Des Amazones et des femmes
244 pages
Français

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Des Amazones et des femmes , livre ebook

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244 pages
Français

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Description

En prenant pour objet l'usage que les femmes ont pu faire du mythe grec des Amazones, mythe dont les hommes sont les auteurs, ce livre donne à découvrir des textes littéraires et théoriques qui enrichissent la pratique philosophique. Il montre que la question amazonienne outrepasse celle des sexes et qu'elle implique une réflexion ouverte c'est-à-dire libérée des représentations tant anciennes que modernes. Cette réflexion sur de mythiques célibataires dont les amours nous échappent pare-t-elle à l'image épouvantable d'Amazones belliqueuses et tueuses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 272
EAN13 9782296246089
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DES AMAZONES ET DES FEMMES
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions

Nathalie GENDROT, L’autobiographie et le mythe chez Casanova et Kierkegaard , 2009.
Louis-José LESTOCART, L’intelligible connaissance esthétique , 2010.
Salvatore GRANDONE, Mallarmé . Phénoménologie du non-sens , 2009.
Jean REAIDY, Michel Henry, la passion de naître. Méditations phénoménologiques sur la naissance , 2009.
Dominique NDEH, Dieu et le savoir selon Schleiermacher , 2009.
Mariapaola FIMIANI, Érotique et rhétorique. Foucault et la lutte pour la reconnaissance , 2009.
Jean-Pierre Emmanuel JOUARD, La leçon de Socrate (définition de l’homme) , 2009.
François URVOY, Expérience et dogmatique empiriste (I) , 2009.
François URVOY, Dire le monde (II), 2009.
François URVOY, Science et ontologie (III), 2009.
François URVOY, Constitution de l’humain dans l’homme (IV), 2009.
Cécile Voisset-Veysseyre


DES AMAZONES ET DES FEMMES


L’Harmattan
Du même auteur :


Hobbes philosophe redoutable ? Des amazones et des hommes, ou le contrat selon Hobbes , L’Harmattan, 2008.

Les amazones font la guerre , L’Harmattan, 2009.


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10832-5
EAN : 9782296108325

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À la mémoire d’Aline Thévenin épouse Martin.
UN DIFFÉREND : LES AMAZONES
« C’est l’enjeu d’une littérature, d’une philosophie, peut-être d’une politique, de témoigner des différends en leur trouvant des idiomes. » {1}


