De Kant à Hegel (Tome 1)
404 pages
Français

De Kant à Hegel (Tome 1) , livre ebook

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404 pages
Français

Description

Écrit entre 1920 et 1923, ce premier volume de l'œuvre célèbre de Richard Kroner va de la "critique de la raison" de Kant, jusqu'à la "philosophie de la nature" de Schelling, en passant par les premiers critiques du kantisme (Jacobi, Reinold, Maimon) mais surtout la monumentale "doctrine de la science" de Fichte. En fait, ce premier volume ne fait que dégager le premier tour de cette spirale Kant-Fichte-Schelling qui, à partir des premiers travaux des deux derniers, conduira plus tard à Hegel.

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Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 77
EAN13 9782336325118
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

La période de l’Idéalisme allemand, celle illustrée par la double figure de la philosophie critique puis romantique allemande, est justement celle qui va « De Kant à Hegel », d’environ 1780 à 1820. Cette période, d’abord fécondée par les courants multiples du luthérianisme, du développement scientifique (Newton, Lavoisier), et de la pensée prérévolutionnaire française, aura été à la source de toutes les grandes formules du génie moderne (Marx, Freud, Einstein…). La crise actuelle de la philosophie et de certains des savoirs connexes dans la culture (psychologie, psychanalyse, pensées économique et politique) devrait inviter à un retour, nécessaire et salutaire, aux sources de cette période 1780-1820, d’où ont surgi pour l’esprit moderne, après la phase préparatoire de la pensée française classique (Descartes, Pascal) puis des Lumières (Diderot, Voltaire, Rousseau), les deux démarches de pensée somme toute assez parentes de Marx et de Freud. Écrit entre 1920 et 1923, ce premier volume de l’œuvre célèbre de Richard Kroner va de la « critique de la raison » de Kant, jusqu’à la « philosophie de la nature » de Schelling, en passant par les premiers critiques du kantisme (Jacobi, Reinold, Maimon) mais surtout la monumentale « doctrine de la science » de Fichte. À partir de Kant, Fichte et Schelling offriront les deux premières marches de l’escalier dont les trois suivantes formeront la magistrale synthèse hégélienne (Logique, Nature, Esprit) à partir de 1801. En fait, ce premier volume ne fait que dégager le premier tour de cette spirale Kant-Fichte-Schelling qui, à partir des premiers travaux des deux derniers, conduira plus tard à Hegel.
d’ouverture sur la pensée allemande.
Émile Jalley
Richard KRONER
DeKantàHegel
De la critique de la raison à la philosophie de la nature 1
Traduit de l’allemand par Marc Géraud
Préface d’Émile Jalley
De Kant à Hegel De la critique de la raison à la philosophie de la nature
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29325-7 EAN : 9782336293257
Richard KRONER
De Kant à Hegel De la critique de la raison à la philosophie de la nature VOLUME1
Traduit de l’allemand par Marc Géraud Préface d’Émile Jalley
3UpIDFHpar Émile Jalley 1. Un livre d’histoire irremplaçable dans la crise postmoderne, 2. Un grand Hégélien persécuté par les nazis, 3. Hegel dépassait Kant mais en l’accomplissant, 4. Le trajet aller-retour complet de l’Idéalisme allemand, 5. Points d’accord et de désaccord, 6. La source des totalitarismes étatiques modernes ? 1. Un livre d’histoire irremplaçable dans la crise postmoderne Il était très important que le livre de Richard Kroner intituléDe Kant à Hegel(Von Kant bis Hegel, 1921-1924) pût enfin être traduit et trouver son accès méri-té au public français. Ceci pour deux raisons conjointes. Tout d’abord parce que ce livre monumental aura été probablement le té-moin le plus remarquable de l’École de l’histoire de la philosophie allemande au XXe siècle. Ensuite parce que la période de l’histoire qu’il concerne, de 1780 à 1820, aura été, avec le moment classique grec du IVe siècle avant J.