Et si l Afrique était malade de ces intellectuels ?
133 pages
Français

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Et si l'Afrique était malade de ces intellectuels ? , livre ebook

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Description

Pourquoi les intellectuels, si prompts à se retrouver dans des ouvrages collectifs contre le discours de Dakar, ne se mobilisent pas autant face aux tragédies qui se déroulent à leurs portes, à l'instar du Darfour, des récentes émeutes racistes en Afrique du Sud ? Pourquoi pas autant d'ouvrages de prospective sur l'avenir de la présence chinoise en Afrique ? L'auteur confirme la nécessité, pour les jeunes générations, de porter sur les réalités africaines actuelles un regard lucide, de s'armer de volonté et d'imagination pour imprimer un autre cours au devenir du continent africain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 234
EAN13 9782296922686
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Et si l’Afrique était malade de "ces" intellectuels ?


Contre-vérités sur le discours fondateur de Dakar
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-06537-6
EAN : 9782296065376

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
André Julien Mbem


Et si l’Afrique était malade de "ces" intellectuels ?

Contre-vérités sur le discours fondateur de Dakar
Du même auteur


Mythes et réalités de l’identité culturelle africaine, L’Harmattan, 2006, 176p.

La quête de l’universel dans la littérature africaine. De Léopold Sédar Senghor à Ben Okri, L’Harmattan, 2007, 99P.

L’Afrique au cœur de l’Europe. Quel projet pour le Nouveau Monde qui vient ?, L’Harmattan, 2007, 138p.

Nicolas Sarkozy A Dakar. Débats et enjeux autour d’un discours, L’Harmattan, 2008, 112p.


Guide des diasporas africaines de France et du codéveloppement, L’Harmattan, 2008, 204p.
Avant-propos
Je fais mienne cette réflexion du philosophe béninois Paulin Joachim Houtoundji sur les obstacles au développement de l’Afrique :

« (…) quels sont les principaux obstacles au développement ? Sont-ils purement économiques, politiques, culturels, psychologiques, ou tout cela à la fois ? Les obstacles, a priori, sont de plusieurs ordres. Mais les constats ci-dessus appellent l’attention sur un obstacle trop souvent méconnu : l’absence de pensée, la passivité intellectuelle dont l’effet est de suivre, de manière opportuniste, les modes idéologiques changeantes. (…) J’insiste donc sur le rôle des intellectuels et des cadres, ou plus exactement sur leur responsabilité. » {1}

Auteur de la toute première contribution éditoriale sur le discours de Dakar et ses enjeux, je ne pouvais regarder longtemps sans réagir le bal des arguments qui, pour la plupart, affichent la docte prétention d’enseigner au monde la véritable histoire de l’Afrique. Je ne pouvais regarder sans réagir la démission de quelques intellectuels populistes qui frémissent à l’idée de penser à contre-courant des masses, ou de remettre en question ses archaïsmes, lors même qu’ils l’enliseraient dans les marais du sous-développement et ce, au nom d’une « tradition », d’une mythique « identité culturelle » africaine, ou de « l’amitié » à une Afrique misérable qu’il ne faut surtout pas accabler. Je ne pouvais regarder sans réagir ces universitaires à l’affût des critiques louangeuses d’une presse racoleuse ou des acclamations des salles de conférence et des amphithéâtres. Je ne pouvais regarder sans réagir celles et ceux qui passent pour des maîtres de science mais débattent moins du statut épistémologique des arguments que du statut de celui qui les exprime ; je ne pouvais regarder sans réagir un débat nécessaire sur l’avenir de deux continents aux intérêts de plus en plus croisés mais qui, hélas, a très vite pris les allures d’un procès en inquisition comme c’est de plus en plus le cas en Afrique, lorsque s’élève un discours iconoclaste qui nomme sans détour les propres responsabilités des filles et fils de ce continent dans la spirale infernale de leurs malheurs.

La réflexion que je mène depuis des années sur les fondements philosophiques et politiques d’une nouvelle excellence et d’un nouvel humanisme en Afrique, les difficultés actuelles et les urgences de ce continent, les recompositions géopolitiques en cours dans le monde qui scelleront pour des décennies voire des siècles son avenir, me font le devoir de revenir sur un discours qui aura eu le mérite de susciter un débat plus que jamais utile pour l’Afrique, un discours qui aura eu le courage de nommer des réalités que les « amis » des Africains leur dissimulent mais ressassent discrètement dans des cercles restreints.

