Kant et le pouvoir réceptif
268 pages
Français

Kant et le pouvoir réceptif , livre ebook

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268 pages
Français

Description

Le cœur de ce livre est constitué par la méditation qui est menée, d'un chapitre à un autre, autour de la notion de sensibilité et de son rôle dans la philosophie kantienne. L'interprétation qui en est proposée est singulière parce que, tout en étant en un sens imprégnée de néo-kantisme – par le privilège accordé à la forme et à la spontanéité, notamment – elle prend à un autre niveau son contrepied. En effet, elle ne prétend jamais résorber l'exercice de la sensibilité dans l'activité de l'entendement.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 7
EAN13 9782336355825
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

dans sa richesse et sa signification, tel que, selon la formule consacrée, il ne s’oppose nullement à un réalisme empirique, mais en détermine la
qui est menée, d’un chapitre à un autre, autour de la notion de
L’interprétation qui en est proposée est singulière parce que, tout en
la forme et à la spontanéité, notamment – elle prend à un autre niveau son contrepied. En effet, elle ne prétend jamais résorber l’exercice de la
Aportone nous rappelle une histoire, aussi classique que difficile, oubliée et méconnue : l’histoire kantienne. Ce rappel, qui est une redécouverte, paraîtra plus qu’opportun dans ce contexte où la prétendue
simplification et la critique du mythe du donné le nourrit, en nous laissant plus souvent qu’à notre heure avec le donné, mais sans les explications. Ici, on trouvera plus que le point de départ d’une explication. »
Extrait de la préface de J. Benoist
Erfahrung, Kategorien und Möglichkeit
En couverture : Isabel Kerkermeier,
, 2012
Anselmo Aportone
Kant et le pouvoir réceptif Recherches sur la conception kantienne de la sensibilité
RATIONALISMES
Kant et le pouvoir réceptif. Recherches sur la conception kantienne de la sensibilité
Rationalismes
Collection fondée et dirigée par Paolo Quintili *
OUVRAGES PARUS
Eric PUISAIS,L’hégélianisme et son destin français, 2012. Jacques D’HONDT,Diderot, Raison, Philosophie et Dialectique, suivi duNeveu de Rameau, 2012.
Anselmo Aportone Kant et le pouvoir réceptifRecherches sur la conception kantienne de la sensibilité
”ƒ†—…–‹‘ ˆ”ƒ­ƒ‹•‡ ’ƒ” Ǥ Žˆƒ‘ ‡– Ǥ —‹–‹Ž‹Ǥ© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01973-4 EAN : 9782343019734
Préface. Une sensibilité idéale pour un monde réel
J’aurais pour ma part, maintenant tendance à douter du diagnostic d’Enzo Paci rappelé par Anselmo Aportone à l’entrée de son livre (que « la situation de la philosophie contemporaine est pour la plus grande partie déterminée par l’héritage de Kant »). Ou plus exactement, contrairement à Aportone, je ne suis pas sûr qu’il soit encore vrai. Il l’a été certainement et très durable-e ment, jusque dans cette philosophie du XIX siècle prolongé qu’a été une e section importante de celle du XX . Le kantisme a constitué la langue phi-losophique de pour ainsi dire deux siècles de philosophie, sous une forme ou sous une autre – une langue que l’on parlait encore y compris quand il s’agissait de la contester. Il est cependant possible qu’il s’agisse d’une période révolue. Cela non pas au sens où il faudrait accorder le moindre crédit aux gesticulations des bateleurs qui aujourd’hui proclament la mort du kantisme ou lui font mélo-dramatiquement et/ou avec une certaine bouffonnerie leurs adieux. Ils pas-seront, Kant demeure évidemment, comme un monument posté à l’orée de la modernité. S’il était si urgent de rompre avec le kantisme, du reste, c’est donc qu’il aurait une actualité et qu’il constituerait encore le sol nourricier de notre réflexion philosophique. Mon jugement serait plus sceptique : je pense qu’à la fin, nous sommes sortis du kantisme sur la pointe des pieds, sans nous en