DIVISION ET MÉTHODES DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE : PHYSIQUE, MATHÉMATIQUE ET MÉTAPHYSIQUE
146 pages
Français

DIVISION ET MÉTHODES DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE : PHYSIQUE, MATHÉMATIQUE ET MÉTAPHYSIQUE , livre ebook

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146 pages
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Description

Qu'est-ce qui distingue la physique, la mathématique et la métaphysique et les rendrait légitimes dans leur ordre propre ? Dans ce petit traité sur la division de la science spéculative et ses différents modes, Thomas distingue physique, mathématique et logique, selon les trois opérations logiques : appréhension, jugement et raisonnement. La physique est abstraction d'un universel selon la matière sensible. La mathématique est abstraction d'une forme selon la matière intelligible. Et la métaphysique est séparation, dans un jugement sur l'être purement intellectuel.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2002
Nombre de lectures 316
EAN13 9782296289567
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Division et méthodes
de la science spéculative:
physique, mathématique et métaphysiqueCollection Ouverture philosophique
dirigée par Dominique Chateau et Bruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux
originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques.
Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions
qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y
confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique; elle
est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils
soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines,
sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes
astronomiques.
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et introduction, 2002.
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« Tocquevillienne » de Nietzsche, 2002.
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2002.
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2002.
Laurent JULLIER, Cinéma et cognition, 2002.
François-Xavier AJAVON, L'eugénisme de Platon, 2002.
Alfredo GOMEZ-MULLER, Du bonheur comme question éthique, 2002.
Dominique LE TELLIER, la question du hasard dans l'évolution,2002.
Th. BEDORF, S. A. B. BLANK (Eds.), En deçà du principe de sujet /
Diesseits des Subjektprinzips, 2002.
Dominique LETELLIER, La question du hasard dans l'évolution, la
philosophie à l'épreuve de la biologie, 2002.
Miklos VETO, Le fondement selon Schelling, 2002.
@
L'Harmattan, 2002
ISBN: 2-7475-2533-3THOMAS D'AQUIN
Division et méthodes
de la science spéculative.
physique, mathématique et métaphysique
Introduction, traduction et notes
de L'expositio super librum Boethii de Trinitate q. V- VI
par Bertrand SOUCHARD
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
.
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
Hongrie75005 Paris - France 1026 Budapest 10214 Torino Italie- -INTRODUCTION
Une pluralité méthodologique du savoir
Pour Thomas d'Aquin, le savoir est pluriel. Cette
pluralité intellectuelle s'exprime par une diversité de méthodes. Le
physicien ne procède pas comme le mathématicien, qui
procède lui-même différemment du métaphysicien. "Commettent
une erreur ceux qui s'efforcent de procéder de manière
uniforme dans ces trois parties de la science spéculative. "1 Cette
diversité, Thomas veut l'expliciter dans ce petit traité
d'épistémologie qu'est L'expositio super librum Boethii de Trinitate
q. V-VI.
Pourtant, l'idée qu'il faille distinguer physique,
mathématique et métaphysique, n'est pas nouvelle. Et elle aura une
postérité bien au-delà de l'Aquinate. Quelle serait dès lors la
spécificité de ce texte dans l'histoire de la philosophie? Pour
en saisir l'originalité évoquons très brièvement Aristote et
Platon.
Le maître de l'Académie est le premier à manifester une
diversité du savoir spéculatif. Pour Platon, les mathématiques
sont un savoir intermédiaire2. Il y aurait un ordre de
croissance à la fois gnoséologique et ontologique de la
« physique» jusqu'à la «métaphysique» via les
ma1 Question VI, a.2, fin de la réponse
