La fabrique politique Machiavel
275 pages
Français

La fabrique politique Machiavel , livre ebook

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275 pages
Français

Description

L'actualité de Machiavel occupe une bonne part de cet essai : comment faut-il le lire ? Qu'a-t-il dit, et comment se fait-il que cela nous préoccupe encore ? Les moyens intellectuels par lesquels nous pensons aujourd'hui l'univers politique sont éloignés de ceux qui lui servirent pour comprendre sa petite république de Florence, et pour en parler. Pourtant... tout nous conduit à lui donner une place - la première place ? - parmi ceux qui instaurèrent notre modernité...

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Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 130
EAN13 9782296448643
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

LP O L I T I Q U EA B R I Q U E A F
MA C H I A V E L
© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296133334 EAN : 9782296133334
JeanFrançois DUVERNOY
LA B R I Q U EA F P O L I T I Q U E
MA C H I A V E L
DU MÊME AUTEUR La pensée de Machiavel. Bordas édit. 1974 Collection « Pour connaître ». Réédition revue et augmentée en 1986. « Ruptures dans l’histoire des Etats; discontinuité dans l’historiographie selon Machiavel »en Actes des journées d’étude du baroque. MontpellierMontauban octobre 1983. Publiés en Revue Baroque n° 12 1987. « L’avenir, catégorie politique ? » en L’Avenir Actes du XXIème congrès de l’Association des Sociétés de philosophie de langue française Athènes Juillet 1986 (Edition Vrin 1987). « Dans quelles conditions quelque chose peut exister quelque part ? Sur Démocrite et Epicure». En L’espace et le temps Actes du XXIIème congrès de l’Association des Sociétés de philosophie de langue française. Dijon 1988 (Edition Vrin 1991) « Quelque part, quelque chose existe... »Le temps et l’espace édit. Ousia En Bruxelles 1992. « La détermination par l’écart: Epicure »Critique et différence Actes du En XXIIIème congrès de l’Association des sociétés de philosophie de langue française Tunis 1990. (Edition de la société tunisienne de philosophie 1994). L’Epicurisme et sa tradition antique. Édit. Bordas. Coll. « Philosophie présente » Octobre 1990. Edition en langue portugaise:O epicurismo e sua tradiçào antigaédit. Jorge Zahar Rio de Janeiro 1993. « Monde reçu et monde à construire: l’ oikéiosis stoïcienne et la philia épicurienne »par le Centre culturel hellénique decolloque organisé Actes du . En Paris en 1995. Edition du Centre culturel 1996. Epicure. La construction de la félicité. Edit. Ousia. Coll. « figures illustres ». Février 2005. Collaboration à l’ Encyclopaedia Universalis Dans le Corpus général (édition 1999 sur CD et DVD) : article Machiavel _______________________________________ . Pour Olivia, Laure, Elsa, Thaïs, Noé, Alix Qui devront bientôt Chacune et chacun à son tour Comme tout le monde S’orienter dans l’univers de la politique Ceci comme témoignage de ma très grande affection Merci à Pascal, qui connaît beaucoup mieux que moi l’usage des ordinateurs, et qui m’a aidé avec patience .
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AVANTPROPOS
C'est sans doute le lot des grandes destinées : très tôt, pour les hommes qui ont marqué les temps, le commentaire s'interpose entre l'œuvre et la postérité. Il ne tarde pas à excéder –par sa quantité du moins ce dont il est le commentaire. Plus grave encore : il devient autonome et générateur d'une tradition superpo sée qui, appuyée sur sa logique propre, oblitère l'œuvre dont elle est issue, la masque, la dénature et fait qu'elle est perdue de vue. Notre civilisation du livre, qui imprime des livres, fonctionne en bonne partie sur cette pratique du commentaire. Redondant, indé finiment répété sous les formes diverses de commentaires sur des commentaires, il constitue l'un des dangers les plus insidieux de tout enseignement, en particulier scolaire, infernalement hanté par les fantômes scolastiques. De livre en livre, de référence hâtive en utilisation partisane, l'invocation des grands auteurs descend vers sa limite inférieure : le racontar.
