De l enfant à l élève
103 pages
Français

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De l'enfant à l'élève , livre ebook

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Description

L'auteur postule sur le fait que la littérature de jeunesse inscrite dans un flot culturel prenant sa source dans la tradition orale permet de restaurer la capacité imageante très en lien avec la capacité réflexive, base de tout apprentissage. Il a, pour le montrer, organisé des ateliers à visée philosophique à partir d'oeuvres pour la jeunesse et a analysé les interventions des élèves. Les résultats montrent que l'enfant et l'élève se côtoient de façon subtile et qu'on ne peut plus sacrifier l'une de ces dimensions sous peine d'empêcher la seconde d'émerger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 décembre 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336858043
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Savoir et Formation Collection dirigée par Claudine Blanchard-Laville, Nicole Mosconi et Patrick Geffard Collection créée par Jacky Beillerot (1939-2004), Dominique Fablet (1953-2013) et Michel Gault La collectionSavoir et formationchamp de accueille les manuscrits dont le contenu relève du l’éducation et de la formation. Nous serons particu lièrement attentifs aux recherches qui, dans ce champ, s’attachent à considérer les développements concernant lerapport au savoirdes sujets. Les domaines suivants seront privilégiés :genre et éducation,psychanalyse et éducation,éducation familialeetprotection de l’enfance. Comité éditorial : Louis-Marie Bossard, Françoise B réant, Jean Chami, Sigolène Couchot-Schiex, Arnaud Dubois, Séverine Euillet, Chantal Humbert, A ntoine Kattar, Gaël Pasquier, Bernard Pechberty, Anna Rurka, Catherine Yelnik. Dernières parutions François-Xavier BERNARD,Ldesodélis ation es apprentissages collectifs instrumentés. M situations, analyse des interactions, 2018. Louis-Marie BOSSARD (dir.),Clinique d’orientation psychanalytique en éducation et formation. Nouvelles recherches, 2018. Patricia BESSAOUD-ALONSO (dir)L,es dispositifs dans la « recherche avec », Regards croisés en éducation, 2017. Arnaud DUBOIS (dir.),Accompagner les enseignants, Pratiques cliniques groupales, 2017. Nicole MOSCONI (dir.),Jacky Beillerot et les sciences de l’éducation, 2017. Louis-Marie BOSSARD (coord.),Clinique d’orientation psychanalytique. Recherches en éducation et formation, 2017. Antoine KATTAR,érience libanaiseAdolescent dans un environnement incertain, Une exp , 2016. Claude RENOTON,Des adolescentes aux prises avec le genre. Cinq récits, 2016. Jacqueline F ONTAINE,Les étudiantes en médecine à la faculté de M ontpell ier au cours de la Troisième République, 2016.
Julien Ledoux De l’enfant à l’élève Une approche philosophique de la littérature de jeunesse à l’école élémentaire
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr EAN Epub : 978-2-336-85804-3
Laient et sans défaillancessez-vous convaincre ; c’est en faisant méthodiquem l’éducation de la liberté que vous élèverez des êtres libres. pauline Kergomard
Repenser l’école
L’école française est en pleine mutation. En effet, les résultats aux diverses études d’évaluation comparant différentes nations la placent à un rang médiocre si l’on considère les moyens alloués depuis longtemps. Dans ce contexte de remise en cause de l’institution scolaire, de nombreuses questions concernant l’enfant et sa relation à l’école ou aux adultes émergent et gênent les pédagogues qui veulent enseigner, et seulement enseigner. C’est ici la capacité de l’école à instruire qui est remise en cause. Parallèlement, on ne peut pas dire que le bien-être des jeunes élèves français permette de contrebalancer les carences de l’instruction. En effet, une étude sur le climat scolaire éditée par le Ministère de l’Education Nationale montre que les élèves « […] sont 59 % à affirmer qu’ils ont trop de devoirs à faire à la maison et près de 62 % à ne pas apprécier les évaluations. […] 66 % des élèves ont peur d’avoir de mauvaises notes et 64 % ont peur quand leur enseignant met un mot dans le cahier de liaison ou leur carnet de correspondance ; environ 50 % des élèves déclarent avoir peur de se tromper quand ils font des exercices et avoir peur quand l’enseignant parle avec leurs parents. Pour les relations avec leur(s) enseignant(s), 42 % considèrent qu’ils ont du mal à faire respecter les règles de la classe, près de 50 % souhaiteraient qu’il(s) les félicite (nt) davantage et 58 % qu’il(s) explique (nt) davantage les choses difficiles. Enfin, bien que les élèves se sentent globalement en sécurité, 54 % disent avoir peur de se faire voler des affaires 1 dans leur établissement ». Cette dernière étude montre que la capacité de l’école à éduquer et épanouir est également attaquée, ce qui semble remettre sérieusement en cause la possibilité de faire réussir les élèves. Malgré cet état des lieux dégradé, les questions relevant du rôle éducatif et instructif de l’école sont extrêmement importantes à traiter et l’on pourrait même aller jusqu’à dire qu’il s’agit là d’une occasion rare de pouvoir repenser le système scolaire et le transformer, l’état de crise engendrant une remise en question souvent forcée, mais vertueuse. Le problème réside en ceci qu’il s’agit de trouver un point de départ adéquat. Par exemple, démarrer une réflexion sur la pertinence des méthodes d’apprentissage usitées à l’école exclurait trop de paramètres comme la variable humaine, subjective et affective. En outre, chercher à expliquer la crise scolaire par des conditions matérielles dégradées est pertinent selon une certaine approche, mais camouflerait largement d’autres réalités. En effet, on ne peut plus considérer seulement le groupe classe et il devient urgent de repenser l’importance de