De la transgression
65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

De la transgression , livre ebook

-

65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La loi, civile ou religieuse, fait partie du cadre de stabilité dont nous avons besoin pour exercer notre liberté. Quand ses normes sont compatibles avec la dignité humaine, le droit est notre premier référent. Mais les normes juridiques et morales, si nombreuses, entrent fatalement en conflit. Nous devrons nous en déprendre, mais seulement en raison de valeurs que nous jugeons supérieures. En situation, nous sommes seuls à même de reconnaître nos intentions, nos facultés et nos limites, donc de hiérarchiser les normes qui nous motivent. Notre conscience éclairée devient notre référent ultime. Au risque de la transgression. Ce jugement est fragile mais notre dignité humaine est à ce prix.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 août 2018
Nombre de lectures 7
EAN13 9782806122216
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright






























D/2018/4910/37
EAN Epub : 978-2-806-12221-6

© Academia – L’Harmattan
Grand’Place, 29
B-1348 L OUVAIN-LA -N EUVE

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.


www.editions-academia.be
Titre

Paul Löwenthal








DE LA TRANSGRESSION

LES LOIS ET LA LIBERTÉ








« L’autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté. »
Hannah Arendt
Du même auteur
D U MÊME AUTEUR

Une économie politique . Bruxelles, De Boeck-Université, 1989.
Économie et finances publiques. Bruxelles, De Boeck-Université, [1993] 1996.
Un droit, des morales. Valoriser l’État laïque . Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2008
Ne laissons pas mourir l’Église. Foi chrétienne et identité catholique. Wavre, Mols, 2011.
La liberté, pour quoi faire ? Montréal, Liber, 2011.
Croiser les compétences. Enjeux économiques, politiques, interculturels. Montréal, Liber, 2014.
Quand douter libère . Louvain-la-Neuve, Academia, 2015.
Réinventer des démocraties . Louvain-la-Neuve, Academia, 2017.

D IRECTION D’OUVRAGES COLLECTIFS

L’université catholique aujourd’hui. Liberté et engagements . Louvain-la-Neuve, Academia, 1994.
Religions, morale et philosophie à l’école : comment penser ensemble ? Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2004.