Les choses originelles sont d'autant plus appelées à cette dénaturation confuse que leur domaine est davantage émouvant, important pour tous, donc affectivement chargé. L'histoire des mathématiques par exemple est, elle aussi, semée de réputations usurpées, de coteries, d'incompréhensions, de calomnies, de fausses nouvelles; mais ces avatars n'ont jamais franchi la limite des écoles; ils concernent un petit nombre de spécialistes constitués en cercles et partageant quelques secrets. Dans ces limites étroites, où les nouvelles circulent et où l'exactitude est généralement appréciée, l'obstination de quelquesuns peut suffire à rétablir une vérité oubliée ou perdue. Il en va tout autrement de la morale et de la politique. Si les interprétations y recouvrent vite l'originaire, les clichés doivent leur force et leur simplicité à l'urgent besoin de comprendre et de pouvoir parler que nous éprouvons tous. L'image d’Épinal qui se met à vivre n'est pas gratuite; elle n'est pas seulement une erreur ou une approximation excessive. Elle porte une pseudointelligibilité : elle permet de penser et de croire. Soyons certains d'une chose: perdant de sa couleur, ou au contraire renforçant son impact polémique selon les luttes du moment  de nos moments successifs  cette image est vivante non par souci d'érudition ou d'exactitude, mais par sortilège ou par exorcisme.
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L'autonomie relative des images traditionnelles par rapport à ce qui en fut l'origine désormais mutilée devrait être l'objet du premier avertissement par lequel il conviendrait de mettre en garde le lecteur. Par bonheur, le langage nous aide quelque peu pour opérer une nécessaire séparation. Un âne qui supporte les coups sans avancer d'un pas et sans faire montre de la moindre émotion est stoïque; il n'est pas stoïcien pour autant. Le premier travail d'information d'un ouvrage qui se proposerait d'initier à la pensée de Zénon de Cittium ou de Chrysippe serait certainement d'éviter, au prix d'une mise au point, que son propos ne s'installe sur le fond de cette confusion. Il ne saurait faire semblant d'ignorer qu'elle est véhiculée par une tradition fort longue, et qu'elle est à ce titre présente dans l'horizon culturel de celui qui aborde la philosophie du Portique.
Le discours machiavélien n’est pas une invitation à pratiquer dans sa vie le ‘machiavélisme’. L'invitation à séparer est suggérée par une mise en garde analogue opérée, comme on le voit, par le langage. Discrètement cependant, si l'on y songe, et si l'on veut bien considérer l'énorme déséquilibre entre l'image utile et le modèle lointain. D'un côté, le besoin quotidien de désigner le calcul politique et la ruse et de leur imprimer cette marque infamante d'être l'habileté nue et privée de scrupules; de l'autre, l'homme de la Renaissance italienne, d'une vérité suffisamment complexe pour justifier une bibliographie énorme et contradictoire.
Les études qui ont pour objet de leurs recherches ‘le Secrétaire’ et « ce qui en vient » ont répondu à deux inspirations résolument indépendantes l’une de l’autre, du moins dans la plupart des cas. La première s’est intéressée à l’homme Machiavel, dans une assez solide tradition universitaire et historique. L’entreprise a rapporté une somme de renseignements dont on peut penser qu’ils sont désormais presque exhaustifs tant a été active la quête érudite concernant la Renaissance italienne et l’un de ses personnages les plus intéressants. Les études, articles et livres se comptent par centaines, en italien surtout (1). En outre, les spécialistes ont dit que le rôle de Machiavel fut important dans l’évolution de la langue et de la littérature italienne, tout en notant que son apport concerne la philologie davantage que les thèmes. Sa production littéraire ayant été en grande partie coulée dans les
