nous serons livrés à la fatalité. La thèse est nourrie d’une vaste culture philosophique. Stigmatisant au passage l’influence de Platon et de Descartes dans ce basculement de civili-sation (on peut en discuter...), l’auteur puise bien sûr dans les écrits de Heidegger sur la technique, dans ceux d’Arendt, de Levinas et d’Agamben mais, plus encore, dans l’œuvre de Jean-Luc Nancy, qui semble bien être
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