Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre
263 pages
Français

Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre , livre ebook

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Description

Mohamed Jaoua analyse ici le lien entre phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre. Quelle est l'attitude de Sartre vis-à-vis de la phénoménologie de Husserl ? "Nous pouvons dire que Sartre est passé de l'éloge à la critique", constate M. Jaoua, notamment dans un texte fondateur, La Transcendance de l'Ego. Puis, l'auteur analyse l'ontologie phénoménologique prônée dans L'Être et le Néant. Il mesure le rapport de Sartre à Husserl, Heidegger et Hegel, en essayant de rendre justice à Sartre face à ses critiques.

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Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 96
EAN13 9782296714892
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre
Commentaires philosophiques Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant à ladite “histoire de la philosophie”, à travers leur lecture méthodique, telle est la finalité des ouvrages de la présente collection. Cette dernière demeure ouverte dans le temps et l’espace, et intègre aussi bien les nouvelles lectures des “classiques” par trop connus que la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes à reconnaître. Les ouvrages seront à la disposition d’étudiants, d’enseignants et de lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de la philosophie. Déjà parus Mohamed JAOUA,Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre, 2011. Hichem GHORBEL,L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 2, *paix intérieure et politique étrangère, 2010. Hichem GHORBEL,L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 1, La guerre dans l'histoire, 2010. Constantin SALAVASTRU,Essai sur la problématologie philosophique, 2010. Jean-Jacques ROUSSEAU,Essai sur l’origine des langues, 2009. Jean-Jacques ROUSSEAU,Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes suivi de La reine fantasque, 2009. Khadija KSOURI BEN HASSINE,La laïcité. Que peut nous en apprendre l’histoire ?2008. Stamatios TZITZIS (dir.),Nietzsche et les hiérarchies, 2008. Guy DELAPORTE, Physiques d’Aristote, commentaire de Thomas d’Aquin, 2008. Khadija KSOURI BEN HASSINE,Question de l’homme et théorie de la culture chez Ernst Cassirer, 2007. Angèle KREMER MARIETTI,Nietzsche et la rhétorique, 2007. Walter DUSSAUZE,Essai sur la religion d’après Auguste Comte, 2007.
Mohamed JAOUA
Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre
Nous sommes conscients que quelques scories peuvent subsister dans cet ouvrage. Étant donnée l’utilité du contenu, nous prenons le risque de l’éditer ainsi et comptons sur votre compréhension. © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13707-3 EAN : 9782296137073
À Monsieur le Professeur Abdelwaheb Bouhdiba
À l’équipe du Centre de publication universitaire (CPU)
et surtout à son Directeur Général
INTRODUCTION
Pourquoi choisir Sartre et pourquoi phénoménologie et ontologie ? Sartre n’est-il pas « dépassé » et soumis à la critique par ses pairs, tels Merleau-Ponty et Raymond Aron ? Qui oserait ne pas mentionner actuellement Deleuze, Foucault, Derrida ? Quant à la phénoménologie et à l’ontologie, qu’est-ce à dire aujourd’hui ? En guise de réponse à ces deux questions, disons que l’emprise philosophique de Sartre fut telle que le XXe siècle – peut-être à bon droit – doit être appelé le « siècle de Sartre ». C’est d’ailleurs le titre d’un des derniers ouvrages de Bernard-Henri Lévy. En 2005 furent tenus des congrès partout dans le monde pour commémorer le centenaire du philosophe. C’est dire que Sartre reste « vivant », qu’il est un centre d’intérêt de plusieurs philosophes et penseurs, que plusieurs études et articles lui sont