La philo à l'école primaire

Alexandra Ibanès

Description

La philosophie a longtemps été une simple matière d'un programme sanctionnant la fin des études secondaires. Comment se connaître pour agir avec les autres et apprendre à jouer son rôle de futur adulte au sein de notre société, tel est l'enjeu de la philosophie d'aujourd'hui. L'auteure témoigne qu'en organisant des débats à visée philosophique dès l'école primaire, l'enfant trouve matière à mieux s'ouvrir au monde. Et par là même, à être mieux armé pour déjouer les pièges des influences médiatiques et des réseaux sociaux. Cet ouvrage montre que de tels débats sont des outils d'épanouissement de l'enfant et du groupe, à la condition qu'ils soient menés par de véritables professionnels de l'éducation. La philosophie mise en pratique dès le plus jeune âge retrouve sa vocation première : apprendre à mieux réfléchir pour vivre mieux.

Sujets

• Philosophie et théologie
• Education
• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 22 octobre 2020
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782336911939
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique Collection dirigée par Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Seyedvahid YAGHOUBI, L’esthétique de la courbe dans la poésie surréaliste, 2020.
David PERETZ, L’effroi du mal. La philosophie religieuse d’Emmanuel Levinas , 2020.
Nikos FOUFAS, De l’aliénation chez Rousseau. Genèse et dualité d’un concept , 2020.
Yvon QUINIOU et Nikos FOUFAS, Le matérialisme en question. Dialogue critique , 2020.
Issoufou Soulé MOUCHILI NJIMOM et Lucien Alain MANGA NOMO (dir.), La nature humaine. Des débats métaphysiques aux technosciences du vivant et des postulats de la modernité politique et étatique , 2020.
Fatié OUATTARA, Éduquer, c’est humaniser. Dignité, intégrité, laïcité et violence , 2020.
Xavier LAMBERT, Les enjeux cognitifs de l’artefact esthétique , Tome 2, 2019.
Xavier LAMBERT, Émotion, cognition et création artistique , Tome 1, 2019.
Jean-Yves MERCURY, Chemins avec et autour de Merleau-Ponty , 2019.
Titre

Alexandra IBANÈS





LA PHILO À L’ÉCOLE PRIMAIRE

Témoignage d’une enseignante


Préface de Michel Tozzi
Copyright
Du même auteur
Un été à l’Iris de Suse , Éditions l’Art d’en Face, 2015
Le soleil est nouveau chaque jour , Éditions Le serpolet, 2016
Passion Tolstoï (collectif), les éditions du jais, 2016
Revue instinct Nomade Spécial Pessoa (collectif), 2020
Cahier des poètes de l’École de Rochefort Spécial centenaire R-G Cadou (collectif), Éditions du petit véhicule, 2020
Publications d’ouvrages écrits par les élèves de l’auteur
Le rameur d’Ulysse , les éditions du jais, 2017
Contes défaits , les éditions du jais, 2018
Le village des p’tits philosophes , les éditions du jais, 2019
Articles pédagogiques :
École des lettres, Diotime, Labophilo
Sites de l’auteur :
Le village des p’tits philosophes, Facebook
Le musée philofables en folie, Facebook
Philosophie pour enfants (modératrice), Facebook










© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-91193-9
« L’authentique pédagogue est un libérateur, mais le libérateur ne se contente pas d’affranchir celui qui aurait été dans une position de tutelle, il doit courir le risque de la totale liberté de l’esprit de l’autre. »
Montaigne
Préface
Une question fréquemment posée aux animateurs d’ateliers philo avec les enfants est celle-ci : « La pratique de ces ateliers a-t-elle changé quelque chose dans votre profession d’enseignant ? ». L’ouvrage d’Alexandra Ibanès répond d’emblée et sans hésitation à cette interrogation : Comment la philo à l’école a changé mon métier d’enseignante ? Ce n’est pas on en conviendra le moindre effet de ces ateliers que de modifier la perception et la pratique de sa profession, c’est-à-dire de son identité professionnelle !
L’ouvrage est résolument ancré dans la biographie de l’enseignante, depuis ses peurs quand elle était petite à l’école à sa participation au colloque de l’Unesco sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques (NPP), en passant par sa matinée dramatique après l’attentat de Charlie hebdo (« je n’aurais pas pensé un jour être confrontée à protéger les enfants de la peur du terrorisme »).
Alexandra sait de quoi elle parle ! Elle pratique les ateliers philo depuis 2001, année où elle a écrit son mémoire professionnel sur la question. Et depuis 19 ans, elle en organise chaque mois, quel que soit le niveau de sa classe au primaire. Son objectif est clairement affiché : « témoigner du bienfait de ces pratiques en classe » et « comment celles-ci font grandir les enfants tout au long d’une année et changent considérablement une vie de classe ».
Qu’est-ce donc qui change chez les élèves et leur maîtresse ?
Celle-ci met en place un dispositif, la DVDP (Discussion à Visées Démocratique et Philosophique), qui articule d’une part une visée citoyenne, par la distribution structurante de rôles complémentaires entre élèves et des règles de distribution égalitaire de la parole, avec d’autre part des exigences intellectuelles sur les processus de pensée convoqués, le philosopher, donnant au langage un usage réflexif et pas seulement communicationnel.
Il y a un changement de posture chez l’enseignante, qui produit des effets formatifs importants, pour ses élèves… et pour elle-même. Considérant ses élèves comme des « interlocuteurs valables » (J. Lévine), dans un climat de sécurité assuré par le dispositif, et une mise en confiance par son comportement à la fois bienveillant humainement et exigeant cognitivement, elle favorise l’expression de leurs idées en groupe pour qu’ils apprennent ensemble à « penser par eux-mêmes ». Ce faisant, ceux-ci développent un esprit critique, nécessaire à la fois à l’homme et au citoyen.
Pour étayer cette confiance, permettant de s’exprimer librement et d’expérimenter la joie (et pas seulement l’effort) de penser, et de penser collectivement, elle évite de donner son propre point de vue, et surtout tout jugement de valeur, ce qui donne leur chance aux élèves qui ne sont pas « scolaires », motivés par ailleurs par un usage oral et non écrit de la langue. Cet habitus du philosopher en classe développe l’écoute, l’empathie, le respect des autres, désamorce la violence, et cet esprit se retrouve, « déteint » dans d’autres disciplines, modifiant positivement le climat scolaire global de la classe.
Elle explique aux parents en début d’année ce qu’elle fait, pourquoi et comment, pour les familiariser avec cette activité qui a souvent des conséquences sur leur enfant, y compris en famille. Elle n’hésite pas dès lors à aborder les sujets sensibles, par exemple la mort, avec la médiation de livres de jeunesse, en généralisant les propos dès qu’on touche à l’intimité, ne voulant pas jouer le rôle de psychologue. Cela lui permet aussi de mieux les connaître, à travers leurs idées sur les questions existentielles, et à travers leurs questionnements.
L’ouvrage ponctue chacun des chapitres en commençant par un témoignage éloquent d’élèves sur les ateliers philo, et se termine à la fin sur un florilège de leurs discussions sur la violence, le mensonge et la vérité, la tolérance, le bien et le mal… Paroles prolongées dans un ouvrage que l’auteure a publié : Le village des petits philosophes…
La vertu du témoignage est de rendre compte du réel d’une activité, et donc de la rendre possible pour d’autres. Et quand ce témoignage est positif, joyeux, de rendre ce possible souhaitable, et contagieux…
Michel Tozzi
Michel Tozzi, didacticien de l’apprentissage du philosopher, ex-professeur émérite en sciences de l’éducation à l’Université Paul Valéry de Montpellier.
Avant-propos
« Les débats philo m’ont fait comprendre beaucoup de choses de la vie. » Jeanne
J’ai neuf ans, je suis élève dans une classe de CM1 dans une école d’une petite ville de province et depuis toujours je veux être institutrice. Cette année-là et celle qui suivra seront très difficiles pour moi, mes résultats qui étaient jusqu’à présent si bons deviennent très mauvais. Mon instituteur qui est aussi le directeur d’école humilie et bat régulièrement sa fille, qui est mon amie, en classe pour qu’elle soit toujours la première. Si jamais il ne touchera un cheveu de ses élèves, quand il lui cogne le visage au tableau pour que la leçon rentre, qu’il la met de longues heures sous son bureau ou qu’il lui tire les cheveux si elle n’est pas première, je reçois autant de coups qu’elle. En classe ma vie est triste, j’apprends mes leçons, j’ai une excellente culture générale pour une enfant de mon âge mais mes résultats sont désastreux ; quand je suis interrogée, si je ne récite pas mes leçons par cœur à la virgule près, c’est le zéro pointé avec les yeux du maître toujours levés au ciel !
Certains auraient abandonné