Les femmes n’ont pas attendu le XX e siècle pour s’intéresser au mythe grec des Amazones c’est-à-dire à ce que les hommes racontaient de guerrières vivant entre elles, autrement dit sans eux. Cet intérêt occasionnait des querelles mettant aux prises une minorité avec la majorité d’entre elles tout autant qu’avec les hommes très opposés à des femmes faisant la guerre de peur – peut-être – qu’elles la fissent contre eux ; car les mythiques Amazones font figure de guerre, la figure amazonienne étant la figure d’une guerre généralisée et infinitisée par un discours surchargé de commentaires à l’identique : des tueuses, des castratrices, etc. Parce que leur mythe renvoie un discours d’épouvante qui dissuade les femmes de mener une vie autonome et afin de contrer cette peur, il fallait réfléchir sur notre rapport à une tradition dominante et poser la question filiale depuis un héritage qui nous fige ; nous en empruntons les termes à Jacques Derrida, pour leur provocation : « nous sommes encore des Grecs, certes, mais peut-être d’autres Grecs » {2} . Sur la possibilité et l’impossibilité de ne plus être Grecs, il nous faut prendre parti : engager l’avenir sans répéter le passé et prendre cet héritage sans la dette c’est-à-dire ne plus penser la ou le politique selon cette configuration modèle dont la Cité ( pólis ) ou l’État reste le centre. Cela commence par une lecture du cheminement international des idées via un mythe renaissant au Nouveau Monde, un mythe ancien et moderne s’étendant depuis un continent à un autre selon un schéma qui oppose deux terres continentales par reproduction d’une binarité déclinable à volonté : antiquité/modernité, masculin/féminin, vrai/faux, Europe/États-Unis, France/Amérique, nous/eux, etc. À l’heure où il est possible de croire aussi que nous soyons d’autres Américains, il se peut que nous nous fourvoyons encore dans une odyssée ramenant au bercail c’est-à-dire à ce qui nous est le plus familier : la guerre. Il est d’ailleurs significatif que l’amazonat – l’état amazonien – soit thématiquement associé à des figures féminines de la radicalité qu’une Amérique marginalise, à des contemporaines soucieuses de prendre de l’avance pour les femmes et se représentant elles-mêmes comme des Amazones c’est-à-dire comme des êtres en mouvement voire en devenir ; tournant le dos à « leur légende, cette perpétuelle reculade » {3} comme l’écrivit Pierre Devambez pour dire que les fameuses guerrières relevaient anciennement d’un mythe les indiquant toujours plus vers un Orient improbable c’est-à-dire inatteignable, la lecture constate que c’est en extrême Occident que l’amazonat se laisse penser jusqu’aujourd’hui c’est-à-dire là où s’est posée la question de réaliser une collectivité nouvelle qui réponde de cette définition : « L’Amazone est une femme vivant en groupes, mythe d’un lien féminin. » {4} Mais que les femmes prennent la parole ne signifie pas nécessairement qu’elles disent quelque chose d’absolument différent ce que disent les hommes c’est-à-dire qu’elles ne soient pas liées par ce vieux texte qu’est le mythe. Un différend naît ainsi qui prend l’allure d’une division passant au sein d’un même sexe selon le degré d’attache au récit – mythe – fondateur, selon une ligne de partage qui donne à voir un féminin déchiré. C’est dire que de l’étalon mâle – l’homme – référent du mythe selon une représentation normant les relations de sexes – à la femme qu’il cavale jusqu’à la jument amazonienne, le lien se distend mais ne rompt pas forcément.
Introduire à une libre lecture du mythe des Amazones, à une lecture qui désarçonne un modèle de vie politique pour faire sauter les repères de son texte et libérer le champ politique, consiste pour lors à se débarrasser de termes connotés comme celui de « féministe ». Désignation d’un groupe-repoussoir dont certaines se sont démarquées jusqu’à s’outer comme non-lesbiennes pour signifier aux hommes qu’elles aiment les hommes, ce terme n’est pas proprement impliqué par le modèle amazonien qui se passe de celui de « femme » ; ce serait autrement supposer que la question amazonienne soit une question de femmes. De fait, l’amazonat n’est pas concevable dans certains systèmes de pensée féministe comme il l’est dans d’autres qui ne se réclameraient pas de lui ; ainsi, il est d’abord pensable selon le point de vue universalisé du genre féminin puis selon un point de vue se situant au-delà du genre en tant que position combattant la langue patriarcale qui force la production désirante à s’encoder de peur de fourcher. Le projet d’une lecture du mythe qui soit distante de son idéologie implique celui de disposer par l’écriture d’une langue faisant d’ordinaire la loi, étant posé que le différend n’est pas la guerre ; celle-ci se déclare ou pas selon une volonté plus ou moins avérée, tandis que celui-là s’exprime ou non selon les conditions de possibilité ou d’impossibilité tenant à la langue dans laquelle nous parlons et dont la mise à disposition est problématique pour pouvoir dire autre chose que ce qui est convenu c’est-à-dire autorisé. Pour cette raison, une appropriation par la lecture place d’entrée les Amazones hors genre ; elle récuse d’emblée toute forme de classement à l’aide de catégories préformées par des études – de genre(s), gender studies – sévissant à l’intérieur d’un champ tout tracé pour une lecture périmétrée c’est-à-dire de l’intérieur d’une langue qui les tient en respect, perpétuant malentendus et reproduisant les conservatismes qui empêchent ce différend de s’exprimer. Cette lecture en grand du mythe supposait qu’on fît le tour de ce qui n’est

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