2pLATON, République, VI, 511 d «Ce nom de discursion, tu le donnes, je crois à
la manière de penser propre aux géomètres et à leurs pareils, au lieu de l'appeler
intellection, dans l'idée que la discursion est quelque chose d'intennédiaire entre
l'opinion et la pure intellection».
5thématiques. Ou pour parler selon le vocabulaire de Platon, il
s'agit d'aller de l'opinion qui reste dans le sensible jusqu'à
l'intelligible, par l'intermédiaire de «l'image de la réalité ».
Pour aller jusqu'à la dialectique qui a la primauté, il faudra
passer nécessairement par les mathématiques, moyen de
s'arracher au sensible. Dans l'ordre d'importance, nous aurions
1- La dialectique 2-- Les mathématiques 3-- L'opinion
sensible. Dans cette perspective, les mathématiques ont une place
privilégiée. Et de l'une à l'autre, on semble bien s'élever vers
un savoir de plus en plus véritable. Les mathématiques
dépassent l'opinion sensible, comme la dialectique dépasse les
mathématiques.
Si le savoir a pour exemplaire les mathématiques, c'est
peut-être parce que l'âme elle même et le monde physique ont
une structure mathématique. L'âme est un tout, fait de parties,
non atomisées, mais en proportions. Fractions, rapports et
intervalles constituent l'âme.3 Et les corps premiers ont aussi
une structure mathématique.4 Si nous avons bien les bases
d'une physico-mathématique chez Platon, les mathématiques
ont aussi leur importance pour comprendre les rapports entre
les dirigeants, les soldats et les travailleurs. Le modèle de
l'égalité géométrique (2/3=4/6=8/12) est nécessaire pour
comprendre la structure de la cité. La société est aussi
organisée mathématiquement.
Est-ce à dire, que les mathématiques s'identifient à la
philosophie, purement et simplement? Évidemment non,
mais elles sont une propédeutique nécessaire permettant de
dépasser l'opinion avant d'atteindre la vérité qui est
dialecti3 Cf. PLATON, Timée, 35 b-36 b, Gallimard, Pléiade, Traduction Robin, II, p.
450, 1950.
4 Cf.PLATON, Timée, 53 d, Gallimard, Pléiade, Traduction Robin, II, p. 474,
1950.
6que. Les mathématiques ont le mérite selon Platon de nous
aider à mourir au sensible pour accéder à l'intelligible. «Ce
nom de discursion, tu le donnes, je crois à la manière de
penser propre aux géomètres et à leurs pareils, au lieu de l'appeler
intellection, dans l'idée que la discursion est quelque chose
d'intermédiaire entre l'opinion et la pure intellection. »5 Et si
au livre VI de La République les mathématiques semblent
faire partie intégrante de la science alors qu'au livre VII, elles
semblent n'être plus qu' « image de rêve» du réel, elles
restent pourtant un intermédiaire et une propédeutique
indispensable à l'activité du philosophe. «Tout ce qui a rapport au
calcul, à la géométrie, à toute cette instruction préalable dont
il est nécessaire qu'on ait été instruit préalablement à l'étude
de la dialectique. »6
À telle enseigne, dans le sens originel du terme, que le
maître de l'Académie aurait apposé l'interdiction: «Que nul
n'entre ici s'il n'est géomètre! » Il reste que seule la
dialectique atteint l'essence ou l'être des choses en dépassant l'image
ou le reflet des réalités que donnent les mathématiques. Elle
seule aussi questionne les hypothèses. Elle va jusqu'au bout
dans la quête du fondement. «Ces sciences laissent intactes
les hypothèses dont elles se servent, faute de pouvoir en
donner raison. »7 Si les mathématiques sont nécessaires, elles
demeurent insuffisantes. Elles doivent remettre leur butin, aux
dialecticiens. «Les géomètres, les astronomes, les calculateurs
5 PLATON, République, VI, 511 d, Gallimard, Pléiade, Traduction Robin, I, p.
1101, 1950.
6 PLATON, République, VII, 536 d, Gallimard, Pléiade, Traduction Robin, I, p.
1132, 1950.
7 PLATON, République, 533 c, Gallimard, Pléiade, Traduction Robin, I, p.1128,
1950.
7confient aux dialecticiens le soin d'utiliser leurs
trouvailles. »8 Platon est comme un méta-mathématicien.
Aristote lui est méta-physicien. Une triple distinction
demeure. Mais l'ordre s'inverse. Les mathématiques sont un
savoir ne remportant que la médaille de bronze sur le podium
de la connaissance théo

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