La critique radicale de l argent et du capital chez le dernier-Marx
250 pages
Français

La critique radicale de l'argent et du capital chez le dernier-Marx , livre ebook

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250 pages
Français

Description

Ce livre s'inscrit dans une réflexion sur la Critique radicale associée à ce qu'on peut appeler le Dernier-Marx. Ce Dernier-Marx, on peut le lire dans l'édition française du Capital en un repositionnement de Marx, venant problématiser sa pensée objective précédente, qui réceptionnait un donné du mode de production capitaliste pour l'interpréter comme un donné de l'histoire. À cette entreprise ruineuse pour le mouvement ouvrier, le Dernier-Marx substitue une problématique radicalement subjective à partir d'une ontologie de l'identité vitale.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 29
EAN13 9782336367309
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Philippe Bayer
LA CRITIQUE RADICALE DE L’ARGENT ET DU CAPITAL CHEZ LE DERNIERMARX Matériaux pour une refondation du marxisme
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-04705-8 EAN : 9782343047058
La critique radicale de l'argent et du capital chez le Dernier-Marx
Matériaux pour une refondation du marxisme
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
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Philippe Bayer
La critique radicale de l'argent et du capital chez le Dernier-Marx
Matériaux pour une refondation du marxisme
L'Harmattan
Introduction
A) 1) Depuis les années 80, le monde est entré dans une phase où sa lecture ne peut plus s'armer des seules armes théoriques dont le mouvement ouvrier s'était doté depuis Marx. Pendant un siècle et demi, l'histoire a semblé porter en son sein les luttes et les révolutions qui la parcouraient et lui imposaient son sens. Le progrès des forces productives semblait nourrir le développement d'un prolétariat, dont le caractère de sujet substantiel de cette histoire s'affirmait aussi bien quantitativement que qualitativement. Les luttes de par le monde s'y référaient et les révolutions se coloraient du sang des luttes prolétariennes. Le sens de la lutte des classes ponctuait les moments de l'histoire dont l'échéance victorieuse ne faisait guère de doute. Il y eut certes quelques révolutions manquées et quelques luttes non abouties, mais c'était l'effet d'un rapport de force conjoncturel entre belligérants d'un conflit rythmant toujours l'histoire. Quand ce rapport de force défavorable se prolongeait, c'était le fait de « déformations » et autres « trahisons » venant affaiblir les forces vives de la révolution en marche. Bref, au-delà de quelques questionnements, la taupe creusait toujours, sortant son nez à l'occasion, comme en mai 68 pour organiser la « répétition générale ». Ce ne sont pas les certitudes théoriques qui, de plus en plus tirées par les cheveux, finirent par avoir la migraine. Mais bien plutôt l'histoire elle-même qui finit par ne plus répondre et mit fin à une histoire d'amour entre elle-même et la théorie. Et le bilan s'énonce à partir des questions que pose cette rupture. Y eut-il jamais une telle histoire d'amour partagée ? L'histoire a-t-elle eu à quelque moment un sentiment pour la théorie ? N'est-ce pas plutôt la théorie qui s'est trop donnée à un amour au point d'y perdre ses forces et faire montre de faiblesses ?
2) Mais ce bilan, la théorie a du mal à le faire. L'histoire n'est plus aussi transparente à sa lecture ? Qu'à cela ne tienne ! La théorie se sent armée pour ménager des « rencontres » avec elle, moment de compassion sur sa triste réalité. Mais peut-on prétendre comprendre cette triste réalité quand on se refuse à voir que si l'histoire ne répond plus, c'est tout simplement parce qu'elle n'a jamais répondu pour avoir été toujours infidèle, embarquée qu'elle était dans une autre aventure? C'est dès lors qu'on ouvre les yeux, qu'on se réveille d'un long rêve, que l'on voit que la théorie marxiste s'est trompée d'histoire. Elle s'est entichée d'une histoire qui menait une vie cachée avec un autre, le capital, et c'est en tant qu'histoire de cet « affreux jojo » qu'elle est dans un triste état. Il lui faut entreprendre une « auto-analyse » afin de se reconstruire contre la logique du
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capital dont elle a pris les vessies pour des lanternes d'une histoire idéalisée. Et il faut pour cela qu'elle suive les traces de Marx. 3) Car nous tenons que Marx a, sur le tard, entrepris le début d'une telle « auto-analyse » dans l'édition française du Capital (que nous nommerons LC). Ce Dernier-Marx, nous en avons entrepris la lecture jusqu'à la fin de la §1 du chapitre I de LC, pour y découvrir une « critique radicale de la valeur-travail », où le capital commence à se révéler pour ce qu'il est, en son sens profond, en son être spécifique. Et nous nous proposons dans ce livre de continuer et d'achever cette « relecture » afin de comprendre la force d'un système qui a pu nous faire prendre ses vessies pour des lanternes. Par là même nous comprendrons en quoi la théorie marxiste se prédisposait à une telle confusion. Car toute la théorie, avant LC, s'est constituée sur cette aventure avec l'histoire que