Le cinéma de Jean-Luc Godard et la philosophie

Louis-Albert Serrut

Description

Jean-Luc Godard a emprunté à la philosophie avant d'être à son tour objet d'études et de colloques. Il s'agit ici de considérer la cinématographie de Jean-Luc Godard comme discours philosophique propre et de comprendre son mode opératoire. Cette proposition est exposée selon quatre approches qui travaillent sur les réalisations du cinéaste, y repèrent l'expression philosophique, en développent la réalité et argumentent ses conditions de possibilité.

Sujets

• Cinéma
• Photographie
• Philosophie
• Beaux-arts
• Cinema
• Beaux arts

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 décembre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140136795
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

LE CINÉMA DE JEANLUC GODARD ET LA PHILOSOPHIE

Sous la direction de LouisAlbert Serrut

Préface de Dominique Chateau

LE CINÉMA DE JEAN - LUC GODARD ET LA PHILOSOPHIE

Champs visuels Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez

 Une collection d'ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l'image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.

Dernières parutions

Delphine CHEDALEUX et Mélisande LEVENTOPOULOS (dir.), Cinéphilies plurielles dans la France des années 1940-1950,2019. Joseph KORKMAZ,Présence du cinéma libanais, 2019. Ana VERA,Le cinéma portugais, Histoire, Culture et Société 1963- 2015,2019. Etienne JEANNOT,Les stratégies de la peur dans le cinéma d’horreur, 2019. Paul OBADIA,La Belle et la Bêtede Jean Cocteau, 1948, Une affaire de genre, 2019 Michel ESTÈVE,Bernanos au cinema, 2019. Juan MARIN,Le JEU des MÉNINES de PICASSO. Petit guide pour une lecture interactive, 2019 Frédéric HARDOUIN,L’art cinématographique selon Godard. Introduction auxHistoire(s) du cinémade Jean-Luc Godard, 2019. Dominique CHATEAU,Contribution à l’histoire du concept de montage, Kouléchov, Poudovkine, Vertov et Eisenstein, 2019. Laakri CHERIFI,L’image du corps féminin dansLes Silences du palais, Corps opprimé ou rebelle, 2019. Éric COSTEIX,Georges Franju. L’image désincarnée, 2019. Noël BURCH et Geneviève SELLIER,La drôle de guerre des sexes du cinéma français (1930-1956), 2019. Franck TOURRET, Alain Resnais, le pari de la forme, 2019. Florent BARRERE,Cœlacanthe. Une espèce animale à l’épreuve des médias, 2018. Alexia ROUX et Saad CHAKALI,Humanité restante. Penser l’évènement avec la sérieThe leftovers, 2018. Guillaume LAVOIE,L’imaginaire du chemin de fer dans le western américain. Essai sur un mythe cinématographique, 2018.

Sous la direction de Louis-Albert Serrut

Le cinéma de Jean-Luc Godard et la philosophie

Préface de Dominique Chateau

En couverture : photogramme d’Histoire(s) du cinéma, série de films de Jean-Luc Godard, débutée en 1988 et terminée en 1998. © L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18997-0 EAN : 9782343189970

Le cinéma de Jean-Luc Godardet la philosophie Préface Dominique Château « L’un seraitbateleur ou danseur de corde, accoutumé dès sa jeunesse à des exercices de corps et passionné uniquement pour de tels exercices ; l’autre seraitun philosophedans la méditation, accoutumé dès sa enfoncé jeunesse à passer les jours et les nuits dans son cabinet 1 sans pouvoir se rassasier d’études ni de connaissances » : ainsi Marie Huber, protestante genevoise, très rare femme à écrire des livres de théologie à son époque (début du e XVIII siècle), trace-t-elle la frontière entre ces deux types humains dubateleuret duphilosophe, chacun ne pouvant guère s’accommoder de l’occupation de l’autre (ils la vivraient réciproquement comme un supplice dit-elle).