I LLUSTRATIONS DE COUVERTURE

La statue de la liberté qui décore la couverture est revue par Salvador Dali (1972) et se trouve au Château de Vascœuil (Eure, France).
Située dans la baie de New York, la statue originale d’Auguste Bartholdi, La Liberté éclairant le monde, brandit le flambeau de la liberté d’une main, et tient le livre de la loi dans l’autre.
La Victoire de la Liberté de Salvador Dali tient un flambeau dans chaque main, et n’éclaire donc pas un chemin unique. Ce que j’apprécie. Mais je ne tirerai pas argument du fait que Dali ait gommé la loi de l’image…
*
Le tableau d’Adam et Ève dans l’Éden est publié sur le site Adobe Stock sous le nom de The Fall of Man – Original Sin .
Dans la Torah, donc la Bible (Genèse), leur transgression – manger le fruit de l’arbre de la connaissance – les fait chasser du paradis et condamnés à se prendre désormais en charge. Par là, ils accèdent à leur autonomie responsable, donc à la liberté et à leur pleine dignité humaine.
Sommaire
Couverture
4 e de couverture
Copyright
Titre
Du même auteur
Introduction
Titre I LES ENJEUX
Chapitre 1 Qu’est-ce que transgresser ?
Chapitre 2 Tensions et conflits
Loi et liberté de conscience
Le risque communautariste
Des conflits de normes
Chapitre 3 La question-limite : un devoir de transgresser ?
Titre II UNE ÉTHIQUE DE LA TRANSGRESSION
Chapitre 4 Liberté(s)
Morale et éthique
Le principe-responsabilité
Libertés et liberté
La liberté d’expression
Des objections de conscience
Objections de conscience et désobéissance civile
Égalité et diversité
Morale et droit
Chapitre 5 Des discernements en situation
Voir : jusqu’à comprendre
Juger : quand transgresser est-il légitime ?
Le droit et les morales
Agir : La responsabilité comme droit humain
Une liberté de transgresser ?
Chapitre 6 Un devoir personnel de transgresser ?
Transgresser par conviction ou par intérêt
Transgresser par altruisme ou par civisme
Titre III LA TRANSGRESSION EN DROIT ET EN POLITIQUE
Chapitre 7 Le droit
Un cercle herméneutique
Un statut éminent mais fragile
Chapitre 8 Le politique
La préséance du politique
Des institutions
Quels pouvoirs ?
Dominants et dominés : l’économie
Dominants et dominés : les minorités
Une citoyenneté à construire
Chapitre 9 Un devoir politique de transgresser
Pas de politique sans transgression
Titre IV LES RELIGIONS ET LA LAÏCITÉ
Chapitre 10 La religion
Chapitre 11 L’État laïque et les conflits de conscience
Le statut des religions
Des accommodements raisonnables
Chapitre 12 Un devoir philosophique de transgresser ?
Des critères de discernement
Vivre : De la loi à la vie
Assumer : s’exposer ou se taire
ENVOI
Que faire ?
Comment faire ?
Conclure ?
Bibliographie
Introduction
La conviction critique, c’est la conviction de quelqu’un qui n’a pas peur d’avoir des convictions.
Bernard Feltz
Nous avons appris, enfants, qu’il « faut obéir ». Devenus adultes, nous savons que dans certaines situations, désobéir paraît raisonnable, voire nécessaire. Les lois ne prévoient pas toutes les situations possibles, et ceux qui détiennent l’autorité respectent plus volontiers des règles catégoriques que des valeurs aussi incertaines que la dignité des personnes, la démocratie ou la justice sociale.
Obéir, ce n’est pas se soumettre. Obéir ( ob-œdire ), c’est écouter devant 1 , engager sa liberté – mais sans la sacrifier : on peut respecter l’esprit d’une loi sans prendre, si je puis dire, sa lettre à la lettre. Ou devoir trancher entre des normes en conflit en se mettant forcément en porte à faux avec l’une d’elles. Par contre, se soumettre (se mettre sous), c’est aliéner sa liberté, et donc y renoncer. Je vais tenter de discerner dans quelles situations et à quelles conditions nous pouvons, seuls ou en groupe, prendre cette liberté. Car le fait est qu’il y a des circonstances où transgresser se défend, voire même s’indique. Que celui qui n’a jamais eu de bonnes raisons de le faire, me jette la première pierre !
Il est des transgresseurs célèbres et souvent célébrés, qui montrent que sortir de la norme peut être ressenti comme une nécessité, et qu’elle est souvent risquée. Pensons au récit biblique d’Adam et Ève, que leur transgression fit chasser du paradis, mais donc accéder à leur autonomie responsable. Et on ne récusera pas (sans forcément les suivre) la pertinence de la pensée de Jésus Christ ou de Teilhard de Chardin, l’action de de Gaulle, de Gandhi ou de l’abbé Pierre. La leçon des maîtres du soupçon Marx, Nietzsche et Freud. L’influence civilisatrice de Voltaire, Dostoïevski et Camus. L’éveil politique que nous devons à Gandhi, Cohn-Bendit, Walesa, l’abbé Pierre ou Marguerite Barankitse. L’action de de Gaulle et du couple Schuman-Adenauer, de Luther King, Mandela et Tutu. L’intelligence critique du Dalaï-Lama, de Stéphane Hessel ou de Jacques Brel. Le rappel à nos devoirs par des lanceurs d’alerte tels que Julian Assange et Edward Snowden. Certaines des personnalités que je mentionne sont controversées : c’est qu’elles nous posent question, et qu’il serait intellectuellement malhonnête de préjuger des réponses. Ou de n’envisager qu’une seule réponse.
L’idée que des transgressions puissent être légitimes n’est pas neuve. En Occident, cela remonte à la Torah et à Socrate, voici plus de vingt-cinq siècles. Pourtant, nos dirigeants y font peu écho : c’est que cela réduit leur autorité sans diminuer leur responsabilité. C’est inconfortable, et « les autorités responsables » n’aiment donc pas qu’on leur désobéisse, moins encore qu’on en revendique le droit. Et le peuple les suit souvent : dans une société minée par les peurs, tolérer des désobéissances agite le spectre du désordre et de l’incertitude. Forcément, puisque ce qu’il advient de la liberté, seule la liberté peut le dire (Jean Ladrière). Ce n’est pas là un inconvénient de notre condition humaine. C’est au contraire là qu’est notre dignité, car l’alternative est un contrôle total sur ce que chacun fait. Un totalitarisme, donc, que le XX e siècle a prouvé possible et qu’ont mis en scène des écrivains comme Aldous Huxley ( Le meilleur des mondes ), George Orwell ( 1984 ) ou Eugène Ionesco ( Rhinocéros ).
Philosophies et religions proclament notre dignité humaine et notre liberté responsable. Mais l’humanité est complexe et ses ambiguïtés ne se satisfont pas de réponses simples. Transgresser un prescrit légal ou religieux ne le récuse pas forcément en soi, mais il est des situations où une norme supérieure nous convainc de passer outre. Songez à l’assistance &

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents