L homme imaginaire
105 pages
Français

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L'homme imaginaire , livre ebook

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Description

Créer des formes et des images est la fonction de l'imagination. Elle donne à l'individu la conscience de lui-même, de l'environnement et la liberté de penser. Par l'imagination, l'homme parvient à prendre ses distances par rapport à ce qu'il est, à se libérer du monde objectif. Elle rend possible le langage, c'est pourquoi elle est tenue pour subversive. Elle suscite en nous un intérêt pour le futur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 292
EAN13 9782296258150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’homme imaginaire
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau
et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions

Dominique LEVY-EISENBERG, Le Faune revisité. Figures du souhait dans L’Après-midi d’un faune de Mallarmé , 2010.
Céline MORETTI-MAQUA, Bacchus de la civilisation pompéienne au monde médiéval , 2010.
Michel FATTAL, Saint Paul face aux philosophes épicuriens et stoïciens , 2010.
Jean MOREL, Kierkegaard et Heidegger. Essai sur la décision , 2010.
Silvia MATTEI, Voltaire et les voyages de la raison , 2010.
Jacques STEIWER, Vers une théorie de la connaissance systémique , 2010.
Francis HUTCHESON, Epistémologie de la morale , Illustrations sur le sens moral (1728), Correspondance entre Gilbert Burnet et Francis Hutcheson (1725), Réflexions sur le rire et Remarques sur la fable des abeilles (1725-1726), Avant-propos, introduction et traduction inédite de l’anglais de Olivier Abiteboul, 2010,
Yves MAYZAUD, Personne, communauté et monade chez Husserl , 2010,
Susanna LINDBERG, Heidegger contre Hegel : les irréconciliables , 2010.
NISHIDA Kitarô, Essais de philosophie, III : La Science expérimentale, Explications schématiques , traduction de Michel Dalissier et Ibaragi Daisuké, 2010.
Max VIDOT, L’humanisme éthique en action : humanistique et réalité , 2010.
Jean Piwnica


L’homme imaginaire

Essai sur l’imagination
Du même auteur


À chacun son art, L’Harmattan, 2008.

L’émotion à l’œuvre , L’Harmattan, 2009.


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12020-4
EAN : 9782296120204

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Une philosophie qui s’exprime par des images
perd une partie de sa force
en ne se confiant pas totalement à ses propres images.

Gaston Bachelard


L’homme est incapable de faire
ce qu’il est incapable d’imaginer.

