Notice historique sur la vie et les travaux de M. Victor Cousin
25 pages
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Notice historique sur la vie et les travaux de M. Victor Cousin , livre ebook

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Description

PAR M. MIGNET SÉCRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUESLue à la séance publique annuelle du 16 janvier 1869.MESSIEURS,Je ne puis me défendre d’une vive émotion, en venant aujourd’hui vous entretenir du cher et illustre confrère avec qui j’ai passé, trente-cinq années au sein de cette Académie, de l’ami à côté duquel j’ai vécu près d’un demi-siècle dans l’intimité d’une tendre affection, sous le charme d’un intarissable esprit.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346064984
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
François-Auguste Alexis Mignet
Notice historique sur la vie et les travaux de M. Victor Cousin
NOTICE HISTORIQUE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE M. VICTOR COUSIN
PAR M. MIGNET
SÉCRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES
 
Lue à la séance publique annuelle du 16 janvier 1869.

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MESSIEURS,
 
Je ne puis me défendre d’une vive émotion, en venant aujourd’hui vous entretenir du cher et illustre confrère avec qui j’ai passé, trente-cinq années au sein de cette Académie, de l’ami à côté duquel j’ai vécu près d’un demi-siècle dans l’intimité d’une tendre affection, sous le charme d’un intarissable esprit. L’éloge qui m’est prescrit comme un devoir académique devient, en cette occasion, une dette de mon cœur, tâche à la fois triste et douce que l’amitié m’aidera à accomplir tout autant que l’admiration. Il me sera facile d’accorder la louange avec la justice dans tout ce que je dirai du beau génie, de l’âme haute, du magnifique talent de M. Cousin, de ce grand penseur qui, avec tant d’imagination, a été le ferme théoricien des vérités entrevues par le sens commun, est demeuré, par la puissance de la raison, non moins que par l’ascendant du caractère, le chef cinquante ans suivi d’une vaste école philosophique, d’où sont sorties plusieurs générations de disciples célèbres eux-mêmes ; de cet écrivain accompli, qui a composé avec un art habile des livres conçus avec une forte simplicité, et où la perfection de la langue s’ajoute à la beauté des idées ; de cet excellent Français, qui a aimé les libertés et les grandeurs de son pays dont il a soutenu les principes nouveaux et admiré les gloires anciennes, et qui a été, de notre temps, un des utiles conseillers de l’intelligence publique, comme il sera pour toujours un des nobles serviteurs de l’esprit humain.
Victor Cousin est né à Paris le 28 novembre 1792, au cœur de la vieille Cité. Son père, joaillier au Marché-Neuf, non loin de Notre-Dame, était un républicain ardent, mais très-inoffensif, auquel il dut le précoce attachement qu’il garda toute sa vie aux principes de la Révolution française. Il le dit lui-même : — « Je suis né avec la Révolution française. Dès que mes yeux se sont ouverts, j’ai vu flotter son drapeau tour à tour sombre et glorieux. J’ai appris à lire dans ses chansons : ses fêtes ont été celles de mon enfance. A dix ans, je savais les noms de ses héros. J’entends encore, au Champ-de-Mars et sur la place Vendôme, les éloges funèbres de Marceau, de Hoche, de Kléber, de Desaix. J’assiste aux revues du premier consul. Je vois ce grand visage pâle et mélancolique, si différent de la figure impériale, telle surtout qu’elle m’apparut une dernière fois, sur la terrasse de l’Élysée, à la fin des Cent Jours. Mon instinct patriotique ne s’est pas laissé un moment surprendre à l’éclat d’une dictature militaire que je ne comprenais pas. Je n’ai compris, je n’ai aimé que les conquêtes de la liberté.
Dès que l’Université eut été reconstituée vers les commencements de l’empire, ses parents l’envoyèrent au lycée Charlemagne, où il fit ses études classiques. Doué d’une rare intelligence, qu’animait une vive imagination et que servait la plus heureuse mémoire, il se plaisait à apprendre, pensait à l’âge où l’on joue encore, réfléchissait pour se distraire, et discourait volontiers en laissant voir déjà dans l’écolier dominateur le maître futur. Au mois d’août 1808, invité à dîner comme lauréat de la quatrième pour le lycée Charlemagne, au concours général que présidait alors un ancien ami de Mirabeau, le préfet de la Seine, M. Frochot, il rencontra à l’hôtel de ville un autre lauréat de la même classe pour le lycée Napoléon, M. Patin, qu’il devait retrouver plus tard à l’École normale, à la Sorbonne, au Journal des Savants, à l’Académie française. Les deux élèves couronnés, attirés l’un vers l’autre par cette précocité d’esprit et de goût qui les appelait à devenir tant de fois collègues, s’entretinrent longtemps ensemble. Dans cette conversation, où il mit déjà ce qui a fait de lui un causeur si fécond et si brillant, tout le reste de sa vie, le lauréat du lycée Charlemagne étonna le lauréat du lycée Napoléon. « Je me retrace encore ; dit M. Patin, le feu de son regard, la vivacité singulière de sa parole et un caractère de supériorité qui, plus encore que les succès de collége, le séparait déjà de ses condisciples.
Ce caractère de supériorité, il le montra désormais partout. Étant monté de troisième en rhétoriqué, sans passer par la seconde, il eut en quelque sorte tous les prix au concours général de 1810. Avec le prix d’honneur, il obtint le premier prix de discours français, le premier prix de version latine, et il aurait eu le premier prix de vers latins si, dans une admiration réputée trop précoce pour la tendre et savante amie d’Abélard, il n’avait pas évoqué le souvenir d’Héloïse, destinée, ainsi qu’on l’a dit spirituellement dans cette enceinte, à porter malheur aux philosophes.

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