Du féminisme dans l oeuvre de Michel Foucault
270 pages
Français

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Du féminisme dans l'oeuvre de Michel Foucault , livre ebook

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Français

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Description

"Le sexe, disait Foucault, ça s'administre, la sexualité, ça se subit ; quant à la sensualité, elle est chaque jour à inventer." L'auteur a voulu rouvrir le dossier, emprunter les chemins qu'il a tracés en 1976 en écrivant son Histoire de la sexualité, qui est l'histoire des discours sur la sexualité, eux-mêmes histoire des corps investis par le pouvoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 26
EAN13 9782336363059
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Danièle Sastre






Du féminisme dans l’œuvre
de Michel Foucault

À demain le bon sexe



Essai
Du même auteur
Cahiers de vie – Laurent Terzieff, Paris, Gallimard, 2011.
La réponse de l’oiseau, Paris, L’Harmattan, 2013.
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71316-8
Citation

Je courrais d’un bout du monde à l’autre chercher un bon an de tranquillité plaisante et enjouée, moi qui n’ai d’autre fin que vivre et me réjouir. S’il y a quelque personne, quelque bonne compagnie aux champs, en la ville, à qui mes humeurs soient bonnes, de qui les humeurs me soient bonnes, il n’est que de siffler en paume, je leur irai fournir des essais en chair et en os.

Montaigne, Essais III (1588)

Bienheureux es-tu, Lecteur, si tu n’es pas d’un sexe qu’on ait interdit de tous les biens, l’interdisant de la liberté, et encore interdit de toutes les vertus, lui soustrayant le pouvoir, en la modération de l’usage duquel elles se forment ; afin de lui constituer pour vertu la seule béatitude, ignorer et souffrir.

Marie de Gournay, Œuvres complètes (1595)
Avant-propos
Qu’importe qui parle, quelqu’un a dit qu’importe qui parle. - Samuel Beckett

Quand mon père est mort, mon mari à traversé toute la France pour me rejoindre dans la maison de mes parents. Les obsèques ont eu lieu. J’étais triste à en mourir. Mon père me laissait à la merci de cette femme imprévisible et froide, ma mère, qui ne l’avait jamais compris ni n’avait accepté leurs deux filles. Le soir, quand nous nous sommes couchés dans ma chambre de jeune fille, Rémy a voulu que nous fassions l’amour. Je ne sais pas pourquoi. Je lui ai dit "tu crois vraiment que j’ai la tête à ça ?". Il a eu l’air étonné. Et j’ai pensé que depuis tout ce temps que nous vivions ensemble, je ne le connaissais pas et qu’il ne me connaissait pas non plus. Nous étions deux étrangers. Ce qu’il m’aurait fallu, si tant est qu’il me fallait quelque chose dans ces circonstances, c’eût été qu’il me prenne dans ses bras sans rien dire, car il n’y avait rien à dire, et que nous finissions par nous endormir comme deux orphelins qui savent seulement qu’il ne leur reste plus qu’une chose : être deux, avoir la force que donne le fait d’être deux. Ma mère, en pleine crise, surtout depuis que ma sœur avait annoncé son départ prochain pour les États-Unis, allait, j’en étais sûre, se défouler sur moi. Elle me piétine. Elle est délicieuse, charmante, attentive avec les autres, et irrespectueuse et écrasante avec son aînée... Ma mère est très virile. Mon père va me manquer, il me manque déjà, et je n’aurai plus personne pour m’aider dans le quotidien. C’est dur d’être orpheline.