René Char
Préface
L’approche philosophique de l’imagination ne va pas sans refléter l’histoire des mentalités et des contraintes imposées à la liberté de penser. La mainmise de l’église, à travers les siècles, en est l’un des symptômes le plus reconnu, et d’une façon plus générale celle de la religion sur les idées, dans la continuité du discours platonicien. Avec les Lumières se produit une révolution idéologique qui élargit la compréhension des mécanismes de l’imagination et de son rôle majeur dans le rapport de l’homme avec le monde extérieur. À la conception essentiellement négative qui avait jusqu’alors prévalu, principalement pour des motifs ontologiques, succèdent des réflexions qui mettent en valeur l’importance déterminante de l’imagination sur l’existence de l’espèce humaine, ce que confirmeront par la suite les progrès de la neurobiologie et de l’étude du fonctionnement du cerveau. Fort décriée chez la plupart des penseurs jusqu’à l’époque des Lumières, et, pour certains jusqu’au XXe siècle, l’imagination n’en est pas moins généralement reconnue comme ayant un rôle déterminant dans l’adaptation de l’homme à son milieu. La défiance à l’égard de l’esprit humain, nourrie par ceux qui ont le pouvoir de lui dicter leur loi et lui imposer une croyance, incite à ne concevoir l’imagination que sous ses aspects les plus triviaux : la rêverie, les fantasmes etc. lesquels pourtant ne sont pas sans danger pour les règles établies de la foi et de la raison. En l’occurrence les artistes ne font pas exception. Le totalitarisme de la raison, mis au service du dogme religieux et des règles morales qu’il promulgue, occulte le rôle primordial de l’imagination dans l’exercice même de la pensée. Il n’existe pas, en effet, d’acte chez l’individu qui ne mobilise préalablement les ressources de l’imaginaire, que ce soit pour se rendre d’un point à un autre, décider d’entreprendre telle activité, renoncer à telle autre, échafauder des projets ou des théories etc. La technique la plus rudimentaire exige un effort d’imagination pour élaborer les outils les plus primitifs ; que dire de la technologie, aujourd’hui si familière et qui, en d’autres temps, serait apparue sortie tout droit d’un esprit dérangé ? Ces « visionnaires » qui ont conçu de telles réalisations n’avaient pour outil que leur imagination. L’évolution politique et sociale des sociétés relève exclusivement de l’imaginaire des hommes qui se sont représenté un monde différent de celui dans lequel ils vivaient – pour le meilleur et pour le pire. Beaucoup d’élans de solidarité, d’œuvres caritatives, d’aides internationales, ne semblent plus autant obéir au respect de préceptes religieux – respect rétribué par le salut de l’âme – ou à des calculs géostratégiques – qu’à la sympathie éprouvée par des individus pour des êtres qui ne sont pas nécessairement présents à leur côté, mais dont ils imaginent le sort. La place de l’imaginaire est de plus en plus prégnante dans le monde actuel, où rien ne devient inimaginable et tout peut être imaginé. Les inventions pratiques imaginées par l’industrie humaine, ainsi que les développements de la médecine, depuis la Grèce antique jusqu’aux biotechnologies contemporaines, ont directement contribué à alléger la peine des hommes. « Depuis la Renaissance, écrit Jean-Pierre Changeux {1} , l’aspiration à la liberté de croyance – à celle d’imaginer – va de pair avec l’épanouissement de la liberté d’expression, intrinsèque à la pensée créatrice. »
Introduction

L’identité personnelle de l’individu est le reflet mouvant d’une vision spéculaire dont il est l’image fluctuante. L’homme s’imagine et prend ainsi conscience de lui-même, de son propre corps. En d’autres termes, l’imagination est le miroir de l’esprit et c’est par elle que l’être prend sa place dans le monde et conçoit son rapport aux choses et aux humains. C’est à l’aune de ce qu’il ressent, de ce qu’il perçoit, qu’il s’imagine lui-même, progressant dans une adaptation à l’environnement, à l’altérité, qui lui renvoient, comme un écho, sa propre image mouvante. Que verrions-nous du monde en dehors de ce que nous imaginons ? Rien de plus qu’un aveugle. Les sensations qui nous viennent de l’extérieur, nous en prenons conscience et les interprétons au gré de notre imagination. La raison, venant avec l’expérience, est un recours qui nous protège des extrêmes auxquels l’imaginaire peut nous conduire.

L’imagination opère au moyen de formes-idées. Les images qui nous viennent à l’esprit n’existent qu’à l’état de suggestions vagues et floues, suscitées par l’idée que nous nous faisons d’une personne ou d’une chose, ou de leur relation. Des confusions se produisent parfois, la forme peut ne pas correspondre dans la réalité à l’idée qui la suggère : on pense rêver de telle personne, mais c’est l’image d’une autre personne qui surgit bien que l’intention soit dirigée vers la première. Je rêve de X mais ce qui m’apparaît est une forme imprécise, voire différente de X, car notre intention seule désigne X comme étant le personnage qui apparaît. La forme est hétérogène de l’idée. La spontanéité des images n’empêche pas l’imagination d’être guidée par l’intention. Fixer un point d’attention suffit à la volonté pour initier un processus imaginatif, action qui peut à tout moment être interrompue par la volonté de l’individu qui imagine, et à nouveau initiée. Imaginer une personne ou une chose revient à croire en sa réalité alors qu’en fait nous ne distinguons qu’une esquisse, un détail, un contour, qui accompagne l’idée à laquelle nous attribuons une identité. L’exemple du canard-lapin de Wittgenstein illustre le processus de l’imagination, organisatrice de sensations visuelles selon d’infinies variations de formes-idées. Le mirage est une image sans réalité produite par un phénomène matériel, immédiatement interprétée selon une f

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