constitue le schéma matérialiste historique. Et ce n'est pas en élaguant les textes des passages par trop marqués par le déterminisme historique qu'on aura lavé la théorie de ses traces. Afin de poursuivre cette « relecture », il nous faut exposer les résultats auxquels nous a menés la « critique radicale de la valeur-travail ». B) 1) L'introduction à la §1 définit l'objet de LCle et point de départla de théorie. L'objet de LC est la logique du capital à saisir comme théorie pure d'un sens, indépendamment d'une histoire complexe dans laquelle il se déploie. Il s'agit d'une société dans laquelle règne le capital, et non pas dans laquelle il domine d'autres modes de production. Quant au point de départ, il impose sa nature dialectique pour dire un mauvais infini, la richesse comme immense accumulation de marchandises, dont il faut chercher le vrai infini dans sa forme élémentaire, la marchandise comme absolu.
2) Pour définir cet absolu, nous avons analysé les passages essentiels d'un texte postérieur à LC, les « Notes marginales sur le traité d'économie politique d'Adolph Wagner » (NMW). À la catégorie « homme » de Wagner, Marx oppose l'homme social déterminé dans une société où il vit déjà. Avec ce déjà, on voit d'abord qu'on n'est pas dans une ontologie traditionnelle, mais aussi que, si c'est d'un absolu qu'il s'agit, comme le laisse voir l'introduction de §1, cette « société » ne peut signifier un tout social déterminant extérieurement. Marx fait partout, dans sa critique, la chasse aux extériorités que cultive Wagner, en reprenant les choses extérieures pour en faire «certaineschoses extérieures ».
3) C'est un second texte de NMW qui nous donne à voir cet absolu en une ontologie de l'identité vitale, qui se développe en trois moments qui sont ceux de la vie en sa dimension subjective immanente.
— Lepremier momentest celui d'une naissance en tant que commencement de la vie. « Les hommes commencent (...) par se comporter activement, par s'emparer par l'action de certaines choses du monde extérieur ». C'est l'identité
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vitale de l'homme et de ses certaines choses comme objets vitaux, que nous donne à saisir Marx. Une identité vitale où les certaines choses sont les objets vitaux d'un être vital qui se les approprie par l'acte immédiat qui ne peut avoir l'épaisseur d'un temps. Contre le temps objectif, avec le temps sans durée d'une naissance, Marx affirme le caractère subjectif immédiat du temps. — Ledeuxième momentest celui du reflet dans le cerveau, par la répétition du présent s'imprimant comme mémoire d'un présent-passé. — Letroisième momentenfin est celui du langage. D'abord, du besoin de se souvenir de ce qui est en mémoire naît un prélangage. Mais surtout, l'imagination naît du besoin réel présent d'un objet inexistant, dont l'image est projetée dans un présent-futur. En tant que ce présent-futur est un objet vital, la durée de sa réalisation s'inscrit comme nécessité vitale d'un but chaque fois présent. Ainsi la durée du mouvement n'a pas l'objectivité d'un temps que la pensée objective lui prête, pour ne pas avoir d'autre réalité que la subjectivité chaque fois présente qui le parcourt. Le langage naît du besoin d'imaginer la même chose et en même temps au sein d'une communauté d'hommes. C'est cette théorie de la vie, qui est aussi bien ontogénétique que phylogénétique, et qui concerne l'être de l'homme en tant qu'identité vitale, que le Dernier-Marx vient opposer à la pensée objective d'une philosophie de l'histoire scrutant ses horizons du haut de son pouvoir imaginatif comme autant de buts qu'elle s'est elle-même fixés en légiférant. Mais c'est aussi l'idéalisme qui est radicalement critiqué, pour ne plus être une simple inversion qui conserve le sens de l'énoncé critiqué. Car la pensée objective en s'énonçant dans l'écart spatio-temporel d'un objet qu'elle se donne de manière « critique », ne fait en fait que se rendre à un donné aveuglant dont l'origine n'est pas questionnée. C'est donc contre toute théorie de la connaissance que s'énonce cette théorie de la vie.
4) C'est pourtant par la réintroduction d'une extériorité que se termine ce texte. En reconnaissant la substantialité de la chose, la certaine chose est renvoyée à un état de nature. Or, si cette fin est incompatible avec ce qui précède, c'est que Marx vient éclairer l'origine du point de vue wagnérien, en ayant subrepticement introduit un rapport de pouvoir au sein même de la vie. Or, cette rupture au sein même de la vie, nous oblige à concevoir l'identité vitale par sa temporalité d'essence, c'est-à-dire comme une identité vitale chaque fois là, spécifique, car se redéfinissant elle-même dans les circonstances qui lui sont faites. Aussi est-ce comme une investigation propre à la définition du point de départ de l'exposition du sens propre du capital, qu'il faut prendre le texte de NMW. Et c'est cette investigation qui vient se conclure par l'introduction de la §1, montrant par là que le point de départ de LC n'est pas dans LC pour venir se donner comme la marchandise. C'est que Marx a déjà appris de Feuerbach que c'est par son objet qu'on connaît l'homme. Or, ici, la
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