Gaston Bachelard : L intuition de l instant au risque des neurosciences
164 pages
Français

Gaston Bachelard : L'intuition de l'instant au risque des neurosciences , livre ebook

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164 pages
Français

Description

Un large public apprécie en Gaston Bachelard le philosophe de la rêverie poétique et l'épistémologue. Ses oeuvres consacrées à la question du temps sont moins connues. Cet ouvrage se propose de montrer en quoi les données actuelles des neurosciences apportent un éclairage nouveau à cette réflexion. Nombre d'hypothèses formulées en neurobiologie et en neuroesthétique renforce la thèse bachelardienne de la discontinuité du temps vécu et la conception qu'avait le philosophe de "l'instant poétique".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296490451
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gaston Bachelard L’intuition de l’instant au risque des neurosciences
Commentaires philosophiques Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra  Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant à ladite “histoire de la philosophie”, à travers leur lecture méthodique, telle est la finalité des ouvrages de la présente collection.  Cette dernière demeure ouverte dans le temps et l’espace, et intègre aussi bien les nouvelles lectures des “classiques” par trop connus que la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes à reconnaître.  Les ouvrages seront à la disposition d’étudiants, d’enseignants et de lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de la philosophie. Déjà parus Babette BABICH? Philosophie analytique, La fin de la pensée contre philosophie continentale, 2012. Angèle KREMER-MARIETTI,Les ressorts du symbolique, 2011. Emmanuelle CHARLES,Petit traité de manipulation amoureuse,2011. Monique CHARLES,Apologie du doute, 2011. Abdelaziz AYADI,La philosophie claudicante, 2011. Mohamed JAOUA,Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre, 2011. Edmundo MORIM de CARVALHO,Poésie et science chez Bachelard, 2010.Hichem GHORBEL,L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 2, Paix intérieure et politique étrangère, 2010. Hichem GHORBEL,L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 1, La guerre dans l'histoire, 2010. Constantin SALAVASTRU,Essai sur la problématologie philosophique, 2010.
Michèle Pichon
Gaston Bachelard L’intuition de l’instant au risque des neurosciences
Du même auteur Esthétique et épistémologie du naturalisme abstrait avec Bachelard : rêver et peindre les éléments,L’Harmattan 2005.Vivre la philosophie,L’Harmattan 2007.
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56984-3 EAN : 9782296569843
Introduction  Intuition de l’instant ou intuition de la durée ? Qu’est-ce qui définitessentiellement l’expérience immédiate que nous avons du temps ? Le temps est-il perçu sous forme d’un écoulement continu, d’une durée, que nous pourrions représenter symboliquement de manière géométrique, par une ligne sur laquelle l’intelligence, au service de la connaissance et de l’action, effectuerait arbitrairement des coupures afin de mesurer des quantités de temps, des durées abstraites ? Ou bien, au contraire, le temps tel que nous le saisissons immédiatement, peut-il être représenté de manière arithmétique ? Est-il senti comme discontinu, constitué d’instants ponctuels qui se succèdent et doit-on alors considérer que la durée n’est pas donnée immédiatement à la conscience, qu’il s’agit d’une construction opérée après-coup par la pensée, voire d’une illusion ? Dans un cas, la durée est première ; elle est l’objet d’une intuition à partir de laquelle l’instant est abstrait par découpage ou division arbitraire d’un flux continu. Dans le second cas, l’instant est objet d’une intuition première, la durée étant obtenue par construction, par substitution de la continuité à la contiguïté.
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 Ce débat entre les philosophies de la durée et les philosophies de l’instant est ancien et récurrent dans l’histoire de la philosophie. Il opposa notamment Bergson et Bachelard. L’objectif de cette étude n’est pas de rouvrir une vieille polémique en se bornant à reprendre les arguments maintes fois mis en avant par les partisans de chacune de ces conceptions, rien de nouveau ne pouvant émerger d’une telle approche historique. En revanche, le développement prodigieux des neurosciences au cours des dernières dizaines d’années nous invite certainement à reformuler le problème sur la base de données nouvelles. L’approche qu’en eurent les philosophes jusqu’au milieu du vingtième siècle était pour l’essentiel, psychologique, au mieux, psychophysiologique. Notre perception du temps et notre expérience de son écoulement font aujourd’hui l’objet d’études neurobiologiques et il apparaît que nombre d’hypothèses constituent autant d’arguments nouveaux en faveur de la thèse de la discontinuité du temps vécu. La pensée bachelardienne trouve donc dans ces recherches des résonances intéressantes. Cette étude se propose de démontrer de quelle manière. Elle sera également l’occasion de réhabiliter la philosophie bachelardienne du temps, les ouvrages consacrés à ce thème étant trop souvent sous-estimés et leur intérêt jugé mineur dans l’ensemble de l’œuvre.  