Le problème de la communauté
164 pages
Français

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Le problème de la communauté , livre ebook

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Description

Gemeinschaft ou la « communauté », est le fil conducteur de cet ouvrage, le nom d'un problème commun à toute une époque en Occident dont nous commençons à peine à entrevoir les limites, une époque où cette évidence de la vie en commun disparaît. Pourtant ce problème de la communauté demeure le nôtre. Pour analyser cette question, l'ouvrage recourt aux pensées de Marx, Tönnies et Weber.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 octobre 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336854144
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique. Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie. Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Philippe GRANAROLO,En chemin avec Nietzsche, 2018. Gisele AMAYA DAL BÓ,La subversion passée sous silence, Politiques de mémoire sur la dictature en Argentine et au Chili, 2018. Daniel FRÄNKEL,L’eugénisme social, 2018. Emiliano SFARA, Georges Canguilhem. Essai sur une philosophie de l’action,2018. Juan José MARTINEZ OLGUÍN,Politique de l’écriture, 2018. Manuel CERVERA-MARZAL et Nicolas POIRIER (dir.)D,ésir d’utopie. Politique et émancipation avec Miguel Abensour, 2018. Eleonora CARAMELLI,Hegel et le signe d’Abraham. La confrontation avec la figure d’Israël (1798-1807), 2018.
Vaniel Alvaro Le problème de la communauté Marx, Tönnies, Weber TRAVUIT VE L’ESPAGNOL (ARGENTINE) PAR PASCALE HENRY PRÉFACE VE JEAN-LUC NANCY
Ouvrage édité dans le cadre du Programme « Sur » de Soutien aux Traductions du Ministère des Affaires étrangères et du Culte de la République argentine. Obra editada en el marco del Programa « Sur » de Apoyo a las Traducciones del Ministerio de Relaciones Exteriores y Culto de la República Argentina. Edition originale El problema de la comunidad. Marx, Tönnies, Weber © prometeo libros, 2015 © L’Harmattan, 2018, pour la traduction française 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr/ EAN Epub : 978-2-336-85414-4
Index
Remerciements Préface Introduction
Chapitre I Le problème de la communauté 1. Mythe et nostalgie de la communauté perdue 2. L’époque des oppositions
Chapitre II Communauté, société civile ou bourgeoise et État : Karl Marx 1. De la société à la communauté 2. De la communauté politique à la communauté humaine 3. L’ontologie communautaire 4. De la communauté à la société 5. Le privilège de la communauté (I)
Chapitre III Communauté et société : Ferdinand Tönnies 1. La naissance des « concepts principaux » 2. Les concepts psychologiques ou les deux formes de la volonté 3. Oppositions, significations, interprétations 4. De la Gemeinschaft à la Volksgemeinschaft 5. Le privilège de la communauté (II)
Chapitre IV Communautisation et sociétisation : Max Weber 1. L’essai sur les catégories de 1913 2. La communauté entre Weber et Tönnies 3. La rationalisation du monde et le destin de la (des) communauté(s) 4. Les concepts fondamentaux de sociologie (1919/19 20) 5. Le privilège de la communauté (III)
Chapitre V La communauté en question 1. Au nom de la communauté : mobilisation, guerre et extermination 2. Conclusions – autre point de départ
Remerciements
Ce livre est issu de la réélaboration d’une thèse de doctorat en cotutelle entre l’Universidad de Buenos Aires (UBA) et l’Université Paris 8, réalisée avec l’aide d’une bourse de troisième cycle attribuée par le Consejo Nacional de Investigacione s Científicas y Técnicas de l’Argentine. Je remercie mes directeurs, Horacio González, Patrice Vermeren et Mónica B. Cragnolini, ainsi que mes compagnes et compagnons du « Grupo de Estudios sobre Teoría Sociológica y Comunidad » de l’Instituto de Investigaciones Gino Germani de la F acultad de Ciencias Sociales de l’UBA, avec qui j’ai partagé d’innombrables débats enrichissants. J e remercie Pablo de Marinis, inspirateur et responsable de ce groupe de recherches, qui m’a acc ompagné d’une façon généreuse et inconditionnelle dès le début du processus qui a débouché sur ce livre. Mes remerciements vont aussi à Alexis Emanuel Gros et Diego Sadrinas, pour leurs indications et suggestions précieuses concernant la traduction de plusieurs passages cités dans le texte. À Marcelo Altomare, Rafael Arce, Perla Aronson, Marie Bardet, Daniel Bensaïd, Niall Bond, Daniel Chernilo, Philippe Corcuff, Stéphane Douailler, Gabriel Gatti, Michael Löwy, Denis Merklen, Jean-Luc Nancy, Mariano Sasín, Raphael Shapira, Diego Vernazza et Eduardo Weisz, à qui je dois des commentaires inestimables, ainsi que la découverte d’une bibliographie qui était hors de ma portée. Finalement, je remercie ma famille et toutes ces personnes qui par leur présence, d’une façon ou d’une autre, ont soutenu ce travail.
