Gaston Bachelard, l inattendu
113 pages
Français

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Gaston Bachelard, l'inattendu , livre ebook

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Description

Comment Bachelard, fils d'un cordonnier, professeur de physique et chimie, a-t-il pu devenir cet humaniste aussi savant que philosophe, aussi penseur que poète ? Il n'a pas emprunté les chemins balisés, ceux des élites universitaires et culturelles. Il a contrarié les pronostics et les conventions. Il s'est adjugé contre vents et marées le droit de penser par lui-même en bousculant les frontières des savoirs et de la culture et en dérangeant les us et coutumes établis.
« Un ouvrage aussi lumineux que la destinée et l'oeuvre de Gaston Bachelard. Au plus près de sa vie et de sa pensée. » (Philippe Meirieu)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 septembre 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336880914
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions

Biographies série XIX e -XX e siècle
Dernières parutions
B ONA (Chantal), Camille Paris. L’aventurier d’Annam (1885-1908) , 2018.
B EAUNE -B RAY (Danièle), I.M. Grevs, Un historien russe à travers les révolutions (1860-1941), 2017.
S CHNECKENBURGER (Patrick), Joseph Stauffer, l’histoire retrouvée d’un missionnaire alsacien (1876-1952), 2015.
Titre

Jean-Michel W AVELET





G ASTON B ACHELARD , L’INATTENDU

Les chemins d’une volonté
Copyright

Du même auteur

Pour réussir l’épreuve de français du CRPE, éditions Delagrave, 2000.
Un chat à l’affût d’un cendrier, éditions Maisonneuve et Larose , 2000 ( Avec Ivainer (Théodore), Petitdemange (Guy), et de Saint-Ours (Alexis).)
Les chemins de l’intégration in Agrandir la vie d’Edouard (Marc), CRDP Amiens, 2003.
Une école pour chacun, éditions L’Harmattan, 2007.
L’autisme à l’école : une étrange familiarité in Scolariser des élèves avec autisme et TED de Philip (Christine), Magerotte (Ghislain) et Adrien (Jean-Louis), Dunod, 2012 .
Libérons l’avenir de l’école, éditions L’Harmattan, 2013.







© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88091-4
Dédicace

À Louve
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage n’est pas uniquement l’histoire d’une vie, mais il est aussi l’histoire d’une pensée. Ce n’est pas une simple biographie, c’est un « roman de formation 1 ».
Dans la plupart des travaux sur Bachelard, les auteurs insistent sur la dualité de sa pensée. Souvent impressionnés par la césure entre le concept et l’image qui traverse l’œuvre, ils s’en tiennent à l’un des deux versants 2 , ou les font fonctionner de manière alternative 3 , par analogie à la rythmanalyse bachelardienne, ou bien encore envisagent « une conversion à l’imaginaire 4 ». C’est oublier la dynamique qui anime très tôt Bachelard et qui le conduit, dès l’âge de 20 ans, à compléter son baccalauréat littéraire par un baccalauréat scientifique ; c’est confondre la chronologie de l’exposition avec la formation de l’homme qui a toujours été double. L’invention intéressera toujours le technicien et le scientifique, la lutte entre les images et les concepts, entre les erreurs et les connaissances, aiguisera toujours la curiosité du pédagogue, la classification des images et la formation ordonnée des rêveries ne cesseront de passionner le penseur-poète. Bachelard laisse une pensée ouverte dont la cohérence fondée sur l’originalité d’un parcours met dans l’embarras. Son parcours inédit a livré une pensée inclassable.
Trop soucieux d’exposer la richesse inépuisable de sa philosophie qui ne forme pas système, nombre d’auteurs ne s’attardent pas sur les conditions de sa production, ou bien parfois, trop curieux de l’homme qu’il fut, ils ne donnent pas à voir comment la vie a pu générer la pensée. Bien entendu, les apports de ces exégètes sont irremplaçables car on y puise des informations qui nourrissent l’entreprise. C’est le cas en particulier de la volumineuse biographie d’André Parinaud 5 et de l’éclairage exceptionnel de Georges Jean 6 sur le pédagogue que fut Bachelard. François Dagognet, dans un texte d’une remarquable concision, nous met même sur la voie d’une « existence » qui « transparaît dans l’œuvre » et « lui communique une allure », tout en se gardant bien « de les rapprocher trop 7 ».
Et c’est bien là que le bât blesse. On peine à comprendre comment ce postier est devenu un si grand penseur et comment cette pensée à la fois scientifique, artistique, poétique, philosophique, éthique a-t-elle pu naître d’une vie si ordinaire ? Avoir été postier est perçu comme une difficulté, au même titre que « poilu » durant toute la première guerre mondiale. On voudrait que le parcours soit purifié de ces accidents qui semblent le détourner de son prestigieux destin, sans voir qu’ils en font totalement partie et que l’obstacle donne sa coloration à la pensée. On souligne volontiers la vertu de l’école républicaine qui a pourtant, par un élitisme peu républicain, écarté des humanités ce fils de cordonnier amateur de théâtre, de musique et de poésie. Il s’en souviendra lorsqu’il dénoncera la suffisance des professeurs imbus d’eux-mêmes et l’autoritarisme professoral.
Ce qui peut faire lien et donner à voir comment la vie de Bachelard a pu produire sa pensée et comment elle s’est inspirée de celle-ci, c’est le récit de son propre cheminement qui n’avait pas jusqu’alors été totalement entrepris. Le lien manquait. Il fallait chercher le fil conducteur d’une vie quasi romanesque qui avait nourri une pensée avant de l’alimenter en retour. Tant pis si ce fil s’entrelace à la faveur d’une multitude de chemins qui, pris isolément, ne conduisent pas à l’œuvre. Cet étrange tissage paraît même nous en écarter. Le goût prononcé pour les techniques artisanales, joint à la nécessité de gagner sa vie, conduisent à la télégraphie, mais pas à l’épistémologie. La science et les mathématiques ouvrent la voie royale aux grands bâtisseurs et éloignent de la contemplation. La pédagogie qui se penche sur les errants et les ignorants ne rapproche guère de l’université. L’exploration de l’imaginaire surprend les philosophes des sciences et l’expérience des rêveries les déconcerte.
Bachelard aurait pu ne pas être Bachelard. Il aurait pu être ingénieur des télégraphes ou bien encore accomplir sa carrière de professeur dans sa petite ville de Bar-sur-Aube dont il était le conseiller municipal, avant peut-être d’en devenir le maire comme un notable de province. L’œuvre naît de l’improbable, de rêves brisés, de projets contrariés, de trajectoires modifiées, mais aussi de deuils surmontés, d’événements intenses qui l’ont transformé et transfiguré en réactivant des sources imaginaires et profondes. Le génie de Bachelard n’est pas celui qu’un dieu mystérieux vous accorde, il résulte d’une formidable mobilisation de toutes les facultés humaines. Il est aussi porteur d’un simple message à forte visée pédagogique et éthique : on ne s’instruit que de ce que l’on construit. 8
Nous avons voulu dans cet ouvrage montrer la pluralité des voies et la part des aléas qui se sont agglomérés et sédimentés pour faire œuvre. La pensée est le fruit d’un parcours nécessairement sinueux et affecté de multiples croisements, faisant naître toujours de nouvelles voies. Nous avons distingué six chemins qui, en s’entrecroisant, ont fini tardivement par forger cette pensée aussi singulière qu’exceptionnelle. Une pensée qui éclot à 45 ans a longtemps cheminé et s’est durablement imprégnée d’une vie qu’elle a animée. Elle est également une pensée du chemin qui conduit à la connaissance, à la création et à la rêverie poétique. N’y-a-t-il pas d’autres manières de rendre compte d’une philosophie de la formation que d’en épouser la genèse ? Le temps passé à produire la pensée lui confère un sens historique au point que Dominique Lecourt 9 en qualifiera son épistémologie.
Mais il y a plus. Bachelard est depuis longtemps un grand lecteur de récits poétiques ou narratifs. Il en use pour montrer les obstacles qui entravent la connaissance, pour décrire les errements d’une raison qui se trouble ou pour éclairer les procès créatifs. Il sait que le récit crée le mouvement et donne à voir le dynamisme d’une pensée qui se fait et d’un style qui se forge. Il s’y livre volontiers, au détour d’une phrase, comme pour indiquer les éléments d’une future narration. Ses confidences posent les jalons d’un autre texte, celui de l’histoire d’un penseur qui fait corps avec sa pensée. Bachelard nous dit implicitement comment il s’est construit parce qu’il se refuse à jouer au génie nimbé de mystères et auréolé de gloire. Le récit est déjà là, il n’y a plus qu’à le recueillir.
Le roman

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