Effondrer la surface

Isabelle Herbet

Description

Cet ouvrage porte sur ce que recouvre la surface picturale contemporaine. Il propose une typologie de la surface picturale en repérant ce qui en fait la complexité : son feuilletage, une forme d'épaisseur qui s'éloigne de l'héritage perspectif de la profondeur. Les procès analysés sont ceux d'artistes « fétiches » pour lesquels la surface se construit de manière contradictoire avec des effets de perception où l'incertain, le précaire, l'imminence d'un écroulement de la vision comme du sens s'instaurent durablement. Le doute en peinture fait équipage avec un outre-monde de plis, de pans, d'enfoncements duquel émerge le regard faisant l'expérience de l'aura, glissant entre des traces auratiques où corps, fond, arrière-fond et avant-corps se mêlent.

Sujets

• Arts
• Philosophie et théologie
• Beaux arts
• Esthétique
• Peinture
• Philosophie
• Dessin

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 30 octobre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140133800
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

EFFONDRER LA SURFACE Isabelle Herbet
EFFONDRER Efondrer la surface est né à l’origine de préoccupations d’élucidation
de ce que recouvre la surface picturale contemporaine, celle des
cinquante dernières années. La pérégrination que retrace ce livre, sans LA SURFACE
être exhaustive ni même chronologique, propose une typologie de la
surface picturale en repérant ce qui en fait la complexité : son feuilletage, ARTS VIVANTS
une forme d’épaisseur qui s’éloigne de l’héritage perspectif de la La poussée des regards
profondeur. Les procès analysés sont ceux d’artistes « fétiches » pour dans la peinture
lesquels, souvent, la surface se construit de manière contradictoire avec
des efets de perception où l’incertain, le précaire, l’imminence d’un
écroulement de la vision comme du sens s’instaurent durablement.
Le doute en peinture fait équipage avec un outre-monde de plis, de
pans, d’enfoncements duquel émerge le regard faisant l’expérience de
l’aura, glissant entre des traces auratiques où corps, fond, arrière-fond
et avant-corps se mêlent.
Isabelle Herbet a été illustratrice, puis professeure agrégée d’arts plastiques
avant de devenir cadre de l’Éducation nationale dans l’académie de Lille. Ce livre
est le fruit d’une thèse dirigée par Eric Bonnet, professeur d’université de Paris 8.
En couverture : Gérard Duchêne, série
Réalités précaires, 1996, 17x10,5 cm environ,
© collection Anne et Florence Duchêne.
OUVERTURE
ISBN : 978-2-343-18481-4
PHILOSOPHIQUE23,50 €
ARTS VIVANTS
Isabelle Herbet
EFFONDRER LA SURFACE










Effondrer la surface





Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud, Bruno Péquignot et Bruno Trentini

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des
travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des
réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels »
ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une
discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux
qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de
philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou
naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions


François POCHON WESOLEK, La fonction de l’art selon
Nietzsche et Freud, 2019.
Dominique CHATEAU, Une esthétique japonaise, L’art et le
goût en mode flottant, 2019.
Christian MARTIN, De l'amour imaginaire à la plénitude du
manque, 2019
Paul DUBOUCHET, Brève philosophie de la Constitution. De
Cicéron à René Girard. Analyse et psychanalyse des systèmes
constitutionnels, 2019.
Nikos FOUFAS, Le travail, la reconnaissance, la servitude et
les impasses de la maîtrise chez Hegel, 2019.
Nguyen DANG TRUC, La pensée tragique. Le prométhée
enchaîné d’Eschyle, 2019., 2019.
Nguyen DANG TRUC, Du sens de l’humanité. L’Œdipe-Roi de
Sophocle, 2019.
Julius BROWN JR, Les racines philosophiques et bibliques du
corps chez Spinoza, 2019.
Angba Martin AMON, La philosophie du droit, 2019.
Guillaume WAGNER, Monde de la vie : ego et communauté,
2019.


Isabelle Herbet
















Effondrer la surface

La poussée des regards dans la peinture

















































































Du même auteur :

« Photographie des frontières et des déplacements, Anna
Malagrida » in Géoartistique & géopolitique, frontières,
sous la direction de François Soulages, L’Harmattan,
collection Local & global, 2013 ;

« Faire archive : la mémoire déposée contre la mémoire
érigée » in Archives rêvées, mémoires de peintres, sous la
direction de Céline Lubac, Marcel Lubac et Éric Bonnet,
Presses universitaires de Vincennes, collection
Esthétiques, hors cadre, mai 2019.

Préface de Lisibles et illisibles, catalogue raisonné des
livres de Gérard Duchêne (1944-2014), rédaction
d’AnneMarie Poncet, Méridianes, Montpellier, novembre 2018.






































































































© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-18481-4
EAN : 9782343184814
À BrunoAVANT-PROPOS
C’est à la lecture de Devant l’image de Georges
DidiHuberman, dans lequel l’auteur affirme sa philosophie du
pan, que j’ai ressenti ce pincement particulier qui signale
une connivence de points de vue. Le pan serait cette
surface instable prête à s’écrouler, dont la caractéristique
est de faire vaciller la raison et emporte avec elle tout
savoir du regard. Dès lors a découlé l’intuition d’un
effondrement de la surface, faisant jouer les notions qui y
1sont associées, entre peindre et dé-peindre , entre
2 3écroulement et aveuglement . Ainsi, je suis partie de
l’idée d’un fondement métaphorique de la peinture lié à
l’agriculture comme surface se désagrégeant par son fond,
comme un affaissement de terrain dans lequel la faille, le
manque, constituent le centre même de la surface
picturale. La métaphore a imperceptiblement filé vers le
corps animal grâce à l’étymologie du verbe «  effondrer »
edans Littré. Au XIV siècle, il s’applique au geste
culinaire de vider un animal, une volaille. Si la métaphore
géologique nous entraîne dans le lent travail de fond du
peintre qui trace les sillons, la métaphore culinaire nous
pousse plutôt à considérer les jus, sauces, macérations,
secrets de fabrication du corps de la peinture. Ce corps qui
s’effondre sous nos yeux, objet de sidération chez Georges
Didi-Huberman, l’œuvre est aussi le regard qui la crée –
objet de fascination chez Maurice Blanchot. Corps
appartenant au milieu indéterminé de la fascination dont la
profondeur illimitée fait s’effondrer l’objet, s’éloignant de
4son sens, dans son image . La faille fondatrice de la
1 Didi-Huberman, Georges, Devant l’image, Éditions de Minuit, 1990, p.
281.
2 Ibidem, p. 293.
3 Ib. p. 294.
4 Blanchot, Maurice, L’espace littéraire, Gallimard, 1955, Folio/essais,
2007, pp. 29-30.
9 surface picturale provoque un état transitoire de la
peinture dans lequel le fragment démultiplie l’épaisseur de
la surface, en déplie l’extension latérale, suggérant un
dépassement de ses limites. Le fragmentaire semble
constituer la nature même de l’effondrement, la chute
brutale du motif de la peinture. Plus d’histoire, plus de
représentation, seulement un corps, objet pictural dont,
selon Christian Bonnefoi, la «  texture ne jouera plus que
5comme poussée du dessous  » . Texture dont le sens est
repoussé vers le fond, mais dont la pulsion érige un regard
spécifique : fait d’«  attention en éveil et de d&#