L idée de guerre chez Rousseau (Volume 2)
202 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'idée de guerre chez Rousseau (Volume 2) , livre ebook

-

202 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Loin de désigner seulement l'absence de guerre, la paix, comme l'entend Rousseau, est synonyme de la promotion des valeurs humaines et de la protection des droits essentiels des individus. Pour Rousseau, la paix ne peut régner que sur le plan national. Car l'organisation de la vie politique interne a pour revers le désordre international. Prenant amplement ses distances contre le projet de l'abbé de Saint-Pierre, Rousseau soutient que les rapports entre les Etats ne peuvent être que des rapports d'anomie et de sauvagerie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296698147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’IDÉE DE GUERRE CHEZ ROUSSEAU


Volume 2
Paix intérieure et politique étrangère
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11748-8
EAN : 9782296117488

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Hichem Ghorbel


L’IDÉE DE GUERRE CHEZ ROUSSEAU


Volume 2
Paix intérieure et politique étrangère


L’Harmattan
Commentaires philosophiques
Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti
et Fouad Nohra

Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant à ladite "histoire de la philosophie", à travers leur lecture méthodique, telle est la finalité des ouvrages de la présente collection.
Cette dernière demeure ouverte dans le temps et l’espace, et intègre aussi bien les nouvelles lectures des "classiques" par trop connus que la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes à reconnaître.
Les ouvrages seront à la disposition d’étudiants, d’enseignants et de lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de la philosophie.