Mais pourquoi publier un nouvel essai ? C’est assurément l’interrogation de nombre de ceux qui découvrent la présente contribution au débat. Dans mon précédent ouvrage, Nicolas Sarkozy A Dakar. Débats et enjeux autour d’un discours, j’anticipai les arguments des lecteurs qui ne manqueraient pas d’observer qu’un essai serait disproportionné pour un débat qui ne mériterait pas, à leurs yeux, autant de gloses, autant d’exégèses. Déjà, je rétorquai que, plus qu’un essai, le débat autour du discours de Dakar devrait donner lieu à des tables rondes, des colloques et des conférences. En effet, je continue de penser qu’au delà de la personne qui s’exprima le 26 juillet 2007 dans un amphithéâtre de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le président de la République française Nicolas Sarkozy, le débat autour de ce discours est tout aussi important que le discours lui-même. Car le discours de Dakar est révélateur de l’état actuel du débat intellectuel entre l’Europe et l’Afrique, mais aussi et surtout du rapport des Africains à leur histoire, tout au moins à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation.

Au-delà du continent africain, le discours de Dakar fut aussi l’occasion de prendre la mesure de la faiblesse du débat intellectuel dans un monde contemporain où les nouvelles technologies de l’information et de la communication mettent à la disposition de tous, quantité de sources d’informations, d’arguments de poids pour tenir conversation dans un débat de fond. Dans l’auberge espagnole qu’est le monde surpeuplé des médias, chaque internaute, à travers son blog ou son point de vue dans un forum est un médium, voire un pôle d’informations qui prétend parfois à la science infuse, considère son argument identique ou meilleur que tout autre. Et pour triompher dans cette mystification collective, c’est soit la capacité de l’internaute à populariser son blog par des formules aussi creuses que racoleuses, soit la notoriété de son auteur, soit la délicate ergonomie de sa page d’accueil qui bâtiront sa crédibilité et celle de ses arguments.

En France notamment, on aura remarqué que les critiques contre le discours de Dakar recoupent, à de rares exceptions près, les lignes de clivage de la classe politique. Autrement dit, ceux qui, dans l’Hexagone, se sont le plus exprimés sur ce discours pour dire tout le mal qu’ils en pensent sont, pour la plupart, des adversaires politiques de Nicolas Sarkozy. Débattre par procuration sur le discours de Dakar fut d’autant plus aisé qu’un intellectuel français du cru l’avait sans détour jugé « raciste ». Ce fut dès lors pour certains faiseurs d’opinions de la scène politique et intellectuelle française, pour les défenseurs de la veuve et de l’orphelin, une "caution scientifique" pour rivaliser de bons sentiments et d’hypocrisie au chevet d’une "Afrique humiliée", en lui apportant ce réconfort condescendant dont de nombreux Africains, si naïfs, sont si avides, surtout lorsqu’on leur rappelle que leurs ancêtres construisirent de grands et prospères empires du XIV e au XV e siècle ; lorsque certains falsificateurs africains de l’histoire très écoutés, leur rappellent que tout ce qui fut grand et beau dans l’Egypte ancienne fut nègre ; comme s’il suffisait de le savoir pour endiguer la corruption en Afrique, pour mettre un terme à la crise alimentaire qui frappe ce continent, construire une navette spatiale ou inventer des modes de régulation économique et sociale compétitifs, générateurs de prospérité.

Un journal panafricain paraissant à Paris, dont je peine depuis mes jeunes années studieuses à cerner la ligne éditoriale, aura relayé à longueur de caricatures sa lecture biaisée de ce discours et des débats qu’il suscite. Ce journal n’a jamais voulu organiser dans ses colonnes, un véritable débat contradictoire autour du discours de Dakar comme j’en apporterai la preuve dans ces lignes. Ses propos parfois tranchés, ses hésitations, ses louvoiements, ses ronds de jambe, d’une parution à l’autre, sont finalement apparus au grand jour quand le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, François Soudan, se vit enfin contraint de sortir du bois après la publication le 27 juillet 2008 dans le Journal Le Monde d’une tribune de Henri Guaino qui, à juste titre, relevait -c’est

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