-C., et peut-être aussi – comme le soutient Alain Badiou –, avec le moment postmoderne fran-çais des années 1940-2000, parmi les plus important dans l’ensemble de l’histoire de la philosophie occidentale. Or ce troisième et dernier moment français est bel et bien derrière nous au-jourd’hui, environ depuis la disparition de Pierre Bourdieu (2000) et Jacques Derrida (2004). Cependant que s’est installé à bas bruit un climat de crise intel-lectuelle, où semble se répercuter et se démultiplier un espace de crise plus large et diversifié, englobant les aspects culturel, scientifique, social, politique, et économique. En ce qui concerne la crise de la philosophie elle-même, c’est autour des l’année 1960 qu’elle se noue d’abord en France pour se mobiliser de façon plus décisive avec la crise de mai 1968. C’est à cette époque que va tomber en désué-tude un héritage à l’achèvement et au bilan duquel avait pris une part essentielle justement cette période Von Kant bis Hegel, dès cent cinquante années plus tôt. Disons-le pour l’essentiel, Kant d’abord, puis Hegel, suivis par ses deux descendants principaux, Marx et enfin Freud, représentent bien, pour l’essentiel, l’aréopage idéologico-philosophique dont le patronage tutélaire a longtemps protégé de son ombre l’ensemble de la culture occidentale, française en particulier. En effet, la période De Kant à Hegel a représenté, de manière complexe, le point d’aboutissement d’une tradition remontant à la Grèce, en même temps que le creuset de parachèvement et de mise au point de cette tradition en vue de son extension à des conquêtes nouvelles – pour l’essentiel ce que l’on a ap-pelé les « sciences humaines », au cours d’une période finale allant des années 1830 aux années 1960.
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Sur ce point, que l’on nous autorise à reprendre les propos que nous avons tenus dans les quatrièmes de couverture de deux de nos ouvrages parus ré-cemment avec pout titreLa crise de la philosophie au XXIe siècle en FranceetLouis Althusser et quelques autres. Hyppolite, Badiou, Lacan, Hegel, Marx, Alain, Wallon. Voici ce que nous disions. Il a existé un paradigme de la démarche dialectique en philosophie, illustré par une succession riche et continue d’auteurs entre Platon et Lacan. Ce para-digme concerne un noyau rationnel de la contradiction formé de trois temps : une double composante statique (structure) et dynamique (mouvement), ainsi que l’articulation de ces deux versants en un produit. Hegel a rendu hommage à Descartes de l’avoir retrouvé à l’aube des temps modernes. Or c’est de ce para-digme de la contradiction dialectique dont la philosophie en France ne semble plus avoir su faire usage dans la période consécutive à 1968. L’usure de ce para-digme d’origine judaïque, grecque, française et germanique aurait alors cédé la place à l’invasion des variantes de l’hyperempirisme anglo-américain. Ce mou-vement aurait été servi en France par l’expansion de l’idéologie structuraliste postérieure aux années 60. Lacan semble le seul parmi ses contemporains à avoir maintenu et enrichi aussi les traits de ce paradigme dialectique par sa dé-marche de pensée, sous forme d’un hyper-modèle transdialectique 2/3/4. Le désenchantement à l’égard du paradigme classique de la dialectique se perçoit de façon significative dans le remarquable panorama qui a été produit de la philosophie française entre 1960 et 2000 par Alain Badiou (2008, 2013). Le déclin de ce paradigme dialectique classique comporte alors le corollaire d’un effacement de l’humanisme européen traditionnel, dont relèvent à la fois la mise en question de la psychanalyse, l’intrusion d’un mode de pensée conve-nant à l’homme cyber-machine, et la nouvelle nosologie biologisante en psy-chiatrie. Reste le paradoxe que le tournant des années 60, représente encore un moment brillant, d’apogée dans le déclin, de la philosophie universitaire et hors-université, marqué par la période de transition de l’existentialisme (1945-1955) au structuralisme (1960-1980), en même temps que le tournant de la disparition progressive de la pensée dialectique sous la pression invasive d’une « pensée-à-droite » (1980) (Terray), avec laquelle va s’installer la crise de la philosophie française au XXIe siècle. Dans les