Rémy, lui, n’était pas orphelin, il avait encore ses deux parents. Il ne savait pas ce que ça fait. Ne pouvait pas savoir. Il avait dû imaginer l’espace d’un instant que maintenant que son père à elle n’était plus là, il aurait plus de place, ou alors qu’il y avait une place à prendre, que son épouse était devenue enfin une vraie femme, une femme toujours prête et toujours là pour son mari. À jamais disponible pour lui. Et pour les enfants. Mais ils passaient quand même en second. Une femme capable de reproduire le comportement des femmes depuis des lustres : servir son homme. Ne plus penser à rien d’autre que s’acquitter de cette belle et noble tâche. Il n’avait pas daigné réfléchir sur le refus qu’elle venait de lui opposer dans l’instant, curieusement ne l’avait pas du tout compris, s’en était trouvé comme étonné, s’était dit bon, on verra, j’ai tenté ma chance, ce sera pour la prochaine fois et une fois de plus néanmoins, il s’était senti frustré. Madame Non était encore là dans la petite fille qui pleurait silencieusement son père, et ce n’était pas de si tôt qu’elle s’absenterait. Il avait tenté sa chance car il ne savait pas quoi faire d’autre aux femmes que l’amour - les "honorer" comme il disait pour faire bien, les "baiser" comme elle, elle pensait, plus prosaïquement. Mais il n’aimait pas les mots grossiers. Il préférait sans doute se dire qu’il avait essayé de la rejoindre par ce moyen-là dans son chagrin, ou un truc comme ça. Parce qu’il ne savait pas trop parler ni trouver les mots. Baiser , l’acte, c’était assez simple. Quel plaisir cherchait-il à obtenir en de pareils moments ? Il ne le savait pas lui-même. En compulsif de la vie domestique (c’était lui dans le couple qui jouait ce rôle-là), il ne pouvait s’empêcher de faire pression et, faisant de chaque moment un temps coupé du reste, de montrer son impatience à plier l’autre. Il avait un tel comportement victimaire qu’il se persuadait assez facilement que son plaisir à lui comptait peu, que c’était celui qu’il procurait à sa partenaire qui passait avant tout autre chose et qui lui donnait, à lui, force et raison de vivre. Mais quand on lui refusait, même momentanément, d’exprimer ce qu’il voyait comme son désir de faire du bien à l’autre, une "bonne action" en quelque sorte, il sentait en lui naître une sorte de colère, un sentiment d’impuissance provoquant en lui une sorte d’agressivité qui lui faisait considérer avec véhémence les femmes en général, mais avant tout la sienne : "Mais qu’est-ce qu’elles veulent à la fin ?"

À quel besoin, si l’on voulait se poser la question en termes de besoins, cherchait-il à cet instant à répondre en y mettant fin par la satisfaction, même si, de satisfaction (encore moins de plaisir), ce jour-là et dans ces conditions, il n’y avait guère de chances qu’il y eût ? Comment pouvait-il penser ainsi pouvoir se rapprocher de sa femme ? Se mettre à imaginer que c’était de cela dont elle avait besoin, ou envie quelque part, même si, comme d’habitude, elle ne pouvait ni le reconnaître, ni l’admettre. Il croyait la connaître-il en était sûr ! - et cherchait seulement à la comprendre en tant qu’objet de son désir indéfinissable qu’il voulait à tout prix similaire au sien, ou du moins lui correspondant. "Faire l’amour tous les jours", ce n’étaient que des mots, des mots qu’il aimait prononcer, la chose de son fantasme masculin qu’il avait bien l’intention - il en avait le droit - de réclamer si elle ne la lui donnait pas spontanément. Si elle l’avait exaucé, ce fantasme - mais c’était impossible - la zone d’ombre du désir, la part du manque, lui aurait sans doute probablement fait défaut. N’empêche, qu’elle le prive par son refus de la nécessaire évacuation du trop plein de sa semence d’homme jeune et, se pensait-il, fougueux, le rendait bourru souvent et découragé, sans plus de raison. Il préférait alors se dire platement, et le lui signifier à toutes occasions (c’était un mensonge qui n’engageait à rien), qu’il était toujours prêt et disposé (mais seulement pour ça) à baiser. Il aimait mettre en avant cette disponibilité fictive qui lui donnait le beau rôle et face à laquelle par ses refus, elle se plaçait en position de piètre interprète sur la scène du théâtre amoureux. Aucun empêchement momentané pour lui n’avait de sens : ni les règles, ni la grippe, ni un souci familial - pas même un deuil - ou une contrariété de n’importe quel type qui aurait pu faire se tapir dans l’ombre le désir, le mettre en veilleuse. Pour lui, baiser était le facteur anti-stress le plus efficace ; il ne pouvait (ni ne voulait) imaginer qu’il en soit autrement pour elle. Ne proposait que ce remède-là, en toutes circonstances et contre toute difficulté. Il était rendu sourd à toute autre requête ou attente par un désir entêté auquel avec le temps, sans vouloir y renoncer ou en changer l’objet, il était devenu plus esclave que maître.

Des raisons impérieuses de devoir au masculin - une sorte d’obligation suprême - le commandaient, et la femme ( sa femme, car il n’en avait pas d’autres) devait aussi se soumettre à ce diktat. Cette contrainte supérieure barrait en lui la route au plaisir. Le plus souvent, il ratait la rencontre pour

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