Le concept d’instant n’est pas univoque. Bachelard l’aborde de plusieurs points de vue : psychologique, scientifique, métaphysique. La première partie de l’ouvrage reprendra les idées-forces de cette philosophie du temps. Le concept d’instant sera analysé, dans ses différentes définitions, en relation avec celui de durée. Nous verrons comment il est possible, selon le
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philosophe, de penser la construction de la durée à partir d’instants sans durée.  Conscience de soi et conscience du temps sont liées essentiellement. La seconde partie de cet essai traitera de la conscience que nous avons de l’écoulement du temps et de la conscience que nous avons de nous-même, de la conscience instantanée de soi comme sujet pensant et de la conscience d’un moi un et identique à lui- même dans le temps, inscrit dans une durée.  Comment percevons-nous l’écoulement du temps ? Nous partirons d’une approche purement psychologique : il existe des expériences particulières où nous prenons conscience de sentir le temps en train de s’écouler. Les philosophes qui ont réfléchi sur le temps n’ont pas manqué de les repérer, de les analyser et d’en tirer des conclusions. Que savons-nous aujourd’hui à propos des structures neurales engagées dans ce type d’expériences ? Les modèles proposés par la science coïncident-ils avec certaines thèses philosophiques plutôt qu’avec d’autres ? En quoi les intuitions de Bachelard étaient-elles justes ?  La première expérience à laquelle nous nous référerons est celle où nous prenons conscience, estimons et comparons des durées brèves. Imaginons par exemple que nous concentrons notre attention sur l’écoulement du temps en écoutant le tic-tac de l’horloge ou en nous efforçant de compter les secondes sans le support d’un instrument de mesure. Comment, dans ce type d’expérience, notre cerveau perçoit-il ou construit-il l’écoulement du temps ? Certaines études montrent qu’il existe une horloge interne à l’origine de notre perception du temps, que celle-ci résulte d’impulsions qui se succèdent de manière discontinue et sont produites par l’entrée en activité de certains réseaux neuronaux. Le modèle explique d’autre part comment, à partir de ces
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impulsions discontinues, s’élabore la perception d’une durée continue.  Nous percevons le monde extérieur et nous percevons nos états internes. Ces perceptions se succèdent dans le temps de manière extrêmement rapide et parfois s’interpénètrent, de sorte que la conscience que nous en avons est celle d’un flux continu, d’un “courant de conscience”. D’où vient cette continuité ? La métaphore cinématographique est utilisée par des neurobiologistes pour montrer comment la conscience, à partir perceptions instantanées, construit une continuité. Bergson comme Bachelard ont eu recours auparavant au mécanisme de l’image cinématographique pour expliquer l’apparente continuité de la conscience. Mais les thèses qu’ils se proposent de démontrer sont opposées. Pour Bergson, nous reconstruisons ainsi un devenir continu qui est le mouvement même du réel et que notre perception et notre connaissance ont décomposé pour les besoins de la vie pratique. Pour Bachelard, la continuité n’existe a priori, ni dans la conscience, ni dans les choses. C’est une illusion. Nos sens sont des appareils à “stroboscoper”. Nous verrons que c’est à Bachelard que donnent raison certaines études conduites dans le cadre des neurosciences.  Il n’y a pas de conscience de la durée sans mémoire. Pour que nous ayons conscience que quelque chosedure, il faut bien que soient présents dans l’espace conscient des objets mentaux que nous appelons souvenirs. C’est parce que nous avons une mémoire que nous avons le sentiment de durer nous-mêmes. Avons-nous l’intuition de la durée parce que celle-ci est l’essence même du réel et la forme que prend nécessairement la succession de nos états de conscience ? Cette thèse est celle de Bergson. Pour celui-ci, l’esprit est mémoire. Les souvenirs se conservent dans la durée pure ; leur rappel consiste en la capacité que nous avons de les tirer du passé en soi, de les faire passer de
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