apercevoir. Il ne constitue plus, me semble-t-il – enfin : l’épisode aura tout de même duré deux siècles – la langue philosophique des problèmes que nous nous posons. En tout cas de ceux que je me pose. Un premier résultat que l’on peut retirer des riches analyses présentées dans ce livre est en effet que, à tout le moins, ce n’est pas vrai pour tout le monde. Dans la belle étude qu’il lui consacre au chapitre I, Aportone montre en effet le point auquel un philosophe central dans le débat international aujourd’hui, comme John McDowell, là même où il se dit « hégélien » – en un sens du mot qui mériterait assurément beaucoup de guillemets – demeure en fait fondamentalement kantien, au-delà de ce qu’il croit. C’est là en un sens un point bien évident, mais encore fallait-il l’établir et en tirer toutes les conséquences, ce qu’Aportone a fait avec beaucoup de talent. À vrai dire, la réalité de l’existence, aujourd’hui, de ces kantismes analy-tiques dont l’auteur, au début de son livre, évoque la lignée, ne fait pas en elle-même preuve, en ce qui concerne une actualité du kantisme. Beaucoup de choses existent qui sont déjà mortes, surtout en philosophie, dans la ré-pétition des formules apprises, ou leur retour sur fond de déshistoricisation.
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Préface
Aussi, la tentative d’Aportone se fixe des objectifs beaucoup plus intéres-sants que ceux du sauvetage supposé d’un Kant mis au goût du jour – mais celui-ci, en règle générale, passe vite – par une certaine philosophie analyti-que. En réalité sa démarche est tout à fait inverse : il s’agit, à partir de Kant, de mener une critique de ces kantismes partiels, en montrant comment, si l’on veut soutenir les positions qu’ils revendiquent, il faut suivre la pensée kantienne beaucoup plus loin qu’ils ne le font. De ce point de vue, je dois dire que je trouve tout à fait impressionnante la démonstration proposée par Aportone. Pour aller droit à l’essentiel, j’aurais tendance à penser, pour ma part, que les questions philosophiques ne se posent plus, aujourd’hui, en termes trans-cendantaux, de légitimation d’une objectivité ou d’un monde – comme si la réalité avait à justifier son droit d’être ce qu’elle est. Cependant, si on raison-ne dans les termes de la « possibilité d’un monde », comme le fait effective-ment McDowell, et on raconte à ce propos une histoire transcendantale dans laquelle les concepts sont censés jouer le rôle-clé (rendre le monde possible), alors il est certainement inintelligible qu’on prétende en même temps rejeter le cadre de l’idéalisme transcendantal, qui seul peut donner un sens à une tel-le histoire. Un aspect très important de l’entreprise d’Anselmo Aportone dans ce li-vre tient dans ses efforts pour redéployer un tel « idéalisme » dans sa riches-se et sa signification, tel que, selon la formule consacrée, il ne s’oppose nul-lement à un réalisme empirique, mais en détermine la possibilité. À ce titre, l’auteur met fort heureusement en discussion la formule de McDowell suivant laquelle « la forme de la pensée est déjà juste comme tel-le la forme du monde » (Having the World in View, p. 143). Il dit que cette formule ne peut avoir du sens que si on lui en donne un par une histoire plus substantielle, ayant trait au rapport de l’entendement et de la sensibilité. Je ne suis pas sûr, pour ma part, que ladite formule ait un sens – je veux dire : qu’elle « dise » quelque chose, positivement –, mais je serais d’accord avec Aportone sur le conditionnel. En d’autres termes, de deux choses l’une : soit la formule est triviale par-ce que, en un certain sens, la pensée est la seule chose à quoi la notion de « forme » convienne et donc le monde lui-même ne peut avoir de forme, ou plutôt n’en a qu’en tant qu’il est pensé ; soit cela apporte quelque chose de dire que la forme de la pensée est déjà en elle-même celle du monde, ce n’est pas une tautologie, et il faut avoir une histoire plus substantielle à raconter là-dessus, il faut alors qu’une forme se retrouve bien en une autre. De telles retrouvailles cependant ne sont possibles que là où la pensée n’est pas seule, mais se voit nécessairement confrontée à un autre principe de formalité. Et en effet, tout l’effort d’Aportone, qui vise, contre le philosophe rhodé-sien, à redonner du contenu à son propre énoncé, consiste à mettre en évi-dence, dans l’édifice critique, un autre niveau de formalité que celui du con-cept.