ouvrages cités plus haut, j’avais montré que l’une des attitudes ca-ractéristiques d’un certain nombre des personnalités marquantes de l’époque 1960-1980 avait été, devant l’effondrement en mai 1968 de l’ouverture politique qu’offrait jusqu’alors le paradigme de la dialectique matérialiste-historique, un significatif retour vers Kant, quitte à chevaucher la période ultérieure en ten-dant la main qui vers Nietzsche (Deleuze, Foucault), qui vers Bergson (De-leuze), qui vers Wittgenstein (Lyotard). Cette fermeture de l’espace politique avait déjà provoqué jadis la même attitude de retrait chez un Heidegger vers Kant (Kant et le problème de la métaphysique1929), en même temps que de saut vers un après-Kant du coté de Hölderlin (1930) et de Nietzsche (1932-1946) puis vers un avant-Kant extrême jusque vers les présocratiques (1930).
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Dans la situation particulière où se trouve le public français d’être investi de façon de plus en plus massive par le paradigme exclusif d’un hyperempirisme nord-américain - dans les domaines de la philosophie, de la psychologie, de la médecine, de l’économie - il serait très important de ressaisir à la base cet en-semble des fondations de la grande philosophie critique et romantique, l’apo-gée brillante de notre patrimoine occidental, venu du mariage de la Grèce et de la Chrétienté, et dont a procédé d’abord l’ensemble de la culture européenne -surtout des premières sciences humaines (Marx, Simmel, Freud) -, telle qu’elle s’est maintenue pour l’essentiel jusque dans les années 1945 à 1960. Tel est l’enjeu, de ressourcement avec notre héritage philosophique euro-péen profond, véritable Graal posé à l’orée du XIXe siècle, qui se propose avec cette traduction française de l’important livre de Richard Kroner. De Hegel, qui achève ce que Kant n’avait fait que pressentir, sont sortis Marx puis Freud, dont Big Brother souhaiterait aujourd’hui nous forclore l’accès et l’usage. Mais c’est de l’auteur et de son profil intellectuel particulier qu’il convient d’abord de parler avant d’aborder la question du contenu de son livre. 2. Un grand Hégélien persécuté par les nazis Des renseignements nous sont fournis sur ce sujet par un bref article de Wikipédia, à compléter par les informations plus riches fournies par un autre article venu du Service de Presse et de communication de l’Université de Kiel. Richard Kroner (1884-1974) est un philosophe allemand, qui s’est fait con-naître surtout par son chef-d’œuvreVon Kant bis Hegel(Tübingen 1921/1924), une histoire classique de l’idéalisme allemand rédigée dans une perspective par-ticulière néo-hégélienne proche de l’existentialisme non-français. Kroner, né le 8 mars 1884 à Breslau, étudie après son baccalauréat la phi-losophie et la littérature à Breslau, Berlin et Heidelberg. Il reçoit son diplôme d’Heinrich Rickert, avant d’être admis à l’habilitation, 10 ans plus tard en 1912, à Fribourg. Après la Première Guerre mondiale où il reçoit les Croix de Fer de Deu-xième puis de Première Classe, il retourne à Fribourg où il publie en 1921 le premier volume de son chef-d’œuvre. Puis Kroner, co-fondateur et rédacteur en chef de la revue Logos et président de la Société Hegel, est nommé en 1928 Professeur à Kiel. Kroner, juif de confession chrétienne, peut d’abord rester en poste, après la prise de pouvoir par les nazis, en raison de sa participation à la Première Guerre mondiale, et bien que déclaré juif par la Loi pour la restauration de la Fonction Publique (BBG de 1934). Le 15 janvier 1934 se produit un incident massif : les étudiants sabotent sa conférence en prétextant l’obstacle de ses ascendances raciales. L’administration universitaire diligente une enquête qui restera sans conséquences pour les responsables. Parmi les collègues de Kiel seuls l’économiste Jens Jenssen et le criminologue Hans Von Hentig résistent à ce climat collégial délétère. Puis les étudiants de Kroner adressent un manifeste hostile à Kroner à tous les philosophes importants de l’Allemagne. Seuls Theo-
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