L'Humanisme en procès

Bernard Jolibert

Description

Suite aux attaques diverses qui en annoncent la fin imminente, faut-il renvoyer l'humanisme aux oubliettes de l'histoire ? Cet idéal d'homme complet dont le développement physique, affectif, intellectuel et moral ne souffre pas de limites, qui substitue à l'esprit de soumission celui de libre examen, est-il désormais dépassé ? La personne, le sujet, la liberté, le progrès, ne sont-ils que des chimères inconsistantes ? La raison n'est-elle qu'un instrument trompeur ? Faut-il abandonner les hommes au fatalisme le plus radical ? L'humanisme semble désormais faire l'objet de critiques sévères. Est-il pour autant dépassé ?

Sujets

• Philosophie et théologie
• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 08 janvier 2020
• Nombre de lectures: 14
• EAN13: 9782140139833
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

ÉDUCATION &

P HILOSOPHIE

Bernard Jolibert

L’Humanisme en procès

© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-19326-7 EAN : 9782343193267

L’Humanisme en procès

Éducation et philosophie

Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard

Bernard JOLIBERTPlaton, l’ascèse éducative,1994. Jean LOMBARDPolitique et éducation,1994. PLUTARQUETraités sur l’éducation, 1995. William JAMESConférences sur l’éducation,1996. Jean LOMBARDBergson, création et éducation,1997. Bernard JOLIBERTL’éducation d’une émotion. Trac, timidité, 1997. Claude FLEURYTraité du choix et de la méthode des études, 1998. ROLLINDiscours préliminaire au traité des études, 1998. Jean LOMBARDL’Ecole et la cité,1999 Bruno BARTHELMÉ Une philosophie de l’éducation pour l’école d’aujourd’hui,1999. e Gérard GUILLOTsiècle ?Quelles valeurs pour l’école du XXI , 2000. Bernard VANDEWALLEKant, éducation et critique, 2001. Yves LORVELLEC,Culture et Education, 2002. Jean LOMBARD (études présentées par)L’école et l’autorité,2003. Jean LOMBARDHannah Arendt, éducation et modernité, 2003. Bernard JOLIBERTAuguste Comte, l’éducation positive, 2004. Jean LOMBARDL’école et les sciences, 2005. Sylvain MARÉCHALProjet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes,2007. Jean LOMBARD (études présentées par)L’école et la philosophie,2007. Anne-Marie DROUIN-HANSRelativisme et éducation, 2008. Bernard JOLIBERTMontaigne, l’éducation humaniste,2009. Jean-Louis VIVÉSL’éducation de la femme chrétienne, 2010. Jean-Louis VIVÈSLes devoirs du mari, 2011. Michel SOËTARDMéthode et philosophie,2012. Jean LOMBARDLa démarche et le territoire de la philosophie,2014. Bernard JOLIBERTDes mots en « – isme » en philosophie,2014. Julie DUMONTEILNietzsche et l’éducation,2015. Josiane GUITARD-MORELLa relation éducative au siècle des Lumières. Bernard JOLIBERTL’unité politique et la diversité,2016. Bernard JOLIBERT Morale et Philosophie, Paris, 2017. Jean LOMBARDLa leçon de philosophie de Socrate à Èpictète, 2018. Bernard JOLIBERT Science, religion, philosophie, Paris, 2019.

Bernard JOLIBERT

L’Humanisme en procès

Du même auteur

è L’enfance au XVII siècle, Paris, Vrin, 1981. Trac, timidité, intimidation,Toulouse, Privat, 1985. Raison et éducation,Paris,Klincksieck, 1987. L’éducation contemporaine,Paris,Klinsksieck, 1989. Platon : l’ascèse éducative,Paris, L’Harmattan, 1994. L’éducation d’une émotion,Paris, L’Harmattan, 1997. La Commedia dell’arte,Paris,L’Harmattan, 1999. Auguste ComteParis, L’Harmattan, 2004. La laïcité, actualité d’une idée, Belgique, EME, 2005. Lexique critique du professeur des écoles, Paris, Seli Arslan, 2006. Réussir le mémoire professionnel en IUFM., Paris, Seli Arslan, 2006. La dissertation, Paris, Seli Arslan, 2007. Réussir son inspection(avec Jean Lombard), Paris, Seli Arslan, 2008.Montaigne, l’éducation humaniste, Paris, L’Harmattan, 2009. Questions d’éducation : les finalités politiques des institutions scolaires,Paris, L’Harmattan, 2009. La Pensée occidentale, Paris, Ellipses, 2012. De l’usage des mots en « -isme » en philosophie, Paris, L’Harmattan, 2014. L’unité politique et la diversité, autour du « vivre- ensemble », Paris, L’Harmattan, 2016. Morale et Philosophie, Paris, L’Harmattan, 2017 .Science, religion, philosophie, Paris, L’Harmattan, 2019.