consacrés dans les pays anglo-saxons plus qu’en France, son pays natal. Sartre connaît ème un regain d’intérêt, le XXI siècle n’étant pas totalement deleuzien, pour reprendre l’expression de Foucault. C’est peut-être grâce à une meilleure, voire une autre lecture, que Sartre est mieux saisi. Le structuralisme, avec Lévi-Strauss, l’a malmené et l’a rangé dans les philosophies du sujet, pour le discréditer. Or, ceci est peine perdue, car Sartre dèsLa transcendance de l’ego, a critiqué le sujet substantiel : l’ego transcendantal de Husserl, n’a-t-il pas décrété en un sens différent de celui du structuraliste, la mort du sujet ou sa déconstruction. ? Nous avons cherché à montrer que le sujet métaphysique, substantialiste na plus droit de cité chez Sartre,
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Introduction
celui-ci considère que le sujet substantiel est « l’erreur 1 ontologique du rationalisme cartésien » . La philosophie de Sartre n’est pas une philosophie du sujet mais une philosophie de la conscience. Seul le spiritualisme aux dires de Michel Kaïl, peut se présenter et être tenu pour une philosophie du sujet. Ainsi, au fil des années et après la vogue structuraliste, Sartre nous paraît être mieux étudié et apprécié. Des affinités entre lui et Deleuze, entre lui et Foucault sont présentes. Bien sûr, cela ne veut pas dire amalgamer les philosophes, abolir leurs différences, mais retrouver, par delà les différences, ce qui paraît les rapprocher, sinon les unir. Ainsi, nous pouvons dire que Sartre continue à nous intéresser, à nous stimuler philosophiquement et que nous devons rendre justice à ce philosophe trop vite oublié, méconnu. Peut-être sa philosophie politique a-t-elle un peu vieilli, mais son ontophénoménologie continue à nous livrer ses secrets. Depuis 1980, les ouvrages posthumes se succèdent, qui livrent des trésors dans ces chantiers qu’on dit abandonnés. Ce qui n’empêche pas d’affirmer que l’œuvre du second Sartre est marquée par l’inachèvement. Toutefois, sa phénoménologie et son ontologie n’ont suscité que peu d’intérêt en France : nous parlons des livres et non des articles. Deux ouvrages, l’un de 1948, l’autre de 1986, un troisième parut en 2004 se sont préoccupés de l’ontologie de Sartre. Ce serait prétentieux de notre part de dire que nous avons écrit ce livre pour pallier à ce manque. En mettant en jeu le couple phénoménologie-ontologie, nous entendons étudier un point d’histoire de la philosophie, à savoir le mode de réception de la phénoménologie en France en 1930, le mode de compréhension sartrien de l’ontologie heideggérienne. Outre cette tâche, notre but est ailleurs. Il s’agit de questionner ce que nous osons appeler « phénoménologie sartrienne ». Seulement, n’est-il pas légitime de se demander ce qu’est la phénoménologie et comment Sartre établit une stratégie de « subversion de la phénoménologie de son fondateur, à savoir Husserl » ? Celle-ci est une autre façon de faire de la
1 Cité par WAHL(J.),Vers le concret, Vrin, 1932, p. 67.  8
Introduction
philosophie, puisqu’il s’agit de « revenir aux choses mêmes », d’opérer une « conversion du regard » par laquelle on dépasse l’attitude naturelle, qui est celle du sens commun et de la vie quotidienne, pour parvenir à l’attitude transcendantale, basée sur une suspension de l’attitude naturelle, sur « l’épochè ». Le philosophe adopte la méthode de la réduction eidétique pour parvenir à l’essence. Seulement, le phénomène ne signifie pas le manifeste. Grâce à un changement d’attitude, le phénomène apparaît et peut être étudié par le philosophe. La phénoménologie, comme l’a rappelé Husserl, nécessite une « conversion du regard », un changement d’attitude. Quelle est l’attitude de Sartre vis-à-vis de la phénoménologie de Husserl ? Nous pouvons dire que Sartre est passé de l’éloge à la