Hommage à Noam Chomsky : Penseur aux empreintes multiples
98 pages
Français

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Description

Noam Chomsky célèbre cette année ses 90 ans ; depuis plus de 60 ans, il contribue au domaine des idées. L’auteur Normand Baillargeon, lui-même un penseur s’intéressant à mille et un aspects de l’humain et de la vie en société, a rassemblé dans ce collectif des chercheur(e)s et des professeur(e)s de différents horizons, proposant des essais synthétisant l’apport de Chomsky à leur discipline respective – dont la linguistique, les sciences politiques et cognitives, l’informatique, la philosophie et les communications. À ces contributions savantes s’ajoutent des hommages rendus par des militant(e)s, des journalistes, des pacifistes, des anarchistes – et même un humoriste (qui rassemble un peu de tout cela) : c’est dire combien les empreintes de la pensée chomskyenne sont multiples.

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764436257
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Suivi éditorial : Myriam Caron Belzile
Conception graphique : Nathalie Caron et Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Marie-Hélène Sarrasin et Chantale Landry
En couverture : Illustration de Margarita Goroshkevich (Allriot.com)
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L'an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l'art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Hommage à Noam Chomsky : penseur aux empreintes multiples / sous la direction de Normand Baillargeon.
ISBN 978-2-7644-3623-3 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3624-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3625-7 (ePub)
1. Chomsky, Noam. 2. Langage et langues - Philosophie. 3. Science politique - Philosophie. 4. Linguistes - États-Unis. I. Baillargeon, Normand, éditeur intellectuel.
P85.C47H5 2018 410.92 C2018-941578-9
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2018
Une première version des textes suivants est parue à l’origine dans la revue À bâbord !
L’univers de Chomsky , par Stevan Harnad ; Le langage, les mathématiques et la biologie, par Anne-Marie Di Sciullo ; La liberté selon Chomsky : une interprétation , par James McGilvray.
Nous remercions la revue, son comité éditorial, ainsi que les auteurs et auteures des textes pour leur aimable collaboration.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2018.
quebec-amerique.com