« Le mot d’humanisme a été décrié dans les obscures années structuralistes où avaient disparu lesujet et l’histoire. Quel beau mot pourtant qui signifie le souci de l’humain autant individuel que social et planétaire. » Edgar Morin,Hommage à Jacques Robin, Transversales, 2009.

À quoi bon l’humanisme ? Le refus de considérer l’humanisme comme une conception philosophiquement défendable a pris, au cours de l’histoire, les formes les plus diverses, oscillant sans cesse entre l’indifférence, l’ironie, le mépris, ou la haine. Contre l’idée montaniste d’universelle condition humaine, contre l’idée, chère à Grotius et à Burlamachi, qu’il puisse exister des « droits naturels »supérieurs aux droits nationaux, contre la conception cartésienne d’une raison universelle présente chez chacun, contre l’idée que tous doivent participer aux décisions politiques, se sont très tôt affirmées les idée de nation, de race, de culture, de tradition, de classe, comme éléments ultimes constitutifs essentiels de la personne humaine, éléments réels, palpables, affectifs et concrets, faisant de l’universel cher aux humanistes une pure illusion. L’universalité humaine étant sans objet, c’est vers les hommes singuliers, définis par leur langue, leurs us et coutumes, leurs racines, le sang de leurs ancêtres, leur culture 1 comme on dit aujourd’hui,Bildung etKultur réunies , que se tournent ceux qui espèrent en finir avec cet homme universel sans consistance ni densité que défend la tradition humaniste. L’homme au singulier, avec ou sans grand H, n’est qu’une fiction de philosophe idéaliste ou de théologien attardé. Les sciences humaines, aujourd’hui positives, nous montrent que ce à quoi on a affaire dans l’existence réelle, ce

1  Kant Emmanuel,Qu’est-ce que les Lumières ?de Moses Suivi Mendelssohn,Sur la question : que signifie « aufklären » ?Mille et une nuits, 2006, p. 29.

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sont des hommes pluriels, divers, faits de chair, qui vivent dans tel contexte religieux, politique, économique, à tel moment de l’histoire, avec des caractères propres, différenciés quant au sexe, la couleur de peau, l’origine sociale, l’âge ou la psychologie. La valeur, le bien et le devoir ne doivent plus être énoncés au singulier. Ils sont différents suivant les groupes humains. Il n’y a pas de « commune mesure » qui permettrait de les comparer, encore moins de les hiérarchiser en fonction d’une valeur commune ou d’un principe d’exigence supérieure. Il n’y a pas d’Homme. Il n’y a que des communautés différenciées, des 2 peuples« de sang, de travail et de lieu »pour parler comme Charles Maurras. Le modèle de l’intellectuel cosmopolite, défenseur des« droits de l’homme» à la manière de Stephan 3 Zweig , correspond à un modèle désormais obsolète. Il véhicule, au mieux une rêverie inconsistante, au pire une 4 tentative de manipulation« platement bourgeoise » de l’opinion. Quelles valeurs convient-il d’opposer à l’humanisme afin d’en montrer la vacuité et ainsi d’en renverser les bases ? Les offensives antihumanistes viennent de multiples horizons. Il est difficile d’en faire l’inventaire tant les angles d’attaque sont divers : religieux, économiques, politiques, sociologiques, psychologiques, politiques, etc. On peut en revanche tenter de rassembler quelques traits communs à l’ensemble de ces critiques. Contre l’idée d’universalité humaine qui est aux fondements de l’humanisme, on affirme d’abord la promotion de la singularité, on prône un retour au particularisme, au risque de se crisper sur des identités plus appauvrissantes que libératrices. Contre la liberté de penser, on affirme la vertu de l’obéissance, sainte ou pas. Contre l’espoir d’un progrès général de la connaissance et des

2 Charles Maurras,Dictionnaire politique et critique, Paris, Fayard, 1933. 3 Stephan Zweig,Érasme,Paris, Grasset,1959. 4 Maurice Barrès,Les Déracinés,Paris, Fasquelle, 1900.

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