John Rawls
214 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

214 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Philosophe et moraliste, John Rawls fait de la question du juste le centre de sa réflexion. Comment réduire les inégalités inacceptables qui caractérisent la société moderne et créer plus d'équité et de bien-être pour tous ? Une question éthique fondamentale qui se développe au travers d'un débat très fructueux avec d'autres pensées comme l'utilitarisme, le communautarisme, le libertarisme... Il a joué un rôle non négligeable dans l'élaboration d'une théorie politique qui vise à promouvoir "un libéralisme à visage humain".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 260
EAN13 9782336276236
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747584296
John Rawls

Albert Kasanda Lumembu
À Mamu Suzanne TSHIALA, Tatu François KALENGAYI, mes parents.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace PRÉFACE LES SIGLES UTILISÉS INTRODUCTION GÉNÉRALE Première partie - AUX SOURCES DE LA PENSÉE DE JOHN RAWLS
CHAPITRE I - JOHN RAWLS ET LA PHILOSOPHIE CHAPITRE II - LA MÉTHODE PHILOSOPHIQUE DE J. RAWLS
Deuxième partie - L’UTOPIE D’UNE SOCIÉTÉ JUSTE
CHAPITRE I - LE PARADIGME RAWLSIEN D’ÉGALITÉ CHAPITRE II - LE PLURALISME ET LE CONSENSUS
Troisième partie - LA DÉLIBÉRATION RATIONNELLE
CHAPITRE I - JOHN RAWLS ET LE CONTRAT SOCIAL CHAPITRE II - LE PRINCIPE D’ÉGALE LIBERTÉ CHAPITRE III - LE PRINCIPE D’ÉQUITÉ
Quatrième partie - LA MÉTRIQUE SOCIALE ET POLITIQUE DE J. RAWLS
CHAPITRE I - LES PLUS DÉFAVORISÉS CHAPITRE II - LES BIENS PREMIERS SOCIAUX
CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE
I. De J. Rawls II. Des autres auteurs III.Les revues : numéros spéciaux consacrés à John Rawls
Philosophie à l’Harmattan
PRÉFACE
L ’ŒUVRE DE JOHN RAWLS méritait un ouvrage de synthèse, ce qu’a réalisé Albert Kasanda. Philosophe et moraliste, John Rawls est préoccupé par les problèmes de son temps. Il part d’une bonne question: comment réduire les inégalités inacceptables dans l’humanité contemporaine et créer plus de justice. Son point de départ est incontestablement éthique et sa réflexion, philosophique. Il n’ignorait point les réalités politiques et s’opposa ainsi à la guerre menée par les États-Unis au Vietnam.
Face à la chute du mur de Berlin, au triomphe du néo-libéralisme, à la naissance de l’altermondialisme, sa pensée revêt une importance pratique. Désirant allier liberté et équité, il donne une base théorique et morale au libéralisme social ou au socialisme libéral. Il inspire la Troisième voie d’un Tony Blair. Il n’est pas étranger à la justification de l’État social actif. Bref, il a joué un rôle non négligeable dans l’élaboration d’une théorie politique, critique du socialisme dit réel, accommodante aux lois du marché et désireuse de rétablir un État régulateur, en un mot, de promouvoir « un libéralisme à visage humain ».
John Rawls se situe dans un cadre intellectuel qui le relie non seulement à des courants philosophiques bien connus, mais aussi à des penseurs relevant des sciences sociales. Il est proche de Tocqueville, qui constatait dans la société américaine du début du XIX e siècle, l’importance de l’initiative individuelle tempérée par la multitude des associations ou d’Émile Durkheim, pour qui la préoccupation de reconstruire la cohésion sociale était centrale. Plus proche de nous, son propos le rapproche d’Alain Touraine ou de Giddens, respectivement penseurs du socialisme français et du New Labour britannique, sans oublier John Maynard Keynes dont les théories économiques inspirèrent, entre autres, les pactes sociaux de l’après guerre.
Ceci dit, John Rawls est surtout un intellectuel américain libéral, cultivé, tourné vers le progrès humain, pour qui les valeurs morales ont un poids et qui reste préoccupé du bonheur de l’humanité. Comme la majorité des personnes de ce milieu aux États-Unis, il semble bien croire en l’excellence de la société américaine, malgré ses contradictions, ce qui implicitement en fait un modèle pour l’ensemble de l’humanité. Le rêve américain, constamment en devenir il est vrai, consiste, pour eux, en la construction de la société par les individus tout en donnant à ces derniers des chances égales, rêve généreux certes, mais irréaliste quand on ne prend pas en compte la réalité des logiques qui président à l’organisation de l’économie et celle des rapports sociaux. La préoccupation morale de John Rawls le replace alors dans la lignée d’un Adam Smith, pour qui la conjonction des intérêts individuels débouchait sur le bien commun, par le biais d’un équilibre général, que le premier entrevoit cependant avec une régulation plus active de l’État.