Déjà parus

Hichem GHORBEL, L’idée de guerre chez Rousseau. Volume 1, La guerre dans l’histoire , 2010.
Constantin SALAVASTRU, Essai sur la problématologie philosophique , 2010.
Jean-Jacques ROUSSEAU, Essai sur l’origine des langues , 2009.
Jean-Jacques ROUSSEAU, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes suivi de La reine fantasque , 2009.
Khadija KSOURI BEN HASSINE, La laïcité. Que peut nous en apprendre l’histoire ? 2008.
Stamatios TZITZIS (dir.), Nietzsche et les hiérarchies , 2008.
Guy DELAPORTE, Physiques d’Aristote, commentaire de Thomas d’Aquin , 2008.
Khadija KSOURI BEN HASSINE, Question de l’homme et théorie de la culture chez Ernst Cassirer , 2007.
Angèle KREMER MARIETTI, Nietzsche et la rhétorique , 2007.
Walter DUSSAUZE, Essai sur la religion d’après Auguste Comte , 2007.
Monique CHARLES, Kierkegaard. Atmosphère d’angoisse et de passion , 2007.
Monique CHARLES, Lettres d’amour au philosophe de ma vie , 2006.
Angèle KREMER MARIETTI, Jean-Paul Sartre et le désir d’être , 2005.
Michail MAIATSKY, Platon penseur du visuel , 2005.
Rafika BEN MRAD, La Mimésis créatrice dans la Poétique et la Rhétorique d’Aristote , 2004.
Gisèle SOUCHON, Nietzsche : généalogie de l’individu , 2003.
CHAPITRE I L’INSTAURATION DU CORPS POLITIQUE
I- Le rapport entre le Second Discours et le Contrat social
Qu’est ce qui rend possible la cohésion sociale ? Par quel moyen peut-on amener les hommes à vivre en ordre et dans l’ordre ? Et comment faire naître l’état civil, garant et sauvegarde d’égalité et de liberté ?
Ces interrogations nous paraissent d’un intérêt capital. Car outre la question du passage de la guerre à la paix, elles se rapportent aussi au problème de l’unité de la pensée de Rousseau et, en particulier, au rapport entre le Discours de l’inégalité et le Contrat social .
Parmi les nombreux travaux qui ont pris soin de traiter ce sujet crucial, nous avons rencontré l’analyse d’Engels. C’est sur elle que nous allons nous arrêter. D’abord parce qu’elle est séduisante. Ensuite parce qu’elle est orientée spécialement vers la recherche de ce qui peut constituer la charnière entre la phase de l’anarchie totale et celle de la communauté harmonieuse chez Rousseau.
Evoquant le problème classique et délicat du lien entre le Discours sur l’inégalité et le Contrat social , Engels pensait le résoudre en appliquant le schéma ternaire qui va de l’égalité naturelle à l’égalité conventionnelle par la médiation de l’inégalité sociale et politique. Selon lui, l’évolution humaine chez Rousseau suit le rythme à trois temps de la logique hégélienne – thèse, antithèse et synthèse – et permet ainsi la réalisation du principe « la négation de la négation » et cela « vingt-trois ans avant la naissance de Hegel » {1}
Dans un premier moment, note-t-il, c’est-à-dire à « l’état de nature et de sauvagerie, les hommes étaient égaux ; et comme Rousseau tient déjà le langage pour une altération de l’état de nature, il a parfaitement raison d’appliquer l’égalité entre les animaux d’une même espèce dans toute l’étendue de cette espèce à ces hommes-animaux » {2} .
Dans un deuxième moment, ajoute-t-il, l’inégalité s’installe entre les hommes pour atteindre progressivement son plus haut degré avec l’établissement du despotisme. C’est parce que « les hommes-animaux égaux avaient sur le reste des animaux l’avantage d’une propriété : la perfectibilité » qu’ils avaient évolué. Seulement, « tout (…) progrès de civilisation est, en même temps un (…) progrès de l’inégalité ». Citant le passage où Rousseau rend le développement de l’agriculture et de la métallurgie responsable de l’institution de la propriété, Engels rappelle le rôle accordé par l’auteur du Second Discours aux facteurs économiques dans cette progression qui va de la seconde révolution jusqu’au règne du pouvoir arbitraire. Au terme de ce procès de dégradation, explicite-t-il, les « chefs deviennent nécessairement les oppresseurs des peuples et renforcent cette oppression jusqu’au point où l’inégalité, poussée à son comble, se retransforme en son contraire, devient cause de l’égalité : devant le despote tous sont égaux, à savoir égaux à zéro » {3} .
Dans un troisième moment, continue Engels, l’extrême inégalité se transforme en son contraire. Le « despote, écrit-il, n’est maître que tant qu’il a la violence ». D’où la conclusion de Rousseau : « la seule force le maintenait, la seule force le renverse : toutes choses se passent ainsi selon l’ordre naturel ». Avec la lutte ardente et sanglante des gouvernés contre les gouvernants, « l’inégalité se change en égalité, non toutefois en cette vieille égalité naturelle de l’homme primitif privé de la parole, mais dans l’égalité supérieure du contrat social. Les oppresseurs subissent l’oppression. C’est la négation de la négation. » {4}
Précurseur de Hegel, Rousseau, par sa représentation historique de la société humaine qui se dessine selon une méthode dialectique, annonce aussi le matérialisme historique. C’est ce que conclut Engels à la fin de son commentaire : « Nous n’avons donc pas seulement chez Rousseau une marche de la pensée qui ressemble à s’y méprendre à celle qui est suivie dans le Capital de Marx, mais même dans le détail toute une série de tournures dialectiques dont Marx se sert : processus qui, par nature, sont antagonistes et contiennent une contradiction, transformation d’une extrême en son contraire ; enfin, comme noyau de l’ensemble, la négation de la négation » {5} .
Cette interprétation hégélienne et marxiste suppose que le Second Discours s’ouvre sur le Contrat social et attribue à la révolution le soin d’exprimer le prolongement des idées de Rousseau et l’unité de sa pensée dans les deux œuvres. Une telle interprétation est-elle acceptable ? Sinon qu’est-ce qui montre qu’elle est tendancieuse ?
Dans son étude sur « la dialectique à l’œuvre chez J.J. Rousseau » Jean-Louis Chédin constate avec brio que la dialectique historique de l’auteur du Second Discours annonce celle de Hegel et de Marx. Mais « les éléments antagonistes » qu’elle « parvient à conjurer en un rapport originel » sont appelés, par « les nécessités de leur développement respectif », à « se scinder ultérieurement » avec l’avènement « de la dialectique idéaliste (Hegel) et le matérialisme dialectique » {6} .
Certes, affirme J.L. Chédin, « C’est avec J. J Rousseau que la dialectique moderne (…) accomplit en fait ses premiers pas » {7} et « ce n’est pas un hasard si (…) Engels » lui « a rendu justice (…) sans distinguer cependant les deux courants qui la traversent 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents