Le corps sans représentation
176 pages
Français

Le corps sans représentation , livre ebook

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176 pages
Français

Description

Ce livre a pour triple objectif de synthétiser la question de la représentation corporelle, d'esquisser des éléments de réponse au problème de l'étude du corps vécu / sa représentation et de souligner l'apport de la philosophie de Sartre dans e débat actuel sur la définition du corps. Voici une méthodologie originale fondée sur l'éclairage réciproque entre la philosophie contemporaine du corps et la philosophie sartrienne.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 105
EAN13 9782296478596
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le corps sans représentation
De Jean-Paul Sartre à Shaun Gallagher
Mouvement des savoirs Collection dirigée par Bernard Andrieu  L’enjeu de la collection est de décrire la mobilité des Savoirs entre des sciences exactes et des sciences humaines. Cette sorte de mobilogie épistémologique privilégie plus particulièrement les déplacements de disciplines originelles vers de nouvelles disciplines. L’effet de ce déplacement produit de nouvelles synthèses. Au déplacement des savoirs correspond une nouvelle description. Mais le thème de cette révolution épistémologique présente aussi l’avantage de décrire à la fois la continuité et la discontinuité des savoirs : un modèle scientifique n’est ni fixé à l’intérieur de la science qui l’a constitué, ni définitivement fixé dans l’histoire des modèles, ni sans modifications par rapport aux effets des modèles par rapport aux autres disciplines (comme la réception critique, ou encore la concurrence des modèles). La révolution épistémologique a instauré une dynamique des savoirs. La collection accueille des travaux d’histoire des idées et des sciences présentant les modes de communication et de constitution des savoirs innovants. Déjà parus Yannick VANPOULLE, Epistémologie du corps en Staps, 2011. M. G. IGUALADA,Anarchisme, traduit et préfacé par Guillaume DEMANGE, 2010, Denis LELARGE,L’Encyclopédie sociale d’Otto Neurath, 2009. Henri VIEILLE-GROSJEAN,De la transmission à l’apprentis-sage : contribution à une modélisation de la relation pédagogique, 2009. Gérard FATH,Laïcité et pédagogie, 2009. Antoine ZAPATA,Pratiques enseignantes : Agir au service de valeurs, 2009. Monique MANOHA et Alexandre KLEIN (dir.),Objet, bijou et corps. In-corporer, 2008. Thierry AUFFRET VAN DER KEMP et Jean-Claude NOUËT (dir.),Homme et animal : de la douleur à la cruauté, 2008.
Isabelle Joly
Le corps sans représentation
De Jean-Paul Sartre à Shaun Gallagher
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56876-1 EAN : 9782296568761
Introduction Qu’est-ce qu’un corps ? L’étude du corps est un sujet très vaste. Il est généralement abordé en sciences humaines au travers des exemples précis d’une partie du corps (la peau, le visage, le regard, la mutilation sexuelle,…) et au travers le prisme d’autres concepts comme celui de la représentation corporelle. Nous allons étudier principalement ce dernier concept. D’emblée, en parcourant la littérature, nous avons observé un problème définitionnel. Le concept de la représentation corporelle n’est pas univoque. La représentation corporelle peut désigner la représentation neuronale, la représentation mentale, la représentation interne… De plus, le concept de la représentation corporelle est souvent associé aux concepts de schéma corporel et de l’image du corps, des concepts non univoques également. Les concepts du schéma corporel et de l’image du corps renvoient à une infinité de définitions possibles au travers les sciences humaines dès lors que l’on dépasse les limites d’une définition minimaliste dans le sens d’une représentation interne réelle, stable et égologique du corps. Ce problème de la polysémie des concepts du schéma corporel et de l’image du corps a été mis en évidence par d’autres chercheurs, comme entre autres, le philosophe Shaun Gallagher. Nous montrerons, dans ce qui suit, qu’à ce problème épistémologique de la définition des concepts s’ajoute une série de problèmes ontologiques. Lorsqu’on utilise le concept de la représentation, on fait référence de manière implicite à un vieux débat philosophique sur la réalité et sur le rapport entre le réel et ce qui le reproduit comme, par exemple, la représentation mentale du monde externe. Plusieurs questions se posent dès qu’on utilise l’expression de « représentation corporelle » : « quelle est la nature de la représentation ? », « qu’est-ce qu’un schème ? », « qu’est-ce qu’une image ? », « quel corps est représenté ? »… Nous aborderons plus spécialement quelques-unes de ces questions ontologiques. Nous ne prétendons pas pouvoir résoudre tous ces
