L'origine du rire

Georges Gavriloff

Description

Le rire obéit toujours à un mécanisme sémantique immuable niché dans les profondeurs du discours. Le comique passe par une pluralité de significations potentielles et se complaît à créer des émotions positives ou des réactions négatives. Il ne laisse pas indifférent. Sa fonction, au sein du langage, reste communicationnelle : communication avec les autres, mais aussi volonté de compréhension et de paix sociale. Cette étude nous fait découvrir la véritable porte d'entrée qu'est le comique dans l'univers social.

Sujets

• Philosophie
• Linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2017
• Nombre de lectures: 34
• EAN13: 9782140033575
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 6 Mo

Extrait

L’ORIGINE DU RIRE Georges GAVRILOFF
Le rire obéit toujours à un mécanisme sémantique immuable niché
dans les profondeurs du discours. Le comique passe par un labyrinthe
de significations potentielles et se complaît à dérouter, interpeler,
provoquer, outrager, révolter, créer des émotions positives ou des L’ORIGINE DU RIREhostilités. Il ne laisse pas indifférent.
Sa fonction, au sein de ce grand ensemble que représente le
langage, reste la communication. Celle-ci se fait par définition avec Discours comique et imaginaire
les autres et le comique reste par conséquent le signe d’une volonté de Essai d’analyse sémantiquecompréhension et de paix sociale. Il ne peut se concevoir que comme
un signe de vitalité et de grandeur de toute société. du mécanisme comique
Cette étude nous fait découvrir la véritable portée du comique dans
cette irradiation d’ondes subtiles qu’est l’univers social.

Georges GAVRILOFF est enseignant et traducteur. Il a été Chargé de
cours et Directeur de recherches à l’Université Paris III Sorbonne-Nouvelle
dans le cadre du Master II « L’Art du récital ». Il a traduit une biographie
en images de Sviatoslav RICHTER écrite par l’acteur russe Dimitri
DORLIAK, parue sous le titre Sviatoslav Richter, Visions fugitives aux
Éditions Magellan et Cie.
ISBN : 978-2-3431-1466-8
19 €
Série Arts Vivants
OUVERTURE PHILOSOPHIQUE OUVERTURE PHILOSOPHIQUE
L’ORIGINE DU RIRE Georges GAVRILOFF





L’ORIGINE DU RIRE

DISCOURS COMIQUE ET IMAGINAIRE

Essai d’analyse sémantique du mécanisme comique























Collection « Ouverture philosophique »
Série Arts vivants
(co-dirigée par Jean-Marc Lachaud, Professeur à l’Université
Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, et par Martine Maleval, Maître de
Conférences à l’Université de Lorraine)
La série Arts vivants a pour objectif de publier des ouvrages
individuels ou collectifs, affirmant des partis pris esthétiques et
artistiques critiques. Les champs privilégiés concernent :
- le développement de pratiques transversales, qui bousculent
les repères établis et les normes à partir desquelles était
jusqu’alors appréciée et évaluée la création scénique, qui
effacent les frontières reconnues tant entre les arts qu’entre
ceux-ci et d’innombrables petites formes et, qui facilitent le
déploiement d’un art scénique hors limites ;
- la représentation et la mise en scène de corps indisciplinaires,
qui s’insurgent contre les conventions dominantes et fomentent
d’intempestifs débordements salvateurs, en bricolant sans
modèles pré-établis et en dérobade constante, de troublantes et
de provocatrices figures en tension ;
- les rapports complexes entre esthétique et politique, les
nouvelles formes d’engagement et l’analyse de démarches,
d’œuvres et de spectacles radicaux qui, refusant la logique de la
domination et la soumission aux aliénations contemporaines,
participent à l’émergence d’une esthétique de l’émancipation.
Dernières publications
Saad CHAKALI, Jean-Luc Godard dans la relève des archives
du mal (2017)
Martine MALEVAL et Jean-Marc LACHAUD, Rue des arts.
Productions artistiques et espace urbain (2015)
Manuel NORVAT, Le chant du divers, Introduction à la
philopoétique d’Édouard Glissant (2015)
David BRUNEL La photographie vue de dos. Une aventure
spéculaire (2015)
Martine MALEVAL Sur la piste des cirques actuels (2014)
Cécile BOËX Cinéma et politique en Syrie 1970-2010 (2014)
Marc JIMENEZ (Dir) L’Art entre fiction et réalité (2014) Georges GAVRILOFF



