Examen de la doctrine de Kant
118 pages
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Examen de la doctrine de Kant , livre ebook

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Description

Kant a appelé esthétique transcendantale la science des principes à priori de la sensibilité, à savoir la connaissance des conditions nécessaires dans lesquelles se produit en nous l’intuition sensible, la perception, par nos sens, des phénomènes matériels. Ces conditions ne nous sont pas données par les objets perçus ; elles sont à priori dans notre faculté sensible, et c’est par elles que nous coordonnons nos perceptions intuitives.L’espace et le temps sont ces conditions à priori.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346065233
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Carlo Sarchi
Examen de la doctrine de Kant
A
 
ISAAC PEREIRE
 
 
EN SOUVENlR
 
DE NOTRE VIEILLE AMITIÉ
 
ET DE NOS ÉTUDES COMMUNES
AVANT-PROPOS
Dans les dernières années du XVIII e siècle, après les éclatants travaux des Encyclopédistes, et lorsque la philosophie sensualiste régnait presque universellement sur les intelligences, une voix puissante s’est élevée du fond de l’Allemagne pour appeler la science philosophique à des destinées nouvelles. Les doctrines matérialistes se produisaient alors sous une forme tout aussi dogmatique, tout aussi absolue que les systèmes spiritualistes auxquels on voulait les substituer. Kant, frappé du caractère exclusif de ces affirmations contradictoires, a. entrepris la grande tâche de soustraire l’esprit humain à cette tyrannie dogmatique, et de fonder la philosophie sur la critique approfondie des facultés de notre entendement. Il voulait déterminer ainsi les limites que l’essor de notre pensée ne dépasse point sans tomber dans d’inévitables erreurs. La sincérité de son langage, la noblesse de ses aspirations, la sévérité de sa méthode, donnèrent à ses travaux une grande autorité, et son œuvre fut généralement considérée comme une véritable revanche de la liberté philosophique et du spiritualisme sur le dogmatisme superficiel dont on ressentait l’insuffisance et le vide.
Pendant que de nombreuses écoles philosophiques venaient se rattacher au Kantisme comme à leur tronc commun, ses contradicteurs eux-mêmes acceptèrent quelques-unes des principales propositions de cette doctrine, qui s’introduisirent ainsi dans l’enseignement philosophique comme autant d’incontestables vérités.
Cependant les principes et les conséquences de l’enseignement du philosophe de Kœnigsberg n’ont pas été soumis à un rigoureux examen. Parmi les causes qui en ont empêché l’exacte critique, il faut mettre au premier rang l’extrême obscurité de l’exposition doctrinale, ainsi que les complications d’une dialectique subtile couvrant d’une apparence scientifique les détours de l’argumentation. Cette tâche difficile, nous n’avons pas craint de l’entreprendre, protégé que nous sommes par l’obscurité de notre nom, et par notre parfaite indépendance de toute coterie philosophique.
Parvenu au déclin de la vie, dégagé dès lors complétement de toute préoccupation ambitieuse, nous ne sommes poussé que par un ardent amour de la vérité, et nous offrons ces modestes essais, fruit d’une longue méditation, à un petit nombre d’amis qui les liront avec indulgence.
CHAPITRE PREMIER
ESTHÉTIQUE TRANSCENDANTALE
§ 1 er
Kant a appelé esthétique transcendantale la science des principes à priori de la sensibilité, à savoir la connaissance des conditions nécessaires dans lesquelles se produit en nous l’intuition sensible, la perception, par nos sens, des phénomènes matériels. Ces conditions ne nous sont pas données par les objets perçus ; elles sont à priori dans notre faculté sensible, et c’est par elles que nous coordonnons nos perceptions intuitives.
L’espace et le temps sont ces conditions à priori. Kant les a désignées sous le nom de formes de la sensibilité.
En effet, tous les objets extérieurs dont nous avons la perception se présentent à notre pensée comme occupant un lieu déterminé dans un espace sans bornes, et comme venant se ranger dans la forme générale d’un espace indéfini.