John Rawls n’est pas un sociologue, mais toute éthique sociale se base sur une analyse au moins implicite des rapports sociaux. Il n’est donc pas illicite de s’interroger sur la démarche sous-jacente à sa pensée. Sans entrer dans une étude approfondie, il est cependant possible d’émettre une hypothèse. En effet, John Rawls dit bien que pour lui la société se définit en termes d’avantage mutuel. Cela implique que le bien commun soit le résultat de la collaboration de tous, sans remettre en question les positions de chacun à l’intérieur des rapports sociaux. La diminution des inégalités consiste donc à réduire des distances et non à changer des rapports. En d’autres mots, la société est définie en termes de strates superposées et non de classes structurellement liées entre elles. Cela rejoint l’idée de Robert Castel, le sociologue français, qui dit que la société c’est partager des valeurs.
Il est intéressant de constater que cette position rejoint la Doctrine sociale de l’Église catholique et de la majorité des prises de positions des institutions religieuses dans le champ social. Il y a peut-être d’autres raisons que pour Rawls, mais le résultat est semblable. Il est vrai, en effet, que la préoccupation religieuse met au centre du discours, la personne et sa responsabilité dans la société, ce que nul ne peut évidemment contester, mais elle rencontre difficilement la réalité des structures sociales exerçant un rôle de conditionnement (pas de déterminisme) sur les individus. Le rôle moral des instances religieuses est d’influencer le comportement des personnes et elles se sentent plus à l’aise dans ce domaine.
De telles positions ont des conséquences pratiques importantes, qui se traduisent en élaborations théoriques et en politiques concrètes. Cela va de la Troisième voie au Pacte constitutionnel européen, sans parler de la caricature que représente la Lutte contre la pauvreté de la Banque mondiale, qui veut «réduire» cette dernière, tout en continuant à fabriquer des pauvres par les exigences de sa logique économique.
En effet, la pensée de John Rawls sur l’équité, concept qui synthétise son projet éthique, en même temps que sa pensée philosophique, comprend deux éléments, d’une part favoriser le plus pauvre et de l’autre accepter les inégalités à condition que celles-ci soient liées à des fonctions ouvertes à tous. Or, en supposant ces prémisses acceptables, c’est précisément ces deux aspects que contredit l’organisation sociale de l’économie dominante. Le marché capitaliste ne favorise que l’individu solvable et la structure des rapports sociaux qu’il crée est le principal obstacle à l’accession de tous aux fonctions dont parle Rawls. Or, si des mesures de régulations peuvent alléger le poids de certaines conséquences sociales, elles ne touchent nullement le fond de la question et permettent, au contraire, la reproduction du système. Certes, plus personne ne pense qu’une révolution politique puisse apporter à court terme et définitivement la transformation d’un mode de production, mais faut-il pour autant abandonner l’idée de réinsérer l’économie dans la société, comme le disait Karl Polanyi, même si c’est un objectif à long terme.
Or, l’analyse que l’on fait de la société n’est pas indifférente en ce domaine. Rawls semble peu enclin à relever quelles sont les sources de la richesse des uns par rapport aux autres, ni ce qu’elles signifient comme pouvoir d’imposition de certaines politiques. La bourgeoisie capitaliste peut se trouver très à l’aise avec de telles positions, surtout si elle dispose d’une certaine aspiration éthique et d’une préoccupation intellectuelle qui va au delà des simples cours de bourse. Tout comme en 1999, le Forum économique mondial de Davos avait organisé un séminaire sur Jean-Jacques Rousseau, il pourrait très bien le faire un jour sur John Rawls.
La pensée de John Rawls méritait d’être présentée, car elle est très actuelle, même si elle révèle les limites d’un projet de bonne volonté et d’une analyse sociale incomplète, qui inévitablement débouche sur un divorce entre la pensée et la réalité. Mais au moins elle interpelle et ob

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents