Michel Foucault au Maroc et en Tunisie
229 pages
Français

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Michel Foucault au Maroc et en Tunisie , livre ebook

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Description

Michel Foucault s’est beaucoup intéressé au Maghreb et au monde en général : ici, trois auteurs écrivent sur sa pensée et son œuvre, R. El Khayat, J.F. Poirier et Jean Zaganiaris… Il y a les deux conférences données à Rabat et celle de J. Zaganiaris qui travaille et vit au Maroc, … on publie ici, également, en fin d’ouvrage, les fragments d’une conférence qu’il a donnée à Tunis…

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Date de parution 07 novembre 2018
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MICHEL FOUCAULT AU MAROC ET EN TUNISIE
COLLECTION HUMANITES-PHILOSOPHIE
Michel Foucault s’est beaucoup intéressé au Maghreb et au monde en général : ici, trois auteurs écrivent sur sa pensée et son œuvre, R. El Khayat, J.F. Poirier et Jean Zaganiaris… Il y a les deux conférences données à Rabat et celle de J. Zaganiaris qui travaille et vit au Maroc, … on publie ici, également, en fin d’ouvrage, les fragments d’une conférence qu’il a donnée à Tunis…
JEAN-FRANÇOIS POIRIERMichel Foucault attend, contre toute attente, le retour de l’imam caché Quel sens, pour les hommes qui l’habitent, [ce coin de terre dont le sol et le sous-sol sont l’enjeu de stratégies mondiales] à rechercher au prix même de leur vie cette chose dont nous avons, nous autres oublié la possibilité depuis la Renaissance et les grandes crises du christianisme : une spiritualité politique. J’entends déjà des Français qui rient, mais je sais qu’ils ont tort... Michel Foucault
Quand Michel Foucault décida en 1978 de se rendre en Iran pour y effectuer un reportage « d’idées » destiné à paraître dans leCorriere de la Sera, il ignorait que l’enthousiasme qui avait animé sa relation de ce soulèvement lui vaudrait l’accusation durable chez les gens du bel air d’avoir commis un pas de clerc. Encore aujourd’hui, alors que le ton est plutôt à l’hagiographie, comme en témoigne un livre récent venu d’outre-Atlantique intitulé « Saint Michel Foucault », on aime à rappeler cette « tache de sang intellectuel », pour reprendre la rhétorique moralisante dont il est d’usage de se servir pour fustiger les fautes commises par les desservants de la religion de l’esprit quand il leur prend
soudain idée de quitter la neutralité élégante qu’on attend d’eux. Cet engagement subit pour la « spiritualité politique », de surcroît la spiritualité politique islamique, avait de quoi surprendre, mais il faut bien dire que l’« engagement » tout court de Michel Foucault a de quoi surprendre quand on songe d’où il vient et comment il a mené sa carrière. Pour retracer sa vie, après un passage bref mais marquant au Parti communiste, son illumination qui semble sans lendemain sur le chemin de la Mecque et son acheminement vers une stylisation postmoderne de sa vie à San Francisco, on pourrait se demander quel en est le fil et si une vie confortable largement passée dans des postes à
l’étranger n’a pas émoussé assez vite chez lui le tranchant du politique. C’est en effet grâce au secrétaire général de l’Élysée Burin des Rosiers que Michel Foucault a fait une carrière qui lui a donné le loisir d’effectuer des recherches immenses, et on ne saurait oublier qu’il faillit même devenir en 1967 l’adjoint de la politique universitaire de Christian Fouchet, ce qui n’aide pas à le classer dans une famille politique. Il a répondu hautainement quand on l’a questionné sur son absence de Paris en mai 68 qu’il se trouvait à l’époque dans un pays où les risques étaient d’une tout autre nature, en Tunisie, là où le pouvoir bourguibiste n’hésitait pas, comme lors des émeutes du pain du 28 janvier 1978, à tuer un nombre non chiffré de
manifestants, et que les étudiants risquaient leur vie là-bas quand ils se révoltaient, ce qui n’était pas le cas des trublions français ; mais on ne sache pas qu’il ait jamais volé au secours des étudiants persécutés. Georges Lapassade à la même époque a été expulsé, Pierre Aubenque, le grand spécialiste d’Aristote, a pris un coup de bâton sur la tête (qu’il n’avait certes pas cherché), à l’entrée de la fac du 9 avril. Foucault préférait sa villa de Sidi-Bou-Saïd où il écrivait L’Archéologie du savoiret lisait à haute voix devant quelques étudiants du Feuerbach. Il prononça à Tunis une conférence sur lemajnûnil évoque la où figure du fou dans les pays musulmans, très différente de celle du fou européen, et va
jusqu’à dire, par simple amabilité peut-être pour ses auditeurs, qu’il écrirait tout autrement sonHistoire de la folieau moment où il parle et consacrerait une place à ce fou qui n’a rien d’un malade mais qui voit un outre-monde que les autres ne voit pas. Mais, de façon générale, aucune marque d’un intérêt particulier pour l’islam chez Foucault. Cette magnifique photo de Hervé Guibert qui le fait ressembler à un homme en costume japonais traditionnel dans une pièce d’aménagement très zen nous dévoile une affinité qui correspondait sans doute beaucoup mieux à la personnalité de Foucault : une vive intelligence avec ce monde viril, cruel, guerrier des Samouraï, le monde de Mishima, du seppuku.
Le plus étonnant dans cette embardée est peut-être qu’elle amena le philosophe à se faire journaliste. Pour comprendre cette brusque rencontre entre la philosophie et le journalisme il faut revenir à Hegel. On a coutume de classer les diadoques de Hegel en hégéliens de droite et en hégéliens de gauche. Entre ceux qui se réconcilièrent avec le monde moderne, suivant ainsi la voie tracée par le Hegel deLa Phénoménologie de l’esprit, et ceux qui demeurèrent définitivementnicht versöhnt (non réconciliés), il y eut un partage qui fut autant philosophique que social. En effet les premiers firent carrière dans l’université soumise à la Weltanschaung de Metternich et de son royal allié prussien tandis
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