critique. Dans ses premières œuvres marquées par la phénoménologie, le ton est élogieux, surtout dans l’article sur l’intentionnalité. Mais si on prend en considération l’ouvrage fondateur, intitulé :La transcendance de l’ego, Sartre prend ses distances vis-à-vis de Husserl qui a viré vers une position idéaliste, avec son ego transcendantal. C’est Kant et Husserl qui sont visés, proclamant un Je formel unificateur. Or, c’est la conscience qui unifie. C’est dire que « l’obédience » sartrienne fut vite « contestataire et déviante ». Toutefois, Sartre garde un acquis de la phénoménologie qui est l’étude descriptive des phénomènes grâce à l’intuition et à la réflexion. Il s’agit d’examiner « l’apparaître de ce qui apparaît ». Vidée de ses habitants usuels, la conscience se libère et devient un champ transcendantal impersonnel et irréfléchi. Ce fut pour Sartre une découverte qui montre qu’il est un élève dissident de Husserl et qu’il ne s’autorise que de lui-même. Sartre dit qu’il n’a jamais accepté sans critiquer. Cette attitude est réitérée vis-à-vis de Heidegger. Avant d’aborder ce point, rappelons que nous avons essayé de mettre en lumière la présence chez Husserl de l’approche ontologique, qui n’est pas l’apanage de Heidegger. La phénoménologie appelle bien une approche ou une visée ontologique, est animée par un souci ontologique. Seulement, le mérite de Heidegger, élève dissident de Husserl, consiste dans le fait de souligner que la phénoménologie est déjà ontologie. Heidegger porte le souci ontologique au premier plan. Ainsi, Le trajet heideggérien  9
Introduction
diffère de celui de Husserl, dans la mesure où l’ontologie est restée à titre programmatique. Sartre va être influencé par le chemin de Heidegger. Le sous-titre del’Être et le Néant estessai d’ontologie phénoménologique, qui rappelleÊtre et Temps. La problématique est bien heideggérienne et le langage de Husserl est resté réduit. Pour Juliette Simont : « en vérité, l’ontologie de Sartre, loin de contredire son orientation phénoménologique, en 1 exprime très exactement la spécificité » . Une ontologie phénoménologique peut être définie « comme l’explicitation des structures d’être de l’existant à partir de l’être tel qu’il 2 apparaît » . L’ontologie de Sartre n’est identique ni à celle de son ami Merleau-Ponty, adepte d’une intra-ontologie et d’une ontologie de la chair, ni à celle de Heidegger porté à l’écoute de l’être et visant à établir une ontologie directe. Là encore, Sartre s’est montré dissident à l’égard de Heidegger ; il critique sa conception du néant, celle de l’être pour-autrui, tout en faisant sienne l’affirmation de Heidegger selon laquelle « l’ontologie n’est possible que comme phénoménologie ». Au lieu de dénigrer Sartre, taxé de ne pas avoir compris Heidegger, nous avons montré que l’auteur deL’Être et le Néant a pris ses distances en connaissance de cause. Nous nous sommes référés à l’interprétation d’Alain Renaut dans son ouvrageSartre le dernier philosophe. Nous considérons que pour comprendre le cheminement de Sartre, il est urgent de se libérer de la saga anti sartrienne. Il faudrait rendre justice à notre philosophe, soucieux d’être libre, responsable et critique. Après ces considérations, nous étudions les grands axes de l’ontologie sartrienne, ontologie en tant que phénoménologique, en suivant de près le contenu thématique de L’Être et le Néant. Cette ontologie phénoménologique se veut descriptive de l’être et elle se base sur la distinction entre deux régions ontologiques : l’en-soi et le pour-soi. Ce sont deux
1  SIMONT (J.), « Sartre », in :Encyclopædia Universalis, Encyclopédia Universalis, France, S. A., 1988, corpus 15, p. 599. 2 CABESTAN(Philippe), TOMES(ARNAUD),Le vocabulaire de Sartre, Ellipses, 2001, p. 41.  10
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