Préface
Commun, communisme, communauté : dans cet ordre ou dans n’importe quel autre – et sur un horizon balisé de termes comme « la Commune », « le Conseil », « le Collectif » mais aussi « la communication », « la communion », « le communautarisme » – ce trio de termes ne cesse depuis bien longtemps de retentir aux oreilles d’un monde dans lequel les nations, les familles, les tribus, les pays et les peuples sont emportés dans une histoire agitée, égarée et violente. Il ne s’agit de rien de moins que « du sens ouvert et nécessairement contradictoire, aporétique, de la relation avec l’autre » comme le dit Daniel Alvaro en concluant son ouvrage. Pour en venir à une telle aporie, il faut que la relation – peut-être t outes les formes de relation, humaines et non-humaines – ait été portée à l’état de problème. Ce qui revient à faire problème, difficulté et obscurité de ce qui pourtant précède toute individuation, il faut même dire toute individuation de toute espèce de vivant et donca fortioride toute hominisation. Non seulement l’animal humain est l’animal relationnel par excellence – animal parlant, animal politique – mais il est en charge de la relation comme telle : il en provient, comme tous les vivants et peut-être comme tous les étants, mais il doit aussi la produire (ou la créer, l’inventer, l’imaginer et tout simplement l’énoncer. De là surgissent toutes les formations de cultures, de langues, de formes de société, de parentés, de conflits et de concerts. Le monde moderne peut être défini par la promotion et la problématisation du « commun ». Il nous semble en effet qu’auparavant des formes et de s forces d’être-en-commun étaient comme toujours-déjà données, à travers des mythes, des sacralités, des systèmes de repérage, d’alliance ou de discrimination. (« Il nous semble » car nous n’avon s jamais fait l’expérience de ce que nous décrivons, justement, comme « communautés primitives » ou comme un caractère premier, archi-originaire du commun. Jusqu’à un certain point, c’est aussi bien notre projection ; et le commun a aussi toujours été le terrain de ruptures, de fractures et de dissociations… e Cette venue au jour critique, politique et philosophique du « commun » est le fait du XIX siècle. e Elle est solidaire des révolutions industrielle et démocratique. Dans ce XIX siècle, une part essentielle de l’élaboration des questions « communautaires » a été le fait de penseurs allemands – en partie pour des raisons liées à l’histoire de ce pays, comme l’évoque Daniel Alvaro. Les trois penseurs qui font l’objet de ce livre sont les plus marquants et en quelque sorte les géniteurs de la e e problématique générale du commun telle que le XX siècle l’aura vu proliférer et telle que le XXI siècle en est à nouveau encombré sous les espèces des « communautarismes ». Peut-être la raison profonde de cette histoire toujours à vif et toujours en cours tient-elle au fait que notre monde est toujours plus devenu le monde d e la grande ambivalence de l’idée du « commun » (comme de celle du « peuple » : ou bien le banal, le vulgaire, l’ordinaire, ou bien la chaleur du partage et de l’appartenance. Cette ambi valence était déjà ressentie par Nietzsche qui écrivait : « Où que ce soit un jour ou l’autre, d’u ne manière ou d’une autre, toute communauté rend 1 – “commun” » . La menace du nivellement et de la trivialité a été l’aiguillon des pensées de la communauté, de toutes leurs innovations, de toutes leurs errances voire des monstruosités qui se sont commises au nom de cette entité introuvable et nécessaire, insupportable et désirable. Daniel Alvaro apporte une contribution magistrale à notre réflexion – à notre inquiétude aussi, que précisément il s’agit de tenir en alerte. Jean-Luc Nancy
1.Par-delà bien et mal, inŒuvres philosophiques complètesVII, trad. C. Heim, I. Hildenbrand et J. Gratien, Paris, Gallimard, 1971, § 284, p. 202.
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