1 Marie Huber.Le Sistème des théologiens anciens et modernes, conciliépar l'exposition des différens sentimens sur l'état des âmes séparées des corps en quatorze lettresDouzième, Londres 1739, Lettre, 175 ; cf.Un Purgatoire protestant ? Essai sur l'état des âmes séparées des corps, Introduction d’Yves Krumenacker, Genève, Labor et Fides, Coll. « LF.PROTESTANTIS », 2016.

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Godard bateleuretphilosophe ? Oui, en un certain sens. Dansant sur la corde des films, qu’il enfile selon un chapelet déjà interminable, créateur d’une « série ininterrompue de chefs-d’œuvre » (comme Duchamp disait de Picasso), il exerce passionnément son métier de saltimbanque. Bateleur qui se complaît dans la répétition de l’exercice cinématographique, que cette activité passionne censément et qui offre au public le résultat de ses « pitreries », JLG passe aussi un temps considérable à constituer une sorte d’encyclopédie visuelle, textuelle, musicale que des fresques filmiques comme lesHistoire(s) du cinémaouLe livre d’imageramassent — et il y ajoute sans cesse des mots, des citations, des commentaires. Pour détourner une formule légère de Pierre Desproges à propos de Duras : non seulement il avance des idées, mais encore il les filme ! J’ai personnellement rapproché Duchamp de Socrate. Il y a aussi du socratisme dans Godard, c’est-à-dire ce mode de philosophie orale, préalable à la « grande philosophie » discursive et livresque, lequel repose essentiellement sur le questionnement et n’espère guère en tirer autre chose que la sagesse — c’est déjà considérable ! Or, la sagesse attire son contraire, l’indiscipline. Souvent coupable de dissipations jubilatoires, Godard agace, titille, ébranle. L’aphorisme est son mode d’expression favori et, à cet égard, il a aussi une parenté évidente avec ces philosophes romantiques allemands qui, rejetant les systèmes imposants de leurs contemporains, inventèrent l’usage philosophique de l’aphorisme, cette petite phrase à la fois concentrée et explosive. Friedrich Schlegel parlait de hérisson. Godard hérisse avec ses phrases provocatrices, trempées dans l’encre de cet esprit critique qui devient si profitable quand l’être humain en fait usage à bon escient, notamment en politique. Dans son Introduction au présent livre, Louis-Albert

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Serrut cite l’espérance un moment exprimée par Godard que « le cinéma aille plus profondément aussi vers la 2 philosophie. » L’association de la philosophie à la profondeur semble ramener sur la table la hiérarchie conventionnelle où le cinéma risque fort d’être relégué au plus bas niveau d’une échelle où trône la philosophie, sommet de la pensée libre, disent les uns, ou sophistiquée, disent les autres. Mais aller vers la philosophie ne veut pas toujours dire l’aspiration à se fondre en elle. Comme le présent volume l’atteste, le dialogue cinéma- philosophie, vu à travers l’exemple singulier (et donc généralisable comme peut l’être l’exemplaire) de Godard, ouvre un champ de réflexion fécond qui peut mobiliser ensemble ou séparément les registres de l’image, de la communication et de l’épistémologie. Quant à l’image, il s’agit de progresser dans la connaissance de la puissance du cinéma en tant qu’art audiovisuel capable de philosopher. Capable aussi d’assumer la fonction critique tout en partageant avec d’autres médias, telle la télévision, la tâche de la communication. Capable encore d’utiliser la trame audiovisuelle à la formation et à la diffusion de concepts spécifiques. C’est bien là la promesse d’un va-et-vient fructueux auquel Godard participe en y ajoutant son humeur singulière : son cinéma part notamment de concepts philosophiques autant que, souvent, il inspire la philosophie. Comme le suggère encore Serrut, ne prenons pas Jean-Luc Godard pour un philosophe reconnu. Il est d’abord cinéaste dans l’âme, mais il est aussi bien un inspirateur de philosophie. 2 Jean-Luc Godard.Entretien avec Jean-Luc Godard. Edition du Centre culturel français de Turin 1990. p. 45.

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