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problèmes, mais nous tâcherons de les mettre en évidence et d’apporter des éléments de réponse à certains d’entre eux. Notre objectif est de proposer une approche non représentationniste minimaliste de l’étude du corps permettant de résoudre une partie des problèmes épistémologiques et ontolo-giques rencontrés par l’étude du corps en termes de représentation. Nous proposons une méthodologie originale fondée sur l’éclairage réciproque entre la philosophie contemporaine du corps et la philosophie sartrienne. Cette méthode fournira une réponse possible à la question de savoir ce qu’est un corps. La difficulté qui s’est posée d’entrée de jeu était la délimitation de notre objet d’étude. Nous avons choisi d’aborder à titre d’exemple la question du corps mutilé. Aborder cette question c’est envisager précisément un type de mutilation particulière. Nous avons dû nous borner aux mutilations involontaires du corps et à l’intérieur de ce type de mutilation, nous avons considéré quelques exemples illustratifs. Nous nous interrogerons essentiellement sur le phénomène du membre fantôme. Nous avons rencontré ce même type d’obstacle de l’étendue du sujet lorsque nous avons synthétisé les théories abordant la question du corps. Nous avons choisi de répartir les théories en deux grands modèles, celui que nous avons appelé le représenta-tionnisme corporel et l’autre que nous avons nommé le non-représentationnisme corporel. Le dualisme entre le représen-tationnisme et le non-représentationnisme existe déjà en sciences cognitives pour distinguer les chercheurs qui privilégient la connaissance « en général » en termes de représentations internes du monde externe ou à l’inverse, ceux qui conçoivent la connais-sance « en général » sous la forme de la relation entre le sujet connaissant et l’objet connu sans passer par des représentations internes. Le représentationnisme corporel désigne, selon nous, les théories qui, à des degrés divers, envisagent la connaissance du corps relativement à une représentation interne conçue comme un 6
schème, une forme et le non-représentationnisme corporel renvoie, par contre, aux théories qui, à des degrés divers, considèrent la connaissance du corps au travers l’activité corporelle incarnée dans le monde externe. Notre intention n’est pas de décrire les diverses théories en détail sous la forme d’une compilation ni de critiquer une théorie sans tâcher d’apporter des éléments de réponse aux problèmes qu’elle rencontre. Nous voulons tracer les contours de deux paradigmes importants en sciences humaines et montrer comment l’un (le non-représentationnisme) peut apporter des réponses aux problèmes rencontrés par l’autre (le représenta-tionnisme). Lors de nos recherches, nous avons dû nous opposer à un dernier obstacle, celui qui consistait à dépasser le cadre philosophique vers d’autres disciplines et qui plus est, vers des disciplines que nous connaissions peu, comme c’est le cas de la psychanalyse ou de la réalité virtuelle et dont la lecture est pourtant nécessaire pour aborder la question du corps. Nous avons tâché de favoriser le débat philosophique tout en esquissant ce que d’autres disciplines pouvaient nous apporter comme enrichissement dans la constitution de notre méthode. Le cas échéant, nous avons toujours renvoyé le lecteur aux spécialistes. Une fois ces difficultés dépassées, nous avons pris beaucoup de plaisir à découvrir la richesse de toutes ces théories qui expliquent le corps, à voir l’immensité du travail que les chercheurs ont réalisé. En lisant Sartre à la lumière des philosophies actuelles du corps et inversement, en lisant les philosophes actuels au travers le prisme de la pensée de Sartre, nous avons observé la possibilité d’élaborer une méthode épistémologique et ontologique pour étudier le corps. Cette méthode d’étude du corps, comme nous le montrerons, remet le corps lui-même au centre du débat et non plus sa représentation interne. En outre, elle permet de résoudre une partie des problèmes rencontrés par le représentationnisme corporel. Notre travail se subdivise en trois grandes parties. D’abord, nous cernerons notre objet d’étude. Cette première partie nous 7
permettra de synthétiser notre objet d’étude de même que les théories du représentationnisme corporel. Nous décrirons également les limites que rencontrent celles-là. Dans une deuxième partie, nous résumerons les sommets des théories non 1 représentationnistes en philosophie du corps sous la forme de trois arguments et nous montrerons le problème méthodologique auquel sont confrontées les diverses théories du corps. Enfin, dans une troisième partie, nous définirons une approche croisée entre la philosophie contemporaine du corps et la philosophie de Sartre pour élaborer une approche possible du corps sans référence au concept de la représentation interne.