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formes mêmes de la tradition d’alors, les sujets de sesCanzoni, de ses Odes, et même de son théâtre sont tous, ou presque, empruntés. Il ne sera donc pas question ici de cette contribution historique à la philologie toscanoitalienne, à laquelle est par ailleurs toujours dévolue une partie des ouvrages spécialisés. La deuxième tradition des textes qui furent et sont écrits ‘en son nom’ est pour nous d’une tout autre teneur ; elle réfléchit, dans une posture apparentée à une herméneutique, à ce qu’est proprement le machiavélisme. Le système des propositions de Machiavel est de ceux qui font éclater leur centre, colonisent d’autres lieux que ceux dans lesquels ils sont nés et où ils avaient une espèce de légitimité évidente, ou au moins une natalité reconnaissable. Il devient alors légitime pour tous de tenter de mettre en œuvre le principe selon lequel ‘comprendre, c’est avoir saisi le geste, et être capable de le continuer’. Comment pourrait il en être ici autrement, alors que le paradigme machiavélien vit une permanence si constante et si autonome, chargé comme il l'est de nos luttes et de nos débats? L'actualité de Machiavel hantera donc cet essai par une question sans cesse posée: comment fautil le lire? Qu'atil dit, et comment se faitil que cela nous préoccupe encore?
Un guide ? si l’on veut… Un essai en tout cas pour une lecture ordonnée d'un auteur abondant, une tentative pour comprendre philosophiquement un homme qui fut un politique véritable, et pour le comprendre par le rapport qu'il entretient avec une histoire proprement politique. Cela m'a semblé justifier le projet d'ajouter un Machiavel à une série passablement diverse et déjà longue de livres du même titre. Ce sera au lecteur de juger si la lecture qu'il va entreprendre aura finalement aidé sa compréhension du secrétaire florentin et, à travers lui, des quelques problèmes majeurs de notre vie politique comme de notre pensée philosophique que le génie de cet homme plaça dans notre horizon. Le temps qui nous sépare des premières années du ème 16 siècle n'a pas rendu caduques les questions énormes qui l'habitèrent. Les moyens conceptuels grâce auxquels nous pensons aujourd'hui l'univers politique conduisent au contraire à placer Machiavel parmi ceux qui instaurèrent, en la rendant tout simplement possible, ce que nous ressentons comme étant notre modernité.
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LesŒuvresMachiavel ont fait l’objet d’éditions de sérieuses et assez récentes en langue française. A ce titre, elles sont aisément accessibles. La première de ces éditions est une traduction de Christian Bec pour les éditions Bordas d’abord, dans la collection “Classiques Garnier” en 1987, reprises en 1996 par Robert Laffont dans la collection “Bouquins”. Cette édition Laffont contient aussi, dans ses 1386 pages, de très utiles Annexes : les thèmes, les personnages qui hantent les récits, des cartes et des plans. Avait précédé cette entreprise d’importance une édition moins littérale – et moins documentée (2) – de la bibliothèque “La Pléiade” en 1952, sous le titre d’ailleurs inexact Œuvres complètes. Les traductions, de diverses origines, y étaient rassemblées par les soins de Edmond Barincou. Quelle que soit l’édition utilisée, il faut compléter par un autre livre, en deux tomes, publié lui aussi par Edmond Barincou :Toutes les lettres de Machiavel (Gallimard éd., 1955, coll. « Mémoires du passé pour servir au temps présent ». Les textes cités ici sont référencés dans l’une et/ou l’autre des éditions cidessus, la source étant toujours précisée, avec sa pagination dans les deux éditions. La première référence est celle du texte tel qu’il est ici reproduit. J’ai eu très peu l’occasion de proposer ma propre traduction lorsque j’ai pensé qu’elle était un peu plus exacte.
____________________ (1) Il sera fait référence dans lesnotespremier chapitre de cet essai à du quelques livres qui sont écrits en français sur l’Italie renaissante, Florence et Machiavel. Ils ne sont évidemment pas les seuls de leur genre, mais je sais qu’ils sont éclairants. (2) En ce qui concerne la documentation historiographique de détail, Barincou se rattrape dans sonMachiavel par luimême, coll. ‘Ecrivains de toujours’ au Seuil en 1957.
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