Heidegger et l essence de la poésie
127 pages
Français

Heidegger et l'essence de la poésie , livre ebook

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127 pages
Français

Description

L'une des voies d'accès à l'oeuvre de Heidegger est son interprétation de la poésie. Bien comprise, elle n'aurait rien à voir avec l'expression d'une subjectivité, mais manifesterait la vérité originelle. Elle constituerait ainsi l'essence profonde de la langue comme dévoilement d'un monde et forme originelle de la pensée. S'efforçant de mettre au jour le sens de cette conception ontologique de la poésie, ce livre aboutit à une lecture cohérente et complète de l'oeuvre heideggérienne. La déconstruction n'est pas contre la philosophie : elle répond à la question de l'être.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 40
EAN13 9782140052309
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Joël Balazut
HEIDEGGER ET L’ESSENCE DE LA POÉSIE
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Heidegger et l’essence de la poésie
Ouverture philosophique Collection dirigée par, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Jean-Alexis AGUMA ASIMA,Le mécanisme. Langage, théorie, philosophie. Étude critique, 2017. Michèle AUMONT,La trilogie des plus larges horizons qui soient et qui puissent être,EtPourquoi ? Comment ? vers quoi ?, 2017. Auguste NSONSISSA,La dynamique de la nature, Étude sur le thème du vide dans l’histoire de la philosophie des sciences, 2017. Paul DUBOUCHET, Paganisme, christianisme et catholicismechez René Girard,2017. Paul DUBOUCHET,», AuRené Girard, « cowboy texan fil de ses exploits, 2017. Fallander KALTCHAREL, Le dualisme antiréaliste et semi-empirique de Bernard Vidal,2017. Jean-Louis BISCHOFF,Penser la notion de rencontre, 2017. HyeJeong SEO, Paul Ricœur,Image de Dieu: Rédemption et Eschatologie, Tome 2, 2017. HyeJeong SEO, Paul Ricœur,Image de Dieu: Origine et déchéance, Tome 1, 2017. Dimitra PANOPOULOS,L’hypothèse platonicienne, 2017.
Joël BALAZUT Heidegger et l’essence de la poésie
Du même auteur
L’impensé de la philosophie. L’essence du tragique, 2007Heidegger, 2008Art, tragédie et vérité, 2011Heidegger, une philosophie de la présence, 2013Heidegger et le problème de la métaphysique, 2015La structure métaphysique du monde moderne. Heidegger et la question de la technique, 2016Les racines secrètes de l’ontologie ou la question de la chose. Heidegger avec Kant, Bataille et Lacan, 2016
© L’HARMATTAN, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13483-3 EAN : 9782343134833
INTRODUCTION Pour Heidegger la métaphysique traditionnelle, qui présuppose la présence de l’étant « là devant » (comme Vorhandene) et s’interroge sur son être au fil conducteur de la questionti to ond’abord par Aristote, a d’emblée posée manqué et franchi d’un saut un questionnement beaucoup plus radical sur l’être. Un tel questionnement consisterait à exhiber, en effet, une précompréhension de l’être de l’étant, portée par lemotêtre(qui « court » dans la langue et la porte), plus originelle mais implicite et recouverte, dans laquelle nous nous tenonsdéjà. C’est ainsi que Heidegger a véritablementrévolutionné le questionnement ontologique car chez lui l’ontologie n’est plus, d’abord, une démarche intellectuelle, une forme de science, mais bien plus radicalement la caractéristique fondamentale et originelle de l’être humain (comme être parlant), qu’il faut cependant regagner car elle est oubliée dans le comportement quotidien. Il s’est s’efforcé, en effet, de montrer que l’homme possède en lui-même et de manière constitutive, bien que la plupart du temps il n’en ait pas conscience, une précompréhension de l’être de l’étant, et ce de telle sorte que celle-ci soit constitutive de sa propre essence. En effet, ainsi que nous le verrons et en dépit de certaines formulations de sa part qui prêtent à confusion, l’être au sens de Heidegger est toujours l’être de l’étant. Cette ouverturea prioride l’homme à l’être de ce qui est, se caractérise par ceci, nous l’avons suggéré, qu’elle est toujours déjà secrètement véhiculée par lemotêtre, qui court dans la langue et qui, selon Heidegger, secrètement la porte. C’est pourquoi, on le sait, Heidegger, en son vocabulaire, désigne l’homme par le terme deDasein: il est le « là » de l’être. Or, s’il est vrai que le mot être (qui veut dire exister) a un sens ontologique, cela signifie alors qu’il désigne en secret,l’existenceconstituant simultanément, en elle- comme
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même,l’essence de ce qui est. Le dévoilement primaire et généralement implicite de l’étant en tant qu’ilest(de l’on e on), au beau milieu duquel nous sommes situés, par le pouvoir de nomination des mots en chacun desquels parle en secret le verbe être, a ainsi en lui-même un sens ontologique : il révèle l’ensemble de ce qui est, le monde qui nous englobe, en son essence même - laquelle se ramène alors à une pure existence sans raison. Or, cela signifie que nous sommes fondamentalement, de manière constitutive, « dans » la vérité originelle, au sens où nous nous caractérisons par ceci, qui porte tous nos comportements, que l’ensemble de ce qui est nous est toujours déjà dévoilé, par les mots et à travers les sens,ence qu’il est ettelqu’il est. Ainsi que cela a été souligné par Jean Beaufret, on peut déjà entrevoir que, non moins que Nietzsche, Heidegger liquide la métaphysique traditionnelle, c’est-à-dire tout ce qui pourrait faire de l’homme un « halluciné de l’arrière-monde », et réhabilite le « monde sensible » comme étant le 1 seul et unique monde, toujours déjà là sans raison . Or, cet être « dans » la vérité ontologique originelle, qui nous caractérise au plus profond et que Heidegger nomme parfois « leDa-sein», est le plus souvent totalementen l’homme recouvert et oublié, en particulier par le comportement et le bavardage quotidiens. Toutefois, il faut remarquer que seul un étant qui estd’emblée, quoique implicitement, dans la vérité, peut être ensuite, inévitablement, la proie d’erreurs et d’illusions. L’homme est ainsi fondamentalement, un être pensant, c’est-à-dire doté dulogos, et il faut comprendre que la pensée (portée par la langue), en son essence originelle, n’est rien d’autre qu’ouverture à l’être, dévoilement de l’étant en son être.
Il est cependant essentiel de préciser ici, que cette compréhension de l’être qui caractérise fondamentalement
1. Jean Beaufret,De l’existentialisme à Heidegger, Paris, Vrin, 1986, p. 20.
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l’homme est, non seulement recouverte par le bavardage quotidien, mais qu’elle a été, en même temps,déniéepar toute la tradition philosophique occidentale à partir de Platon jusqu’à Hegel, laquelle tradition, nous le montrerons plus loin, véhicule en secret les présupposés ontologiques rationalistes qui fondent notre civilisation technoscientifique moderne et planétaire. Il s’agit donc de regagner une couche profonde et universelle de l’homme, qui à la fois, est toujours là, et qui cependant n’a été véritablement assumée dans notre culture que par la Grèce du mythe et des Présocratiques, avant d’être recouverte à partir de Platon. Cette définition de l’homme par la compréhension de l’être, c’est-à-dire commeDaseinapparaît, on le sait, dèsEtre et temps(1927), mais la pensée de Heidegger n’y est pas encore pleinement accomplie (ce qui explique d’ailleurs l’inachèvement du traité, qui s’interrompt de manière abrupte sans apporter de réponse suffisante aux questions fondamentales qu’il pose). C’est seulement à partir du milieu des années trente que sa démarche va trouver son aboutissement véritable. Il va alors s’efforcer de montrer, en particulier dansLes Hymnes de Hölderlin, La Germanie et Le Rhindans (1934), Introduction à la métaphysique (1935), puis dansL’Origine de l’œuvre d’art(1936) et dansHölderlin et l’essence de la poésieque cette compréhension originelle de (1936), l’être de ce qui est (cette ontologie originelle constitutive qui fait de nous des êtres dans la vérité) est fondamentalement véhiculée par le langage poétique, lequel constitue l’essence même de la langue d’un peuple. Pour Heidegger, à partir du milieu des années trente, il apparaît, en effet, que la langue (portée par le verbe être) qui véhicule lelogos, la pensée, est en son essence poème (bien que cela soit recouvert par le bavardage quotidien), ce qui signifie pour lui deux choses. D’une part, cela signifie qu’elle est d’abord caractérisée par un pouvoir denominationd’évocation (véhiculé par les et mots), propre à dévoiler l’étant, avant d’être conceptuelle ; et
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