Une sensibilité idéale pour un monde réel
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Le cœur de ce livre est en effet constitué par la très belle méditation qui est menée, d’un chapitre à un autre, autour de la notion desensibilitéde et son rôle dans la philosophie kantienne. L’interprétation qui en est proposée est singulière parce que, tout en étant en un sens imprégnée de néo-kantisme – par le privilège accordé à la forme et à la spontanéité, notamment – elle prend à un autre niveau son contrepied. En effet, elle ne prétend jamais résorber l’exercice de la sensibilité dans l’ac-tivité de l’entendement. Il s’agit bien, dans la démarche de l’auteur, de faire droit à l’Esthétique transcendantalecomme telle, sans la réenvelopper dans l’Analytique transcendantaleou plus particulièrement la doctrine du sché-matisme, comme on l’a souvent vu, dans une forme de lecture de laCritiquesuivant un mouvement rétrograde. Dans l’analyse d’Aportone, il subsiste un lien essentiel entre certains éléments de doctrine présentés dans l’Esthétiqueet d’autres tirés de l’Analytique, comme la notion d’« intuition formelle ». Cependant, ce lien n’ôte rien de la consistance intrinsèque de cette sensibilité dont l’Esthétiqueest la doctrine. Il nous conduit au contraire à lui reconnaî-tre une modalité d’existence plus complexe que ne le suggéraient les lectures traditionnelles. Le travail engagé par l’auteur sur la sensibilité dans l’édifice critique est essentiel parce que tout d’abord il contribue à clarifier la nature dudit « idéa-lisme transcendantal », devant lequel tant d’interprètes contemporains, de-puis Strawson, ont reculé. Le noyau de l’« idéalisme transcendantal » au sens de Kant, Aportone le montre bien, c’est en effet la thèse de l’idéalité de l’espace et du temps. Que signifie cette thèse ? En premier lieu, négative-ment (idéalité = non-réalité) que l’espace et le temps ne sont pas des choses. Or le fait qu’ils ne soient pas des choses, loin de mettre en péril la réalité des choses, qui y sont, est au contraire ce qui dégage la place pour celle-ci et la permet. L’espace et le temps ne sont pas des « choses subjectives » qui s’in-tercaleraient entre nous et les choses et nous en écarteraient. Ils ne sont, en ce sens-là, qui est celui de la réalité, en toute rigueur « rien », des non-choses, et c’est à ce titre qu’en eux les choses peuvent être déterminées et situées, comme « phénomènes ». C’est rappeler, simplement, que, pour Kant, l’espace et le temps, essen-tiellement, sont des formes. Une part importante de l’interprétation proposée par Aportone réside dans le fait qu’il prend en considération jusqu’au bout ce point, certes non ignoré du commentarisme, mais dont les conséquences avaient peut-être été en un sens encore sous-évaluées. C’est tout au moins ce qui apparaît si on essaie d’immerger l’Esthétique transcendantaledans le dé-bat contemporain, ne fût-ce que pour y mesurer l’incommensurabilité. Même celle-ci se découvre, en effet, sans nul doute signifiante en ce qui concerne ce même débat. L’analyse de la structure de la sensibilité, objet de l’Esthétique, que mène l’auteur, constitue en effet une forme de réponse à l’accusation de mytholo-gie du donné qu’un certain hégélianisme simplifié pourrait être tenté d’ad-
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