1  Par philosophie du corps, nous entendons la branche de la philosophie contemporaine qui étudie l’objet corps dans une perspective pluridisciplinaire. Pour une vue d’ensemble de cette philosophie spéciale, nous renvoyons le lecteur aux travaux de deux philosophes du corps, Bernard Andrieu (voir notamment, Andrieu, B. (2010). Philosophie du corps. Expériences, interactions et écologie corporelle. Paris : Vrin ; Andrieu, B. (2006). Dictionnaire du corps. Paris : Cnrs) et Michela Marzano : Marzano, M. (2007). Philosophie du corps. Paris : Puf (Que-sais-je ?) et Marzano, M. (2007). Dictionnaire du corps. Paris : Puf (Quadrige).
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Première partie : contexte
I. Introduction Cette première partie a pour but d’expliciter le contexte philosophique et de définir notre objet d’étude. Nous avons choisi le thème de la représentation corporelle. Il s’agit d’envisager ce qu’est fondamentalement la représentation interne du corps 2 externe . Ce mot évoque pour nos contemporains des réalités diverses. Nous nous bornerons à la représentation corporelle au sens de l’image du corps et du schéma corporel. Cette première partie se subdivise en trois sections. Nous définirons dans un premier temps la représentation corporelle au travers les théories actuelles sous la forme d’une opposition entre deux grands modèles théoriques pluridisciplinaires, d’une part le représenta-tionnisme corporel et d’autre part, le non-représentationnisme corporel. Selon le modèle du représentationnisme corporel, le corps est connu au moyen de représentations internes du corps externe et à l’inverse, le non-représentationnisme suggère de dire que la connaissance du corps se fait sans la médiation par des représentations internes du corps externe. Nous mettrons en évidence les caractéristiques ontologiques sous-jacentes à ces deux modèles. Cette section a un double objectif, celui de cerner notre objet d’étude et celui de souligner la diversité des théories actuelles sur le sujet. Dans un deuxième temps, nous développerons les caractéristiques ontologiques des représentations corporelles. Cette section a pour double intention de préciser notre objet d’étude et de nuancer le débat théorique sur la question de la représentation corporelle en développant davantage les caractéristiques ontologiques des théories sur la représentation du corps. Dans un troisième temps, nous expliciterons les problèmes rencontrés par
2  Le corps externe désigne l’organisme aussi bien extérieur (le contenant qu’est l’enveloppe corporelle, la peau) qu’intérieur (tout le contenu de l’enveloppe corporelle y compris ce que De Preester appelle le « corps profond » comme les viscères). 9
les chercheurs qui souscrivent au représentationnisme corporel. Cette dernière section a pour objectif de résumer les problèmes principaux que l’on rencontre dans la littérature sur la théorie de la représentation interne du corps.
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