La Science de l invisible - Études de psychologie et de théodicée
98 pages
Français

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La Science de l'invisible - Études de psychologie et de théodicée , livre ebook

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Description

Messieurs,L’année dernière, j’ai étudié et discuté devant vous les diverses théories de la sensibilité contenues dans les systèmes antiques, et j’ai comparé ces théories aux doctrines correspondantes dans les systèmes modernes. Avec un empressement et une bienveillance sympathiques dont vous m’avez fait une douce habitude, depuis dix années que j’ai l’honneur d’enseigner à Paris, tant à la Sorbonne qu’au Collége de France, avec une attention patiente qui ne s’est jamais lassée, et qui atteste l’invincible attrait des questions philosophiques, quelle que soit la faiblesse de celui qui les traite, vous avez assisté à ces leçons qui, en vous parlant des émotions, des affections, des passions de l’homme, vous entretenaient de l’âme qui vit en vous.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346066926
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Charles Lévêque
La Science de l'invisible
Études de psychologie et de théodicée
AVANT-PROPOS

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Dieu, l’âme, la liberté, tels sont les trois sujets constamment traités dans ces Études. Nous ne connaissons pas de questions plus graves, plus importantes, plus actuelles, comme on dit, que celles qui se rattachent à ces réalités invisibles. Sur ces questions, nul esprit sérieux n’ose plus désormais rester indifférent. Quiconque n’est pas exclusivement dominé par la passion des intérêts matériels et a conservé quelque souci de la dignité de l’homme, de sa grandeur vraie, de son progrès moral, sent bien qu’il doit prendre un parti à l’égard de ces problèmes dont la solution négative ou affirmative entraîne de si grandes conséquences.
Il existe en France, depuis soixante ans, une philosophie à la fois religieuse et libérale, humaine et nationale, qui enseigne l’existence d’un Dieu personnel, l’immatérialité de l’âme, la liberté, le devoir et le droit. C’est à servir cette philosophie que visent les écrits contenus dans le présent volume.
Quoique composés séparément, ces fragments se tiennent entre eux. Ils vont naturellement de la liberté à l’âme, de l’âme à Dieu, de la psychologie à la théodicée. On y trouvera de la critique, mais aussi quelques recherches personnelles, et même de la théorie pure, notamment dans l’ Étude qui a pour titre : Des fondements psychologiques de la métaphysique religieuse. Celui qui touche à de telles matières, fût-ce dans un cadre restreint, n’a pas le droit de se dérober aux fatigues de la pensée et de l’investigation.
Ce volume se termine par deux morceaux écrits depuis plusieurs années. Ceux qui savent avec quelle touchante éloquence, quelle délicatesse et quelle sincérité un maître vénéré, un vrai sage, M. Ph. Damiron, parlait de l’âme et de la Providence ; ceux qui se souviennent du vigoureux talent déployé par M. Émile Saisset, dans son Essai de philosophie religieuse, jugeront sans doute que ces deux derniers fragments se rattachent étroitement aux Études qui les précèdent.
 
CH. LÉVÊQUE.

Bellevue-sous-Meudon, 12 mars 1865.
PREMIÈRE PARTIE
ÉTUDES DE PSYCHOLOGIE

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PREMIÈRE ÉTUDE
LA LIBERTÉ ET LE FATALISME 1

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Messieurs,
L’année dernière, j’ai étudié et discuté devant vous les diverses théories de la sensibilité contenues dans les systèmes antiques, et j’ai comparé ces théories aux doctrines correspondantes dans les systèmes modernes. Avec un empressement et une bienveillance sympathiques dont vous m’avez fait une douce habitude, depuis dix années que j’ai l’honneur d’enseigner à Paris, tant à la Sorbonne qu’au Collége de France, avec une attention patiente qui ne s’est jamais lassée, et qui atteste l’invincible attrait des questions philosophiques, quelle que soit la faiblesse de celui qui les traite, vous avez assisté à ces leçons qui, en vous parlant des émotions, des affections, des passions de l’homme, vous entretenaient de l’âme qui vit en vous. Je n’ai point à revenir sur ces recherches, où j’ai mêlé constamment la critique à l’exposition des systèmes et la théorie à l’histoire. Le nouveau sujet que j’aborde réclame tout notre temps. Laissez-moi du moins vous rappeler la dernière conclusion à laquelle nous avaient conduits ces investigations délicates, complexes, difficiles, mais profondément instructives et salutaires. Cette conclusion, présentée déjà et exprimée dans les plus belles pages de Platon et d’Aristote, c’est qu’au-dessus de ses autres affections, l’âme humaine a un sentiment du bien, une soif plus ou moins ardente de la perfection, un irrésistible amour de l’infini qui tend à la porter sans cesse au delà d’elle-même et au-dessus du monde et des êtres créés. Cet élan inné, ce maître ressort de nos énergies, est le principe des progrès de l’humanité. Quand l’humanité y obéit, elle s’élève et donne le spectacle imposant de ses grandeurs ; quand elle y résiste, elle s’abaisse, elle décline et ne lègue guère à la postérité que le souvenir de ses plus tristes misères.
L’homme peut, à son gré, obéir ou résister à ses élans naturels. Bien plus, il peut en diminuer ou en accroître la puissance. L’homme est donc libre. C’est de la liberté de l’homme que je me propose de vous parler cette année. Et vous comprenez qu’ainsi je ne ferai que continuer nos études antérieures.
Mais si le cours de nos travaux ne m’eût entraîné vers ce grand sujet de la liberté et du libre arbitre, les circonstances actuelles, l’état présent de la philosophie, m’eussent, je l’avoue, déterminé à le choisir. Peut-être n’en est-il aucun autre qu’il soit plus urgent de poser à nouveau.
En effet, messieurs, n’êtes-vous point frappés comme moi de la place considérable qu’occupe aujourd’hui dans les discours comme dans les écrits ce mot de liberté ? N’êtes-vous pas frappés en même temps de la promptitude avec laquelle semblent le comprendre ceux devant lesquels on le prononce, alors même qu’ils n’ont de leur vie essayé d’en pénétrer l’intime signification ? En ce moment, je me contente de nommer la volonté libre, la liberté. Je ne la définis pas, et tous pourtant vous m’entendez et savez plus ou moins ce que j’ai dans la pensée. Qu’est-ce à dire, sinon que chacun a quelque notion de ce que c’est qu’être libre ? La philosophie constate ce fait et s’en réjouit. Toutefois elle estime que, sur un tel objet, les vagues notions sont insuffisantes : ce n’est point assez pour un être libre de n’avoir que l’instinct de l’éminent caractère dont sa nature est marquée ; que dis-je ? il perd ce caractère aussi longtemps qu’il l’ignore ou dès qu’il le méconnaît, car ce qui distingue essentiellement la liberté, c’est que l’être qui la possède en a la conscience. La première condition pour posséder la liberté, c’est donc de se sentir libre ; la seconde, c’est de savoir à fond en quoi consiste la nature de la liberté. La première ne laisse pas que d’être assez universellement remplie ; quant à la seconde, il importe qu’elle le soit. A ce prix seulement, toutes les formes de la liberté, qui ne sont en réalité que des aspects divers ou des prolongements du libre arbitre, se dessinent, se distinguent, se définissent. Sans cela, le principe étant imparfaitement connu, les conséquences en demeurent obscures ou ne sont pas déduites, ou le sont mal et ne persistent pas. Je me suis quelquefois demandé pourquoi les Athéniens, qui aimaient avec passion la liberté, n’en avaient joui que pendant de si courtes années. Les causes de ce phénomène furent nombreuses, assurément. Mais ceux dont la conscience n’élevait encore aucune objection contre l’institution de l’esclavage, ceux qui faisaient mourir Socrate, parce qu’il pensait autrement qu’eux, avaient-ils donc du libre arbitre de l’homme une idée claire et complète ? De nos jours, au contraire, n’est-ce pas la puissance et le progrès de cette idée, autant et plus que la force des armes, qui prépare en Amérique l’affranchissement de toute une part de l’espèce humaine ?
Pourtant, messieurs, tandis que cette idée du pouvoir autonome de l’âme humaine ne saurait jamais être assez lumineuse, tandis que la conscience n’en saurait jamais être trop vive, il se produit en ce moment des systèmes dont l’effet inévitable est d’en obscurcir la notion. Supposez que l’homme ne soit pas une cause, mais seulement un organisme ; supposez que celle de nos actions qui nous paraît libre au plus haut degré ne soit que le résultat d’une impulsion organique ; que cette impulsion soit provoquée par une impulsion précédente, celle-ci encore par une autre, et ainsi de suite à l’infini : dans une pareille hypothèse, le libre arbitre ne devient-il pas une pure illusion ? Allez jusqu’au bout de cette pensée : supposez que non-seulement notre sang, notre bile,

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