L’ORIGINE DU RIRE

DISCOURS COMIQUE ET IMAGINAIRE

Essai d’analyse sémantique du mécanisme comique











Le titre d’une réflexion sur le comique se devait d’être teinté d’humour.
L’illustration, en première de couverture, est la reproduction d’un tableau de
Lioubov POPOVA (1889-1924) : Portrait du Philosophe. Construction
cubiste. Huile sur toile, 89 x 63cm, Russie, 1915. Cette artiste avait pris pour
modèle son frère. Partant du réel et du rationnel, elle aboutit, par une
démarche complexe, à une construction irréelle et irrationnelle, tout comme
cela s’opère dans la magie du comique. Cette œuvre fait partie des collections
du Musée Russe de Saint-Pétersbourg. Elle est reproduite ici avec l’aimable
autorisation de la Direction du Musée Russe.
©2017, State Russian Museum, St. Petersburg.
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www. harmattan.com
[e-mail]
ISBN : 978-2-3431-1466-8
EAN : 9782343114668 À mes enfants
Anastasia
Alexandre
Ivan
Hortense J’étais seul, l’autre soir, au Théâtre Français,
Ou presque seul ; l’auteur n’avait pas grand succès
Ce n’était que Molière […]
Alfred de Musset. Une soirée perdue.
Claude, voyant ses funérailles, comprit qu’il était mort.
Sénèque. Apocolocyntosis 12.
PRÉFACE

L’importance du rire

Le rire est un phénomène essentiellement social, présent
dans notre quotidien et sur différentes modalités
expressives. Nous rions parce que nous sommes des êtres
humains. Aucune autre espèce, sur la planète entière, ne
possède le don du comique. Comme le mentionnait déjà
Aristote : le rire est humain.

Bergson, dans son œuvre Le Rire, a réuni trois études
publiées dans la Revue de Paris en 1899. Il ponctue les
mécanismes qui sont déterminants dans la production de
l’effet comique et il soutient l’existence d’une certaine
insensibilité qui accompagne le rire. Pour l’auteur, le rire a
un sens social et constitue une sorte d’inadaptation de la
personne à son environnement. Une des conditions
nécessaires pour atteindre le comique est l’insensibilité
puisque le rire est une « activité de l’intelligence ». Tout en
dénonçant l’automatisme qui contraste avec l’activité libre
et individuelle de l’homme, le rire fait taire l’émotion pour
laisser apparaître le ridicule, surtout si l’on rit d’une
personne ou d’une caricature qui nous renvoie à quelqu’un
de spécifique. Le rire a aussi besoin d’un écho, d’une
résonance, raison par laquelle il est toujours le rire d’un
groupe. Le corps social a besoin du rire pour critiquer tout
ce qui échappe à ce qui est humain comme l’absence de
flexibilité et la rigidité d’un corps vivant. Mais également à
tout ce qui, appartenant au genre humain, révèle ses
misères, le ridiculise et le rend fragile.

Sans oublier de mentionner l’importance du comique dans

11
la vie de l’être humain et sa fonction de sanction sociale,
Georges Gavriloff réalise, dans son étude sur la sémantique
du rire, une analyse approfondie des divers éléments et des
situations qui le provoquent. Il mentionne
« l’imprescriptible faculté » du texte comique, toujours prêt
à cacher sa véritable intention, et il montre les
contradictions du comique. Son analyse ne cherche pas à
enfermer le comique dans une définition, mais relève de ce
qui est vivant dans les procédés comiques, tels que le
langage et l’intelligence. Le rire serait-il le témoin du
décalage entre la vie et le langage ? Cette sorte de
formalisme contre lequel le comique s’insurge paraît bien
avoir incorporé la capacité de rire de nous-mêmes et
transforme le rire en un geste qui ne réconcilie pas. De ce
fait, le comique devient une mimésis, peut-on dire, pure et
simple, d’un mouvement où la vie n’existe pas, un manque
de perfection individuelle ou collective qui exige la
correction, ainsi ridendo castigat mores.
Le rire provoque une dissidence entre lui-même et le
discours scientifique moderne auquel il échappe et que,
pour