Introduction : Une vie, une œuvre
NORMAND BAILLARGEON
L’écrivain et militant étasunien Michael Albert, qui a étudié au MIT dans les années soixante et qui est depuis des décennies un ami de Chomsky, a souvent raconté avoir découvert, étonné, lors d’un voyage dans l’Europe de l’Est communiste des années 1980, que bien des gens étaient là-bas persuadés qu’il y avait en réalité deux Noam Chomsky, par hasard homonymes.
Le premier était le fameux et très sérieux linguiste, professeur au prestigieux MIT et auteur d’innombrables ouvrages et articles scientifiques.
Le second était le militant et théoricien libertaire, le plus célèbre dissident américain, lui aussi auteur d’un très grand nombre d’ouvrages et d’articles.
Il n’y a bien entendu qu’un seul Noam Chomsky. Mais il a signé tant de livres et tant d’articles, il a prononcé tant de conférences, accordé tant d’entrevues, aussi bien à titre de scientifique qu’à titre de militant, que devant l’immensité, mais aussi la diversité de l’œuvre, cette erreur, en ce lieu, à cette époque d’avant Internet, et à propos d’un homme qui est un des intellectuels les plus cités au monde, était bien compréhensible.
En fait, comme vous le découvrirez dans ces pages, il serait même plus juste de dire qu’il y a bien plus que deux Chomsky, à en décider par les nombreux domaines dans lesquels il a œuvré et exercé une grande influence.
Parmi ceux-ci, il y a, bien entendu, la linguistique et la pensée (ainsi que le militantisme) libertaire.
Mais Chomsky a aussi été actif et influent en philosophie, en sciences cognitives, en analyse politique, en études des médias et même, d’une manière un peu particulière, en mathématiques et en informatique.
Le mieux, pour saisir tout cela et pour se préparer à la lecture des textes qui suivent – qui vous présenteront de manière accessible tous ces aspects des contributions de Chomsky à la vie intellectuelle et militante de notre temps – est de retracer brièvement son parcours.
Vous constaterez à quel point il est, à bien des égards, très singulier.
Famille, écoles : les premières influences
Avram Noam Chomsky est né à Philadelphie le 7 décembre 1928.
Son père, William (Zev) Chomsky (1896-1977), est un Juif ashkénaze qui, en 1913, depuis sa Russie natale, a émigré aux États-Unis. Il deviendra dans son pays d’adoption un éminent spécialiste de l’Hébreu, une langue qu’il enseignera, et il sera, sur ce sujet, l’auteur de monographies reconnues pour être d’une grande érudition.
Sa mère, Elsie Simonofsky (1903-1972), est également née en Russie. Elle est arrivée à l’âge d’un an aux États-Unis, et elle y est, elle aussi, devenue professeure. Le couple a un autre enfant, David, qui sera médecin.
Tout donne à penser, en particulier certaines des confidences que Chomsky fera au fil des ans, que sa famille, immédiate et élargie, a joué, comme cela arrive souvent, un rôle non négligeable dans la formation de ses idées.
C’est ainsi qu’il travaillera sur la langue et sur la grammaire, tout comme son père ; ainsi, aussi, qu’il se fera professeur, comme ses deux parents. On cite parfois à ce propos, pour ses accents nettement – on me pardonnera ce néologisme – « noamchomskyens », un passage dans lequel son père expose l’idée qu’il se fait de son rôle d’éducateur et du but auquel il a consacré sa vie : « Former des individus bien intégrés, libres et capables de penser de manière indépendante, soucieux d’améliorer et de faire progresser le monde et désirant faire en sorte que la vie soit pour tous plus significative et plus digne encore d’être vécue 1 . » Notons encore qu’avant d’être professeur à l’université, Chomsky a, lui aussi, longtemps enseigné l’hébreu.
Ses deux parents sont en outre des sionistes, de ce sionisme inspiré des idéaux des Lumières, un sionisme socialiste et binationaliste prônant une collaboration entre Arabes et Juifs, lequel est alors répandu et dont le promoteur est Ahad Ha’am (pseudonyme d’Asher Hirsch Ginsberg [1856-1927]). Il marquera Chomsky.
En ces années difficiles de la Grande Dépression, le père et la mère de Noam Chomsky ont la chance d’avoir des emplois. Mais ils sont, comme le reste de la famille, issus de la classe ouvrière – son père a d’ailleurs travaillé en usine pour payer les études qui lui ont ouvert les portes de son métier de professeur. Sa mère, plus que son père, semble-t-il, est progressiste et de gauche, et c’est justement de son côté de la famille, dont une partie se trouve à New York, que le jeune Chomsky fera une part très importante de son apprentissage intellectuel et politique. Un oncle maternel en particulier (le mari de la sœur de sa mère, pour être exact) et son entourage joueront sur ce plan un rôle important.
Cet oncle, connaisseur de Marx et de Freud, appartenant à une gauche radicale, mais anti-bolchevique et proche des anarchistes, tient un kiosque de journaux dans la Grosse Pomme (au coin de la Seventy second Street et de Broadway, très précisément…) et le tout jeune Noam s’y rend souvent, depuis Philadelphie. Il fréquente aussi les librairies anarchistes de New York et entre ainsi en contact avec divers courants de la gauche et de l’extrême gauche politiques.
Ces années de formation politique sont importantes dans le parcours de Chomsky. Il en dira ceci : « Il y avait là une culture intellectuelle très vivante, une culture de classe ouvrière avec ses valeurs de classe ouvrière : des valeurs de solidarité, des valeurs socialistes et ainsi de suite. Il y avait aussi la conviction que, d’une manière ou d’une autre, les choses finiraient par s’améliorer. Je veux dire qu’il y avait une structure institutionnelle, une manière de lutter, de s’organiser, de faire les choses qui nourrissaient l’espérance 2 . » Chomsky a dit, et il n’y a aucune raison de ne pas prendre cette confidence au sérieux, que ses positions politiques sont substantiellement demeurées celles qu’il avait acquises à 12 ans…
Vous en apprendrez plus sur tout cela dans le texte que je signe dans les pages qui suivent et qui présente ces idées politiques inspirées de l’anarchosyndicalisme, dont Chomsky ne cessera de se réclamer.
L’école influencera elle aussi Chomsky, et son expérience scolaire est assez particulière pour qu’on s’y attarde un moment.
Le parcours scolaire
De 2 à 12 ans, Chomsky fréquente à Philadelphie une école qu’on désigne alors aux États-Unis comme progressiste, et qui s’inspire donc des idéaux et des méthodes du philosophe et pédagogue américai

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