Les conceptions éducatives de Giovanni Gentile

Jean-Yves Fretigne

Description

Cet ouvrage est une présentation des conceptions pédagogiques du philosophe italien idéaliste Giovanni Gentile (1875-1944). A une première partie biographique succède une analyse de l'"actualisme pédagogique", nom donné à sa théorie éducative. L'étude finale de la réforme du système éducatif italien qu'il conduisit en 1923, sous le gouvernement de Mussolini, nous fait connaître les arguments d'un des plus brillants partisans et théoriciens de l'élitisme.

Sujets

• Philosophie
• Éducation
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 janvier 2007
• Nombre de lectures: 248
• EAN13: 9782296158924
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

LES CONCEPTIONS ÉDUCATIVES

DE GIOVANNI GENTILE

www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]

© L’Harmattan, 2006 ISBN : 2-296-01656-1 EAN : 9782296016569

Jean-Yves FRÉTIGNÉ

LES CONCEPTIONS ÉDUCATIVES

DE GIOVANNI GENTILE

L'Harmattan Hongrie Könyvesbolt Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest

Entre élitisme et fascisme

L’Harmattan 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris FRANCE Espace L’Harmattan Kinshasa L’Harmattan Italia Fac..des Sc. Sociales, Pol. et Via Degli Artisti, 15 Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino Université de Kinshasa – RDC ITALIE

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Education et philosophie Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard  La collection Education et philosophie publie des études et des textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et qui visent à élucider les conditions et les démarches de l’action éducative. Titres parus Bernard JOLIBERT,Auguste Comte, l’éducation positive, 2004. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)L’école et l’autorité,2003. Jean LOMBARDHannah Arendt, éducation et modernité, 2003. Yves LORVELLECEducation et culture, 2002. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)L’Ecole et les savoirs, 2001. Bernard VANDEWALLEKant, éducation et critique, 2001. Yves LORVELLECAlain philosophe de l’instruction publique, éléments pour une critique de la pédagogie, 2001. Gérard GUILLOTQuelles valeurs pour l’école du XXIème siècle ?, 2000. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)Philosophie de l’éducation, questions d’aujourd’hui : l’Ecole et la cité, 1999. Bruno BARTHELMÉUne philosophie de l’éducation pour l’école d’aujourd’hui,1999. ROLLINDiscours préliminaire du Traité des études, introduction et notes de Jean Lombard, 1998. Claude FLEURYTraité du choix et de la méthode des études, introduction de Bernard Jolibert, 1998. Jean LOMBARDBergson, création et éducation,1997. Bernard JOLIBERTL’éducation d’une émotion. Trac, timidité, intimidation dans la littérature, 1997.

AVANT-PROPOS

« Enseignement monarchique »

« Il y a un enseignement monarchique, j’entends un enseignement qui a pour objet de séparer ceux qui sauront et gouverneront de ceux qui ignoreront et obéiront […] Cet écrasement des faibles exprime tout un système politique dans lequel nous sommes encore à moitié empêtrés. Il semble que le professeur ait pour tâche de choisir, dans la foule, une élite, et de décourager et rabattre les autres. Et nous nous croyons bons démocrates, parce que nous choisissons sans avoir égard à la naissance ni à la richesse. Comptez que toute monarchie et toute tyrannie a toujours procédé ainsi, choisissant un Colbert ou un Racine, et écrasant ainsi le peuple par le meilleur de ses forces. Que faisons-nous maintenant ? Nous choisissons quelques génies et un certain nombre de talents supérieurs ; nous les décrassons, nous les estampillons, nous les marions confortablement, et nous faisons d’eux une aristocratie d’esprit qui s’allie à l’autre, et gouverne tyranniquement au nom de l’égalité, admirable égalité, qui donne tout à ceux qui ont déjà beaucoup. […] ».

er Alain, « Enseignement monarchique », Propos du 1 juillet 1910, dansPropos, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, t.1, Gallimard, 1956, p. 75-76.  7

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Introduction

À Bernard Vandewalle, l’ami, l’alter ego INTRODUCTION

Être passeur d’une culture à une autre est un exercice aussi délicat que stimulant. Nous l’avions déjà entrepris en rédigeant récemment une biographie de Giuseppe Mazzini 1 (1805-1872) et nous nous y risquons de nouveau avec ce travail sur le philosophe Giovanni Gentile (1875-1944). Mazzini et Gentile ont en commun d’être des protagonistes de la vie politique et intellectuelle italiennes très peu connus en France. Les raisons du silence de la France sur la personnalité éminente de Gentile tiennent principalement à l’engagement ouvertement fasciste de ce philosophe. Affirmons clairement en préambule de cet essai que notre dessein n’y est nullement de dédouaner Gentile de ses engagements politiques ni d’édulcorer son fascisme assumé et revendiqué sans faille de 1922 à 1944. Notre objectif premier est de faire connaître au public français 1 J.-Y. Frétigné,Giuseppe Mazzini. Père de l’unité italienne, Paris, 2006.  9

Introduction

les conceptions éducatives de ce philosophe qui ont marqué profondément la pédagogie et l’enseignement italiens et plus généralement européens. En analysant les théories pédagogiques de Gentile, nous sommes au cœur de sa philosophie, connue sous le nom d’actualisme. Aussi en présentant sa vie (chapitre premier), puis ses thèses sur l’éducation (chapitre deuxième) et enfin le sens et la portée de la réforme de l’enseignement qu’il promulgue en 1923 en qualité de ministre de l’Instruction publique (chapitre troisième), nous espérons proposer un tour d’horizon complet de cet intellectuel majeur de l’Italie du vingtième siècle. Fidèle à un des grands principes de Benedetto Croce, suivant lequel l’histoire, quand elle n’est pas simple chronique, est toujours contemporaine parce qu’elle répond à des intérêts de notre présent, il nous apparaît que nombre des propositions de Gentile sont intéressantes pour comprendre et alimenter les formidables débats autour de l’éducation et du système scolaire français. Les thèses gentiliennes ont le mérite d’être structurées, cohérentes et argumentées, en un mot philosophiques ; cohérence et capacité argumentative qui font trop souvent défaut dans la littérature nombreuse consacrée aux enjeux de l’école en France ; littérature dans laquelle le rabâchage de lieux communs psychologiques et pédagogiques est à la mode. On caractérise trop souvent rapidement et de manière acritique la réforme gentilienne de l’enseignement scolaire comme étant, suivant le mot de Mussolini répété à l’envi, « la plus fasciste des réformes ». Cette formule du dictateur italien doit être restituée dans son contexte qui est d’endiguer les critiques fascistes encore sourdes contre le caractère élitiste de cette réforme, tout en consolidant le soutien apporté à son régime par l’ancienne classe  10