considérer chaque enfant individuellement dans ce qu’il est et aspire à être. On peut être nombreux dans une classe, mais se sentir reconnu en tant que personne et, inversement, faire partie d’un groupe restreint, mais avoir le sentiment d’être « noyé » dans un groupe classe indifférencié. En tant que professeur des écoles exerçant depuis dix ans dans l’Éducation Nationale et au regard de ce qui vient d’être avancé, nous pensons qu’il est pertinent de partir de l’enfant pour entamer une réflexion fructueuse sur l’école et ses enjeux. En effet, ce point de départ permet d’appréhender l’univers affectif et subjectif de l’enfant qui est lui-même pris dans les tourments d’une crise importante. En effet, on assiste à un délitement des repères qui servaient avant cela de liant social et de base au développement affectif des individus. Comme le note François Richard, le contexte socioculturel actuel se caractérise par une entrée dans la vie sociale adulte de moins en moins assurée et définie, entraînant la menace d’exclusion sociale, la difficulté à concevoir une carrière et 2 une « éternisation de l’adolescence devenue interminable. »À travers ces changements 3 sociétaux et dès l’enfance , c’est toute la structure de la société qui change et qui « brouille » les messages structurants sur lesquels l’enfant doit s’appuyer pour se développer. Ainsi notre modernité se caractériserait par la divulgation d’un discours dit
4 « capitaliste » mis en évidence par Jacques Lacan. Ce discours, pour une large part inconscient, serait un message qui dominerait et guiderait les échanges entre les individus d’une même société, orienterait les investissements d’objets et indiquerait où se situe la loi. Or, de nos jours, ce discours indique à l’individu qu’il peut demander l’impossible, jouir sans entraves, être en droit de demander chaque objet qui lui semble apte à le rendre heureux. Du point de vue de la transmission de la loi, les limites sont floues et il peut être de plus en plus difficile de distinguer ce qui est interdit de ce qui ne l’est pas. Les repères verticaux générationnels sont remis en question, car les aînés deviennent ceux qui prônent un retour au discours qui organisait la société avant et qui prônait une adhésion sans faille (parfois dénuée de sens) à certaines valeurs comme les valeurs religieuses, le patriarcat ou encore l’école. En somme, l’enfant a autour de lui un 5 discours quiexcite sonça. Il se trouve pris dans des injonctions paradoxales d’ordre social, affectif, culturel et symbolique qui entraînent un écroulement du sens de la vie. La littérature de jeunesse, en tant que « baromètre » du social, s’est d’ailleurs elle-même largement transformée depuis son avènement. En effet, alors qu’elle considérait l’enfant comme un être sauvage à éduquer en lui faisant côtoyer une morale pure et généreuse 6 dont il s’[imprègnerait] , elle tend aujourd’hui à dévoiler un véritable « sentiment de 7 l’enfance » qui n’hésite pas à montrer la transgression dont peuvent faire preuve les enfants, mais aussi les difficultés qu’ils rencontrent. Les œuvres pour la jeunesse montrent l’enfance et l’interrogent dans ce qu’elle a d’ambivalent pour essayer de focaliser à nouveau les attentions sur la recherche de sens. Lediscours capitalistea également pénétré l’enceinte de l’institution scolaire et aurait entraîné le développement de l’éducation tournée vers le profit visant prioritairement, 8 selon Martha Nussbaum , à doter les apprenants d’une quantité de capacités et de compétences qui leur permettront d’évoluer dans un monde de concurrence économique mondialisée, sacrifiant la formation de l’être au rendement immédiat. Cette fois-ci, la perte du sens touche l’institution dans son ensemble. Dans ces conditions, comment la repenser ? Il semble urgent de remettre du sens là où il s’est évanoui. Ainsi, il paraît nécessaire de remplacer l’éducation tournée vers le profit quinéantiseindividus par une éducation les pour la démocratie qui demande à ses citoyens participation, ouverture, indépendance d’esprit, qualités qui ne peuvent être obtenues que par l’acquisition de capacités critiques et empathiques et de prise en compte d’autrui. L’école devrait alors être le lieu de la rencontre avec le sens des savoirs. Ces savoirs pourraient s’inscrire dans une véritable 9 « anthropologie » qui ferait comprendre aux élèves que les hommes ont cherché, cherchent et chercheront à comprendre le monde qui les entoure, à y mettre du sens. Les enjeux de telles recommandations trouvent d’ailleurs un écho dans la problématique de perte de sens du point de vue individuel. En effet, ne pas « rattacher » les interrogations de l’enfant postmoderne à l’explication de leur genèse et de leur développement revient à laisser une raison errant sans repères, ce qui provoque l’émergence de l’angoisse. Le risque est alors que le sujet se mette à la recherche de ce temps perdu dont il pressent l’existence, mais qui ne trouve aucun écho dans les univers psychiques, sociaux et culturels qui l’entourent pouvant alors mener au côtoiement d’une frontière dangereuse pour son intégrité physique et psychique. Au contraire, collaborer avec autrui en ayant pour but de s’instituer en humains capables à leur tour de créer de l’humain coïncide avec cette caractéristique moderne de remise en cause des instances verticales tout en rétablissant un sens perdu. Finalement, la perte des repères collectifs permet paradoxalement d’interroger ce qui ne pouvait l’être auparavant. Alors, comment faire pour restaurer ce sentiment d’appartenance qui permettrait à la fois que l’élève 10 apprenne plus intelligemment et à la fois qu’il apaise ses craintes ? 11 En effet apprendre relève d’un désir, un « désir de savoir » et est ainsi étroitement
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