D’un autre côté, toutes les modifications intérieures de notre sensibilité parviennent à notre conscience d’une manière successive, et dans un instant quelconque d’une durée conçue par nous comme indéfinie, c’est-à-dire d’un temps auquel nous n’assignons aucune limite, et que nous considérons comme embrassant toutes les durées déterminées et finies.
L’immensité de l’espace, l’illimitation du temps sont considérées par nous comme des quantités susceptibles de division et d’analyse ; nous concevons l’espace comme résultant de la juxtaposition d’un nombre incommensurable de portions de l’étendue, et le temps comme une agrégation, successive d’instants innombrables de la durée. Ces notions - d’espace et de temps se présentent donc à notre esprit comme indéfinies.
C’est d’une manière toute différente que s’offre à notre pensée la notion de l’ Infini . Pendant que nous reconnaissons dans le concept d’Indéfini une production de notre intelligence, se rapportant aux conditions de son exercice, nous concevons l’Infini comme une Entité réelle et objective, comme une unité substantielle indécomposable, qui répugne à toute attribution de parties ; et nous sommes conduits à l’opposer à toutes les existences finies telles qu’elles sont perçues par nos sens, et recueillies par notre entendement.
Cependant cette idée d’Infini, objet suprême de notre raison, dépasse tellement les limites de notre intelligence, que nous ne saurions lui fournir des conceptions adéquates, ni l’exprimer par des notions précises. Il nous est conséquemment impossible d’établir un rapport déterminé entre cette Entité substantielle et infinie, et les existences visibles perçues par notre faculté intuitive. Ainsi, ne pouvant nous représenter en elle-même cette idée d’ Infini, nous sommes réduits à l’exprimer sous une forme négative, qui montre que cette idée se rapporte à un objet différant essentiellement de toutes nos perceptions matérielles, et leur étant même opposé. Mais sous cette dénomination négative, nous ne désignons pas moins une Réalité objective et essentielle.
La conception d’une série indéterminable de temps successifs, aussi loin que nous puissions la pousser, ne saurait équivaloir pour nous à l’idée absolue d’ Éternité, telle qu’elle se représente à notre esprit avec les caractères d’Unité et de Réalité qui en sont inséparables. Cette idée, tout autant que celle d’Infini, excède les limites de notre entendement impuissant à produire des concepts qui y correspondent. Nous n’en pouvons donc raisonner qu’en employant à son égard une expression négative, que nous opposons à toute conception de succession et de durée.
Remarquons que tandis que l’étendue essentielle et absolue est désignée dans le langage par l’expression négative d’Infini, la durée absolue, quœ nullo tempore metitur, est signifiée par un terme affirmatif, celui d’ Éternité ; mais ces deux dénominations n’en ont pas moins une portée égale, et n’offrent l’une et l’autre en elles-mêmes qu’un sens purement négatif.
Notre intelligence se confond et se perd quand elle tente de pénétrer l’insondable abîme de l’Infini et de l’Éternité. Dès qu’elle y plonge la pensée, les réalités phénoménales lui apparaissent comme une insaisissable poussière, et elle demeure dans une extase stupéfiante quand elle entreprend de saisir dans son essence ce quid secretum, cette incompréhensible Infinité, devant laquelle disparaissent et s’effacent toutes les existences.
Notre vie intellectuelle ne peut exercer ses fonctions que grâce à des notions intermédiaires, qui s’interposent entre les idées absolues et infinies et les phénomènes matériels qui en sont la manifestation visible, et ces notions, tout en empruntant quelques-uns des caractères de cette Réalité infinie, sont pourtant accessibles à notre entendement, et proportionnées aux conditions de ses facultés. C’est ainsi que les concepts d’Espace et de Temps, que nous nous représentons. comme illimités et indéfinis, mais auxquels

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